Cages
Angoulême 1999 : Alph-art du meilleur album étranger. Leo Sabarsky est un peintre qui tente de retrouver l'inspiration. Jonathan Rush, lui, est un romancier dont le livre "Cages" a tant choqué le monde qu'il est obligé de vivre cloîtré.
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Leo Sabarsky est un peintre qui tente de retrouver l'inspiration. Jonathan Rush, lui, est un romancier dont le livre "Cages" a tant choqué le monde qu'il est obligé de vivre cloîtré. Le jazzman Angel sait jouer de tous les instruments - même des pierres. Karen, botaniste, fait pousser une forêt entière dans son appartement. Avec quelques autres, ils habitent la Menu House, une maison où leurs destins vont se croiser.
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Date de parution | 01 Juin 1998 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Créer - Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre, écrite et illustrée par Dave McKean, parue à l'origine sous la forme d'une série de 10 comics publiés de 1990 à 1996. L'histoire s'ouvre avec un prologue constitué de 4 récits différents des origines du monde, 4 variations sur la création du monde par Dieu. Il s'agit de textes, illustrés par des compositions graphiques entre peintures et collages. Le récit en bande dessinée commence page 28, avec un chat dont la silhouette se détache contre la Lune, qui descend du toit en passant devant les fenêtres d'un bâtiment appelé "Meru House" et abritant des appartements. Le chat observe les activités de chaque locataire. Puis Leo Sabarsky (un artiste) arrive dans le quartier cherchant Meru House. Il rencontre Joffrey, un simple d'esprit s'étant construit un mobile représentant les planètes du système solaire dont il s'est coiffé en guise de couvre-chef. Après une discussion à sens unique, il demande son chemin à un sans-abri. Il pénètre enfin dans Meru House, et tente de se faire comprendre de, la logeuse dont les propos trahissent une forme de logique déconcertante. Leo Sabarsky est un artiste peintre à la recherche de l'inspiration, d'une nouvelle motivation artistique. Il va rencontrer Jonathan Rush (un écrivain devant se cacher), Angel (un musicien de jazz) et Karen qui habite un appartement dans l'immeuble d'en face. Dave McKean est un artiste à part entière qui s'est fait connaître dans le monde des comics par ses collaborations avec Neil Gaiman (Violent cases, The tragical comedy or comical tragedy of Mr Punch ou Signal to noise), et pour ses couvertures époustouflantes de la série Sandman (voir Dust covers). Quand le lecteur ouvre "Cages", il commence par être un peu déçu parce que Dave McKean n'illustre pas ce récit par le biais de ses compositions complexes mêlant dessins, peintures, photographie et infographie, mais à l'encre, pour des dessins assez dépouillés, avec une esthétique de surface peu séduisante. Il n'y a qu'une vingtaine de pages réalisées à l'infographie, soit un très petit nombre par rapport à ce récit de près de 500 pages. En outre, ces dessins à l'encre ne sont rehaussés que par une seule couleur, un gris (entre gris acier et gris souris) assez froid. Il faut donc avoir envie pour commencer cette lecture conséquente. Passés les 4 contes de la création du monde, le lecteur découvre quelques personnages (une dizaine) dont 3 principaux (les 3 artistes), des rencontres entre des individus au comportement parfois étranges, des moments de la vie quotidienne, des conversations banales, et quelques réflexions sur la créativité et les œuvres artistiques. Il s'agit donc d'un roman sur quelques facettes de l'existence, dépourvu de péripéties, au rythme un peu indolent. Les personnages sont plutôt sympathiques, mais ils gardent tous une part de réserve, une forme de distance. C'est vrai qu'à la première lecture, "Cages" semble hermétique avec beaucoup de séquences gratuites sans rapport avec le fil conducteur et sans grand intérêt. Il y a par exemple le soliloque de la logeuse (de la page 162 à la page 175, puis de 187 à 202), dont l'esprit divague passant du laveur de fenêtre à la vaisselle, à son expérience de vendeuse, son mariage, la disparition de son mari. La regarder faire la vaisselle à la main pendant une page n'a rien d'intéressant ni