Dans les Vestiaires (Les Vestiaires)
Loin du feuilleton adolescent, cet album est un authentique témoignage sur la puberté.
Adolescence Harcèlement scolaire La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants
Le nouveau vestiaire des collégiens ouvre ses portes. Vitres floutées et toilettes roses, les garçons découvrent les locaux rénovés avec un mélange de gêne et de moquerie. D’autant plus que les douches sont désormais collectives ! Ainsi deviennent-elles un centre d’intérêt particulier, dans cet espace clos où le principe fondamental de l’autorité adulte disparaît et où peuvent s’exprimer les instincts primaires à l’état le plus brut : agressivité, sexualité ado, moqueries, harcèlement de la tête de turc… Est recréée au sein même du vestiaire une microsociété sans limites et à l’équilibre incertain, avec ses chefs craints et ses moutons noirs. Affranchis, les garçons du vestiaire affichent leur cruauté naturelle dans un récit à la fois captivant et étouffant qui n’est pas sans rappeler Sa Majesté des mouches. Texte : Editeur.
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Date de parution | 02 Mai 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le Boucher impose un traitement original à un sujet fort : le harcèlement à l'école, vu via le prisme du seul vestiaire des garçons. Il ne s'agit pas d'un huis-clos puisque les personnages quittent régulièrement cet espace, mais davantage d'un exercice de style intrigant à défaut d'être totalement convaincant. La BD fourmille d'assez bonnes idées mais échoue à enthousiasmer, la faute à une froideur certes recherchée mais engendrant chez le lecteur, du fait du dispositif, une distance frisant le voyeurisme. Une BD plus intrigante que réellement bonne, une œuvre de jeunesse prometteuse à défaut d'être réussie.
Timoté Le Boucher a su depuis quelques temps publier des albums assez originaux, qui souvent mixent plusieurs thématiques. J’ai trouvé que celui-ci était moins ambitieux, en tout cas moins réussi – ou alors je suis moins dans le cœur de cible (l’album peut s’adresser davantage à des ados, je ne sais pas). On a là un quasi huis-clôt, puisque tout se déroule dans les vestiaires des garçons d’un gymnase, chaque jeudi, avant et après les séances de sport scolaire. Regroupés entre eux quelques dizaines de minutes, coupés du reste de la « société » (filles, professeurs – cette dernière n’apparaissant que quelques instants), ce groupe de garçons va illustrer la violence, le harcèlement, et, plus généralement tous les travers de « l’effet de meute » vis-à-vis des « déviants » (le « gros », le timide, etc.), la vie est dure pour celui ou ceux catalogués boloss par leurs pairs. Ce n’est pas inintéressant, et Le Boucher parvient même à montrer certains revirements de situations étonnants, même si le conformisme, la pression sociale, et surtout les rites de passage à l’âge adulte (fussent-ils les plus cons) sont omniprésents et insèrent tous les protagonistes dans une trajectoire dont ils ne peuvent dévier (voir un des ados qui sans être vus des autres, vient s’excuser du traitement subi par le « gros », tout en reconnaissant qu’il ne peut rien y changer). Je ne suis pas fan du dessin par contre. Le Boucher s’est amélioré depuis, son trait a gagné en finesse (dans tous les sens du terme). Il y là un côté Bastien Vivès qui ne m’attire pas du tout.
