Des-Agréments d'un Voyage d'Agrément

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Cet album se présente comme le carnet de bord de M Plumet, un artisan passementier qui découvre la Suisse lors d’un voyage avec sa femme. Le propos est comique et satirique : satire du tourisme montagnard, de la bourgeoisie commerçante, du désir d’écrire et de peindre, de l’aventure romanesque…


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Cet album se présente comme le carnet de bord de M Plumet, un artisan passementier qui découvre la Suisse lors d’un voyage avec sa femme. Le propos est comique et satirique : satire du tourisme montagnard, de la bourgeoisie commerçante, du désir d’écrire et de peindre, de l’aventure romanesque… C’est surtout dans la composition des planches et la distanciation qu’il prend par rapport à son œuvre que Gustave Doré étonne : avec un mélange de naïveté et de roublardise inattendu chez un auteur aussi jeune, il crée la surprise à chaque planche de l’album et fait exploser les codes du récit et de l’histoire en images. Une postface illustrée par Léon Maret (l’auteur de Canne de fer et Lucifer et de Course de Bagnole aux Requins Marteaux) vient compléter la lecture du récit, mettant en lumière sa contemporanéité. En effet, bien loin d’être une bande dessinée poussiéreuse destinée à un public exclusivement bibliophile, la lecture des Des-agréments (1851) reste aujourd’hui fluide, inventive, novatrice, et se situe aux antipodes du carcan imposé par certains codes utilisés largement dans la bande dessinée d’aujourd’hui.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 1851
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Des-Agréments d'un Voyage d'Agrément © 2024 1851
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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29/05/2014 | Superjé
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Par Superjé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Gustave Doré était un génie, qui à mon âge, fut en plus un précurseur du médium de la Bande Dessinée. Ces "Des-agréments" sentent bon le XIXème siècle. En effet, on pourra suivre, dans cet album, le récit d'un voyage (dans les Alpes) rempli de péripéties loufoques, d'un personnage assez caricatural, parodiant une certaine classe de la société (dont les attributs qui faisaient la spécificité de cette classe ont aujourd'hui disparu, ce qui amoindrit un peu l'impact de cette caricature). Ça ne vous dit rien cette formule ? Et oui, Rodolphe Töpffer avec ces messieurs (Jabot, Pencil, Vieux Bois, Crepin, Pictogramme, Festus), tout comme L'Idée fixe du savant Cosinus de Christophe utilisait déjà cette formule. Sauf que le dessin de Doré est beaucoup plus sophistiqué (mais paradoxalement, pas fait, à mon sens, pour la bande dessinée). En effet, son style graphique fait beaucoup plus moderne, à mi-chemin entre Calvo et des auteurs animaliers encore plus récents tels que Michel Plessix par exemple. Le dessin, avec une maîtrise de l'ombrage absolument fabuleuse (qui préfigure en somme son travail de contraste d'obscurité/luminosité en gravure mais pas tellement sa technique même de la gravure), entièrement au fusain/ crayon de bois est très joli à regarder. Cependant, il parait régulièrement figé, et si les personnages de Doré sont très rigolos, ses dessins m'ont paru trop petits pour être "enfermés" ainsi dans des cases (et c'est en ce sens que je trouve que le dessin de Gustave Doré est plus adapté à l'illustration et la peinture qu'à la narration par suites d'images). Néanmoins, pour l'époque, son travail de narration est particulièrement innovant. En effet, si le scénario est savamment comique, il sert aussi de fondation à un nombre de jeux narratifs assez impressionnant pour l'époque, les plus frappants étant l'organisation des planches en fonction de l'effet désiré (cases aux dimensions différentes ou gaufrier rappelant furieusement les images d'Epinal), l'usage d'"effets" sur les planches, mêlant récit du narrateur et vécu du narrateur (la trace de pied, l'apparition du museau de la vache, etc...). Les trois planches vues au travers du télescope sont aussi résolument modernes (fort ingénieuses et beaucoup moins figuratives qu'une BD classique) tout comme la mise en abyme de l'artiste qui apparaît lui-même dans ses planches (en train de peindre un tableau). Le seul reproche à faire à ces jeux de narration est le cafouillage de narrateur en début d'album (d'abord, apparemment, c'est Gustave Doré ou du moins l'éditeur du carnet, puis M. Plumet, mais sans changement de représentation visible...c'est bien compliqué pour pas grand chose tout ça). La BD du XIXème siècle la plus innovante que j'ai pu lire, une œuvre de jeunesse d'un artiste de génie (qui arrêtera la BD par la suite) et un bon moment de lecture dont il ne faudrait pas se priver !

29/05/2014 (modifier)