visuellement, ni par rapport au récit. De temps à autre, McKean recourt à des symboles ou des visions oniriques, et là encore le lecteur éprouve de réelles difficultés à déterminer leur sens. Ainsi pages 65 à 71, la façade de Meru House se retrouve enserrée par les os d'ailes de créatures surnaturelles et démesurées sans explication. Angel (le musicien) explique qu'il est capable de tirer de la musique de cailloux en les frottant, comme il est possible de faire chanter un verre à pied en frottant doucement son rebord. Là encore, le lecteur veut bien prendre cette information au premier degré, mais le rapport avec le reste n'apparaît pas. Le summum est atteint avec le sans abri (de la scène d'ouverture) déclarant page 325 : j'ai complètement perdu l'intrigue, exprimant à merveille l'impression du lecteur. La scène au cours de laquelle un personnage s'exprime de manière confuse en montrant des mots écrits sur des bouts de carton laisse le lecteur perplexe sur le sens de ce mode de communication, au sein de cette scène à la fois drôle et irréaliste. Il faut donc de la patience pour s'immerger dans la narration de McKean, et découvrir au hasard d'une page, un élément éclairant, une explication. Ainsi page 255, Leo Sabarsky se définit comme un peintre topologique néo réaliste, explicitant son propos en indiquant qu'il dessine les gens comme il les ressent même si le dessin qui en résulte semble faussé. Le lecteur comprend que McKean parle de lui-même, ce qui explique ces visages asymétriques, un peu de guingois, mais effectivement chargés d'affectif. De la même manière, au milieu d'une scène onirique (page 347), un personnage du rêve dit de manière explicite qu'un tableau a besoin d'un critique pour interpréter son sens (pourquoi l'artiste a placé un personnage derrière un arbre ?). McKean indique que le lecteur doit faire jouer son sens critique et s'interroger sur ce qui lui est raconté. Au fur et à mesure, le lecteur constate que le thème principal est celui de l'acte de création. Le lecteur perspicace l'aura compris dès les 4 versions de la création du monde placé en tête d'ouvrage. Il convient donc d'envisager chaque scène comme se rapportant à l'acte de création. Ce point de vue ne permet pas de tout déchiffrer (pourquoi la petite fille porte un masque page 144 ?), mais il fournit la clef de compréhension principale. Dave McKean a donc réalisé un roman graphique sur la création artistique. Il s'agit bien d'un roman dans le sens où le lecteur partage la vie de plusieurs personnages. Il est possible de détecter de ci de là de rares ressorts romanesques, tels que les 2 gardes du corps de Jonathan Rush, l'absence de soucis matériels des personnages, ou le manque d'asservissement à leur travail. Il ne s'agit que de rares éléments ; pour le reste le lecteur côtoie ces personnages comme des individus réels, les découvrant au travers de leurs paroles, de leurs interactions avec les autres, de leurs actes. Seules une ou deux séquences oniriques viennent donner un éclairage supplémentaire sur leur vie intérieure. Avec presque 500 pages, Dave McKean a toute latitude pour aborder le thème de la création artistique sous tous les angles qui l'intéressent. Ce qui impressionne et déroute à la lecture, est que McKean n'est jamais dogmatique ou coercitif dans sa façon de s'exprimer. Il laisse les personnages au premier plan, charge au lecteur d'interpréter leurs paroles ou leur comportement au regard de l'acte de création. Le lecteur doit garder à l'esprit que McKean a composé son ouvrage, il n'y a pas de scène arrivée par hasard ou jouant les bouche-trous pour étoffer la pagination. Du coup, le plaisir de lecture dépend de l'investissement et de l'implication du lecteur dans son interprétation, de sa capacité à se mettre en phase avec les personnages, avec le ressenti de l'auteur. Certains éléments parlent plus que d'autres. Il est par exemple assez facile de reconnaître en Jonathan Rush, un hommage à Salman Rushdie, auteur des Les versets sataniques (1988) et désigné comme la cible d'une fatwa par l'Ayatollah Ruhollah Khomeini. McKean ne se lance pas dans un pamphlet politique ; il préfère creuser la question de l'artiste qui se voit privé de ses sources d'inspiration. À