Lâcher prise (Letting it go)
Dans son second et nouvel album, Miriam Katin doit faire face à ses souvenirs douloureux d’enfant de la Shoah.
Allemagne Berlin Communauté juive La BD au féminin Nazisme et Shoah
Miriam, juive hongroise qui a fui le nazisme et est, 65 ans plus tard, new-yorkaise, est bouleversée et se sent trahie quand son fils lui annonce qu’il va s’installer à Berlin avec sa compagne suédoise. Le comble de l’ironie est que pour cela, il serait de bon ton qu’il acquière la nationalité de sa mère et être ainsi reconnu comme citoyen européen. Tous ses terribles souvenirs et traumatismes refoulés remontent à la surface, rendant pour elle la décision de son fils inacceptable, inconcevable. Même sa propre mère ne comprend pas l’ampleur de sa stupeur/ réaction. Miriam jette dans un premier temps les formulaires de naturalisation de son fils, avant de les remplir, et décide de se rendre au vernissage d’une exposition de ses planches, au musée juif de Berlin. Et elle joue le jeu, entreprenant un régime pour rentrer dans son tailleur, se faisant blanchir les dents, pratiquant son yoga en regardant les chaînes de tv allemandes, elle est même hystérique quand l’irruption du volcan islandais menace de compromettre son voyage… (texte : Futuropolis)
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Date de parution | 09 Janvier 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un récit plutôt agréable à lire. Il faut avouer que l’auteure fait montre d’un humour très tourné sur l’autodérision qui vient vraiment se mettre en contrepoids du thème même du récit. Sa haine du peuple allemand, sa volonté de ne pas oublier, son incapacité à pardonner (ce que je peux comprendre) sont soumis à rude épreuve lorsque son fils lui annonce qu’il compte s’installer à Berlin. Par ailleurs, comme le dit Alix, c'est très nombriliste, comme récit et plus d'un lecteur le trouvera certainement trop anecdotique. Le découpage est très aéré et sans structure rigide (pas de cases à proprement parler mais des dessins juxtaposés d’une manière souvent très éclatée). Cette mise en page favorise une lecture rapide quand bien même l’album est copieux en terme de pages. La narration est très vive et, comme je le disais, truffée d’un humour très typé juif new-yorkais (autodérision donc, puisque l’auteure se moque souvent de ses propres angoisses, ce qui n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, Woody Allen ou la série ‘Seinfeld’). Un album agréable à lire, très humain et qui met le doigt sur une blessure qui jamais ne se refermera pour toute une génération. En cette époque où il est souvent question de pardon, rappeler que le mal fait laisse immanquablement des traces n’est pas inopportun. Certainement à lire. Et même à posséder si ce genre de récit autobiographique et d’humour dérisoire vous attire.
J’avais déjà lu de la même auteure "Seules contre toutes" dont le titre induisait une espèce de victimisation. C’était fort excusable au vu du passé tragique et du vécu autobiographique à travers la fuite des juifs face au régime nazi. Désormais, Miriam Katin doit se faire à l’idée que son fils puisse vivre à Berlin en obtenant également la nationalité hongroise. Berlin, le siège de la solution finale… Ce n’est pas facile pour elle d’accepter cela au nom du passé car elle le vit comme une trahison. Or, Berlin a beaucoup changé et il ne faut pas rester sur ses préjugés. Ce one-shot raconte tout ce parcours difficile pour pardonner au peuple allemand. Lâcher prise est un peu dans la continuité de sa précédente œuvre. Point de haine et un ton bon enfant. Le dessin crayonné naïf et vif est toujours aussi agréable. Le propos va se concentrer sur l’époque contemporaine tout en distillant des informations plutôt intéressantes sur le passé. On regrettera cependant le manque de cohérence de certaines scènes comme si on assemblait des choses qui n’ont rien à voir. Bref, un peu de fantaisie… Au final, un récit intime qui se tient et qui constitue un témoignage sur un aspect méconnu du traumatisme subi par ce peuple. C’est une sorte d’expiation et de réflexion introspective où l’on ne retiendra que du positif.
J’ai trouvé cette histoire beaucoup trop nombriliste, et j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ce personnage finalement raciste envers tout un pays. Bon, je ne suis pas passé par là, je n’étais pas un juif persécuté lors de la seconde guerre mondiale, je ne comprends sans doute pas les démons qui hantent Miriam, mais disons que cet album n’apporte pas d’eau à mon moulin, et choisit plutôt de nous raconter des petits détails de son voyage (diarrhée explosive, tiques dans le lit de l’hôtel) qui ne me semblent pas pertinents du tout. C’est quoi en gros le message ? « Ah ben dites-moi, l’Allemagne du 21eme siècle, c’est joli en fait, et puis les gens sont sympas, c’est pas du tout comme dans La Liste de Schindler… ». Il y a aussi selon moi des petits soucis de narration, des enchaînements pas très clairs, des phylactères mal agencés, etc. Le dessin est par contre très joli dans le genre. Un avis un peu dur, un album qui raconte sans doute des choses intéressantes, mais qui ne m’a pas marqué, et qui n’a pas su me toucher.
Ayant parlé de son enfance plus que douloureuse dans Seules contre tous, Miriam Katin doit, plus de 60 ans plus tard, exorciser ses démons lorsque son fils lui annonce vouloir habiter à Berlin et acquérir la nationalité hongroise. Ce qui bien sûr fait ressurgir de nombreux souvenirs d'enfance. Car Miriam Katin a pris soin, depuis la fin de la guerre, d'enfouir voire oublier tout ce qui avait trait à l'Allemagne, pays d'origine de l'expansion nazie (ok, l'Autriche aussi, mais vous chipotez). Comme pour une phobie, Miriam décide, pour 'lamour de son fils, de combattre ces impressions viscéralement ancrées dans son âme et son corps ; quand j'utilise le terme "viscéralement", ce n'est pas galvaudé, car Miriam va connaître quelques soucis d'ordre gastrique durant son voyage. Oui, vous lisez bien, la diarrhée va faire son apparition dans un ouvrage Futuropolis. Miriam Katin ne nous cache pas grand-chose de ses pensées intimes durant ce voyage autant intérieur qu'extérieur. Entre moqueries envers l'ours berlinois et tragi-comédie relative à certaines situations, son personnage est tout simplement humain. Elle va adorer son voyage avec son mari à Berlin. Et à la fin elle connaîtra même une belle revanche sur le destin. La quasi-totalité de ce deuxième album est en couleurs, contrairement à Seules contre tous, qu'il convient de lire en préambule pour bien saisir la portée et l'origine des soucis de Miriam. Bien sûr, son ton moins grave le rend moins marquant que son devancier, mais il n'empêche que la puissance évocatrice du trait, le choix des situations et le subtil mélange entre les petites questions du quotidien avec des aspirations éthiques très élevées rendent sa lecture réellement enrichissante. Un vrai bonheur, un exemple à suivre.
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