L'Arabe du futur
Angoulême 2015 : Prix du meilleur album. 2014 : Grand prix RTL de la bande dessinée Ce livre raconte l'histoire vraie d'un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Khadafi et la Syrie d'Hafez Al-Assad.
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Riad Sattouf est né en 1978 d'une mère bretonne et d'un père syrien venu faire ses études en France. L'esprit plein de rêves panarabes, ce père décide un jour d'accepter un poste de professeur à Tripoli, puis à Damas. Le petit Riad, blondinet grandi en France, vit à cette occasion un rude choc des cultures.
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Date de parution | 15 Mai 2014 |
Statut histoire | Série terminée 6 tomes parus |
Les avis
Dès le premier tome, la première image des aventures du quotidien de ce gamin écartelé entre trois continents donne le ton. Riad se représente à l’âge de deux ans, tel une sorte d’angelot doté d’une chevelure blonde imposante. Il était « l’homme parfait ». Maniant à merveille l’autodérision, il va nous narrer ses origines en partant de la rencontre improbable entre sa mère bretonne et son père syrien lorsque ce dernier était venu à Paris pour y faire des études grâce à une bourse de son gouvernement. Beaucoup plus tempérée et pragmatique — surtout très patiente — Clémentine devra souvent composer avec les sautes d’humeur d’un compagnon quelque peu lunaire et fantasque, personnage fanfaron sensible aux idées de progrès, mais parfois un peu obtus et contradictoire, tenant parfois des propos racistes ou belliqueux, avec cette obsession de porter le titre honorifique de « docteur »… Au fil des années, les relations entre ses parents vont se distendre, sa mère étant à la fois lassée des frasques de son mari et gagnée par le mal du pays. Jusqu’au point de non-retour, où ce dernier commettra l’irréparable… La capacité de l’auteur à compiler quantité de petites anecdotes, souvent insignifiantes en apparence et pourtant toujours révélatrices d’un point de vue sociétal, est impressionnante. On se demande véritablement comment à cet âge un enfant peut avoir emmagasiné autant de souvenirs dans sa mémoire ! C’est toujours très juste et à travers les yeux de Riad, ces anecdotes prennent une dimension drolatique et jubilatoire, en particulier lorsque notre blondinet arrive à l’adolescence. Il n’est plus vraiment le mignon chérubin des débuts avec son visage constellé de boutons d’acné, même on sait bien que c’est l’âge des complexes… Il n’y a assurément pas qu’une seule raison au succès du projet, la première étant assurément le talent de conteur de son auteur, de dessinateur aussi, avec ses petits personnages ronds et avenant, associés à son humour si particulier. En plus de ses qualités, le public, a fortiori français, n’a pu être qu’intrigué par ce titre extrêmement bien choisi dans un contexte où le terme « arabe » est depuis longtemps chargé de connotations, pas toujours forcément bienveillantes pour les intéressés… Et puis l’histoire personnelle de Riad, avec cette double culture qui lui a permis de vivre dans deux pays aux mœurs radicalement différentes, d’un côté la Syrie, où sa blondeur faisait de lui un être à part et où il n’a jamais vraiment « pris racine », d’un autre la Bretagne, où il était vu comme « le blondinet avec un nom arabe », et puis bien sûr les rapports compliqués avec son père. Un parcours atypique et certes enrichissant qui a donné naissance à un récit passionnant, le bouche à oreille ayant sans doute fait le reste, au-delà des frontières, à l’instar de « Persépolis ». Les témoignages sur une région du monde où certains archaïsmes peuvent autant révulser que fasciner intéressent le public… sans doute encore plus depuis le 11 septembre 2001. La sortie du dernier volume de « L’Arabe du futur » en 2022 a fait office d’événement, et incontestablement, c’est la page d’une incroyable épopée qui s'est tournée, laissant peut-être aux aficionados un sentiment de vide, mais c’est sans compter sur la fantaisie et la créativité de son auteur, qui a sans doute plus d’un tour dans sa boîte à crayons. En attendant, ceux-ci pourront toujours se consoler avec sa nouvelle série très bien accueillie à sa sortie en 2021, "Le Jeune Acteur", qui raconte les débuts de Vincent Lacoste au cinéma.
Je viens de finir le dernier volume de cette série démarrée il y a quelques années déjà. Verdict : totale réussite. La touche de Sattouf pourrait se définir comme une mise à nu simpliste d'un monde complexe. Il nous prend la main et nous emmène partout dans son passé, aucun sujet n'est écarté, il nous raconte sans jugement et sans raisonnement... et on comprend, on ressent cette vie atypique dans ce foyer dysfonctionnel. Un voyage intime intense qui permettra à beaucoup de lecteurs d'ouvrir les yeux sur tant de sujets (l'enfance, l'adolescence, les parents, le moyen orient, les amitiés, la famille étendue, l'observation introspective). Personnellement, j'ai lu chaque volume d'une traite !
