Le Captivé
Fin du XIXe siècle, à Bordeaux, Albert Dadas est le premier patient atteint de la "folie du fugueur" à être soigné. Le jeune psychiatre, Philippe Tissié, allant à l’encontre des récents écrits de Charcot, utilise l’hypnose. Cette rencontre changera leur vie à tous les deux.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Bordeaux Folie Médecine Nouveau Futuropolis Troubles psychiques
Modeste employé à Bordeaux dans les années 1880, Albert Dadas a commencé à « fuguer » dès l’adolescence, suite à une chute sur la tête. À l’énoncé d’un nom de ville ou de pays, comme un somnambule, il part, quitte sa maison et commence à marcher. Ça se passe toujours ainsi : « Tout d’un coup, j’ai très chaud, j’ai des suées, j’ai mal à la tête… Il faut absolument que je marche… Et après je ne me souviens de rien. » Il ne sait pas quand il part. Il le sait après, et en est extrêmement malheureux. Ses périples involontaires le mènent à Pau, Paris, Marseille mais aussi en Algérie, à Moscou (où il sera enfermé, soupçonné d’avoir tué le tsar !), Poznan en Pologne, Vienne en Autriche, Liège… Il peut parcourir jusqu’à 70 km par jour ! Et il se « réveille » à l’hôpital ou en prison, sans papiers, sans argent… En mai 1886, il rencontre Philippe Tissié, un jeune interne en psychiatrie à l’hôpital Saint André de Bordeaux, qui parvient à le soigner. Dadas pourra enfin mener une vie normale, se marier et avoir une fille. Le docteur décrira dans sa thèse, sa passion impulsive pour la marche et les voyages ; ses théories le rendront célèbre. Au delà d’un récit clinique de médecin, Le Captivé est aussi une surprenante histoire d’errance, une ode au voyage. Texte de l’éditeur
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Date de parution | 05 Mai 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Étrange histoire que celle-ci, que j’ai un temps cru totalement inventée, mais qui se révèle au final des plus authentiques. Et un dossier final présente très bien le sujet, avec en sus une bonne bibliographie. Le dessin, efficace et volontairement vieillot, est très simple, naturel. Il entretient en tout cas une atmosphère quelque peu décalée, autour de ce personnage soumis à des pulsions improbables : sur un coup de tête, il quitte tout et part dans de longs périples, incapable de résister à ces appels au voyage. D’autant plus qu’il se révèle posséder d’incroyables capacités d’endurance. Ce « marcheur fou », traité comme un malade, n’est-il pas en fait le précurseur d’autres fous plus actuels, drogués à l’effort, qui enchainent les ultra trails et autres iron man ? Le personnage du médecin qui le « traite » est lui aussi intéressant. Adepte de méthodes douces – au contraire de ses confrères – et au parcours atypique, il va nouer des liens d’amitié avec son patient. Il est vrai que lui aussi souhaite sortir des sentiers battus, et qu’il est le précurseur de grandes courses cyclistes. Bref, un album intéressant, vite lu, mais qui sort de l’ordinaire, et qui pousse à la réflexion. Note réelle 3,5/5.
Je remarque que le petit monde de la bd se penche de plus en plus sur des personnages lambda qui ont été sous les feux des projecteurs malgré eux avant de retomber dans l’oubli. Albert Dadas est l’un d’eux. Dadas est, dans le jargon populaire, un fada. Pour la médecine, c’est une perle rare … un captif captivé, un prisonnier voyageur. Pour moi, c’est un somnambule de l’extrême, un Forrest Gump avant l’heure. Dadas est atteint d’un trouble nouveau qui laisse perplexe les spécialistes. Mais sa route l’amène à croiser Tissié qui va en faire son sujet de thèse. Ce jeune médecin va essayer de guérir Albert de ses fugues amnésiques et de sa frénésie masturbatoire. Le récit a un pouvoir quasi hypnotique. Il est, en plus, finement travaillé pour brosser plusieurs années de la vie d’Albert sans à-coups. Il en résulte une narration fluide pour une lecture des plus confortables. L’histoire se conclu avec des annotations sur le cheminement des protagonistes après leur rencontre qui durera quelques années. Mais le récit n’aurait pas eu la même réussite sans le coup de crayon de Christian Durieux qui se colle au mieux à l’époque en insufflant un côté vintage aux vignettes (style vieilles photos) et en donnant réellement vie aux protagonistes (la physionomie de Dadas et Tissié sont parfaitement rendues). Du bel ouvrage, assurément !
Un thérapeute du XIXème siècle essaye de soigner un fugueur chronique. La violence de la médecine psychiatrique du XIXème siècle est confrontée au calme apaisant du professeur Tissié et à la naïveté étonnante de son patient, Albert : le captivé. Les récits du malade, succèdent aux entretiens de vérification avec des témoins. Le sujet est peu commun et c'est surtout cela qui nous tient en halène. La forme est classique et le dessin très doux, une sorte de noir et blanc atténué, ou le noir n'est pas d'encre et le blanc un peu crémeux. Peu de traits mais significatifs. Bref : un sujet intéressant dans un traitement peu polémique, qui s'attache aux personnages.
