Marvels

Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 12 avis)

Will Eisner Award 1994 : Best Finite Series/Limited Series La genèse des héros de la Marvel revisitée par Ross et Busiek


Alex Ross Crossover Marvel New York Super-héros Univers des super-héros Marvel Will Eisner Awards

Bienvenue à New-York. Ici, des silhouettes enflammées survolent les rues, des hommes aux costumes hauts en couleurs réduisent en poussière le verre et le béton tandis que des créatures venues de l'espace menacent de dévorer notre planète. Bienvenue dans l'univers Marvel où l'ordinaire et l'extraordinaire se côtoient quotidiennement. Bienvenue dans le monde des miracles. assistez en témoins privilégié à l'avènement de ces êtres hors du communs. Pour la première fois, arpentez l'Univers Marvel à partir d'une nouvelle perspective... la vôtre.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1997
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Marvels © Panini 1997
Les notes
Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 12 avis)
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12/09/2002 | ArzaK
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Mise en perspective d'une mythologie - Il s'agit d'un récit complet initialement paru en 1994. Les 11 premières pages retracent les origines de Human Torch (futur Jim Hammond) telles que parues dans Marvel Comics 1 (1939), accompagné du flux de pensées du personnage. Il s'agit d'un prologue paru initialement en tant qu'épisode 0. L'histoire proprement dite commence avec une poignée de journalistes qui attendent devant un bâtiment, pour couvrir la conférence de presse du professeur Phineas T. Horton qui va dévoiler à la presse sa créature synthétique : Human Torch. Parmi les journalistes, se trouvent Phil Sheldon et un très jeune J. Jonah Jameson. La conférence est une catastrophe. Peu de temps après, Doris (la fiancée de Phil Sheldon) lui raconte qu'elle a assisté à la première apparition d'un homme quasiment nu semblant vivre dans l'eau : Namor. Ce premier épisode raconte les affrontements entre ses 2 créatures surhumaines, vus et perçus par Phil Sheldon. La dernière partie est consacrée à l'émergence de Captain America et la formation des Invaders. La partie suivante se déroule dans les années 1960 où les superhéros sont encore une nouveauté, mais déjà plus nombreux. Ils sont la coqueluche des médias et le mariage de Reed Richards avec Susan Storm s'annonce comme l'événement médiatique majeur. Mais dans le même temps, une autre race d'êtres surhumains attisent la peur et la haine des gens normaux : les mutants. La troisième partie se déroule lors de la première venue de Galactus sur terre, et la dernière se focalise sur un événement tragique, publié à l'origine en 1974. Initialement, Alex Ross a l'ambition de recréer quelques scènes marquantes des dizaines d'années d'existence des superhéros Marvel. Il s'associe avec Kurt Busiek qui étoffe le projet pour le transformer en quelque chose de plus sophistiqué. Au final, le lecteur suit la vie de Phil Sheldon, photoreporter spécialisé dans les superhéros, sur une période allant de 1939 à 1974. Sheldon entretient une relation particulière avec ces individus. Ce n'est pas qu'il les connaît personnellement (même s'il en croise un ou deux dans leur identité civile sans le savoir), c'est plutôt qu'il assiste à leur première apparition (ou presque) et qu'il prend de l'âge en même temps que le phénomène prend de l'ampleur. Ses actions et ses reportages baignent donc l'évolution du rapport que Sheldon entretient avec ces individus dotés de superpouvoirs, qu'il a affublé du qualificatif de Merveilles (Marvels). Ce dispositif narratif a marqué son époque en racontant une histoire de superhéros du point de vue d'un individu normal qui est le témoin occasionnel de leurs conflits dans sa ville. Kurt Busiek reprendra le même dispositif pour sa série Astro City débutée en 1995 (par exemple Des ailes de plomb) dont Alex Ross assure la conception graphique des personnages. Mais Kurt Busiek a plus d'ambition que cette forme de narration, il souhaite également faire apparaître la cohérence de la structure de l'univers partagé Marvel, en citant de nombreuses aventures extraites des comics de l'époque. Cette édition comprend une page qui récapitule les références correspondantes en indiquant pour chaque événement le nom et le numéro de l'épisode d'origine (Fantastic Four 48 à 50 pour l'arrivée de Galactus, par exemple). le métier de Phil Sheldon le place tout près des actions les plus spectaculaires des superhéros. Sa vie privée lui fait côtoyer des personnages récurrents de l'univers Marvel comme