POSSIBLES SPOILERS Il n’est sans doute pas utile de faire de la pub pour cette saga de 6 tomes au succès énorme, mais je vais le faire quand même. C’est ma saga préférée, celle qui m’a fait pleuré à chaudes larmes tout le tome 5 et 6. je me suis attachée énormément à Riad et à sa maman, au destin de son petit Frère Fadi, et à ce père tellement compliqué, antisémite sexiste nationaliste, mais son père quand même avec des moments touchants entre eux dans les premiers tomes . Je prête ces tomes à toute ma famille comme si je donnais des nouvelles de gens de notre famille justement, nous n’avons aucun lien avec la Syrie mais cette bd parle à tous les humains Riad a fait une des œuvres les plus importantes du monde de la bd à mes yeux.
J'ai une longue histoire avec L'Arabe du futur, semée d'échecs de lecture, de rejets vis à vis de comportements et de mentalités insupportables à mes yeux et souvent à désespérer d'atteindre un jour la paix entre les peuples et le respect de la nature dont nous ne sommes qu'un élément parmi tant d'autres. Et puis Riad Sattouf a été invité sur France Inter en cette fin d'année 2022 pour parler de la sortie du dernier tome de la série et tout ce qu'il en a dit m'a fortement donné envie de retenter le coup. Relecture du tome 1 d'abord, j'y ai retrouvé ce qui m'avait fait buter les premières fois, mais j'ai continué et j'ai dévoré la suite en quelques jours, une lecture presque boulimique, parfois en état de sidération face à cette vie et ces épreuves incroyables. Cela ne m'a pas redonné espoir pour la paix dans le monde mais plutôt ouvert les yeux sur une impossibilité assez déprimante tant nos différences et convictions sont ancrées en nous dès le plus jeune âge par notre éducation et l'environnement dans lequel on grandit... ce qui les rend bien difficile à nuancer par la suite quand l'occasion pourrait se présenter. Il n'y a heureusement pas que ça dans l'Arabe du futur. C'est toute une vie simple et complexe à la fois, semée de moments forts et de déchirements, le tout illustré dans un style à la fois drôle, efficace et poétique. Une série marquante à tous points de vue.
Je mets à jour mon avis après la lecture du quatrième tome qui est le meilleur album d'une série que je trouve de plus en plus excellente à chaque album. Sattouf raconte son enfance entre la Syrie, la Libye et la France et c'est vraiment intéressant. L'auteur sait comment raconter la vie quotidienne et j'ai particulièrement aimé comment il ne fait pas la morale. Il ne fait que montrer ce qu'il a vécu et il laisse les lecteurs juger tous seuls. Du coup les personnages semblent terriblement humains et je me suis surpris à changer d'opinion sur eux selon les scènes. Ainsi, par exemple, j'ai trouvé que le père était vraiment un gros connard durant la majeure partie du tome 4 et puis il y avait quelques pages où je trouvais qu'il faisait un peu pitié. Je pense que Sattouf est vraiment excellent pour caricaturer le genre humain. Le personnage du père de Sattouf est vraiment au centre de cette série. Il est rempli de contradictions (il veut être moderne, mais il est un peu prisonnier du coté traditionnel de sa famille et cela va empirer lorsqu'il va devenir plus religieux) et de préjugés. Disons que je suis bien content de pas l'avoir eu comme père ! La mère est effacée au début, mais elle est plus présente au fil des tomes. Vu que ce sont les souvenirs de Sattouf enfant, la situation devient plus complexe lorsqu'il grandit et qu'il comprend mieux le monde qui l'entoure, notamment que son père est moins honorable qu'il le pensait. Une bonne lecture qui montre la société arabe et française des années 80-90 vécue par un jeune enfant. Toutefois, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est la série à lire pour comprendre la situation en Syrie. Pour moi c'est surtout le témoignage d'un auteur qui avait beaucoup de choses à dire et peut-être exorciser certains démons intérieurs. Après réflexion, je monte la note et donne le maximum. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant apprécié une série !
J'adore vraiment cette série. Je suis en train de la relire, et c'est toujours le même plaisir, donc note maximale pour moi. Déjà, il faut remarquer que le livre en lui même est très agréable au toucher avec ses pages épaisses et son papier à grain, tout l'inverse d'un papier glacé, parfois gênant à lire à cause des reflets. Je lis chaque tome, assez gros, en une ou deux fois, tellement je suis happé par l'histoire. La lecture est en effet très agréable, très fluide, le trait est simple mais efficace, avec des personnages très expressifs, notamment concernant leurs mimiques. Tout cela permet de suivre, sur un rythme effréné, le quotidien souvent drôle, mais parfois tragique aussi, des protagonistes, dont la plupart sont très attachants (Riad et son père surtout). Côté couleur, on a une tétrachromie qui n'est pas sans rappeler le drapeau Syrien: noir, blanc, vert, et rouge. Surtout, la lecture permet un voyage temporel et spatial dans le moyen Orient et la France du début des années 80. On a donc ici un témoignage des plus précieux sur la vie et l'idéologie des syriens et des libyens. Cette tranche de vie est sans doute encore plus précieuse depuis la guerre qui a ravagé la Syrie. A consommer sans modération.
