La Faute au Midi

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

L’histoire vraie de deux innocents sacrifiés par la nation.


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Grand Est Première Guerre mondiale

Le 21 août 1914, les soldats provençaux du XVe corps sont lancés dans la bataille de Lorraine, sans appui d’artillerie. C’est un massacre. 10 000 soldats sont fauchés par les obus et la mitraille avant même de voir un seul casque à pointe. Pour Joffre, généralissime des armées françaises, cette défaite est catastrophique, car elle ruine ses plans. Afin de se dédouaner, il rejette la faute sur les soldats du Midi, à la mauvaise réputation. Humble combattant provençal, Auguste Odde, comme trois autres soldats, participe à cette affreuse bataille. Blessé au bras, il est soupçonné de lâcheté et risque la peine de mort... (texte : Bamboo)

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Avril 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Faute au Midi © Bamboo 2014
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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01/04/2014 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Un siècle après les événements, et alors qu’il est de plus en plus question de « réhabiliter » un grand nombre des fusillés pour l’exemple (mutinerie, « lâcheté devant l’ennemi », etc.), cet album rappelle un fait passé dans l’oubli. Dès les premiers jours de la guerre, la stratégie française est prise en défaut par les Allemands, et les défaites très coûteuses en vies humaines se succèdent : des « méridionaux » sont pris comme boucs émissaires et, contre toute justice et contre la vérité même, plusieurs sont condamnés à mort et exécutés. L’album montre bien l’enchaînement des faits, qui mène de la stupeur des défaites, du refus des chefs d’admettre leurs erreurs, à la condamnation de pauvres bougres. Aujourd’hui lavés de toute accusation, ces morts – comme la plupart des autres fusillés (surtout après 1916-1917) attendent surtout que soient jugés (par l’histoire au moins !) les officiers supérieurs qui, par fierté mal placée, par bêtise ou tout simplement par nullité stratégique, ont envoyé à la mort des centaines de milliers de soldats, paysans et provinciaux pour la plupart. On peut attendre cette remise en question de Joffre ou Foch (et plus tard Nivelle) ! Si le sujet est intéressant, son traitement l’est moins je trouve. En effet, le scénario est trop basique, plat, au point parfois de desservir le propos. C’est trop « gentil ». Quant au dessin, pas foncièrement mauvais, je n’ai pas accroché. Si je mets trois étoiles, c’est avant tout pour la valeur de témoignage de l’album – confortée par le petit dossier final, qui rappelle les faits (mais qui du coup est parfois redondant avec l’album lui-même).

14/04/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Voila encore une Bd avec laquelle j'ai appris un truc ! Je connaissais l'épisode des fusillés pour l'exemple qui a fait d'ailleurs brillamment l'objet du film les Sentiers de la gloire, mais ce fait réel décrit dans cet album, avec cette bataille de Lorraine d'aout 1914, je l'ignorais.. Voici tout à fait le genre de Bd qui relate des faits pour lesquels on ne peut que se révolter et s'indigner ; c'est une honte, une infamie d'accuser de pauvres types soi-disant manquant de courage afin de masquer l'incompétence des galonnés et des hautes autorités militaires. Cette attitude de faux-jeton et de menteur éhonté n'est pas étonnante de la part d'un officier comme Joffre ; on connait son mot fameux obscur et plein d'ambiguïté "Je les grignote" lorsqu'on lui demandait les progrès accomplis sur le front de Verdun.. Il ne fut jamais un général en chef fiable et solide, toujours à se défiler, à biaiser et à faire porter le chapeau aux soldats... et c'est exactement ce qu'il fait ici. A cela s'ajoute la morgue déplacée et ridicule de Foch qui ne valait pas mieux en caractère, mais peut-être plus doué en tactique. Et ce procès expédié à la va-vite pour accuser ces pauvres gars de mutilations volontaires, à qui on refuse un témoignage capital pouvant les innocenter, et dont les preuves accablantes s'appuyant sur un examen médical très douteux sont plus que discutables.. alors là on touche le fond de la connerie humaine, mais il faut aller vite, vite, vite... mais dans ce cas, il fallait aller encore plus vite en évitant ce procès qui n'est qu'une pantalonnade, une parodie de justice militaire à l'arbitraire scandaleux. Et tout ça pour la simple raison que ces gars étaient des méridionaux censés être moins valeureux que ceux du Nord ? J'ai peine à croire que ceci ait pu exister en France, et j'ai honte... Ce genre de récit s'appuie donc sur des faits réels où l'on assiste à tout ce qu'il peut y avoir de plus abject dans ce que représente l'armée. Comment s'étonner ensuite qu'on se moque ou qu'on méprise cette armée ? Ce genre de fait en donne une image terrifiante. C'est un pas supplémentaire dans l'écoeurement que peut provoquer cette guerre de 14-18, ces excès indignes étant trop ignobles. Ces soldats ont été humiliés, on a sali leur mémoire, leur mort fut inutile, et ce n'est pas les tentatives de réhabilitation qui les ramèneront à la vie.. Le scénariste raconte cette histoire avec justesse et précision, aidé par son dessinateur dont le trait parfois hâtif permet de bien saisir l'ensemble. Le dossier de fin d'album est édifiant et fournit tous les détails de ce triste épisode.