Je ne savais pas que c'était tiré d'un cas vécu avant de lire le dossier qui accompagne la bande dessinée. Je pensais que c'était inventé. Il faut dire que le cas de Albert Dadas m'a semblé trop extraordinaire pour être vrai. En tout cas, ce pauvre Albert Dadas est attachant et son cas m'a intéressé. J'aime bien aussi les différents témoignages des gens qui connaissent Dadas ou ont entendu parler de son cas via le psychologue qui le soigne. Malheureusement, le traitement de cette affaire manque un peu d'action et à la longue je trouve que cela tourne un peu en rond. La fin n'est pas très bonne. Le dessin n'a aucun défaut en revanche. Cela reste une lecture sympathique, mais il ne faut pas s'attendre à un truc qui sort de l'ordinaire.
C’est le récit d’un cas psychiatrique assez intéressant et plutôt méconnu. C’est une histoire vraie ce qui donne un caractère authentique à ce récit mettant en scène un patient et son docteur. Il est vrai que je ne connaissais pas ce type de pathologie qu’on surnomme « le captivé ». Le cerveau et son dysfonctionnement peuvent jouer de mauvais tours... Le dessin en noir et blanc est correct car il joue sur les nuances. Par ailleurs, la lecture a plutôt été agréable. Par contre, au niveau de l’action, cela ne sera guère captivant et c’est le moins qu’on puisse dire ! Bref, c’est un peu plat. Les fans des maladies mentales pourront bien entendu y trouver leur compte. Les autres observeront avec un certain détachement. Cela reste malgré tout une histoire à découvrir.
C’est une histoire vraie qui nous est présentée ici par Christophe Dabitch et Christian Durieux : l’histoire d’Albert Dadas, fugueur pathologique, un "captivé", comme les a appelés le docteur Tissié. C’est aussi, surtout, l’histoire de la rencontre entre cet homme "perdu", voyageur compulsif désirant trouver une certaine stabilité, et le docteur Philippe Tissié dont il devient le patient. Tout cela n’est pas raconté comme un documentaire. Certes, on sent la recherche historique et scientifique sur le cas, et les passages où des personnages tiers témoignent sur les événements renforcent cette idée. Mais il s’agit là d’un roman graphique, nous présentant les sentiments des personnages, leurs relations, leurs doutes, leurs espoirs et leurs désirs. Et cela est fait remarquablement. Dans une narration empreinte de douceur et de simplicité, on s’attache à Albert et à Tissié. On scrute leur devenir, Albert se sentant dépendant de son médecin pour être enfin guéri, Tissié étant, lui, fasciné, "captivé" par son patient. Cet homme instruit, ne devant sa réussite qu’à lui-même, féru de sport, est fixé par la force des choses, à Bordeaux. Et si Albert, son patient, a pour lui une grande reconnaissance, Tissié a pour Albert une grande admiration, pour ses capacités physiques d’une part, pour ses voyages d’autre part. Il écoute les récits de voyage d’Albert avec un intérêt médical, mais surtout avec curiosité et une certaine envie. J’ai donc été prise dans le récit qui, certes, n’a rien de follement trépidant, mais qui est présenté de telle manière que j’ai été intéressée, tout au long de ma lecture, par l’histoire de ces deux personnages. Mais la sauce ne pourrait prendre sans le dessin, noir et blanc, de Christian Durieux. Le trait et les nuances de gris de l’artiste sont d’une grande douceur et amènent une atmosphère tranquille, mêlant sérénité, mélancolie et compassion. Les voyages non désirés d’Albert sont ainsi perçus non comme des escapades trépidantes ni même comme des expéditions difficiles et éprouvantes, mais bien, comme Albert les ressentait lui-même : des errances dont il ne résulte que malheurs et tristesse. Certaines scènes de voyage semblent réalisées à partir de photographies (dessin sur photo), et cela donne de la profondeur à ces paysages. Je trouve cela assez réussi. L’ensemble est donc d’une grande cohérence, dessin et récit magnifiquement en symbiose. La manière dont dessin et scénario se servent l’un l’autre est parallèle à la manière dont Albert et Tissié sont liés, s’admirent l’un l’autre et ont besoin l’un de l’autre, l'un pour être guéri, l'autre pour mener à bien ses recherches. C’est ce qui me fait mettre un 4 étoiles. J’ai hésité. Beaucoup trouveront sans doute que c’est une bonne BD, sans plus. Certains seront peut-être ennuyés par cette histoire manquant de piquant et d’action. Il ne s’agit nullement d’aventure mais d’un sujet tenant plus de la recherche documentaire et de la réflexion sociologique. De mon côté, je trouve l’album tellement bien conçu et nous faisant passer les émotions des personnages, que je ne peux que vous en conseiller la lecture.
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