J. Jonah Jameson, Ben Urich, Peter Parker, un jeune livreur de journaux du nom de Danny Ketch, etc. le lecteur a donc la sensation d'habiter le même quartier que des personnages qui évoluent dans les mêmes pâtés de maison. Cette excellente histoire n'aurait sans doute pas eu le même impact si elle avait été illustrée par quelqu'un d'autre qu'Alex Ross. Il s'agit là de son premier travail de grande ampleur. Au vu du résultat extraordinaire, DC Comics l'embauchera juste après pour Kingdom Come (paru en 1996) écrit par Mark Waid. Qu'est ce qui fait la spécificité de cet illustrateur ? Pour commencer, il réalise ses planches à la peinture en mêlant plusieurs techniques (aquarelles, gouaches, acrylique, etc.). Ensuite, il a une obsession maniaque d'une certaine forme de réalisme. Il ne souhaite pas s'approcher au plus près d'un rendu photographique, mais il prend le temps nécessaire pour que chaque pose et chaque expression approchent au plus près ce qui est possible. Il travaille avec des modèles vivants qu'il fait poser pour rendre fidèlement leur attitude. Il a travaillé avec sa mère qui était modiste pour être fidèle à la mode de chaque époque. Il réalise un travail très minutieux sur la lumière et les éclairages. Comme il le dit lui-même, il lui a fallu plusieurs pages pour trouver le juste dosage dans ses illustrations. Pour toutes les scènes de la vie ordinaire, le lecteur se promène dans une Amérique légèrement édulcorée au milieu de personnes représentées comme nimbées d'un léger halo leur conférant une intemporalité. le travail préparatoire de Ross aboutit à des visages à chaque fois réalistes et différents. Il se sert de sa maîtrise pour insérer de ci, delà des célébrités comme Elizabeth Taylor lors de l'inauguration de l'exposition de peintures d'Alicia Masters, les Beatles lors de la cérémonie de mariage de Reed et Susan, etc. Cette forme de réalisme appliquée aux superhéros et aux supercriminels élimine l'effet comics aux couleurs criardes, pour les tirer vers un monde plus proche du nôtre. Mais ça ne les rend pas plus plausibles pour autant. Par exemple lors de la bataille contre Galactus à New York, ce dernier s'intègre parfaitement au milieu des gratte-ciels comme un être humain géant revêtu d'un costume étrange. Galactus ne gagne pas ne majesté ou en réalisme ; il perd même un peu en majesté et en aura de puissance. Par contraste, ce même traitement appliqué au Silver Surfer en fait un être vraiment métallique et extraterrestre. En fait ce mode de représentation accroît surtout le réalisme des superhéros de type Spiderman ou Luke Cage, et l'étrangeté des superhéros déjà très éloignés de l'être humain comme Human Torch lorsqu'il est enflammé. Alex Ross maîtrise un peu moins bien la consistance des décors et la cohérence de leur représentation. Comme pour les corps humains, il a effectué des recherches pour respecter l'exactitude historique. le lecteur a donc bien la sensation d'être dans un quartier populaire et résidentiel de New York dans les années 1930 au début du récit, ou dans une banlieue résidentielle bien proprette dans la dernière scène. Mais parfois la texture des matériaux de construction présente un aspect uniforme et trop lisse, parfois aussi Ross se contente de délimiter grossièrement les contours sans beaucoup de détails ce qui crée un hiatus par contraste avec les personnages beaucoup plus travaillés. Au final, les illustrations transportent le lecteur dans une vision peu éloignée du monde visible depuis sa fenêtre, mais légèrement édulcorée et fantasmée. le recours à la peinture ajoute également une forme de solennité au récit. Marvels est unique en son genre. Il s'agit d'un récit sur l'histoire du développement des superhéros de 1939 à 1974 dans l'univers Marvel vu par un homme qui est photojournaliste et qui partage son point de vue avec le lecteur sur ces surhommes et leur place dans la société. Il s'agit également d'une historisation structurée de cette même période qui comble le fan spécialiste de cet univers, et qui permet au novice d'ordonner les faits. Les illustrations en mettent plein la vue d'une manière plus nuancée que brutale. Ces éléments éloignent Marvels du récit de superhéros traditionnel vers un travail d'auteur assez personnel dans lequel l'action et les combats passent au second plan. Kurt Busiek a donné une suite à ce récit en reprenant le personnage de Phil Sheldon dans Marvels - L'œil de l'objectif, illustré par Jay Anacleto. Et il a essayé de consolider la continuité des Avengers dans Avengers Forever avec Carlos Pacheco, en référençant leurs principales aventures et en rétablissant une logique parfois malmenée.

