Tourne-disque
Je m'appelle Eugène Ysaÿe. Je suis violoniste. Le Gouverneur m'avait invité au Congo pour donner un concert. Je comptais passer ensuite trois semaines chez mon neveu au bord du magnifique lac Maï Ndombé. C'est ainsi que je fis sa rencontre. Ne me demandez pas son nom: tout le monde ici l'appelle « Tourne-Disques ».
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Afrique Noire Congo belge Musique Musique classique
Il pourrait être mon fils... s'il n'était plus noir qu'un café serré. La musique permet des rencontres étonnantes. Celle-là devait me marquer pour toujours. Après tout, je n'avais que 70 ans et encore tant de choses à apprendre !
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 13 Juin 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le voyage d'un chef d'orchestre dans le Congo Belge de 1930 et sa rencontre avec un homme dont la sensibilité à la musique va l'épater. J'ai toujours un malaise quand il s'agit de me raconter une histoire dans un pays colonisé où tout est parfait pour les colons blancs servis par les bons noirs bien dociles. Et pourtant, en parallèle, je ne peux m'empêcher d'être fasciné par ce paradis utopique pour l'homme blanc dans des décors africains grandioses. C'est l'effet Out of Africa, un film superbe où d'ailleurs le gramophone a aussi une importance cruciale dans le récit. Et là, même si les noirs sont précisément bien bons et serviables dans cette BD, c'est précisément leur belle âme, l'humour de l'une et la sensibilité de l'autre qui sont mis en avant, et qui seront une découverte majeure pour le vieux héros belge qui va les rencontrer. Et du coup, même si je reste sur mes quelques réticences à accepter une vision aussi enjolivée de la relation entre un blanc et un noir à cette époque, je ne peux m'empêcher de me laisser embarquer par la beauté des lieux, de l'histoire et des âmes qui les peuplent. D'autant que j'aime beaucoup le dessin, sa ligne claire et son esthétisme.
Voilà une histoire sur laquelle je n’ai pas grand-chose à dire. Elle se laisse lire, plutôt agréablement, mais je pense que je l’oublierai tout aussi vite. Le rythme est mou, comme engourdi par le soleil du Congo. Lorsque, passé le milieu de l’album, a lieu l'improbable rencontre (physique, mais aussi et surtout intellectuelle, lyrique) entre ce musicien reconnu et ce Congolais, simple serviteur que son rôle a transformé en mélomane et spécialiste de l’écoute des disques classiques, je me suis dit que ça pouvait prendre une tournure à la fois plus surprenante et plus dynamique. Las, le soufflé retombe un peu, et je suis un peu resté sur ma faim. C’est dommage, car ce côté improbable avait des airs de plausible, en tout cas avait le potentiel pour sortir la lecture d’une certaine léthargie – même si certains peuvent y trouver leur plaisir. Autour de ces deux personnages, qui paraissent comme insensibles au monde extérieur, gravitent les habituels colons fats, racistes et imbus de leur supériorité stérile, le village animiste proche : mais ces deux aspects sont eux-aussi peu utilisés, et ne forment qu’un décor – comme les apparitions du vieux lion. Note réelle 2,5/5.
Voilà un album qui m'a laissé plutôt indifférent... ou plutôt sans vraiment trop savoir quoi en penser. Ni très bon, ni mauvais, son équilibre trop parfait tant au niveau du scénario que du dessin est à la limite de l'agaçant. Benoît Zidrou qui pourtant dans ses dernières productions m'avait épaté par son sens des personnages nous propose ici un récit qui me donne l'impression de rester le cul entre deux chaises. A trop vouloir suggérer, on manque parfois de mordant, surtout quand certains sujets pourraient comme ici s'y prêter. En effet, cette histoire d'une amitié entre un grand musicien belge et un esclave noir travaillant dans la famille de notre violoniste comme "tourne-disque" est touchante dans un certain sens, mais manque un peu d'aspérités ou de regard critique quant à cette situation coloniale. Alors oui, cet album ne cherche justement pas à ce positionner en tant que critique frontale du colonialisme tout en cherchant par les suggestions à montrer la bêtise ou l'insouciance des colons de l'époque, mais du coup c'est quelque part un peu dérangeant. Quant au dessin de Raphaël Beuchot, s'il est juste, je l'ai trouvé un peu trop épuré. De plus la colorisation un peu fade accentue cette impression de manque de contraste ; quand l'action se déroule au Congo, on pourrait s'attendre à un traitement plus solaire et contrasté pour donner à voir un pays du continent africain. Bref, l'histoire se laisse lire sans mal mais sans vraiment vous accrocher ; non pas que cet album soit raté, mais plutôt qu'il manque un peu de chaleur et de contrastes tant dans le dessin que le récit qui nous est proposé.
