Les Pieds-Noirs à la mer
Daniel fait un petit séjour à Marseille chez ses grands-parents et découvre le passé d’une famille traumatisée par la guerre d’Algérie. Un récit très réaliste et plein de finesse, contre le racisme et la haine.
La Guerre d'Algérie Les petits éditeurs indépendants
Daniel marche dans les rues de Marseille. Il arrive finalement devant une maison mais il est trop tard pour y rentrer. N’ayant pas d’autres choix, il décide de dormir dans la vieille 203 garée dans le jardin. Le lendemain, il rentre silencieusement par une des fenêtres de la maison. Deux personnes âgées regardent la télévision et pestent devant les informations. Daniel se montre enfin, car il est chez ses grands-parents. Il explique qu’il a fugué de chez ses parents à Besançon. En effet, ils se sont disputés durement car son père est devenu furieux quand il a appris qu’il n’avait pas eu son bac. Daniel ne voulait pas faire de bac scientifique car une seule chose l’intéresse : le dessin. Furieux de cet échec, son père est alors monté dans la chambre de son fils et a déchiré tous ses dessins. Fou de colère, Daniel est parti sans donner de nouvelles. La grand-mère Simone s’empresse de téléphoner pour rassurer ses parents. Daniel en profite pour se poser et découvrir un peu sa famille marseillaise : il va faire la connaissance de son cousin dealer, de sa cousine au chômage... Il va surtout apprendre le passé de ses grands-parents. Ce sont des Pieds-Noirs qui ont vécu l’horreur de la guerre d’Algérie et qui ont dû fuir leur propre pays. Ils en ont gardé des cicatrices indélébiles et un sentiment de rancune tenace vis-à-vis des arabes…
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Date de parution | 30 Octobre 2013 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
3.5 Un one-shot qui mélange ce qu'a vécu l'auteur et la fiction si j'ai bien compris. L'action se situe au milieu des années 80 qui ont vu la création de SOS Racisme et la montée du FN. L'auteur brosse le portait d'une famille de pieds-noirs, en particulier le petit-fils et ses grands-parents qui ont été forcés d'évacuer l'Algérie il y a plus de 20 ans. Le ton est politique incorrect sans tomber dans l'excès. L'auteur démontre comment des mauvaises expériences peuvent transformer les gens, que la rancœur entre des groupes de gens qui ont vécu ensemble pendant des décennies voire des siècles ne va pas s'éteindre facilement, que les pieds-noirs ont vécu un vrai traumatisme lorsqu'ils ont été obligés de s'exiler en France (surtout que certains d'entre eux n'avaient même pas d'ancêtres français et étaient là avant les arabes !).... Bref, l'album brasse plusieurs thèmes et le fait bien. On traite le sujet du racisme de manière complexe sans tomber dans le discours moralisateur facile. Le personnage principal du petit-fils est bien décrit parce que je me suis facilement identifié à lui. Moi aussi je trouve que le racisme c'est mal, mais en même temps je trouve ses grands-parents un peu attachants et comme lui je voudrais bien comprendre d'où vient leur haine. Sa pauvre tentative pour réconcilier son cousin qui veut marier une arabe et le reste de la famille donne des scènes d'anthologie. Le dessin est vraiment très bon et j'ai bien aimé qu'on donne des têtes d'animaux aux personnages.
C'est une chronique sociale assez réaliste qui nous montre les difficultés des pieds-noirs suite à leur exil en France. Pour mémoire, près d'un million de pieds-noirs ont dû quitter précipitamment l'Algérie suite à la proclamation de l'indépendance en 1962. Ceux qui sont restés ont été exterminés. Là encore, pour rappel, la plupart des pieds-noirs n'avait pas de Français pour ancêtre. Daniel s'intéresse au passé de sa famille. Il va découvrir une réalité pas toujours facile à accepter. Ce peuple a beaucoup souffert car la France les a abandonnés à leur triste sort. L'action se situe en 1985 où la multiplication des crimes racistes va entraîner une forte mobilisation. SOS Racisme va en prendre plein son grade également. Quelques fois, on est à la limite du politiquement correct. Cependant, j'ai aimé que l'on dise les choses franchement. Pour autant, on ne tombe pas dans le racisme le plus ordinaire. Certaines associations à but non lucratif se servent d'idéaux pour les détourner comme bon leur semble. Bref, les rouages du racisme sont étudiés avec minutie sans tomber dans le facile. On retiendra également une préface signé par Joann Sfar. Les personnages ont également des têtes d'animaux. Il est vrai qu'on n'y fera plus attention après la lecture de quelques pages tant on est dans le récit. C'est à la fois politique et historique. C'est une bonne œuvre pour apprendre le contexte et la question des pieds-noirs.
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