Les Idées fixes
Quand la folie n'est pas l'apanage de celui que l'on croit...
Fantômes Folie La BD au féminin Séquelles de guerre
Achille et Adrien sont frères. Achille est un ancien «enragé de la mer» qui ne la prend plus depuis vingt ans. Il veille sur Adrien, considéré comme l’idiot du village, qui, sans lui, n’aurait sans doute ni gîte ni couvert. Adrien raconte à qui veut bien lui prêter attention, qu’il entend des voix et qu’il reçoit souvent la visite de morts, notamment de marins perdus en mer. Il a un «esprit de travers, qui lui fait des misères mais aussi lui fait voir les plus belles histoires. Il va marcher des heures, il disparaît des jours… On le revoit hagard ou riant aux éclats… Et le voilà qui prie du matin au soir. Ses phrases sont des énigmes, il parle par ellipses, il hurle sans raison, fait plein de contorsions… Et son plus grand plaisir, c’est de faire peur aux gosses.» Au village, on est habitué, il n’est pas méchant. Son médecin et Achille pensent que ces «fantaisies» sont une façon de fuir des horreurs du passé, et qu’elles cesseront le jour où Adrien se décidera à parler de ce qu’il a vécu pendant deux ans en Algérie… Achille, quant à lui, était marin pêcheur. Il a un jour prêté son bateau L’Agathe, à une famille de touristes, mais ni le bateau ni la famille ne sont jamais revenus. Disparus en mer ? Aujourd’hui, cela fait vingt ans, jour pour jour que L’Agathe a disparu. Achille est nerveux, et Adrien, comme chaque année à la même époque, lui déclare que bientôt son bateau reviendra, que c’est l’âme d’un marin qui le lui a dit. (texte : Futuropolis)
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Date de parution | 06 Mars 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
En critique de bd, c'est comme pour les vins: on peut reconnaître le talent et ne pas aimer. C'est très fort graphiquement mais avec une intrigue non accrocheuse. Je me suis littéralement ennuyé par les divagations de cet homme névrosé marqué par un drame familial et qui préfère se complaire dans une vie en décalage. L'auteure n'a pas réussit l'accroche avec des dialogues qui sonnent faux. Certes, il y aura de la poésie à la Hugo, mais on sera littéralement assommé. Dommage car j'ai senti une certaine sensibilité et une délicatesse de l'âme.
De prime abord, j’avoue avoir eu quelque appréhension à la vue du graphisme et de la mise en page. Appréhension assez vite contredite par une lecture plutôt fluide malgré l’absence de cases et une disposition en apparence anarchique, mais il est vrai qu’un quelconque semblant d’ordre aurait paru déplacé pour un ouvrage faisant en quelque sorte l’éloge de la folie et de la liberté. Un tel parti pris était pour le moins risqué et Gabrielle Piquet relève le défi avec brio. Comme guidé par les muses de Cocteau, son trait épuré et fragile serpente entre chaque page avec une telle grâce, une telle légèreté, que j’ai à peine réalisé être arrivé à la fin de cet OPNI (Objet poétique non identifié), envoûté que j’étais par la musicalité des textes. Oui assurément, cette histoire se lit comme une chanson, quasiment d’une seule traite, comme un conte pour enfants pas sages croyant à l’impossible. Sa petite musique pleine de douceur finit, l’air de rien, par nous prendre au piège de ses sortilèges dont on se révélera la victime consentante, selon notre capacité à rêver, notre curiosité à voir au-delà du visible. A ce titre, la confrontation entre l’adulte et l’enfant est intéressante dans le sens où les rôles sont comme inversés : le premier, transformé par une guerre traumatisante, sauvé peut-être grâce à son imagination exaltée et sa folie « infréquentable », apparaît beaucoup plus vif et joyeux que le second, « petit enfant fripé » à l’âme déjà « flétrie » et gouvernée par une frileuse raison, démonstration éclatante qu’il n’y a pas d’âge pour être jeune, pas davantage que pour être vieux. Cet album sans prétention, tout en humilité, devrait dévoiler ses multiples petits joyaux étincelants à qui sera réceptif (encore qu’une seule lecture n’y suffira sans doute pas), invitant chacun à laisser s’exprimer sa folie au lieu d’en avoir peur, à briser ses chaînes et à déchirer son voile de cécité.
J'avais découvert Gabrielle Piquet avec Trois fois un, il y a (déjà) plus de six ans. Après deux albums chez Casterman, la revoici chez Futuro, avec un projet personnel, qui raconte une étrange histoire de fratrie, de fantômes et de mer... J'ai l'impression qu'il y a toute la genèse de l'oeuvre de la jeune auteure dans cet album : une poésie décalée, une envie d'universalité, un récit simple, des envolées lyriques et du soleil dans le noir et blanc (il faut le faire !). Car derrière le récit de prime abord très verbeux, se cache une histoire avec des thèmes essentiels : la fratrie, les relations entre les gens, la jeunesse et la perception du temps qui passe. Le pot aux roses est tellement évident, qu'on s'en veut de ne pas l'avoir découvert plus tôt ; il y avait pourtant des signes qui... Malgré ce quasi-envoûtement, je ne peux donner la note maximale à cet album ; car il risque de passer très au-dessus de nombreux lecteurs. La faute à une couverture à mon sens pas trop réussie, à un style graphique qui ressemble à du croquis mais est en fait extrêmement travaillé pour peu qu'on le regarde de plus près, la faute aussi, sans doute, à un rythme narratif languissant, onirique, aux portes de la perception, même si Gabrielle Piquet n'abuse pas des figures graphiques étranges. A découvrir cependant.
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