Je n'avais pas trouvé le premier album de ce duo passionnant et là c'est pire. Déjà je ne suis pas un grand fan des bds qui se passent durant la colonisation, mais en plus le scénario est trop lent et rien ne m'a touché. J'en avais rien à cirer de la relation entre le vieux musicien et le noir qui aime bien la musique. Je suis totalement passé à coté de l'histoire et j'ai lu le tout dans une indifférence générale du début jusqu'a la fin. Le pire selon moi est le dessin. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est laid, mais je ne n'aime pas du tout ce style. Je n'aime pas les couleurs et je n'aime pas du tout la tete des personnages.
Suggestion! Tout ici est suggestion. Ne cherchez pas des allusions franches et directes sur la colonisation du Congo au XIXème siècle par le royaume belge. Celui-ci, au nom d'une œuvre supposée civilisatrice, a commis des exactions qui lui vaudraient aujourd'hui le TPI. Dans cette BD il est vrai donc que les choses et notamment ces aspects là de la colonisation sont suggérées très subtilement au détour d'une image ou d'un simple dialogue de deux lignes. Très fort et véritablement amené en douceur, ce qui à mon avis n'amoindrit pas le propos mais au final le renforce. Car le sujet n'est pas là, ou plutôt si, deux êtres que tout sépare, se croisent grâce à la musique, autour d'eux d'autres personnages en contre point, tels des mouches, s'agitent, sûrs de leur bon droit d'occidentaux. Je ne ferais donc que conseiller très fortement cette BD qui possède un fort pouvoir envoûtant. Sans partir dans un délire très occidental sur la magie de l'Afrique et tutti quanti voilà un ouvrage tout en finesse dont le dessin très épuré mais très beau est juste figé comme il faut, à l'image de notre héros affublé de sa minerve. Une jolie découverte qui m'incite à aller voir d'autres œuvres de ces messieurs.
J'ai bien aimé cette histoire basée sur l'amitié naissante entre deux hommes que tout sépare dans le Congo belge des années 30. Cela montre qu'il faut passer au-delà des stéréotypes pour pouvoir apprécier les personnes. Il est dommage que le dessin soit si figé, si académique. La richesse de l'Afrique aurait mérité mieux sur un plan graphique. A comparer avec Madame Livingstone que j'ai lu récemment pour se faire une idée... Pour le reste, Zidrou est devenu le scénariste qui explore l'âme humaine avec beaucoup de talent pour ne faire ressortir que le meilleur. Sans doute, on en a grandement besoin en ces temps si troublés par les guerres, le terrorisme ou les maladies mentales suicidaires...
