Les Larmes du Seigneur Afghan
Mars 2010, la grand reporter Pascale Bourgaux part réaliser un documentaire sur un seigneur de guerre, dans un village du nord de l'Afghanistan où elle se rend régulièrement depuis dix ans.
Afghanistan Aire Libre Auteurs italiens BD Reportage et journalisme d'investigation Consensus sur une BD Documentaires Dupuis La BD au féminin Les prix lecteurs BDTheque 2014 One-shots, le best-of
Compagnon d'armes de Massoud à l'orée de ce siècle, farouche adversaire des talibans et chef respecté, Mamour Hasan, puisqu'il s'agit de lui, n'a pourtant pas connu de fonction gouvernementale à la hauteur de son engagement. Contre toute attente, elle découvre que nombre de jeunes, notamment le fils du chef de la tribu, sont sur le point de basculer dans le camp taliban. Alors que le pays se débat dans une situation des plus confuses, entre guerre, luttes d'influence et corruption galopante, comment, dans ce bastion de la résistance anti-talibane, en est-on arrivé là ? Loin des clichés et des discours politiques, cette bande dessinée nous fait découvrir la situation complexe d'un petit village afghan. Mais aussi le quotidien d'une grand reporter en pleine action, la façon dont le documentaire se construit de jour en jour, dans un pays où être une journaliste occidentale n'est pas sans danger.
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Date de parution | 09 Mai 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'Afghanistan est un pays qui me fascine de plus en plus, surtout au vu de la quantité de BD documentaires qui sont sorties dessus, mais aussi parce que ce qui se passe dans ce coin du monde est assez révélateur de toutes les failles de notre système actuel, en terme de politique extérieure, de façon de voir le monde mais aussi dans les limites de notre compréhension des autres, de tout ce qui n'est pas issu de notre monde occidental. Les compréhensions de ce coin du monde se heurtent souvent à la réalité du lieu, des coutumes et des religions. Et c'est ce que j'aime dans ces BD documentaires, qui proposent de confronter la vision du monde de nous autres occidentaux à celle des Afghans, qui vivent quand même dans un pays en guerre depuis près de 30 ans. Et pour le coup, cette BD est une belle continuité de ce qu'on peut lire dans Kaboul Disco, Le photographe ou Passage Afghan. C'est encore une fois une journaliste qui explore ce pays, qu'elle connait bien. Mais là où elle se démarque, c'est dans cette vision qui est déjà plus récente (seulement dix ans) et qui permet de revenir sur la période d'occupation des Américains face aux Talibans. Et c'est tout le propos de la BD : comprendre comment le pays peut encore accueillir les Talibans après tout ce qu'ils firent. C'est d'autant plus intéressant que l'apparition de l'état islamique qui arrivera dans les années suivantes est assez compréhensible quand l'on regarde la situation qui était celle de l'Afghanistan. L'histoire est un beau reportage de l'auteure, avec sa propre perception (qui n'est pas sans défaut, notamment lorsque son caméraman lui fait remarquer les erreurs) des choses mais aussi son expérience de l'Afghanistan qui remonte à dix ans. Cela dit, comprendre un pays qui est dans une telle situation depuis maintenant trente ans, ou plus, ça n'est pas évident. Et les propos que l'auteure va soulever sont souvent empreints de ce problème de compréhension du pays (je pense à ce qui se dit sur la burqa, ou la morale européenne est bien remise en place). C'est intéressant, mais aussi ça fait réfléchir à la façon dont nous regardons le monde. Et il faut bien penser que dans ce genre de pays où nous intervenons militairement, où les actions que nous entretenons dans chaque pays voisin ont une conséquence parfois dramatique, notre avis et notre vision du monde ont une importance. C'est aussi de notre responsabilité (et la bavure des soldats allemands est éclairante là-dessus pour le coup). Le dessin est très agréable, coloré et chaleureux, bien loin d'un noir et blanc souvent utilisé en reportage, et qui permet d'apprécier aussi bien les couleurs des vêtements que les paysages de l'Afghanistan, trop souvent vu comme un désert ou un paysage de guerre. C'est agréable que de pouvoir voir la beauté de ce pays, mais aussi donner une image plus vivante de ces personnes rencontrées. C'est le genre de BD qui donne envie de découvrir encore plus avant la réalité de ces pays dans lesquels nous intervenons sans forcément nous en rendre compte, et surtout cette BD permet de reprendre en pleine face l'arrogance que nous avons souvent face aux autres pays (surtout au Moyen-Orient). En tant qu'occidentaux, notre regard est bien trop biaisé et il faut ce genre de livres pour nous rappeler que notre regard n'est pas universel. Une lecture recommandée !
