Certains l'aiment noir - L'Intégrale
Nouveau recueil des histoires courtes de Foerster.
Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Fluide Glacial, le best-of Humour noir Magazine Fluide Glacial
Noir et éclatant, monstrueux et magnifique, horrible et drôle, effrayant et fascinant, cauchemardesque et envoûtant, affreux et désirable, morbide et captivant... Oserez-vous entrer dans l'univers de Foerster ?
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Date de parution | 19 Février 2014 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
De ma lecture de Fluide Glacial quand j'étais jeune dans les années 90, je garde un tendre et glaçant souvenir des histoires courtes de Foerster, mélange d'horreur et d'humour noir. Leur ton choquait par rapport à l'humour déconnant des autres auteurs et les idées souvent sadiques dont elles faisaient preuve me fascinaient un peu. Vingt cinq ans plus tard, j'étais ravi à l'idée de retrouver l'ensemble dans un bel album intégrale. A noter qu'il ne s'agit pas réellement d'une intégrale de toutes ces histoires de Foerster. C'est plus une sorte de best-of ou de recueil de morceaux choisis des très nombreux albums qu'il a publiés, de Certains l'aiment noir en 1982 jusqu'à Vingt mille vieux sous la Terre en 1998. Sa lecture permet ainsi de découvrir son style encore un peu vert et classique lors des toutes premières histoires du genre qu'il a publiées dans Fluide Glacial au début des années 80 jusqu'à son trait plus personnel et son rythme plus maîtrisé des années 90. Avec cette relecture bien des années plus tard, je n'ai retrouvé qu'en partie ce qui me plaisait à l'époque. Pour commencer, l'effet intégrale est tel qu'on réalise l'aspect répétitif de toutes ces histoires qui, même si leur décor change régulièrement, partagent trop de similitudes dans le ton et le déroulé pour ne pas lasser et forcer à une lecture à petites doses uniquement. Ensuite, leurs intrigues m'ont paru trop souvent prévisibles, et leur fin souvent devinées dès les premières cases, ce qui brise l'effet de surprise et d'horreur qui aurait dû faire leur force. Comme je ne ressentais pas cela lors de mes premières lectures à l'époque, j'en déduis que c'est sans doute avec l'âge et l'habitude d'avoir lu beaucoup d'histoires du genre que leur impact s'est amoindri sur moi. Toujours est-il que je garde une affection pour Foerster et ses fables horrifiques, même si j'espérais que cette intégrale m'apporte davantage de plaisir et de frissons.
J'avais déjà lu quelques histoires de Foerster parus dans Fluide Glacial, mais comme ma bibliothèque ne possède pas beaucoup d'albums de lui la plupart des histoires présent dans ce recueil sont inédits pour moi et évidemment cela ne me déplait pas au contraire. Cet album montre bien toute l'imagination dont est capable l'auteur et son univers est souvent bien glaude ! Je me demande d'ailleurs comment il est parvenu à publier dans une revue humoristique. Il y a parfois de l'humour noir, mais la plupart du temps cela ressemble plus aux récit d'horreurs d'EC Comics où il y a une chute finale. Les histoires ne m'ont pas du tout déçu car l'imagination de Foerster est totalement inattendu et la plupart du temps la chute finale m'a surpris. Il y a certes des passages un peu malsain, mais personnellement cela ne me dérange pas quoique je ne lirais pas cette bande dessiné lorsque je suis en train de manger. Le dessin en noir et blanc de Foerster est génial et il sait créé une atmosphère malsaine dans ses histoires.
Dans les années 80, je lisais beaucoup plus assidument Fluide Glacial. Forcément entre Edika et Binet, il y avait toujours un récit de Philippe Foerster dérangeant, un truc auquel personne n’était vraiment ni habitué ni préparé à « subir ». Un récit souvent répugnant et malsain dont on regrettait presque après coup d’avoir simplement osé la lire pour en garder des souvenirs à vocation cauchemardesque. Et pourtant, numéro après numéro, les histoires macabres de Foerster devenaient celles que je souhaitais lire en premier, des petits trésors d’ingéniosité à nul pareil et dont la chute était souvent tout sauf prévisible à contrario des Tales from the Crypt dont la construction semble similaire. Pourtant Foerster n’a rien d’un auteur de comics. Aux publications E.C. Comics il reprend bien souvent la trame en 8 pages maxi en posant une situation, un décor en quelques cases dans un univers qui n’appartient qu’à lui. Ses influences seraient même plutôt européens avec une ambiance gothique, une ambiance issue des nouvelles d’Allan Edgar Poe ou de Lovecraft sans aucun plagiat. Car les récits de Foerster sont également graphiques, graphiques dans l’exposition de corps mutilés, réutilisés à des fins choquantes entre le cinéma organique de Cronenberg ou de Carpenter. Difficile de ne pas avoir des hauts le cœur et parfois des sourires car au-delà d’un dessin absolument magnifique en noir et blanc, reproduisant le malaise par des ombres maîtrisées, des personnages filiformes et déformés et un cadrage inventif, Foerster le scénariste invente des histoires qui ne répondent à aucune logique si ce n’est celle de la trame principale. Il y a de la poésie, très peu de morale et tout le monde y prend pour son grade, enfants y compris. Il n’y a aucun tabou dans les histoires macabres de Foerster, il se permet toutes les disgrâces possibles en évitant soigneusement le trash (finalement il y a peu de sang, peu de sexe), ce sont les histoires qui sont fortes et inédites puisque totalement issues de l’imagination débordante de l’auteur. Cette jolie compilation portant le titre de son premier ouvrage réussit le pari en 48 histoires de montrer la diversité d’un auteur qui aura voué sa carrière au grotesque. Pas une histoire répétitive, pas une déception, il y a certes dans ces morceaux de choix certaines plus faibles que d’autres mais aucune déception à ressentir pour peu que l’on ait l’estomac bien accroché. Lire les histoires de Foerster permet même d’en faire plus de 20 ans un certain exorcisme car on peut plus facilement les accepter et s’en régaler mais également se rendre compte qu’elles n’ont pas perdu le moindre impact et sont intemporelles de surcroît. Ce livre est essentiel, culotté et tout simplement indispensable. Je reste tout simplement ébahi par le talent d’écriture unique et de ces histoires anthologiques ! J’espère qu’un éditeur fera l’honneur de produire tous ses autres travaux car on s’habituerait presque à tant de noirceur. Pour les amateurs du genre comme les nostalgiques, jetez également un œil sur « Le confesseur sauvage » paru en 2015 et démontrant s’il fallait encore s’en justifier que le talent graphique comme narratif de l’auteur sont loin d’être taris…. « We need more ! » A réserver à un public curieux et averti !
Le prince de l'humour noir, Philippe Foerster, a sévi dans Fluide glacial pendant deux décennies au moins, parsemant ses histoires courtes de morceaux de cruauté, de fantastique aussi subtil que dérangeant, faisant parfois appel à nos peurs les plus intimes. Mutations, croisements génétiques, déviances, Foerster a exploré un large spectre de la peur dans ses histoires. Son dessin tout en noir et blanc accentue l'angoisse, d'autant plus que son style caricatural augmente encore le sentiment de malaise ressenti à la lecture. Franchement une belle (re)découverte. Attention cette anthologie porte le même nom qu'un album du même auteur sorti il y a trente ans ; il comporte les mêmes histoires, et de nombreuses autres, comptant au final 300 pages.
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