Moby Dick (Chabouté)

Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)

Chabouté met sa vision personnelle et sa maîtrise du noir et blanc au service de ce classique de la littérature américaine


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD Chabouté Moby Dick Vieux gréements

Le capitaine Achab est aveuglé par sa rage et sa folie de vengeance envers Moby Dick le cachalot blanc qui lui a arraché la jambe par le passé.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 15 Janvier 2014
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Moby Dick (Chabouté) © Vents d'Ouest 2014
Les notes
Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)
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26/01/2014 | jurin
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Par Emka
Note: 3/5
L'avatar du posteur Emka

L’adaptation de Moby Dick par Chabouté est un bel objet, mais j’avoue que j’en ressors avec un sentiment mitigé. Côté visuel, pas grand-chose à redire. Le noir et blanc de Chabouté est efficace, comme toujours. Il sait jouer des ombres, et son trait fonctionne particulièrement bien dans cet univers, sombre et hostile. On sent bien la menace, l’attente du drame. Mais voilà, malgré cette ambiance bien maîtrisée, je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque quelque chose. Peut-être parce que, connaissant déjà l’histoire de Moby Dick, je n’ai pas été surpris. Le récit reste trop fidèle au roman, sans apporter une véritable relecture personnelle. On suit Achab dans sa folie, Ismaël dans son rôle de témoin, mais tout cela reste assez prévisible. Les scènes d’introspection d’Achab sont intéressantes, mais elles auraient gagné à être plus développées. C’est un personnage complexe, et je trouve qu'on passe ici à côté. La mise en scène souffre aussi d’un certain manque de rythme. Certaines séquences muettes sont magnifiques, c’est vrai, mais elles finissent par ralentir le récit. Je me suis surpris à décrocher par moments, notamment lors des scènes de pêche ou de dépeçage, qui n’apportent pas grand-chose à l’ensemble. Et même si l’économie de texte peut renforcer l’immersion, ici, ça m’a parfois donné l’impression qu’il fallait tourner les pages plus vite. C’est toujours difficile d’adapter un monument comme Moby Dick, mais j’attendais une lecture plus personnelle. On est ici dans une adaptation assez académique, qui ne prend pas vraiment de risques. Il y a bien quelques tentatives d’humaniser Achab dans la deuxième partie, mais ça reste assez timide à mon goût. L’aspect obsessionnel, la lutte intérieure du capitaine contre sa propre folie, auraient pu être poussés plus loin. Cette BD pourra être une belle porte d’entrée dans l’univers de Melville. C’est juste que, personnellement, je préfère Chabouté quand il est dans ses récits plus intimistes, où il sait si bien jouer avec le silence et la solitude, comme dans Tout seul. Ici, on est dans quelque chose de plus classique, plus codifié, et ça me parle un peu moins. Mais je comprends que d’autres puissent y trouver leur compte. C’est une belle adaptation visuelle, même si, pour moi, elle manque d’un souffle plus personnel.

23/09/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup aimé l'adaptation du roman de Melville par Chabouté. Ce dernier n'a probablement pas voulu suivre une adaptation exhaustive du roman. Il y a tellement de voies et de styles différents utilisés par Melville que le risque de produire un récit sans âme qui copie l'original était grand. L'auteur avait le choix entre les thématiques de l'aventure, du social, du documentaire. Chabouté semble avoir concentré sa vision de l'oeuvre sur le côté spéculatif et mystique des personnages. Les passages choisis renvoient presque tous à des interrogations métaphysiques (par exemple le sextant) et à une lutte entre le Bien et le Mal. Les références à l'autorité divine ou du capitaine sont nombreuses. Chabouté choisit ainsi de favoriser le personnage de Starbuck au détriment de celui d'Ismaël dont le nom apparait très peu au cours du récit. Le découpage du récit à partir d'une phrase issue du livre donne des points de repères comme des îlots qui nous accompagnent avec le Pequot à la sortie de Nantucket. Les dialogues sont assez rares comme souvent chez Chabouté jusqu'à l'apparition d'Achab qui va envahir l'espace d'où seul Starbuck saura se démarquer. La tension dramatique est présente dès la première apparition du capitaine et augmente jusqu'au paroxysme d'un final mis en scène de façon éblouissante par l'auteur. Le graphisme en N&B de Chabouté se prête magnifiquement à cette adaptation. Son dessin renvoie à l'intériorité des personnages qui évoluent au fil du charisme fou du capitaine. Dans un univers où la parole est rare (et sûrement pas pour contredire celle du capitaine), ce sont les postures gestuelles qu'insuffle le dessinateur qui font une grande part de la narration. Chabouté réussit à mes yeux la prouesse de fondre l'image de ses personnages dans son choix des textes souvent ardus qu'il emprunte à l'oeuvre originale. Même si je connais l'oeuvre originale, Chabouté m'a charmé avec l'ambiance spirituelle qu'il donne à son récit. Probablement la lecture que je préfère pour le moment de cet auteur.