31/08/2015 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Une lecture de plus sur la Première Guerre Mondiale qui n'en finit pas de faire couler beaucoup d'encre et de couleur après avoir fait couler le sang. On se penchera sur le sort de deux innocents qui furent fusillés pour l'exemple. Le contexte est celui de la débâcle en Lorraine des armées du XVème corps composé essentiellement de soldats provençaux. Au lieu de porter la responsabilité de leur maladresse tactiques, les généraux ont préféré faire porter le chapeau aux soldats méridionaux connus soi-disant pour leur lâcheté et leur fanfaronnade. Dans la réalité non fantasmée, ils ont envoyé les soldats à l'assaut sans soutien de l'artillerie. Les obus allemands ne les ont pas manqué. Il y a plusieurs passages qui sont strictement identiques à ceux que j'ai lu tout récemment dans Les Taxis de la Marne. Est-ce du plagiat ou simplement des faits relatés par l'Histoire ? J'avoue avoir été troublé par tant de similitudes. Bon, en même temps, le scénariste féru de séries relatant la Première Guerre Mondiale est le même... Le généralissime Joffre a été très attaqué à juste titre dans Les Taxis de la Marne. On se rend compte avec ce nouvel épisode qu'il était un véritable as pour se dédouaner des défaites en faisant porter la faute sur de valeureux soldats. En ce qui me concerne, j'aurais fait enlever de tous le pays les statues de ce général qui ne méritait que le même sort que Pétain pour avoir causé des milliers de morts. Or, il a eu droit à des funérailles nationales suivi d'éloges sur son action. Quelque fois, l'Histoire juge très mal. C'est un chef de guerre réellement médiocre doublé d'être un imposteur. Ce nouvel épisode va en tout cas dans ce sens et j'y souscris aisément devant les faits. Bref, un album qui relate encore un fait oublié et qui nous fait prendre conscience de la valeur des hommes.

15/08/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Eric2Vzoul

Fusillés pour l'exemple ! Parce que Joffre ne veut pas admettre qu'il vient d'envoyer ses soldats au casse-pipe sans discernement. Parce que le Ministre de la Guerre exige une explication simple aux 10000 morts de l'offensive de Lorraine. Parce qu'un sénateur pisse-copie accepte de rédiger un article sensationnel dans son torchon. Parce que nombre de Français du Nord pensent que les gens du Sud, va-de-la-gueule et buveurs de pastis notoires, ne sont que des Tartarins peu fiables. Parce que la justice militaire ne se soucie guère de nuances et s'assied sur les droits de la défense (un comble !). Parce que la vie d'un homme ne vaut rien en cette fin d'été 1914… Une accumulation de connerie comme on en vit rarement. Tel est le sort écœurant d'un petit gars de Marseille qui se retrouve devant un peloton d'exécution alors qu'il n'a en rien failli à son devoir de citoyen-chair à canon. Une histoire forte et désolante qu'il est bon de rappeler en cette année de centenaire. Le ton adopté par l'historien Jean Yves Le Naour est peut-être un peu trop didactique pour faire un excellent scénario de BD, mais son récit tient le rythme jusqu'à son terme. A. Dan fait de jolies dédicaces. Lors de notre rencontre, il m'a expliqué qu'il a travaillé vite car la date imposée pour la sortie de l'album ne lui a laissé qu'un court délai. Par conséquent, il n'a pas eu le temps de fignoler le détails chers aux maniaques de la chose militaire, ne cherchons pas les détails des boutons de guêtres, ni la précision des décors. De toutes façons, ces précisions muséales n'auraient rien apporté de plus. Son style est efficace et net, comme dans Pour un peu de bonheur, une autre histoire d'hommes traumatisés par la “Grande Guerre”. Un album à lire. Après 100 ans, il serait temps d'admettre que la légende dorée des poilus partis étriper le Boche la fleur au fusil a du plomb dans l'aile. Dans tous les sens du terme…

16/04/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

La Grande Histoire de France recèle de drôles de petites histoires... Enfin ici il n'y a rien de drôle, puisque c'est l'histoire de quelques soldats dont l'origine géographique est la seule raison pour être montrés du doigt, incarcérés, puis finalement, pour deux d'entre eux, condamnés à l'exécution... Il s'agit d'une histoire implacable, insoutenable même, tant l'injustice y est présente. Car les soldats ainsi cloués au pilori n'ont vraiment rien fait de mal, ils n'ont même pas fait acte de lâcheté... Seule leur origine et des "preuves" hâtivement récoltées en font des coupables idéaux, des exemples pour galvaniser les troupes... ou au contraire leur vriller encore plus la peur dans le ventre... Le récit est impeccablement mené, du départ d'Auguste Odde de Marseille aux séquelles de l'incurie militaire sur sa famille... A. Dan apporte son trait réaliste à cette histoire dramatique. s'il assure au niveau de la mise en scène et des ambiances, je trouve qu'il est un peu léger au niveau des visages... Pour le reste, c'est vraiment très intéressant.

01/04/2014 (modifier)