Cette BD possède un mérite essentiel qui fait que j'en recommande chaudement la lecture et c'est celui de se pencher sur la situation d'un pays sortant à peine de la guerre et qui nous montre que la paix très fragile. Pas d’esbroufe, pas de chichis les faits sont exposés sans fard et je trouve que les choses sont montrées sinon expliquées d'une manière permettant au lecteur de s'y retrouver dans cet imbroglio Afghan. Il ressort de la lecture un aspect que je ne peux définir autrement que par le terme lumineux. Autant que faire se peut le récit est d'une grande justesse de ton je le crois assez objectif pour montrer l'immense gâchis dont souffre ce pays. Hautement recommandable donc et pour allez plus loin sur le sujet je vous conseille la lecture du fabuleux et bien renseigné roman de DOA "Pukhtu".
J'aime bien les reportages en bande dessinée et c'est pour cette raison que j'ai lu ce one-shot qui avait de bonnes notes. Je ne fus pas déçu. On suit une reporter et son cameraman se promener à travers l’Afghanistan. On la voit surtout avec un seigneur Afghan qui est son ami. C'est très intéressant de voir la situation des dernières années dans ce pays et c'est triste de voir que le chaos amené par l'occident risque de faire revenir les talibans vu que les gens sont toujours pauvres et que la 'démocratie' n'a pas rendu leurs vies meilleures. J'ai bien aimé voir les opinions des différentes personnes à qui la reporter donne la parole et en apprendre d'avantage sur un pays en guerre. Le dessin est très beau avec des couleurs qui donnent immédiatement envie de lire la bande dessinée du début jusqu'à la fin.
Acheté un peu par hasard (les auteurs sont de parfaits inconnus pour moi) et par curiosité pour le sujet, j'ai été pris par ce récit autobiographique. Pascale Bourgaux est grand reporter et raconte la conception d'un reportage sur l'avancée des talibans en Afghanistan. Je n'ai pas vu le documentaire que Bourgaux a produit, mais on voit bien l'avantage que procure la BD sur le film, en ce que celle-ci permet de maîtriser entièrement tout ce qui est dit, et qu'elle permet en même temps une certaine distance avec le sujet. L'album est donc non seulement un reportage sur un village afghan sur le point de basculer de son plein gré dans le camp taliban, suite aux bavures de l'OTAN (et après avoir lutté contre eux pendant de nombreuses années), mais aussi un témoignage sur la façon dont les journalistes travaillent dans ce pays, et sur ce que cela implique au niveau personnel. C'est assez proche de Joe Sacco, sauf qu'ici tout est raconté au passé et que le récit se focalise plus sur le making off du documentaire que sur une explication de la politique afghane. De plus la collaboration entre Zabus et Bourgaux fait que le récit reste grand public sans rien perdre en authenticité. Les dessins sont très réussis et donnent une toute autre idée du pays que celle que l'on peut voir dans les journaux TV, bien plus colorée que l'image grise et poussiéreuse à laquelle on est habitué. Une excellente surprise, qui me fera acheter les yeux fermés leur prochain album.
Ce récit s’est révélé pour moi une œuvre majeure de la bande dessinée d’investigation. Il relate de la manière la plus fidèle possible le voyage d’une journaliste belge et de son cameraman au cœur même de l’Afghanistan, dans le village d’un chef de guerre qui a combattu les Talibans. Je crois sa lecture salutaire et je serais d’avis de l’imposer dans nos écoles pour permettre aux jeunes de comprendre toute la complexité de la situation dans les rapports Orient/Occident. En quelques pages, les auteurs nous font comprendre pourquoi nous sommes en train de perdre cette guerre face à la radicalisation… et principalement de la faute de nos propres dirigeants. « Nous créons nos propres monstres » a été ma pensée première en refermant ce livre, et c’est vrai que ce que nous raconte Pascale Bourgaux est consternant, entre cette employée de l’Otan incapable de s’adapter aux us d’un pays musulman et ce directeur d’école afghan, maudissant les Américains et incapable d’en reconnaitre le drapeau sur la liste des donateurs qui ont financé son école. Il y a un tel gouffre d’incompréhension, un tel décalage entre les envies de tous de vivre simplement en paix et la manière dont les efforts de beaucoup sont détournés au profit de quelques-uns. Et cette difficulté si humaine de reconnaitre ses torts ! C’est rageant, c’est consternant, c’est déprimant, c’est révoltant… c’est tellement vrai ! Inutile d’en dire plus. Pour moi, c’est vraiment un récit à lire. Et même si le style graphique n’est pas à mon goût (trop proche de la peinture), et bien d’une part, je m’en fiche face à la force du propos et, d’autre part, il offre quand même un magnifique tableau sur une grande illustration d’un Afghan dansant, une mitraillette posée à ses pieds.
