Hard Boiled
L'histoire d'un enquêteur en assurances, marié deux enfants, trois hypothèques... Mais surtout l'histoire de ses rêves ou de sa réalité???
Baston Dark Horse Comics Frank Miller Le Premier Futuropolis (1972-1994) Robots Trash
Carl Seltz est enquêteur d'assurance, il a une femme, deux enfants, trois hypothèques sur sa modeste maison en banlieue. Mais Carl fait des rêves d'une violence inimaginable, dans lesquels il prend l'identité de Nixon, collecteur d'impôts, aux méthodes particulièrement musclées... Qui est-il vraiment, il commence à ne plus le savoir lui même, il ne sait plus si ses rêves sont imaginaires, ou tout simplement des souvenirs... Mais, Carl hésite à se poser trop de questions et préfère agir comme il le sent...
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Date de parution | Novembre 1990 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
06/08/2001
| wayne shelton
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Les avis
Il ne manque pas un seul détail dans cette histoire très noire. - Un laborantin avec blouse blanche et un pull marqué d'un gros code barre court dans des couloirs métalliques : il doit absolument avertir monsieur Willeford que l'unité quatre dépasse la mesure. La scène passe à un homme en pardessus acculé contre un mur en train d'apostropher son assaillant. La double page suivante décrit un carnage sans nom dans lequel le chaos et les détails se disputent la suprématie. Nixon est soumis à une grêle de balles innombrables tirées depuis de lourdes armes à feu montées sur une belle voiture jaune. La voiture massive percute Nixon de plein fouet et traverse le mur contre lequel il se tenait. Ils atterrissent dans une sorte de galerie couverte abritant un baisodrome avec spectateurs. le massacre continue jusqu'à une explosion encore plus massive. Après passage dans un laboratoire, Nixon est prêt à reprendre sa vie de banlieusard auprès de sa femme et de ses 2 enfants, jusqu'à sa prochaine journée de travail. Cette histoire est parue pour la première fois en 3 épisodes publiés de 1990 à 1992 par Dark Horse comics. La raison de cette publication étalée se voit clairement : Geoff Darrow (l'illustrateur) a eu besoin d'énormément de temps pour terminer ses planches. Il faut parcourir les pages pour avoir un premier aperçu de l'obsession maniaque du détail qui tenaille Darrow. Dès le début, le lecteur est assailli par les pleines pages qui abondent dans cet ouvrage. La majorité desdites pleines pages regorgent de détails jusqu'à l'overdose. Lorsque la voiture traverse le mur, le lecteur se trouve face à une pleine page gorgée d'éléments minutieux. Sur cette page il y a donc la voiture qui défonce le mur ; il y a au bas mot 60 briques de dessinées, chacune d'une forme différente attestant de l'impact particulier qu'elle a subi. Il y a une quinzaine de couples en train de copuler sur l'estrade prévue à cet effet, chacun dans une position différente. Il y a également quatre vingt spectateurs au bas mot, chacun différent de son voisin en termes de visage, de coiffure, de vêtements, de posture, etc. Et le lecteur découvre au fur et à mesure de l'observation de cette pleine page des activités secondaires inattendues allant de la blague visuelle à la provocation politiquement incorrecte, voire trash (saurez-vous repérer le vibromasseur ?). Et en dessinateur consciencieux, Darrow a également pris soin d'intégrer les descentes d'eaux pluviales, ainsi que les câbles alimentant en énergie ce secteur. Et comme il ne manque pas d'humour, il a affublé chacun des spectateurs d'un bandeau noir sur les yeux pour que le lecteur ne puisse pas les identifier. On peut quand même s'interroger sur les intentions de la dame habillée qui s'apprête à utiliser une tronçonneuse souillée. Darrow fait également preuve d'une composante méchamment punk. Il éparpille dans ses illustrations des attaques sur le mode de vie américain (pour ma part j'ai beaucoup apprécié le distributeur automatique d'armes à feu). En faisant attention, vous repérerez également quelques références à d'autres oeuvres de Miller (par exemple un logo de la Pax en provenance directe des aventures de Martha Washington). En plus de ces pleines pages et doubles pages, il ya des séquences plus traditionnelles de suite de cases qui sont tout aussi efficaces et tout aussi bourrées de détails. le lecteur ne dispose que de quelques pages en petit nombre pour se reposer les rétines et elles sont assez espacées les unes des autres. Cette histoire ne se lit donc pas comme les autres bandes dessinées ; il faut beaucoup de temps pour déchiffrer chaque illustration, et les visuels comprennent plus de provocations que le scénario. Cette surcharge d'informations visuelles peut rebuter. À l'époque, Frank Miller a clairement indiqué qu'il arrêtait de travailler pour Marvel et DC comics pour se lancer sur des projets plus personnels pour lesquels il garderait les droits d'édition. Son premier acte a été de trouver un nouvel éditeur : Dark Horse, puis des dessinateurs pour travailler sur ses projets. À la lecture des 2 premiers épisodes, le lecteur est en droit de se demander s'il existe un scénario pour cette histoire. Tout n'est qu'une suite de confrontations entre Nixon et 2 opposants aussi implacables que lui, tout n'est que prétexte à débauche de matériaux brisés, d'objets et de bien matériels fracassés et d'êtres humains déchiquetés. Arrivé aux deux tiers de l'ouvrage, le lecteur est en droit de penser que le scénario tient sur un timbre poste et que le dernier tiers n'apportera qu'une baston extrême de plus. Et bien, sans rien révéler, je puis vous dire qu'il n'en est rien. Bien sûr, Miller a écrit surtout pour que Darrow puisse solliciter nos rétines au delà du raisonnable, mais au-delà des fracas incessants il y a bien une histoire avec une fin claire et sans concession. Toute cette violence démesurée est l'expression d'un conflit qui n'est révélé qu'à la fin qui s'avère bien noire. Frank Miller et Geoff Darrow ont également réalisé Big Guy en 1995, un récit fortement influencé par Astro d'Osamu Tezuka et qui a été adapté en dessins animés.