nouveau il ne s'agit pas d'une réflexion de type intellectuelle, mais d'un ressenti émotionnel et affectif. Il sonde également le rapport entre l'inspiration de cet artiste et sa relation avec sa femme, dans une prise de conscience aussi feutrée que cruelle. Dans ce moment intime, le lecteur peut apprécier à quel point l'étrange concept de dessiner juste (même si c'est laid ou anatomiquement contestable) est maîtrisé par McKean et très expressif. En fonction des séquences, le lecteur sera amené à considérer une facette ou une autre de l'artiste en train de créer. McKean propose 3 approches différentes au travers de 3 artistes différents : Leo Sabarsky cherchant à saisir la personnalité intérieure des individus, Jonathan Rush écrivain intellectuel plus intéressés par les idées et les concepts (par l'identification des schémas), ou Angel plus mystique. Le volume de ce roman graphique permet à McKean d'aborder ce sujet de nombreuses manières. Il peut établir une preuve patente que tout peut alimenter la création littéraire, même la logeuse faisant la vaisselle. McKean a recours à un dispositif narratif relevant du théâtre : il montre cette dame en train de soliloquer tout en effectuant sa tâche ménagère. Le lecteur peut voir apparaître les expressions fugaces sur son visage ; McKean capture les apparitions ténues de la personnalité de cette femme attirant l'attention du lecteur sur le fait que le quotidien dans toute sa banalité recèle la saveur des individus, pour peu que l'observateur se donne la peine de réellement regarder. À l'opposé de ce moment ordinaire sans éclat, McKean arrive aussi faire partager les sensations les plus délicates au lecteur. Par exemple, pages 241 à 253, Leo et Karen prennent un verre attablés dans un bar, sur fond de musique jazz, en faisant connaissance. Au travers de dessins de plus en plus expressionnistes se délitant en simples traits jusqu'à en devenir abstraits, McKean installe le lecteur dans l'intimité de ces 2 personnes se découvrant et appréciant leur conversation. En déroulant un récit de longue durée avec de nombreuses approches, McKean indique au lecteur qu'il conçoit sa vocation de créer et la réalité de manière complexe, en la considérant sous plusieurs angles, pas forcément tous compatibles entre eux. Cette façon de présenter son point de vue participe à la déroute du lecteur à qui il revient de hiérarchiser ces différentes façons de voir. À nouveau il a l'impression de participer à une conversation, d'être un acteur de sa lecture au travers de l'interprétation qu'il fait des séquences. Il a la liberté de ne pas partager le point de vue de McKean (le chat comme lien entre les individus, capable de percevoir une réalité plus complète que celle perçue par l'être humain), d'y confronter sa propre expérience de la vie. Malgré un rythme indolent, McKean couvre un large territoire thématique connexe à la création artistique. Il évoque aussi bien la part du hasard dans la vie humaine (ce morceau de recette de ratatouille récupéré par les pigeons puis par Angel), que l'asservissement volontaire de l'individu à sa profession (le déménageur littéralement écrasé par le poids d'une caisse). À l'évidence, le lecteur n'est pas en mesure de déchiffrer ou décrypter tous les symboles conçus par l'auteur. Une séquence livre la clef de l'interprétation du visage humain surimposé à la tête de chat. Par contre, le masque sur le visage de la petite fille reste lettre morte, ou encore la similitude entre le rêve de la logeuse et le portrait chinois de Karen qui semble orienter le lecteur vers la notion de cycle, et de vie stéréotypée. Au fil des pages le lecteur se familiarise avec les personnages qui gagnent tous à être connus, apprend à apprécier l'humour délicat de McKean (les 2 personnes âgées commentant les performances d'Angel, qui finissent par évoquer Statler et Waldorf, les 2 vieux du Muppet Show). Il apprend également à détecter l'adresse élégante avec laquelle McKean utilise le vocabulaire et la grammaire graphique : du figuratif à l'abstrait en passant par l'expressionisme, qui peuvent être imbriqués dans une séquence admirable de fluidité et de naturelle quand Karen contemple les nuages pour y détecter des formes (un exemple de