La Grande Pagaille du Diletta (Ue wo shita no diletta)
Réflexion sur les médias et condamnation ironique de la société du spectacle, cette fable d’Osamu Tezuka confirme le talent visionnaire de l’auteur, qui a inventé le « Diletta » plus de trente ans avant l’explosion d’internet et des mondes virtuels.
Les petits éditeurs indépendants Tezuka Tezuka productions
Précipité du haut d’un immeuble par un producteur de télévision sans scrupules, le dessinateur de BD Otohiko Yamanobe acquiert la faculté, appelée « Diletta », de faire physiquement partager aux gens qui l’entourent les fantasmes délirants de son cerveau d’artiste génial. Le producteur va populariser le « Diletta » en construisant un immense émetteur, créant ainsi un nouveau média bien plus puissant que la télévision... Texte: L'éditeur
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Date de parution | 19 Septembre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Encore une fois Tezuka fait mouche avec une satire qui confine à la fable et à l'anticipation. Il y a deux intrigues ; tout d'abord celle d'un producteur sans scrupules qui essaie de transformer une chanteuse à la laideur repoussante en une superstar de la chanson, quitte à la faire mourir de faim ; et d'autre part le Diletta du titre, qui est en fait la projection inconsciente d'un esprit à la fois ouvert et fermé sur soi, celui du petit ami de ladite chanteuse. Des "pouvoirs" que celui-ci développe à son insu, dans une situation de détresse extrême. L'analyse sociologique et psychanalytique de l'ensemble prendrait sans doute 400 pages (longueur du volume), alors que Tezuka en rajoute, étire son sujet, qui aurait sans doute tenu sur 150 pages... C'est toutefois bien (a)mené, le sujet est intéressant quand on fait le parallèle avec internet et les réseaux sociaux d'aujourd'hui. Le style est du Tezuka "moyen", pas du tout rudimentaire, mais pas encore à son apogée. Disons qu'il est assez efficace, et que les visages sont expressifs bien que parfois approximatifs. A réserver aux amateurs de l'auteur ou aux personnes intéressées par le sujet.
Une autre satire de Tezuka qui a d'ailleurs le même style de dessin qu'une autre de ses satire "Debout l'humanité". Ici, il se moque de la société du spectacle et aussi un peu de la société (on voit par exemple que les étudiants contestataires sont facilement manipulables). Il y a des bonnes idées, mais je trouve que cette histoire a un peu les mêmes défauts que La Femme insecte. Je trouve que l'idée du Diletta est bonne, mais elle n'est pas assez exploitéé à mon goût et Tezuka aurait pu approfondir davantage son sujet. Il faut dire que le Diletta en question n'arrive que vers le milieu de l'histoire et que la première partie se concentre surtout sur le producteur qui essaie de faire d'une chanteuse laide une star et si cette partie n'est pas dénuée d’intérêt, elle tire un peu trop en longueur. Il reste tout de même plusieurs scènes intéressantes et cela est à lire si on aime Tezuka, mais ce n'est pas un de ses chefs-d'oeuvre et si vous voulez découvrir son oeuvre, ce n'est pas celui-ci que je recommanderais de lire en premier.
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