La Machine Écureuil (The Squirrel machine)
Quand l’étrange côtoie le macabre … rêve ou réalité ?
Comix Fantagraphics Books Les petits éditeurs indépendants Trash [USA] - Nord Est
Une bourgade de la nouvelle-angleterre, au XIXe siecle. Edmund et William Torpor sont deux jeunes frères, l’un inventeur et l’autre musicien. Grâce à des technologies étranges et des carcasses animales, ils parviennent à créer de surprenants instruments de musique, qui vont s’avérer n’être pas du goût des villageois. Contraints de se dissimuler pour poursuivre leurs recherches, les deux garçons vont faire une découverte effrayante. Peut-être même devineront-ils le mystère de la Machine écureuil …
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Date de parution | 23 Avril 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je vois à la lecture des avis précédents que cet album est loin de faire l’unanimité ! Et qu’il dérange, ou pour le moins déroute la plupart de ses – rares – lecteurs. Cela ne m’étonne pas trop, car ce n’est clairement pas une histoire conventionnelle, que ce soit dans le fond et la forme d’ailleurs. Je vais pourtant aller à contre-courant, car j’ai bien aimé ma lecture. J’avais acheté cet album immédiatement à sa sortie, sur un coup de tête – ou de cœur, mais c’est un peu la même chose, non ? Car, il faut commencer par ça, les éditions Ici Même ont fait un très beau travail éditorial. En effet, la couverture cartonnée épaisse, la belle couverture tout simplement, ainsi que la qualité du papier utilisé, c’est un bel écrin. Et un rapide feuilletage de l’intérieur, avec le dessin net, précis, et une imagerie surprenante (j’y reviendrai) m’avaient séduit, et poussé à acheter cette sorte d’ovni, que je savais m’être destiné. L’histoire en elle-même est difficile à résumer. Mais j’irai presque jusqu’à dire que ce n’est pas nécessaire. Et même qu’elle est secondaire – en tout cas pour moi. En effet, j’ai peut-être été séduit par ce qui a pu rebuter certains lecteurs, à savoir un imaginaire débordant, exubérant, impossible à appréhender rationnellement. Surtout, la vie de ces deux frères, au tournant des XIXème et XXème siècles aux Etats-Unis, qui construisent, vivent dans une sorte de monde parallèle (je ne sais si une quelconque allégorie s’est glissée dans cette histoire) est des plus intrigantes. Ils construisent des machines, à la fois poétiques et « horribles », pour faire de la musique à partir d’animaux – d’une jeune fille même, dont les corps sont découpés, remontés comme de vulgaires objets. Il y a là un arrière-plan surréaliste (proche de Bellmer pour son travail sur les poupées, ou même simplement par la succession d’images, l’assemblage de corps, d’objets aussi hétéroclites que surprenants, dans une ambiance « maldororienne » très noire) qui m’a plu. Publiée aux États-Unis par un éditeur curieux, Fantagraphics, cette « Machine écureuil » est une œuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, certes, mais je suis très content qu’elle soit tombée entre les miennes. Même si elle en est éloignée par certains aspects, je la range dans la même catégorie – pour rester dans le domaine de la bande dessinée – que certaines œuvres de Charles Burns, de Stéphane Blanquet, de Benoît Preteseille ou de Dave Cooper, qui jouent elles aussi sur une poésie noire, sur l’étrange, sur une érotisation froide, sur le malaise et des corps difformes ou « triturés ».
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