paréidolie). Il s'imprègne peu à peu de la philosophie de vie de l'auteur. McKean n'assène pas des vérités absolues et prêtes à l'emploi. Ses personnages finissent par énoncer leur conviction en une courte phrase qui conceptualise et synthétise ce qu'ont montré plusieurs séquences. Il n'y a pas de révélation fracassante sur le sens de la vie, juste des convictions sur des thèmes philosophiques comme le besoin naturel de l'individu d'identifier des schémas, ou l'importance vitale de créer, le développement de la capacité d'un artiste au fur et à mesure que passe les années (en forme de spirale). Sans pédanterie, sans pontifier, McKean propose au lecteur de découvrir son approche de la vie par l'entremise d'un roman graphique qui a la particularité de nécessiter d'être activement interprété. Il annonce dès le prologue qu'en tant que créateur, il estime que son œuvre est un peu décevante, pas à la hauteur de son ambition de ce qu'il avait imaginé qu'elle pourrait être en la concevant avant de la réaliser (déclaration empreinte d'humilité énoncé par le Dieu d'un des 4 récits de la création du monde). McKean a la prévenance d'expliquer son titre "Cages" dans le cours du récit. Il estime que chaque individu est en butte à ses propres limites qu'il subit ou qu'il s'impose. En tant qu'artiste, son ambition est de repousser ces limites, de sortir de cette cage (quitte à se retrouver dans une plus grande), en créant, en sortant de son cadre de référence, en quittant sa zone de confort. Cette forme de narration est aussi sophistiquée que risquée. Il faut que le lecteur accepte de se prêter au jeu du dialogue, se familiarise avec le rythme lent du récit, accepte les méandres de la conversation. Certains passages restent hermétiques faute de culture commune entre l'auteur et le lecteur. D'autres séquences se prêtent à des interprétations multiples, voire le lecteur peut ressentir l'impression de projeter un sens sur des images ou des propos qui n'ont pas été voulus par l'auteur. Il est tentant de se dire que la pension et ses pensionnaires sont autant de symboles représentant les différentes particularités de la personnalité du personnage principal, que les éléments concrets du récit sont autant de métaphores de la vie intérieure du personnage... mais il n'y a aucune certitude qu'il s'agit bien de l'intention de l'auteur. "Cages" est une œuvre ambitieuse, unique, à haute valeur artistique, respectant son lecteur et attendant sa participation. Elle n'est pas exempte de défauts, mais ses qualités l'emportent largement. Par la suite Dave McKean a réalisé plusieurs histoires courtes rassemblées dans 2 recueils (Pictures that tick, Volume 1 & Pictures that tick, Volume 2), ainsi qu'un récit érotique très personnel Celluloid.
Une bd qui divise. Après une première lecture en début d'année, le temps de la digestion, je viens de terminer ma deuxième lecture. Elle était nécessaire pour capter ce qui m'avait échappé en janvier. D'ailleurs, une troisième lecture ne sera pas de trop, ce comics est une bouteille de "paic citron", on croit qu'il n'y a plus rien à en tirer, mais non il reste toujours quelques gouttes au fond de l'écrin. Comment résumer ce comics ? Ben juste avec son titre : "Cages". Tout est dit ! Ce pavé va essayer d'ouvrir toutes les cages qui enferment les artistes. Pas celles avec des barreaux, mais celles qui les emprisonnent dans la création à travers Dieu, la mort et l'amour. Ce qui divise, c'est la capacité à trouver les clefs pour en ouvrir les serrures. Mais le jeu en vaut la chandelle et derrière ces portes, il souffle un vent de liberté, mais chacun pourra en faire son interprétation. Une narration déconcertante, mystique avec pour fil conducteur un chat noir, il ne faut pas forcément y voir l'animal de mauvais augure qui a accompagné les sorcières, mais plutôt l'emblème de fécondité (artistique) qu'il fût en Égypte. Bref, rien ne vas vous tomber tout cuit dans le bec, il faudra gratter derrière le texte et l'image pour pouvoir picorer les "trésors" qui s'y cachent. Cages est aussi une aventure graphique, Dave McKean mélange toujours des styles très différents, mais avec talent. Merveilleux et envoûtant. Une expérience extraordinaire ! A vous de voir ....
