La Nueve - Les Républicains Espagnols qui ont libéré Paris
C'est un entretien avec un vieux républicain espagnol qui raconte son parcours depuis les quais du port d'Alicante jusqu'à la participation à la libération de Paris en aout 1944, en passant par des camps de travail français du Sahara, vraiment peu accueillants pour l'étranger.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs espagnols Documentaires La Guerre civile espagnole Mirages Témoignages
C'est l'histoire de Miguel Ruiz, qui réussit à fuir l'Espagne franquiste à bord du Stanbrook, comme des centaines d'autres républicains avec lui. Mais une fois le bâtiment arrivé dans le port d'Oran, personne ne souhaite voir débarquer cette foule serrées de rouges espagnols. Et c'est le début de l'aventure. Qui va pouvoir débarquer? Que vont-ils devenir? Comment la colonie française va gérer ce caillou dans sa chaussure? Comment Miguel entendra-t-il parler de l'appel du 18 juin, pourquoi sera-t-il obligé de changer de nom? Comment croisera-t-il la route du général Leclerc? Et surtout comment recevra-t-il le dessinateur qui viendra l’interviewer soixante ans plus tard?
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Date de parution | Avril 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une belle réussite que cet album, et ce sur plusieurs plans. D’abord tout le côté « militaire », l’engagement de ces étrangers dans les armées alliées, ici française, la « Nueve » donc, au sein de la Deuxième division blindée de Leclerc, est bien retranscrit. Avec le courage, l’insouciance, mais surtout la volonté de lutter contre les idées fascistes – et l’espérance – entretenue hypocritement par certains officiers et officiels français – qu’ensuite viendrai la libération de l’Espagne du régime franquiste. On retrouve aussi en parallèle les errements français durant cette guerre. De la part des pétainistes, mais aussi des gaullistes, de Gaulle voulant bien enrôler étrangers et coloniaux, mais pas que ceux-ci soient visibles et mentionnés dans l’Histoire nationale qu’il s’apprêtait à réécrire. Mais la meilleure part de l’album tourne autour des hommes, de leurs idéaux, ces Républicains martyrs, persécutés par les Franquistes (et fusillés en masse jusque bien après l’arrivée au pouvoir de Franco, sans réaction des « démocraties »), déportés dans des camps de concentration français, massacrés par les Nazis lorsqu’ils étaient pris, etc. Et le récit tournant autour du témoignage d’un ancien de la Nueve, cela donne une épaisseur à l’intrigue, de la chair. C’est émouvant de voir ce vieil homme, véritable héros anonyme, qui redécouvre en même temps que l’auteur (qui se met en scène) son lointain passé – qui n’est pas passé. La narration est fluide et agréable. Elle alterne flash-back en couleur (toute l’épopée des Espagnols durant ces 6 années de conflit) et passages contemporains en Noir et Blanc (où l’auteur rencontre le vieux Républicain et note son témoignage). Une page d’Histoire un peu occultée, et une aventure humaine, on a là un récit prenant et bien monté.
J’aime beaucoup les œuvres de cet auteur espagnol qui sont plutôt dans un genre de respect de la personne. Cela me fait plutôt plaisir de le retrouver. C’est vrai que c’est un gros pavé à lire. Cependant, le plaisir de découverte de cette nouveauté demeure intact. L’auteur nous plonge dans une œuvre biographique. L’introduction est parfaitement réussie. Nous avons un jeune auteur de bande dessinée qui rencontre un vieux papy de 94 ans. Ce dernier va nous livrer l’épisode concernant la Nueve, cette compagnie composé d’anciens combattants républicains qui a fait la campagne de l’Afrique avant de participer à la libération de la France. C’est un aspect de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale qui est plutôt méconnu. Tout le monde connait la guerre civile espagnole mais peu savent que les républicains furent à la fin de la guerre déportée en France puis engagé dans une légion visant à reconquérir l’Europe tombée sous le joug des nazis. Or, ces combattants qui luttaient contre le fascisme espéraient renverser également Franco. Cependant, cela s’arrêtera à Hitler et Mussolini ce qui provoquera leur déception légitime. On comprend mal les motivations des alliés à ne pas avoir débarrassé l’Espagne d’un dictateur. La peur du communisme est la principale motivation. Les nationalistes utilisaient dans leur propagande le terme de rouge ou d’anarchiste pour désigner les Républicains qui pourtant avait la légitimité de la gouvernance. On se rend compte que même de nos jours, la communauté internationale laisse souvent en place des dictateurs car le remède serait pire que le mal. On voit bien ce qui s’est passé en Irak, en Libye, en Syrie… C’est un hommage qui est rendu à la Nueve qui fut l’une des premières à libérer Paris. Beaucoup ont payé de leur vie pour se débarrasser du fascisme et de son idéologie. Ces combattants ont été méprisé par les forces françaises pourtant défaite en un seul mois par l’armée d’Hitler (Mai-Juin 1940). Pourtant, les républicains ont connu des années de guerre et ont eu une expérience du combat. En même temps et pour relativiser, il s’agissait d’une compagnie de 146 hommes ce qui est assez peu pour influencer le cours de la guerre. C’est un fait dans une mécanique assez complexe. Au final, c’est une excellente bd qui nous apportera des éclaircissements pour peu évidement qu’on s’intéresse à l’histoire. Les hommes qui se sont battus pour lutter contre le fascisme et qui sont morts se retourneraient certainement dans leur tombe en voyant les nouvelles générations succomber aux douces ou stridentes sirènes du nationalisme. Alors, oui, c’est bien une lecture utile.
Un beau documentaire qui pourra intéresser tous les BDphiles d'origine espagnole et tous ceux qui sont intrigués par les choix politiques de la France pendant la seconde guerre mondiale. Dans cette entretien, l'enquêteur se met en scène, comme dans les docs de Davodeau. Il va voir cet ancien républicain espagnol qui habite en France dans une petite ville pluvieuse. Les parties de l'entretien, sont représentées en noir et blanc, avec un trait assez fin et des ombres en aplat gris pale...et puis vite ça dérape vers le souvenir aux couleurs un peu ternes mais assez élégantes, un trait plus gras, mais modulé qui s'interrompt par endroit pour laisser les ombres et les lumières se toucher directement; ça donne de l'aisance au dessin. Il y a très peu de gros plans, beaucoup de foules assez réussies. On peut le lire comme un roman de guerre mais ce n'est pas trop ma tasse de thé, en revanche ce qui me parait intéressant ce sont les parcours humains de cette époque, et en particulier celui du héros, qui est touchant, une fois vieux, oublié de ceux qu'il a sauvé, seul dans sa cuisine...
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