La Tragédie Comique ou Comédie Tragique de Mr. Punch (The Tragical Comedy or Comical Tragedy of Mr Punch)
"Punch & Judy" est un spectacle de marionnettes macabre qui a marqué l'enfance du narrateur.
Auteurs britanniques BDs controversées DC Comics Enfance(s) Neil Gaiman Pantins & Marionnettes Photo et dessin Vertigo
Encore une BD centrée sur les mystères de l'enfance et du souvenir pour le tandem Gaiman/McKean. En vacances chez son grand'père, qui possède une sorte de fête foraine en mal de visiteurs, le narrateur assiste régulièrement, avec un mélange de fascination et de peur, à un spectacle de marionnettes mettant en scène un petit personnage hideux et maléfique, Mister Punch. L'enfant fait la connaissance d'un "Professeur", c'est-à-dire un marionnettiste assurant les représentations de "La Comédie Tragique ou La Tragédie Comique de Mr. Punch", un personnage mystérieux et inquiétant...
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Traduction | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Décembre 1997 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Appréhender la réalité - Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre, initialement parue en 1994. Un homme se souvient de plusieurs épisodes de son enfance essentiellement lors de l'été de ses 8 ans : une partie de pêche avec l'un de ses grands pères, la découverte des spectacles de marionnettes de Punch et Judy, les agissements incompréhensibles et coupables des adultes qui l'entourent. le narrateur contemple ses souvenirs d'enfants et les analyse à la lumière de sa maturité d'adulte pour prendre conscience de la signification de faits incompréhensibles à l'époque. C'est sûr qu'avec un résumé pareil, le lecteur peut craindre une introspection intello, dans le mauvais sens du terme. La lecture de ce récit s'avère tout à fait différente. Il s'agit d'une bande dessinée avec un scénario de Neil Gaiman et des illustrations de Dave McKean. On a l'impression que ces 2 créateurs se sont retrouvés au summum de leur force créatrice pour aborder à nouveau (dans le sens "de manière nouvelle") les thèmes qu'ils avaient abordés en 1987 au début de leur carrière dans Violent Cases. Et cette fois-ci, le scénariste comme l'illustrateur sont dans la catégorie "talent exceptionnel" ; le lecteur n'a plus qu'à se laisser emmener dans ce monde enchanteur et à profiter. Neil Gaiman enfourche ses dadas préférés, mais dans une construction littéraire plus élaborée que d'habitude. le lecteur se trouve face à un narrateur qui effeuille ses souvenirs d'enfance et tout de suite les illustrations de Dave McKean font la différence. Il a pris le parti de rendre les scènes de théâtre de marionnettes avec des photomontages travaillés à l'infographie. Et la couverture est à elle toute seule un poème d'une force onirique sans égale. Il est facile de se perdre dans les détails et de s'interroger sur la présence d'un coquillage dans ce qui semble tout d'abord être un mécanisme d'horlogerie, comme il est facile de se laisser porter par le visage inquiétant de Punch qui domine cet improbable assemblage. Pour les personnages humains, il a choisi de les dessiner et de les encrer de manière traditionnelle, puis de les peindre. Mais son choix de formes évoque les expérimentations du des peintres du début du vingtième siècle. Cette juxtaposition de style renforce le décalage entre les individus, les lieux dans lesquels ils évoluent et les spectacles de Punch et Judy. Comme d'habitude, Neil Gaiman insère des histoires dans l'histoire et un métacommentaire par le biais des spectacles de marionnettes. Cette fois-ci ce dispositif gagne en efficacité car il ne se limite pas à renvoyer un reflet déformé de la réalité ou à une simple mise en abyme. Ces spectacles ont une influence sur le jeune homme, sur sa perception des événements et ils peuvent être interprétés par le lecteur comme le sens des scènes qui échappe au jeune narrateur. Ils enrichissent autant l'histoire que les scènes du Black Freighter (Les contes du vaisseau noir) dans Watchmen. Et au final, le lecteur se rend compte dans la scène du mariage et dans la dernière scène à l'arcade que Gaiman est en train de broder subtilement sur le mythe de la caverne de Platon. Ces séquences fonctionnent d'autant mieux que Dave McKean trouve des représentations d'une grande élégance pour évoquer ce mythe, sans avoir recours à des illustrations littérales. Neil Gaiman se sert à nouveau du point de vue de l'enfant pour réenchanter le monde. La capacité limitée des enfants à comprendre le monde qui les entoure leur permet d'évoluer dans un univers où la magie est présente, où chaque jour amène un lot de découvertes merveilleuses. Il leur est impossible d'être blasés comme des adultes usés par le quotidien. L'une des forces de Dave McKean est de savoir composer des images à nulle autre pareilles qui sont capables de capturer la féerie de l'enfance. McKean ne sert pas de photoshop pour en mettre plein la vue à ses lecteurs. Il s'en sert pour composer des tableaux à la fois impossibles et magnifiques, défiant la logique et capturant des associations d'idées indicibles et d'une beauté envoutante. Son talent de composition défie la logique pour atteindre le poétique et l'enchanteur. Il utilise tout le champ des possibles en terme de styles d'illustrations couvrant presque a totalité de la surface de la pyramide imaginée par Scott McCloud dans L'art invisible. Sa maîtrise d'autant de styles relève presque de la magie. C'est le mariage de ces 2 rêveurs experts dans leur art qui aboutit à une histoire défiant les lois naturelles pour transporter le lecteur dans le monde de la mémoire, sans oublier l'humour, l'émotion et la magie du monde. Pour être honnête et malgré le charme sous lequel je suis tombé, il faut avouer que cette histoire pourra déplaire aux esprits les plus cartésiens car il n'y a pas de véritable résolution, ni de vérité absolue quant aux questions du narrateur sur son passé et ceux de ses proches. Il règne également une angoisse diffuse par moment liée à la présence d'un bossu, d'une infidélité conjugale cachée, d'un potentiel avortement et de l'ombre de la folie. Neil Gaiman et Dave McKean ont également créé la bande dessinée Signal / Bruit. Ils ont réalisé 2 albums pour les enfants : Des loups dans les murs & le Jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges. Et Dave McKean a continué à matérialiser ses visions intérieures dans des histoires courtes en bandes dessinées Pictures That Tick (en VO) et dans une longue histoire en bande dessinée Cages. Et ses couvertures pour la série Sandman ont été regroupées dans Dust covers. Il a également réalisé un ouvrage érotique sans paroles : Celluloid.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site