Révélé en 2017 avec Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher avait produit, trois ans avant, ce huis-clos mettant en scène de jeunes mâles ados dans un vestiaire. La Boîte à Bulles nous propose aujourd’hui de redécouvrir l’ouvrage sous une nouvelle présentation (nouvelle couverture, nouveau titre). Et c’est une bonne idée car celui-ci est tout à fait digne d’intérêt. Cette histoire, qui ne montre les filles qu’à travers la grille de ventilation permettant aux garçons de se rincer l’œil depuis leurs vestiaires, fera remonter des souvenirs plus ou moins agréables à quiconque appartenant à la gent masculine. Ce lieu particulier, théâtre cruel du passage par la puberté, concentre toutes les rivalités entre ces adultes en devenir, autorisant l’« âge bête » à trouver sa pleine expression. Sans la tutelle des adultes, c’est une microsociété livrée à elle-même qui s’épanouit (on pense un peu à « Sa Majesté des mouches »), avec ses propres codes et ses propres classes sociales, où chacun sera jugé dans sa nudité et sa façon de l’exposer. C’est également l’endroit où la personnalité se révèle, où l’on doit faire des alliances judicieuses pour survivre, où il vaut mieux être beau gosse et populaire que « boloss » et souffre-douleur de la meute (mais la jalousie existe aussi, et parfois, il arrive qu’une star du lycée un peu arrogante descende brutalement au rang de paria). Bref, le vestiaire est une jungle où abondent bizutages en tous genres, plaisanteries et jeux stupides, d’où est exclue toute empathie, en toute inconscience, jusqu’au jour où survient le drame… Dans un style proche de Bastien Vivès, Timothé Le Boucher, également scénariste de ses récits, se fait dessinateur des âmes. Par son trait simple et épuré, soutenu par un cadrage pertinent, il parvient à retranscrire parfaitement la psychologie de ses personnages. La narration, à l’avenant, est d’une grande fluidité tout en réussissant à conserver un certain suspense psychologique. On ne peut donc que saluer l’initiative de la Boîte à Bulles de ressortir l’œuvre de cet auteur en passe d’accéder au cercle des bédéastes en vue, de ceux dont chaque album est toujours attendu avec fébrilité par la critique et ses fans. « Dans les vestiaires » est un album qui interpellera forcément l’ensemble du public masculin, faisant inévitablement écho à ses souvenirs de lycée, mais qui par son réalisme et son ton juste, ne devrait pas manquer d’attirer l’attention du « sexe opposé ».
Quand j'ai feuilleté l'album, je me suis d'abord dit que ça ressemblait beaucoup à un ersatz des BDs de Bastien Vivès. Le graphisme épuré au trait lâché se focalisant sur les personnages avec des visages souvent vides de traits, le décor de vie intime d'adolescents, l'ambiance visuelle, je trouvais que ça ressemblait beaucoup. Et comme je ne suis pas fan du tout de cet auteur, je n'avais guère envie d'en lire une copie. Mais finalement, même si ça ressemble un peu, ce n'est pas du Bastien Vivès. Le trait est assez différent et j'ai trouvé le récit plutôt intéressant. Cela raconte ce qu'il se passe dans les vestiaires d'un lycée où une même classe se retrouve tous les jeudis pour le cours de sport. Dans cette classe, il y a les gars cools, les redoublants, ceux dont on se fiche et forcément il y a aussi un souffre-douleur, dans le cas présent un petit gros qu'on moque pour son physique. Jeudi après jeudi, entre différentes conneries d'ados esclaves de leurs hormones, on voit ce gars se faire harceler plus ou moins gravement jusqu'à ce que finalement il trouve le moyen de retourner la situation au détriment de celui qui le harcelait. Le représentation de l’atmosphère lycéenne et très stupidement mâle de garçons qui se retrouvent en meute est plutôt bien rendue même si ça me gonflerait d'avoir étudié dans une telle atmosphère et cela ne donne vraiment pas envie de revivre ça une fois devenu adulte. La mise en scène narrative est plutôt fine car on ne voit pas exactement quel est l'élément qui permet le retournement de situation puisqu'on saura juste que c'est une photo sans jamais la voir ni qu'on décrive ce qu'il y a dessus. Ça a aussi un côté un peu frustrant, tout comme la fin que j'ai trouvée très abrupte. C'est voulu, l'auteur a clairement voulu couper net pour maintenir le lecteur sur une note émotionnelle bien particulière, mais ça m'agace de ne pas avoir au moins 2 ou 3 pages de conclusion pour raconter ce qu'il se passe après l’événement final.