Allez, va ! Je monte un peu l'enthousiasme jusqu'à 4/5. Effectivement le dessin est sans aspérité, le rythme lent, mais les couleurs sont belles, et sans avoir l'air d'y toucher, silencieusement, la BD vous met dans un état d'émotion, finalement assez peu courant. L'humour feutré qui accompagne toute l'aventure n'y est peut-être pas pour rien... Un gros monsieur belge du XIXème siècle, engoncé dans une minerve et des rapports sociaux très codifiés se retrouve en Afrique en présence d'un esclave noir responsable des disques de son hote: "Tourne-disque". Le monsieur est violoniste et peu bavard, Tourne-disque est mélomane et peu bavard itou. C'est au fond l'histoire, peu originale dans les fictions, de deux personnages que tout oppose (et en particulier leur condition sociale) et qui vont être très intimement rapprochés par quelque chose que la BD ne peut pas montrer : la musique. Et ici cette musique est paradoxalement représentée par le silence... et peut-être aussi par un vieux lion indomptable, dans une sorte de confusion entre musique et Afrique... On ne peut pas dire que le rapprochement sera long, ni qu'il nous est beaucoup montré, mais il résonne longtemps après la lecture, et les auteurs réussissent à suggérer beaucoup plus qu'ils ne montrent... Bravo.
Hasard de mes lectures, après Madame Livingstone, me voici replongé au cœur du Congo belge, mais cette fois-ci en 1929, avec ''Tourne-disque'', surnom donné à un employé de riches colons belges, chargé uniquement de tourner les disques. J’ai retrouvé toute l’émotion que sait dégager Zidrou dans cette bande dessinée, avec comme point d’orgue la scène où Eugène Ysaÿe, célèbre musicien, joue du violon au fin fonds de la savane, scène qui me rappelle la fameuse séquence de "Out of Africa" où Robert Redford fait jouer sur un gramophone, de la musique classique dans la savane africaine. Le dessin épuré de Raphaël Beuchot renforce cette amitié naissante entre le violoniste et le domestique qui, au fil de son séjour, se révèle un mélomane très sensible. Entrecoupées de scènes oniriques, Zidrou n’oublie pas de décrire au fil des pages, l’insouciance des colons sur le monde qui les entoure (la réflexion sur la crise de 29 est édifiante) et sur leur propre univers (la suprématie des colons et le sort indifférent des autochtones). Zidrou conclut cette aventure avec émotion. Un regard sans concession mais très tendre sur un certain passé colonialiste de la Belgique, passé très prisé par la bande dessinée depuis quelque temps.
Petite déception pour moi que ce nouvel album de Zidrou. Il faut dire qu’il m’a habitué à l’excellence et, donc, mes attentes étaient grandes. D’autant plus grandes que je trouvais la couverture très réussie et que le titre même de l’album avait réussi à titiller ma curiosité. Malheureusement, le scénario (à l’image du dessin, d’ailleurs) est bien trop lisse, trop édulcoré. Nous nous retrouvons au Congo en 1930 et tous les aspects négatifs du colonialisme sont, non pas passés sous silence, mais bien minimalisés. Pourtant Zidrou montre bien la situation et le simple fait d’avoir pour cette famille de colons un « nègre » à disposition pour tourner les 78 tours devrait nous ébahir… mais on en arrive à se dire que son sort est plutôt confortable. C’est vrai, quoi ! Le boulot n’est peut-être pas passionnant mais il est de tout repos. La situation se répète avec un des personnages secondaires, qui aurait pu remplir le rôle du salopard, et qui, finalement, s’avère maladroit mais pas bien méchant (et même touchant). Trop de bons sentiments, donc. Et côté dessin, je ferai la même remarque. C’est très bien fait et l’emploi de la couleur (surtout lors du passage de la grise Belgique vers l’éclatante Afrique) est intéressant, mais c’en devient tellement net qu’il manque à ce trait un je-ne-sais-quoi d’âme qui me le rendrait immersif. Heureusement que l’album a été publié dans un format plus petit que la moyenne, d’ailleurs. Cela permet de concentrer ce dessin qui, autrement, aurait encore plus donné ce sentiment de vide. Alors, oui, la rencontre entre ce violoniste vieillissant et ce boy passionné de musique est touchante par certains aspect, mais les rêves du violoniste ne m’ont rien apporté, l’aspect historique du récit est très secondaire et les autres personnages présents dans ce récit n’ont que peu voie au chapitre. C’est pas mal, mais jamais poignant. Le travail est toutefois soigné et accorder moins qu’un 3/5 me semblerait sévère.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site