10/08/2024 (modifier)
Par LaurentG
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Oui il s'agit d'une oeuvre à part dans l'univers des comics, comme Alex Ross à l'art de savoir en créer (souvent avec son comparse Busiek d'ailleurs). Et il n'y a pas de mal à dire qu'il faut la lire au second degré : peu importe que l'on tente de se placer du point de vue de monsieur-tout-le-monde, il s'agit d'une histoire de super-héros nom d'un chien ! On ne fera pas de Spider-Man Jean Valjean, ni de Hulk Le Comte de Monte-Cristo ! Ce n'est pas de la littérature classique, ni même une histoire se voulant réaliste. Le truc est de se laisser guider par les superbes planches de Mr Ross et le fil conducteur, certes un peu "facile", de Mr Busiek. Ce qui pourrait rebuter certains lecteurs est : - le style hyper-réaliste de Ross : moi, j'adore, et c'est véritablement U-N-I-Q-U-E dans le monde des comics, et même de la BD, croyez-moi ! - le côté un peu "lent" de la narration, qui éloigne cette histoire des classiques "BLAM ! CRUNCH ! KA-BOOM !" habituels des comics...

23/06/2007 (modifier)

J'interviens ici pour défendre cet ouvrage qui est l'un de mes préférés et que je trouve fort sévèrement jugé. Les dessins : Bon, les goûts et les couleurs, n'est-ce pas. Au delà, c'est vrai que si vous appréciez les silhouettes mal proportionnées, les visages inexpressifs et les couleurs criardes caractéristiques de la majorité des comics, vous risquez d'être déçu. Le dessin est bien maîtrisé, les couleurs sobres sans être fades, les super-héros ne sont pas fluos et il ressemble à des hommes. Et c'est pas plus mal vu que la plupart sont quand même censés être (à tout le moins) des humanoïdes ! Bref, c'est mieux dessiné que la plupart des comics. Faut aimer le style réaliste, c'est sur, mais de la à dire que Ross ne sait pas dessiner, y a un pas que vous ne franchirez pas chez moi. Le scénario : Alors, c'est sur que ça manque de coups de poing dans la g..., de damned !, de je-vais-te-paralyser-avec-mon-pouvoir-nucléaire. Alors oui, les superhéros s'agitent en arrière-plan (quoique tout le livre ne parle que d'eux) et c'est bien sur l'idée géniale du scénario : présenter les agissements des super-héros du point de vue de l'homme de la rue, lequel, coincé dans le métro, les voit se battre dans le ciel sans rien comprendre à ce qui se passe. On voit ici la population de la ville totalement dépendante de la venue des êtres supérieurs, sauveurs autoproclamés, pour assurer sa survie. On voit les hommes "normaux" incapables de se défendre seuls mais également incapables de comprendre leurs défenseurs, leurs motivations, leurs agissements (les 4 fantastiques vont-ils arriver pour empêcher Galactus de détruire la ville ? Personne ne sait. Marnor est-il bon ? Personne ne sait non plus. La population est dans l'ignorance des plans des super-héros qui la défendent), totalement infantilisés, passant de l'admiration béate à la haine irrationnelle et vice-versa. Bref, entre la population de New York et les super-héros se dessinent des rapports dominants/dominés éminemment pervers. Evidemment, ce n'est pas du niveau de Spiderman vs Rhino... La réflexion sur l'idéologie du super-héros (et l'infantilisation résultante du reste de la population) est une des clés du scénario et, perso, j'ai trouvé ça génial. Si l'homme ne sait plus assurer sa survie qu'en s'en remettant à des êtres supérieurs qui, pas plus que les super-vilains, ne daignent lui faire part de leurs motivations ni de leurs plans et n'ont de compte à rendre à personne, alors l'homme est mal barré. En gros : méfions-nous des sauveurs auto-proclamés ! Le perso principal est ronchon ? Oui et tellement humain, à mille lieux des persos hyper-positifs ou hyper-négatifs mais sans profondeur psychologique des histoires classiques. Ca peut déplaire, c'est sur, Loïs Lane ou Lex Luthor sont plus faciles à comprendre. Le perso se répète ? Disons qu'il se pose des questions, évoluant de la fascination à la répulsion sans jamais trouver de réponses. Au lecteur de se faire une opinion. Les invraisemblances ? Il y en a ? Quoi ? Captain America est de la partie et Hitler ne se fait pas ramasser en 42 (mais peut-être a-t-il trouvé la lance de Longinus) ? Quoi ? On ne voit pas la reconstruction de immeubles détruits par les combats ? Franchement, veut-on vraiment parler des invraisemblances qui émaille le genre super-héros ? Comment fait le bouffon vert pour voler sur son aile minuscule ? Comment Superman respire-t-il dans l'espace ? Vous le savez, vous ? En résumé, pour moi, Marvels est une fantastique histoire sur le thème des super-héros, pas une histoire de super-héros, faut pas se tromper ! Alors, pour citer l'un des critiques précédents, si vous cherchez un Marvel du style : "Ferme ta gueule, réfléchis pas trop, regarde-les faire, et sois fasciné", passez votre chemin mais si vous voulez lire une histoire qui dynamite intelligemment le mythe, allez-y. Vous ne serez pas déçu. Et après, allez lire Powers, Superman - For All Seasons et Gotham Central, c'est pas mal non plus. Notez que, comme Kingdom Come (l'une des mauvaises idées de DC, parait-il), Marvels a reçu le prix Eisner qui récompense les meilleures bd de l'autre côté de l'Atlantique...

18/06/2007 (modifier)