J’aime bien cette idée de développer toute une histoire dans un lieu unique. Comme le disent les précédents aviseurs, il y a un côté voyeur/télé-réalité dans le traitement de l’histoire puisque le regard restera constamment à l’intérieur du vestiaire. Même les images de l’extérieur nous sont délivrées à travers les vitres floutées du vestiaire. L’histoire en elle-même est une étude de caractère. Une microsociété (une classe d’adolescents) est analysée avec ses diverses composantes (les intellos, les fortes têtes, les souffre-douleur, les amuseurs, etc… ). C’est, je pense, assez juste dans l’analyse avec une prédominance de la connerie et du pouvoir de la meute sur les bons sentiments et l’empathie. Pas de quoi donner une belle image de l’humanité mais ce n’est pas le but non plus. Mon sentiment en fin de lecture est assez neutre. Je trouve qu’il y a de bons moments mais aussi des périodes creuses et des clichés un peu faciles, c’est la raison pour laquelle je reste sur une note de 3/5. Le dessin de couverture me faisait un peu peur mais l’intérieur ne m’a pas déplu. Ce n’est clairement pas le genre de bande dessinée que je lis pour son dessin mais celui-ci convient bien au sujet et la petite trouvaille des images floutées à travers la vitre apporte un poil d’originalité agréable. Je ne déconseille pas l'achat mais je n'en ferais pas une priorité non plus. Si vous avez l'occasion de l'emprunter, je pense que c'est suffisant.
Faire une bd ayant pour thème les vestiaires est une chose curieuse en soi. Mais pourquoi pas ? Il y a un côté voyeuriste qui ne met pas très à l’aise lorsque l’on recherche l’intimité. Le cadre est celui d’un collège avec des élèves qui découvrent leur nouveau vestiaire. Il y a les bandes qui s’organisent et toujours un souffre-douleur dans le lot. Cela peut rappeler des mauvais souvenirs à certains lecteurs entre moqueries et agressivité. Dans mon cas, on n’avait pas le droit de prendre des douches: cela réglait tout problème éventuel ! D’ailleurs, la bd prendra également soin de ne rien montrer. Le politiquement correct sera de mise. J’ai bien aimé l’évolution psychologique de certains personnages. Cependant, ils ne sont pas constants. Le bon et le mauvais se côtoient et se mélangent. Bref, aucun élève ne reflète des qualités basées sur la bienveillance du prochain. L’âge bête sans doute ! Par ailleurs, on assistera à une évolution des rapports de force entre garçons d’une même classe. C’est assez intéressant. Le dessin est assez épuré et se cherche. Aucun sensualisme ne transparaît. Certains dialogues seront futiles. Cependant, toute la réussite de cette bd est de ne montrer que ce qui se passe dans le vestiaire : ce lieu collectif des plus secrets. Pari audacieux réussi pour le jeune auteur qui réalise une bonne bd sur un sujet délicat et difficile ! Au final, cela ne sonne un peu vrai même si la violence parait un peu exacerbée. Je ne crois pas que tous nos ados sont bêtes et méchants. En faire des assassins est un pas que l'auteur a allègrement franchi. Pas de concession ! Bref, la cruauté morale et physique sera de mise. D’où un certain malaise palpable…
Ha, les vestiaires au collège, la gym, les douches collectives, les camarades cruels, que de souvenirs horribles pour de nombreux hommes (enfin pour moi en tout cas !) J’ai ressenti lors de cette lecture une fascination presque malsaine, une impression de regarder une émission télé réalité. J’ai pris un certain plaisir sadique à regarder d’autres garçons vivre ce droit de passage vers la vie adulte. C’est super bien vu, même si je dois avouer que j’ai trouvé la fin un peu « too much ». Notez que la narration se situe uniquement dans le vestiaire, ce qui est original et bien amené, les événements se passant ailleurs nous étant narrés par les protagonistes. Le dessin est classique, et les couleurs un peu trop criardes à mon goût. L’auteur utilise aussi des effets de flou qui jurent un peu avec l’ensemble. Une lecture fascinante, qui rappellera de mauvais souvenirs.
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