Le Muret
Un portrait d’adolescence sensible et touchant, aux accents mélancoliques et universels
Adolescence Ecritures Les drogues
À treize ans, Rosie vit une situation peu commune : ses deux parents durablement éloignés à l’étranger et ne s’occupant d’elle qu’épisodiquement, elle doit se débrouiller au quotidien presque entièrement seule. Son seul point d’ancrage est son amie d’enfance Nath, avec qui elle entretient une relation presque fusionnelle. Mais les amitiés sont aléatoires et fluctuantes à cet âge. Progressivement mise à distance par Nath, Rosie, de plus en plus isolée, se réfugie dans l’alcool et l’absentéisme scolaire. C’est dans ces circonstances, à la dérive, que l’adolescente fait la connaissance de Jo, un garçon à peine plus âgé qu’elle, qui comme elle habite seul, vivant d’expédients et de petits trafics. Jo, sensible à son côté rebelle, initie Rosie à la musique, à la débrouille et à l’esprit d’indépendance. À coup de presque riens, de petites touches impressionnistes tirées du quotidien en apparence le plus ordinaire, Fraipont et Bailly brossent un très touchant portrait d’adolescente. Le portrait d’une solitude aussi, pleine d’hésitations, de fêlures et d’incertitudes, qui résonnera comme une musique familière et mélancolique pour bien des lecteurs d’aujourd’hui. (texte de l'éditeur)
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Date de parution | 22 Janvier 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album peut sans doute sauver des vies .... Il raconte la dérive d'une adolescente lambda qui se retrouve dans une situation familiale très désagréable et ne réussit pas du tout à y faire face. L'ennui, l'angoisse, l'absence de désir de l’adolescence est très bien rendu, et nous sommes tous et toutes passé.e.s par là. Les dialogues, les situations sont bien choisies et reflètent parfaitement notre société. On se rend compte à la lecture de l'album, qu'il s'en faut de peu pour que cet état normal d'une période hormonale spécifique puisse dériver sourdement vers des addictions, des rencontres avec d'autres êtres dans le même balancement marginal, puis vers des spirales dangereuses et une perte des simples réflexes de survie. C'est un âge où on ne sait plus demander de l'aide (et peut-être a-t-on toujours subvenu à nos besoin, si bien qu'on n'a jamais rien eu à demander ? Alors comment faire ? On n'a jamais appris !) Le noir et blanc tranché (jamais de zones grises, quelques hachures) à la limite du schématique réussit quand même à rester sensible. Avec si peu de moyen, c'est une gageure. Bref c'est à conseiller autant pour les enfants qui abordent l'adolescence, que pour les parents qui ne mesurent pas le degré de contrôle qu'ils sont sensés imprimer sur leur enfant, et finalement pour tout le monde qui pourra reconnaître des personnages de sa propre vie.
Le Muret raconte l'histoire d'une adolescence difficile, celle d'une jeune fille de 13 ans dont la mère est partie avec son amant et qui est plus ou moins laissée à l'abandon par son père qui se donne totalement à son travail et à ses voyages d'affaires. Elle vit donc seule la plupart du temps, en plein manque d'attention et de soutien, et cherche à combler ce vide d'abord avec sa meilleure amie, puis avec l'alcool et enfin avec un jeune homme finalement assez sympa même si vivant de petits trafics illégaux. Ce n'est pas un récit très joyeux mais il n'est pas raconté de manière plombante. Voir une aussi jeune fille s'adonner ainsi à l'alcool m'a un peu choqué, et d'imaginer une adolescente ainsi abandonnée par ses parents est un peu révoltant, mais les auteurs n'en font pas une situation désespérée et sombre. On sent qu'il y a des échappatoires et une possible lumière au bout du tunnel. Et malgré une fin un peu dramatique, la conclusion amène une vision optimiste et une envie d'aller de l'avant assez réconfortante. Je n'ai pas pris un très grand plaisir à la lecture de cet album car je ne me suis pas senti proche de ses jeunes héros et n'ai pas été touché par leur récit. J'y ai plus vu une vision réaliste et instructive de comment une adolescente peut sombrer si on ne prend pas soin d'elle. Intéressant mais pas très prenant pour moi.
Voilà le genre de bd qui graphiquement ne paye pas de mine mais dont on ressort avec une très bonne impression. Cette bd m'a touché par sa sensibilité et par sa justesse. On entre véritablement dans la psychologie de Rosie, une jeune adolescente de 13 ans qui va tomber notamment dans l'alcool suite au divorce de ses parents. Il faut dire que sa mère l'a abandonné pour rejoindre son nouvel homme à Dubaï, ce nouveau paradis exotique. Sa meilleure amie semble également contraint de mettre un terme à la relation d'amitié qui lui permettait de se maintenir. Et puis, arrive cette rencontre inopinée autour d'un muret et qui bouleverser sa petite vie bien tranquille. La Belgique de la fin des années 80 paraît bien morne à l'image de la vie de notre héroïne. La dérive sera progressive. On va tomber bien bas. Le pathologique sera évité ce qui renforce la charge émotive de ce roman graphique bien réussi. J'ai bien aimé la fin qui est très forte et qui permet de regarder la vie en avant. En conclusion, une belle découverte inattendue que voilà.
Dans les années 1980, abandonnée par sa mère, et laissée la plupart du temps seule par un père absent, Rose, 13 ans, essaye de se construire. Elle sombre petit à petit, tout en essayant de se raccrocher à diverses bouées de sauvetage, qui sombrent en même temps qu'elle. Un livre très réaliste, dans lequel j'ai tout de suite retrouvé des amies paumées de mon adolescence. Un livre noir, dans la tradition sociale de la Wallonie industrielle qu'on retrouve chez les frères Dardenne, et qui finit (comme le veut le genre) sur une note empreinte d'optimisme: les personnages grandissent et les épreuves qu'ils surmontent les rendent un petit peu plus fort. Dans cet album, Bailly change une fois de plus de style, et se frotte ici à un noir et blanc plus intimiste et underground. C'est très réussi, comme tout ce à quoi il touche.
J’ai aimé la sincérité qui émane de cette histoire. Je ne sais pas si elle est inspirée d’une histoire vraie mais elle a, à tout le moins, réussi à m’en donner l’impression. L’histoire de cette jeune adolescente, délaissée par ses parents et donc en manque de repères, est touchante et sombre. Elle interpelle quant au rôle des parents dans la construction de l’enfant, quant à nos sociétés où les parents démissionnaires sont de plus en plus fréquents, où l’individualisme permet à chacun de s’isoler sans que personne de son entourage ne s’inquiète outre-mesure. Cet album parvient donc à toucher tout en donnant à réfléchir. Et le trait de l’auteur, torturé juste ce qu’il faut pour ne rien perdre de sa lisibilité, et la colorisation (ou plutôt l’absence de colorisation puisqu’il s’agit de noir et blanc) sont en parfaite adéquation avec le propos. La narration à la première personne accentue encore cette impression d'être face à un témoignage. Elle n'est pas enfantine mais parvient à rester crédible malgré le jeune âge de l'héroïne. Un bel exercice d'équilibriste, ici aussi. Un album à découvrir, donc. Il dénonce une certaine dérive de notre société tout en nous offrant un portait réaliste et sensible d’une jeune adolescente d’aujourd’hui.
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