14/02/2024 (modifier)
Par Simael
Note: 4/5
L'avatar du posteur Simael

Le trait de Chabouté en noir et blanc reste fort, malgré quelques visages qui manquent d'expressions. Cette adaptation est réussie mais hélas vraiment trop courte. Je pense qu'elle aurait mérité au moins 2 tomes de plus. Le sujet est très bien emmené mais vraiment trop rapide à mon sens. On survole simplement cette histoire pourtant si complexe et si forte. Cette BD n’en reste pas moins une réussite et très belle à regarder.

22/01/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Je connaissais de nom Chabouté, mais je n'avais rien lu de cet auteur ; bon c'est peut-être pas le meilleur essai que j'ai tenté car il s'agit d'une adaptation d'un livre que je connais par coeur pour l'avoir lu dans mes jeunes années, relu une fois adulte, puis j'ai vu 4 ou 5 fois le film de Huston, bref c'est dire si je connais cette quête obsessionnelle de la baleine blanche par un capitaine Achab dévoré par la vengeance, et dressé de toute sa haine et sa folie contre un animal maudit. Son combat contre Moby Dick symbolise le combat de l'homme contre la nature. Au vu de ce diptyque, je m'aperçois que l'auteur a énormément compressé l'histoire, il est évident que pour retranscrire la richesse de ce récit et son dialogue inspiré , il aurait fallu 3 ou 4 albums ; de plus, je ne suis guère habitué à ce format d'album, préférant le grand format habituel ou celui des albums classiques du Lombard ou de Dargaud. Mais ceci n'est qu'un détail, je vois quand même que la progression dramatique est pas mal élaborée, la restitution du dialogue original se retrouve même en de nombreux endroits, on y retrouve sa richesse et la façon imagée de Melville pour décrire la narration d'Ismaël, le jeune garçon qui s'enrôle sur le Pequod. Je suis plutôt surpris qu'on le perde en cours de récit, il est vrai que dans la seconde partie, tout est vu sous l'angle d'Achab et de monsieur Starbuck. Mais même si je ne me suis pas véritablement ennuyé, je n'ai tiré aucun plaisir de cette lecture, ça vient sans doute du fait que je connais trop l'histoire et que rien ne pouvait me surprendre. En plus, je dois bien avouer que lire ce récit en prenant conscience qu'il y a plein de passages manquants, c'est assez frustrant pour moi, je préfère encore relire le bouquin qui possède une telle force évocatrice pour décrire cette époque de chasse à la baleine. Dans le film de Huston, ça allait mieux parce qu'au cinéma, même si on élague des passages, on en ajoute d'autres, et son film était fidèle au bouquin en cernant mieux sa narration, alors qu'ici, en BD, je sens qu'il manque quelque chose, ça amoindrit donc légèrement la force du récit. Ceci dit, c'est bien de l'avoir lu, si ça peut tenter les lecteurs curieux pour lire le roman, tant mieux, mais honnêtement, ce n'est pas un ouvrage que j'aurais envie de posséder pour les raisons que j'ai évoquées, je préfère le roman. Un mot quand même sur le dessin : c'est un beau noir & blanc, avec de belles compositions de pages, je m'attendais à un dessin à la Baru que je déteste, mais non, c'est bien, ça sert même parfaitement le récit qui est tragique au final.

30/05/2019 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

Premier point positif, le dessin de Chabouté que je trouve plutôt réussi. C'est agréable, efficace et ma foi certaines planches méritent le détour. Après, ben c'est Moby Dick quoi, c'est vrai que tout le monde connait peu ou prou l'histoire de cette obsession d'un capitaine qui n'hésite pas à sacrifier son équipage pour assouvir sa vengeance. La narration est fluide, elle sait par moment ménager des moments de calme. C'est finalement une bonne adaptation, fidèle mais point trop académique, qui ne peut que permettre à un public différent de celui du roman de connaître cette histoire. Avec un peu d'imagination il est possible d'entendre claquer les haubans et entendre siffler le vent dans le grand cacatois. A lire et à faire partager.

04/01/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Il n'y a pas moins de 5 séries au minimum consacrées au Capitaine Achab et à Moby Dick. Malgré tout son talent, Chabouté nous livre une version pas très originale. On a trop vu cette histoire de folie et de vengeance envers un cachalot albinos. On la connait par coeur. On appréciera par contre son dessin qui marque les esprits. Il arrive à donner une expression hors du commun à ses personnages. Il a également une excellente maîtrise du noir et blanc. Je le dis sans concession : c'est sans doute le meilleur dessinateur du moment au niveau de ce travail graphique. Bref, cette bd n'apportera rien au roman original. Cependant, Chabouté reste toujours à la hauteur.

