La Grande Toile
A Unanima, capitale d'un monde polaire, le consensus permettra-t-il la réalisation d'une immense œuvre d'art collective et utopique ?
Auteurs argentins BDs philosophiques Utopies, Dystopies
Dans une sorte d'Antarctique, une cité rassemble ses citoyens pour produire une œuvre d'art utopique. Visible du ciel seulement, elle doit être une œuvre collective et ne souffre aucun désaccord. Mais l'unanimité respecte-elle réellement la décision de chacun ?
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Date de parution | Septembre 2006 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un récit que je qualifierais d'atypique et véritablement étrange de par l'univers qu'il met en place. Je n'ai pas pu à la lecture m'empêcher de penser à ce film de Robert Altman de 1979 "Quintet" se déroulant dans un monde glaciaire et décrivant une société en déliquescence. Ici aussi le monde décrit est aux limites de l'absurde, un dirigeant despotique souhaite repeindre le glace de l’antarctique pour assoir son pouvoir et assouvir ses délires de grandeur. Les deux auteurs argentins en connaissent un rayon sur les dirigeants autoritaires et comme dans La Bulle De Bertold ils nous dépeignent un univers glaçant mais qui dans le même temps est paradoxalement magnifié par des planches qui utilisent le rouge, le bleu de manière très appropriée. Personnellement j'ai bien aimé cette intrigue sur les jeux de pouvoirs, la rébellion qui triomphe mais sans manichéisme et le tout je le redit avec un dessin qui s'il rappelle effectivement Bilal s'en démarque cependant par un aspect plus"propre", plus "léché". Un album original à tous points de vue pour un pas mal qui tire vers le haut.
Après le bel album La Bulle De Bertold, les deux auteurs argentins se sont retrouvés pour une nouvelle histoire mêlant fantastique et Science-Fiction. Si la cité de Butania – où se déroulait l’intrigue de La Bulle De Bertold est évoquée dans un dialogue en première page, et si on retrouve le personnage de Lorenzo (qui apparaît dans une scène faisant presque suite à la fin de l’album précédent), il s’agit bien là d’une histoire sans lien avec la première, se déroulant dans un autre monde imaginaire, cette fois-ci en grande partie glacé, près de la cité d’Unanima, dans un Antarctique imaginaire. Là aussi il s’agit d’une société atypique, où les décisions de l’assemblée représentant les habitants sont sensées se prendre par consensus. Le pouvoir réel est ici personnifié – contrairement à Butania, par Mastrangelo, sorte de cardinal artiste faisant entériner ses décisions par un vote unanime de l’assemblée (on y trouve là une critique de nos démocraties) : seul un citoyen, Ego, semble s’y opposer. L’essentiel de l’énergie de la cité est dépensée pour réaliser une immense œuvre d’art visible uniquement du ciel. Chaque Unanimiste est un ou une artiste qui doit participer à la confection de cette immense fresque. L’intrigue est intéressante, mais moins je trouve que dans leur premier opus. Le dessin d’Ippoliti et la colorisation sont eux très différents, puisqu’ici ce sont les tons bleutés et le blanc et le rouge qui dominent, avec un rendu (couleur, dessin et « costumes » de certains personnages – essentiellement féminins [créatures craquantes au passage !]) assez proches de certaines planches de Bilal, en particulier dans Le Sommeil du Monstre. Au final, un album peu courant à rencontrer, mais qui vaut quand même plus qu’un coup d’œil. L’achat peut s’envisager pour tout amoureux de ce type de récit, le dessin étant réellement un plus.
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