La Chute vers le haut
Triste histoire d'un homme qui devient trop léger pour survivre: une chute vers le haut proche de l'univers de Kafka.
Format à l’italienne Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis
Imperceptiblement, un homme devient de plus en plus léger. Peu à peu il doit se lester pour ne pas s'envoler. Mais finalement il ne peut sortir de chez lui, s'étiole, maigrit et continue sa chute vers le haut.
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Date de parution | Avril 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C’est le premier album de Mokeït que je lis. Mais j’avais déjà eu l’occasion de voir des choses de lui dans des publications collectives de L’Association – et je m’étonne d’ailleurs qu’elle n’ait pas accueilli cet opus qui correspond à ses critères éditoriaux (même si The Hoochie Coochie est un éditeur intéressant !). Visiblement il aurait dû paraître en 1987 dans la collection X de Futuropolis (« le vrai » comme l’écrit dans une courte préface son directeur de l’époque Etienne Robial), et il a donc fallu attendre 27 ans pour le lire. Alors autant le dire tout de suite, c’est vraiment une œuvre intéressante. D’abord le dessin, qui joue sur les différentes nuances de gris est très bon, original, expressif, tout en étant simple. « Une texture veinée façon bois » comme le dit Robial, avec un dessin – surtout vers la fin (de l’album et du héros) proche de dessins réalisés par des détenus des camps nazis. L’histoire est clairement kafkaïenne, sauf que le personnage principal ne se transforme pas en cafard, mais devient de plus en plus léger, au point d’avoir besoin de se lester pour ne pas s’envoler dans son appartement, où il vit de plus en plus reclus. Une lente descente aux enfers, mais vers le haut, qui mène le héros à la mort. Mokeït raconte cette histoire en mode indirect (pas de dialogue, le personnage principal commentant sa situation, sa « métamorphose » comme le faisait Kafka). A noter que Mokeït glisse plein de détails dans ses planches d’extérieur, où en faisant bien attention on aperçoit toutes sortes d’atteinte aux bonnes mœurs ou à la loi : voleurs, drogués, voire gamin vomissant ou se curant le nez (l’extérieur est donc à la fois indifférent, mais aussi potentiellement dangereux, pas question de faire appel à quelqu’un pour obtenir de l’aide). Ces arrières plans discrets ajoutent une légère touche d’humour au drame qui traverse l’album : la chute finale – dans tous les sens du terme d’ailleurs en est bien une, à la fois surprenante, humoristique et triste. Assez vite lu, mais je l’ai déjà relu trois fois pour observer certains détails. C’est une réelle réussite (note réelle 3,5/5) dont je vous recommande lecture et achat.
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