18/04/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ce n’est pas dans ce registre que je préfère Chabouté (je le préfère lorsqu’il nous offre des œuvres intimistes et originales comme « Tout seul » ou « Un peu de bois et d'acier ») mais cette adaptation vaut quand même plus qu’un vague coup d’œil. Ce diptyque dispose de nombreuses qualités. Tout d’abord, le trait en noir et blanc de Chabouté s'adapte parfaitement à ce sombre récit. Le cadre maritime sied à l'auteur et je l’ai senti dans son élément. Ses personnages sont bien croqués, avec des visages torturés pour certains, des regards ébahis pour d’autres, toujours de circonstance. La progression narrative est très bonne aussi, avec un Achab obsédé jusqu’à la folie par ce sentiment d’injustice face à cette baleine trop puissante et rusée. A y réfléchir, ce thème est on ne peut plus actuel… Un Achab qui semble s’humaniser dans la seconde partie du récit, comme s’il prenait pleinement conscience de sa propre folie. Malgré le fait qu’il s’agisse d’une adaptation, le récit demeure très fluide, avec de beaux passages lents, un découpage qui accentue le crescendo dans la tension et des temps forts bien mis en évidence. On retrouve l’âme du récit (et son squelette) sans avoir le sentiment de lire un résumé du livre. Petit reproche au niveau de la calligraphie. L’écriture manuscrite tremblante du journal du narrateur n’est pas toujours évidente à lire… C’est très à propos mais pas vraiment pratique. Quoiqu’il en soit, je ne peux que conseiller la lecture de cet album si vous voulez (re)découvrir l’histoire de Moby Dick et du capitaine Achab au travers d’une bande dessinée. L’auteur a mis l’accent sur l’ambiance, la tension et la psychologie des personnages plutôt que sur le grand spectacle et cette approche convient parfaitement au récit.

19/02/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

J'ai déjà lu l'histoire de Moby Dick et donc il n'y pas de surprise pour moi au niveau du scénario car je sais ce qui va se passer. J'ai tout de même lu cette histoire car j'aime bien le dessin et Chabouté et je ne me suis pas déçu. J'ai aimé l'ambiance qu'il a créée avec son fabuleux noir et blanc ! Le scénario est pas mal, mais pour le moment c'est un peu ennuyeux. La première partie reprend les scènes qui m'ont le moins intéressé lorsque j'ai lu le livre. Lire la vie quotidienne des marins ne m'a pas du tout passionné. Heureusement qu'il y a l'excellent capitaine Achab parce sinon je me serais ennuyé. J'ai bien envie de lire la suite, mais cela ne fait pas partie de mes priorités.

22/10/2014 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Rien à redire en ce qui concerne le dessin, qui ne fait que confirmer le talent de son auteur, celui-ci démontrant une fois encore sa grande maîtrise du noir et blanc. Il y a de longues séquences muettes où l’on ne peut qu’admirer le travail graphique, et Chabouté n’a plus grand-chose à prouver en la matière. Les personnages dans leurs particularités semblent intéressants, d’un côté l’inquiétant maori Queequeg, de l’autre le capitaine Achab, totalement absorbé par le désir de vengeance envers la baleine qui lui a arraché la jambe. Cela étant dit, j’avoue m’être parfois ennuyé durant ma lecture, et le fait que les pages se tournent très vite par moments, notamment en raison de l’absence provisoire de texte, ne change rien à l’affaire. Les scènes de pêche ou de dépeçage en particulier ne sont pas si palpitantes voire un peu longuettes, du coup je ne suis pas vraiment certain que cette BD apporte quelque chose au roman original – que j’avoue n’avoir pas lu. Il me faudra donc attendre la suite pour me faire une idée plus précise, mais a priori je ne suis pas si emballé par rapport à d’autres albums du même auteur, à commencer par Tout seul , un petit bijou d’humour doux-amer et de poésie.

30/06/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Chabouté prend le temps dans ce premier tome pour mettre en place son récit, pour donner corps à ses personnages. On apprend à connaître les principaux acteurs de la tragédie qui s’annonce, des matelots aux harponneurs, en passant par le capitaine Achab. Sont présentés aussi le Pequod, mais aussi Moby Dick – qui n’apparait pas, mais dont le portrait est tiré par ceux qui l’ont rencontré, qui lui ont survécu. Et qui cherche à se venger, comme le capitaine Achab, qui ne vit que pour ça. Comme souvent – toujours ?! chez Chabouté, on a un dessin vraiment excellent ! Un superbe travail en Noir et Blanc, qui se suffit souvent à lui-même, puisque certaines pages sont exemptes de paroles, tout en restant très prolixes. Un travail qu'on avait déjà pu apprécier, sur le même thème, dans Terre-Neuvas. Un premier tome qui vaut le détour, et qui augure bien de la suite de la série. Chabouté est ici à la hauteur de l’œuvre de Melville.

21/06/2014 (modifier)