Succombe qui doit
Sur la trame classique d’un polar, un récit noir et brutal, d’une intensité exceptionnelle.
Gangsters
Sale temps sur la casse auto Marchado. Quatre jeunes malfrats en fuite après un braquage qui a dégénéré, dont l’un grièvement blessé, s’y sont réfugiés lors d’une nuit de déluge. Depuis, ils y séquestrent José, le patron des lieux, un costaud taciturne, misanthrope et revenu de tout. Comment échapper aux recherches policières ? Sauver le blessé ? Et, surtout, livrer le butin du braquage à son commanditaire, le sinistre La Villette ? En l’espace de quelques heures grinçantes se noue un huis clos d’une intensité exceptionnelle, ponctué de flash-back qui font tomber les masques et dévoilent les ressorts secrets de cette histoire poisseuse et tragique à souhait : sous le nom de Laser Jo, José Marchado fut autrefois un boxeur fameux et doit au même La Villette le naufrage de sa vie dévastée. L’heure est venue de solder les comptes…
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Date de parution | 08 Janvier 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
BAAMMM !!! 2e coup de cœur que je ramène d'Angoulême cette année ! Le hasard de mes rencontres m'aura mené vers des sentiers un peu torturés (cf. Sin Titulo de Cameron Stewart) peuplés de personnages tous plus imprévisibles et dérangés les uns que les autres, mais quand c'est aussi bien mené et traité que ces deux albums, on va pas se priver pour en profiter et faire tourner ! Pas tous les jours qu'un bourrier chargé comme ça vous passe sous le nez, alors on tire fort dessus - Kofff, koffffff, kof...-, on bloque sa respiration, et c'est parti pour une sacrée montée ! La couverture nous crucifie déjà avec ce poing fermé bandé, serti de magnifiques clous 18 carats acier inoxydables aux articulations ; sur le bandage le titre "Succombe qui doit". On est prévenu... Il ne m'en fallait pas plus pour me motiver, surtout que cela faisait déjà quelques semaines que je voyais cette couverture me passer sous le nez sur les réseaux sociaux... Il m'aura suffit à Angoulême de tomber sur une file d'attente vide le dimanche matin à l'ouverture, pour aller me chercher cet album et taper un brin de causette avec le sieur Rica le temps d'une dédicace. On ouvre l'album et d'emblée, les trois premières planches m'ont complètement scotché ! La claque graphique, ou comment en trois planches visser son lecteur sur un rail qu'il ne lâchera pas avant le terminus. On sait d'emblée qu'on va être gâté et qu'on va manger froid. Rica impose un découpage dynamique et des cadrages recherchés qui vont maintenir la tension narrative de bout en bout. Son coup de patte semi réaliste rehaussé de couleurs tranchant sur le noir de son trait et qui alternent couleurs froides et d'autres plus flashy sur certaines planches, donnent à cet album son cachet si particulier : âpreté et froideur sourdent poisseusement de ce récit concocté par Antoine Ozanam. Car si graphiquement on en prend plein les dents, nos esgourdes ne sont pas en reste. J'ai eu peur à un moment de tomber sur un banal récit de casse foireux. Alors oui, on a bien cette trame comme base du récit, mais heureusement, Antoine Ozanam ne s'en est pas contenté et a su étoffer son récit en donnant à ses personnages principaux une lourde consistance psychologique. Qu'on ne s'étonne pas après que la violence et la mort imprègnent chaque planche quand on commence à connaître le passé de ces personnages... Un récit impitoyable pour des êtres imprévisibles qui le sont tout autant... Ça cogne, ça gueule, ça gicle, ça bute... la liste pourrait être longue. Y'a qu'un truc que vous ne trouverez pas : le pardon.
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