De Frank Miller je pensais en avoir fini mais je ne m’étais jamais encore remis de ce Hard Boiled dont il m’était impossible de mettre la main sur l’intégralité de cette mini série en 3 épisodes enfin rééditée par Delcourt en une jolie intégrale aux couleurs remastérisées et éditée ma foi de fort jolie manière…. Hard Boiled, c’est un fantasme, déjà juste pour le nom qui évoque autant pour moi ce comics hardcore complètement barré que le chef d’œuvre du film d’action de John Woo traduit plus naïvement en français par « A toute épreuve » mais cela n’a rien à voir finalement avec le bébé monstrueux de Darrow et de Miller. Car il est inutile de traduire ce qui est intraduisible ou peut-être incompréhensible ici. Ma patience aura duré 15 ans mais le plaisir que j’aurais à relire cet ovni sera peut-être encore plus long ! Je n’avais décidément rien lu de tel jusqu’à présent et me rends compte à quel point cette œuvre tordue et décidément pas formatée pour le plus grand nombre a pu être marquante et remarquée en son temps mais également à notre époque actuelle. Nixon est un petit employé de la semaine aux méthodes grandement expéditives pour effectuer comme il se doit sa collecte de taxes à grands coups de gunfights et de destructions tentaculaires dans une métropole futuriste déshumanisée. Exploser de pauvres innocents ou faire irruption dans un bordel gigantesque ou dans une grande surface à heure d’affluence ne l’effraye que nenni. Rien ne l’empêchera d’achever ses adversaires comme le boulot quitte à finir sur les rotules ou boulons car Nixon n’est peut-être pas celui qu’il prétend… Vous prenez le style graphique de Moebius période Incal à mélanger avec des estampes des livres-jeu « Mais où est Charlie ? », un scénario oscillant entre Blade Runner, Matrix (tiens, tiens) et Terminator, vous mélangez le tout avec du Jack Daniels bien dégueu et cela vous donnera peut-être l’aperçu de ce Hard Boiled tel que je l’entrevois en gardant les yeux écarquillés du début à la fin… Le style de Darrow est à proprement dire HALLUCINANT ! Ce mec doit passer un temps incroyable à dessiner moult détails des plus variés ou plus infimes tout en utilisant la ligne claire de bien belle manière… De ces tableaux de guérilla post moderne en pleine ville où la taule fracasse objets et où les corps subissent les attaques les plus diverses, Darrow dresse un fabuleux jeu de piste où l’on peut s’extasier 10 secondes comme y rester une heure ! L’action est parfaitement découpée et les instants « clés » ou dessinés sont particulièrement bien léchés ! J’ai rarement ressenti un tel vertige à cette course automobile entre deux véhicules sur de longues pages sans dialogue débordant sur des séquences dignes du bullet time de Matrix… Encore Matrix ? Darrow a participé à la conception artistique de cette fameuse trilogie dont la fameuse séquence sur autoroute a directement été inspirée par Hard Boiled… On pourrait croire derrière tout ce fatras de vignettes imprimant fortement la rétine qu’il n’y a rien mais la révolte ou la recherche même de l’identité véritable de ce Nixon reformaté moult fois pour l’occasion par la société qui l’exploite et la fin a beau me laisser perplexe, elle est tout à fait dans la continuité du récit.. Ce mélange métallique, cyberpunk où la chair se mélange au métal n’est pas sans rappeler les univers de Tetsuo ou de Videodrome où le slogan « Welcome to the New Flesh » imprégnait notre inconscient comme rarement… Si ce comics n’est clairement pas à mettre devant tous les yeux pour sa violence et ses scènes d’orgie subliminales, il est clairement à posséder dans toute bonne bibliothèque de goût qu’on apprécie ou pas Miller. Si je ne partage guère les orientations politiques de ce monsieur, je reste persuadé que son œuvre elle mérite des louanges et de surcroit ce Hard Boiled me fait regretter que l’œuvre de Geof Darrow soit si éparpillée…. Un putain de fist fucking en pleine gueule dont je n’ai de cesse d’y repenser depuis ma lecture et rien que pour ça, ça fait du bien ! Si c'est pas ça qu'on appelle une oeuvre culte, alors je ne réponds plus de rien !
Excellent ! C'est ce qui ressort après la lecture de ce comics ! Dans une société où les humains vivent avec les robots, un collecteur d'impôts va se questionner sur sa nature, son identité au travers d'une géante course-poursuite dans un monde aux allures cyberpunk ! L'histoire est intéressante, c'est super bourrin, super sanglant ! Avec un gun surdimensionné et (il faut le dire) pas mal de sexe. Notre héros est badass à souhait et ne se laisse pas démonter (loin de là) ! Les dessins fourmillent de détails, on a l'impression de faire face à des planches de "où est Charlie ?" en version trash (le frigidaire qui contient un cadavre de gosse, les gens qui baisent en plein milieu de la rue, le mec qui pousse le rasta sur les rails du métro), donc bien vivante ! Ça se lit assez vite donc prenez le temps de décortiquer ces pages ! Cela vous rallongera le plaisir de cette lecture ! un très bon frank miller que j'ai au moins autant aimé que Dark Knight Returns !
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