Paroles de la guerre d'Algérie

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

De 1954 à 1962, Français et Algériens se livrent à une guerre fratricide qui refuse de dire son nom. Exactions et tortures entretiennent un climat de terreur dans chaque camp. Un recueil de témoignages mis en image par une dizaine de dessinateurs (Christian De Metter, Maël, Emmanuel Moynot, Laurent Hirn...). Douze adaptations s’efforçant de préservérer la pudeur tout en donnant à mesurer l’horreur.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide 1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide École européenne supérieure de l'image Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles La Guerre d'Algérie Maghreb Témoignages

La guerre d'Algérie commença en novembre 1954 et s'acheva en juillet 1962, au moment où l'Algérie obtint son indépendance. Opérations de guérilla et actions terroristes opposeront violemment Français et Algériens. Officiellement, la France, ou plutôt l'armée française avait pour mission « la pacification » et le « maintien de l'ordre » en Algérie, aidée en cela par la police ou les Harkis, supplétifs engagés dans l'armée française et considérés comme des traîtres par les Algériens. Du côté algérien, le FLN luttait pour l'indépendance nationale par la restauration de l'Etat algérien. Attentats, ratonnades, bavures, excès et dérapages rythmeront en fait la violence d'une guerre placée sous le signe de la torture. Malgré l'omerta, civils, militaires, étudiants et simples citoyens témoignaient déjà de la barbarie d'une guerre tragique aux plaies indélébiles...

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Novembre 2012
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Paroles de la guerre d'Algérie © Soleil 2012
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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07/02/2014 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Après une longue préface – intéressante – de l’auteur du livre dont sont tirées certaines de ces histoires, nous avons là un copieux recueil de témoignages tournant autour de la torture durant la guerre d’Algérie (de victimes surtout, mais aussi de responsables l’ayant dénoncée, avec tout le courage qui leur était nécessaire pour le faire). Au milieu d’anonyme, quelques noms plus connus (Henri Alleg, Maurice Audin ou Madeleine Riffaud), qui tous donnent une vision très noire de l’humanité, mais qui aussi tous illustrent l’espoir que l’on peut accorder à des êtres humains, à leur capacité de résistance (nombreux parmi ces témoins et/ou victimes avaient déjà goûté à la torture ou à la résistance durant la seconde guerre mondiale). Ensemble de témoignages bouleversants donc, et donc à lire. Mais l’aspect proprement BD est décevant, ou a minima frustrant. En effet, seules quelques pages sont accordées à chaque participant, et le plus souvent cela consiste en une illustration du texte qui précède, avec les redondances qui s’invitent. Indépendamment des styles graphiques différents, qui peuvent gêner, c’est ce côté frustrant qui m’a fait parfois survoler les planches de BD, pour me concentrer sur les présentations en « textes » des récits, desquels la démocratie et/ou la France ne sortent clairement pas grandies, et les lois d’amnistie qui ont suivi la guerre ont enseveli un peu plus les victimes, en garantissant l’impunité aux bourreaux.

11/10/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Paroles de la guerre d’Algérie nous montre les différentes facettes de ce conflit qui a longtemps suscité une certaine gêne. Il y a des choses un peu honteuses dont il ne faut pas parler. Bien entendu, je ne suis pas de cet avis car il faut au contraire regarder l’histoire en face afin d’en tirer des conséquences. Il ne s’agit pas forcément de faire preuve de repentance ou de pardon car les exactions commises l’ont été des deux côtés. Par contre, la faute principale revient bien à un pays qui n’était pas prêt de lâcher sa colonie de peuplement après 132 années de présence. Le dialogue aurait pu sauver des milliers de vies. Quel énorme gâchis ! L’accent sera mis sur la torture pratiquée par l’armée française. On a utilisé les mêmes méthodes ignobles que la Gestapo quelques années plus tôt comme si on n’avait pas su tirer les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale. Toute guerre est horrible par principe. Il faut tout faire pour les éviter et trouver des solutions pacifiques qui satisfassent les parties en présence. Il était normal que l’Algérie voulait accéder à son indépendance en suivie la voie de la décolonisation. Un peuple n’a pas le droit d’en asservir un autre sous diverses prétextes fallacieux. Cette bd va nous délivrer différents témoignages qui me sont apparus comme très intéressants car assez hétéroclites. Il s’agira du général qui a dénoncé la torture et qui sera limogé par la suite. Il y aura la jeune algérienne qui subira la torture dans ses méthodes les plus abjects. Le sol métropolitain connaîtra également ses actes de violence en relation avec la guerre d’Algérie comme cette histoire d’arrestation d’un étudiant d’origine algérienne qui a lieu à Strasbourg et dont j’ignorais l’existence. Il sera également évoqué le sort des harkis dont les familles se sont longtemps battues pour notre pays de génération en génération. Bref, il y aura toute une complexité de situations mais qui est illustré de manière très pragmatique dans le but de nous sensibiliser. Cet ouvrage a pour but de nous montrer les réalités d’une guerre que la France a qualifiée d’évènement avant une reconnaissance officielle en 1999. Si la France a reconnu la guerre, seuls ont été également reconnus officiellement des actes individuels commis par les militaires sans pour autant les condamner. Le caractère organisé, systématique, massif et scientifique de la répression des Algériens suspectés d'appartenance ou de sympathie vis-à vis du FLN (tortures, exécutions sommaires, massacres, etc.) par les militaires au nom de l'État français n'a, lui, jamais été reconnu, tout comme celui de l'abandon d'un certain nombre de harkis par la France, lors des derniers jours de la guerre. On comprend que les relations entre les deux pays demeurent difficiles malgré une apparente réconciliation. Il serait peut-être temps de faire un effort significatif. En tout cas, ce one-shot très bien documenté pose les bonnes questions et entraînent une réflexion sur notre passé ce qui est nécessaire pour bien aborder l’avenir. Comprendre, ce n’est ni excuser, ni condamner, ni militer. Voilà donc en résumé une excellente analyse pragmatique à partir des témoignages recueillis par les auteurs.

07/02/2014 (modifier)