Les larmes du seigneur afghan est une BD sur l’Afghanistan, ce pays qui connait des troubles depuis plus d’une décennie. Après le 11 septembre 2001, il y a eu une riposte américaine qui a chassé les talibans et qui a détruit le commanditaire de cet affreux attentat. Cependant, cette BD va plus loin. Elle apporte un autre regard sur les conséquences de l’intervention américaine. L’OTAN est restée près de 10 ans dans ce pays. Une journaliste qui connait bien la région est sous la protection d’un vieux sage qui a combattu les russes, puis les talibans. Cependant, même dans sa propre famille, l’idéologie de ce mouvement religieux a gagné du terrain. Ils reviennent plus forts que jamais. Il s’agira de comprendre les causes de cet affreux mécanisme. On s’aperçoit finalement que les forces occidentales auraient mieux fait de rester chez soi sans se mêler des affaires internes de ce pays en proie à la guerre civile. Les bavures comme dans toutes les guerres sont légions. Elles ont contribué à l’augmentation des rancœurs contre l’Occident. Ce retour en arrière a des conséquences certaines sur la place de la femme dans la société afghane sans vouloir créer de polémique. Le regard de l’auteure est celui d’une journaliste qui nous livre des faits ainsi qu’une interprétation. C’est du bon travail puisque cela se situe jusqu’au moment où j’écris ces lignes. C’est d’actualité la plus fraîche. On va comprendre les larmes de ce seigneur afghan.
Cette bande dessinée, c'est un reportage en bande dessinée. C'est l'histoire vraie d'un mois passé en Afghanistan en 2010 par la reporter belge Pascale Bourgaux et son caméraman. Il ne s'agit pas d'une découverte du pays puisqu'elle y a déjà passé de longs mois à l'époque de la guerre contre les Talibans et elle y retourne pour retrouver le vieux seigneur de guerre et chef respecté auprès de qui elle avait séjourné à l'époque, pour le revoir lui et sa famille d'une part, mais aussi voir comment la situation a évolué depuis que les occidentaux ont chassé les Talibans. On commence par y constater l'insécurité et le danger permanent pour les civils occidentaux sur place. Puis on découvre la situation dans cette petite ville du Nord Afghan que les deux reporters réussissent à rejoindre malgré son grand éloignement de toute présence militaire occidentale. A la vision de ces observateurs extérieurs vient s'ajouter celle des locaux grâce aux interviews de nombreux personnages clés, allant du seigneur de guerre à l'instituteur, de la femme libérée au taliban convaincu, desquels la reporter réussit à obtenir des paroles sincères et parfois très intimes sur leurs convictions personnelles et politiques. Et en même temps, le lecteur est témoin du danger que vivent en permanence les deux journalistes tandis que la tension monte dans ce village au bord de la rupture. C'est une lecture particulièrement intéressante. Présentée ainsi, la situation politique en Afghanistan à l'époque parait édifiante voire désespérante (à lire les pages de conclusion de l'album, les choses semblent s'être un petit peu améliorées depuis). Nous sommes loin du discours officiel des forces de l'OTAN et des médias et c'est une vision à la fois très humaine et très politique qui nous est présentée de manière claire et saisissante. Le lecteur est plongé avec brio dans le contexte Afghan et j'ai personnellement appris beaucoup sur la situation du pays et de ses habitants par le biais de cet ouvrage. La narration qui suit au jour le jour le séjour des deux reporters sur place et la façon dont ils obtiennent leurs interviews permet en outre d'éviter le risque d'ennui d'un documentaire trop classique. Un très instructif et très bel ouvrage d'information parfaitement adapté dans sa forme au média bande dessinée.
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