Cages : la bible du BDphile, l'album de toutes les réponses, le livre de chevet philosophique de tout être aimant la vie et ses complications, d'une manière ou d'une autre. La grande force de cet album est en effet d'aborder de nombreux thèmes, et ce de manière très fine. Toutes les finesses du monde sont abordées, de manière plus ou moins concrètes : L'art (principalement) sous toutes ses formes, la mort, les relations humaines, la haine, l'attente, l'espoir, l'amour... toujours avec beaucoup de recul, sans vouloir donner de leçon ni être prétentieux. Ne serait-ce que par la vision de l'art présentée par l'auteur dans cet album, "Cages" est à rapprocher de L'artiste de la famille de Larcenet : Bien que la forme soit très différente (le style est moins centré sur l'auteur dans Cages, le personnage principal étant un artiste de fiction), le fond, très fort, peut rappeler certains passages de l'album des rêveurs. Mais c'est surtout dans la vision de la mort (et de la vie) très personnelle de Mc Kean que j'ai été touché. Le passage de l'absence du mari perdu depuis 5 ans est aussi très fort. Etrangement (ou plutôt logiquement !) il n'a pas touché d'autres lecteurs du tout : c'est une fois de plus la grande force de "Cages". Chacun sera sensible à différents passages, selon son histoire, son expérience, sa vie. Et c'est ainsi que l'album vous parlera plus ou moins, seuls les véritables amateurs de patinage artistique n'ayant pas vibré à la lecture de cet album. Graphiquement, c'est exquis : dessin maîtrisé en bichromie légère, ponctué par ci par là de planches très graphiques, colorées, permettant une introspection plus grande dans le récit. Mc Kean a été plus graphique encore dans d'autres albums, mais il privilégie ici la narration et s'en sort parfaitement. Certaines planches, complètement muettes, sont justement particulièrement parlantes... Un livre culte... une réelle réflexion qui mérite d'être lue.
Difficile de noter ou même de parler de Cages, ouvrage que j’hésite même à appeler « bande-dessiné », tant on est à des années-lumières de la production grand-public. Pendant 500 pages Dave McKean philosophe sur l’art, son rôle dans la société, sa difficulté, mais aussi sur l’amour, la vie, la mort, la religion… Et le pire c’est que je n’ai jamais trouvé ça ennuyeux ou prétentieux. Certes certains passages sont un peu plus longuets que d’autres, mais l’ensemble reste très agréable à suivre, et certains chapitres m’ont, je pense, marqué à vie. Je pense par exemple au passage qui raconte la performance sur scène du musicien (« The angel ») le jour où il avait perdu un proche… ou la tirade d’un mari en colère et désespéré par le traumatisme religieux qu’a subi sa femme… ou encore la conversation finale sur la vie, la mort, et ce qui rend cette dernière supportable. Que de moments forts que je me vois relire régulièrement. Quant au graphisme, il est tout simplement époustouflant. Si vous avez l’occasion de feuilleter Cages dans une boutique, vous découvrirez une variété de styles graphiques incroyable, du dessin en bichromie au dessin photo-réaliste, en passant par de la peinture couleur ou des pages de roman-photos. Le mélange est osé mais jamais indigeste, et l’ensemble est vraiment d’une incroyable beauté. Une œuvre majeur de la BD (ou devrais-je dire de l’art en général), et que, même si je suis bien conscient que l’on perçoit tous une œuvre d’art différemment, vous vous devez d’avoir lu si vos papilles artistiques sont en manque d’émotions.
Cet album est un objet rare, indiscutable. C'est pour moi une perpétuelle source de plaisir, tant graphique qu'intellectuel. Dave Mc Kean est un artiste en marge car il est libre de toute contrainte, il se balade depuis 86/87 avec dans ses cartons de véritables bijoux. Il nous arrive de le croiser et c'est chaque fois plus surprenant, plus déroutant aussi ! Son cages est un boulot de longue haleine, je l'ai suivi tout au long de ses parutions en anglais, les mois s'étiraient et régulièrement je retombais sur le cul ! Mc Kean est un artiste très mature, qui remet son art en question, se demande quelles sont ses limites, ses besoins, ses attentes. Dans cette BD il s'essaye a de nouveaux styles, a de nouveaux langages... Bref je reste sans voix, jetez-vous sur cet album, c'est magnifique et indispensable !
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