C’est très courageux de la part de Riad Sattouf que de livrer son autobiographie basée sur les souvenirs qu’il a conservé enfant sur un monde dont il percevait à peine les règles. Fruit de l’amour d’une Bretonne et d’un étudiant Syrien exilé à Paris, le jeune Riad va rapidement retourner avec ses parents dans la Libye puis la Syrie des années 80... Son père, convaincu de la place du peuple Arabe dans la société de l’avenir (cf. le titre), prend la place principale dans un récit pudique mais sans tabous et s’autorisant une grande part d’humilité. En effet la grande force de ce récit est de n’être en aucun point moralisateur. Juste le constat d’une époque, de mœurs différentes et de coutumes inconnues en Occident dont le décalage peut prêter à sourire voire à rire car Sattouf maîtrise complètement le sens de son récit, entre souvenirs et anecdotes. Le trait rond et la jolie bichromie (différente en fonction du pays visité) rendent l’ensemble ludique et agréable à lire d’autant plus que les ellipses sont rares et donnent une clarté toute simple et évidente à ce récit. Le personnage du père de Riad est un élément comique en soi. Athée convaincu mais tiraillé par la tradition et la fierté de ses origines, il devient un personnage tantôt burlesque tantôt décalé. Riad Sattouf préfère mettre en retrait le caractère docile mais essentiel de sa mère lors de leurs pérégrinations entre plusieurs pays… Traditions, enseignements, petits moments intimistes, rien ne manque lors de ce quotidien ni même quelques pages cruelles rompant avec la bonne humeur apparente du récit (mise à mort d’un chien errant et encore plus grave, d’une femme enceinte hors mariage). A aucun moment Riad Sattouf ne porte de jugement. Chaque personnage est habilement construit entre réflexions, calembours et annotations. Le seul reproche fait lors de la lecture du second tome émanerait plutôt du caractère redondant du récit, les bonnes surprises du premier laissant place à une mécanique parfaitement huilée. Riad Sattouf dépeint un entre monde qui est le sien : entre l’ennui de la Bretagne et les mœurs étranges des Syriens, l’écart constant de deux cultures ne manque pas d’amour ni d’humour. Pas étonnant dès lors que cette curieuse bd remporte l’adhésion à son passage et délivre à sa façon une révolution toutes en nuances… Mr. Sattouf est très très fort. Il est dit que cet ouvrage découle de l’échec de son second film « Jacky au Royaume des Filles », tentative couillue et sympathique d’inverser les rôles dans une dictature matriarcale. Le succès de « L’Arabe du Futur » en contrepartie démontre finalement que l’expérience du vécu ne sera jamais remplacée par la satire sociale et religieuse ! Bravo et vivement la suite ! Avis sur le tome 2 : L'effet de surprise étant passé, j'ai trouvé ce second tome bien moins percutant et bien plus répétitif. Attention cela ne veut pas dire qu'il n'est pas bon mais le côté redondant de ce looooong récit n'apporte finalement pas beaucoup plus à la verve et la fraicheur du premier. Cela reste néanmoins très très bon en espérant que le 3ème tome retrouve un peu la spontanéité du début et qu'il me surprenne à nouveau ! Riad Sattouf a un tel niveau d'écriture que j'en deviens exigeant ! Ce qui n'est pas forcément négatif finalement. ;)
Cela faisait un moment que je tournais autour de ce livre. Sans doute à cause de sa parenté graphique avec les albums de Guy Delisle (que j'adore) ou encore ceux de Marjane Satrapi, que j'avais découvert il y a quelques années. Ce n'est pourtant pas son récent prix à Angoulême qui m'a fait pencher vers l'achat de cet album. En effet, son précédent prix pour Pascal Brutal m'avait laissé de marbre à l'époque. Et, je l'avoue, c'est la première fois que je lis un album de cet auteur. Avec ce premier album retraçant son enfance, j'ai adoré ce que je retrouve chez Delisle : dépaysement, décalage, et surtout ici (pour ceux qui comme moi ont le même âge que Riad Sattouf) une autre idée des années 80, très loin du mode de vie occidental que l'on connaissait. Avec ce premier opus, Riad Sattouf nous offre une vision assez pessimiste d'un monde arabe tourné vers le despotisme de Kadhafi, en Lybie, ou d'Hafez Al-Assad en Syrie, despotisme appelé à être renversé d'après son père, visionnaire des printemps arabes, avant l'heure. Outre cet aspect, Riad Sattouf nous enseigne, avec une facilité déconcertante, les différences entre sunnites et chiites, qui encore de nos jours, bouleversent l'équilibre du monde arabe. Choc des cultures, entre orient et occident, choc des civilisations entre Bretagne et Lybie (et Syrie), cet ouvrage est vraiment remarquable, et je serai au rendez-vous, sans hésitation, pour le second volume. Un prix amplement mérité à Angoulême pour cette année 2015.
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