CRA - Centre de Rétention Administrative

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Un album documentaire sur les Centre de Rétention administrative.


BD Reportage et journalisme d'investigation Des Ronds dans L’O Documentaires Les petits éditeurs indépendants Les sociétés à finalité sociale Réfugiés et Immigration clandestine Témoignages

En 2012, à Toulouse-Cornebarrieu, Meybeck participe à la campagne « Ouvrez les portes » organisée par Migreurop et Alternative Européenne. Cette campagne vise à obtenir l'accès des journalistes et de la société civile aux centres de rétention pour lesquels nous n'avons pratiquement aucune information, ni sur ce qui s'y passe, ni comment sont traités les migrants, ni sur le respect de leurs droits. Un documentaire avec les témoignages de migrants et d'associations intervenantes.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Août 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série CRA - Centre de Rétention Administrative © Des Ronds dans l'O 2014
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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11/10/2014 | PAco
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L'avatar du posteur Noirdésir

Meybeck use de plusieurs styles graphiques, plus ou moins charbonneux – et lisibles. Mais je trouve qu’à chaque fois cela convient bien au sujet, puisque nous évoquons ici un peu de la noirceur humaine, les zones de non-droit (grises), des choses que l’on veut cacher aux regards curieux, d’un peu honteux. Disons-le tout de suite, apprécier ou pas le dessin n’est pas central, tant l’essentiel est ailleurs. Il s’agit ici de mettre en lumière ce qui est volontairement tenu dans l’ombre. A savoir le traitement inique, honteux de personnes qui sont détenues dans des Centres de Rétention Administratifs (d’où l’acronyme CRA). Détenues dans des conditions semblables à des prisons (avec encore moins de droits parfois puisque pas forcément d’avocat, pas informés de leurs droits, subissant humiliations, violences). Parfois pour des peccadilles, des hasards malencontreux, ou du fait d’une mauvaise fois de policiers poussés à « faire du chiffre », des gens sont envoyés dans ces centres, avocats, associations d’aides étant écartés, seuls des députés ou sénateurs pouvant visiter ces centres (on leur montre ce que l’on veut bien leur montrer alors). Certaines situations sont totalement absurdes, en plus d’être scandaleuses. Mais l’accumulation de ces témoignages, recueillis par des associations luttant pour les droits des personnes victimes de ces réclusions administratives montre à quel point, loin des discours idéalistes sur la « patrie des droits de l’homme », la France (mais d’autres pays européens jouent sans doute le même jeu) crée de l’injustice, emprisonne et humilie des gens qui n’ont commis aucun délit grave (parfois même aucune infraction). C’est ainsi que dans les dernières années la France a été plusieurs fois condamnée par des instances européennes de défense des droits de l’homme, en plus d’être dénoncée par des associations comme Amnesty international. Depuis les discours tonitruants et la politique du chiffre enclenchée par Sarkhozy, la situation s’est dégradée. L’album relate des faits de 2012. Mais on peut imaginer que le ministre actuel de l’Intérieur, Darmanin, poursuit cette politique de répression (il vient du même parti et des mêmes gouvernements que Sarkhozy), le droit, à défaut des principes des droits de l’homme, étant souvent mis de côté, brisant des vies.

13/05/2023 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5
L'avatar du posteur PAco

On a tous entendu parler des CRA (Centre de Rétention Administrative) si l'on suit un tant soit peu les informations et l'actualité, même sans être directement concernés. Mais tout ça est bien flou pour une grande majorité d'entre nous. Jean-Benoît Meybeck nous ouvre donc un peu les yeux sur l'opacité et les conditions assez inhumaines dans lesquelles la France traite les migrants qu'elle détient en rétention. Cet album nous propose donc une suite de témoignages alternant deux points de vue ; celui de migrants confrontés à ce mur de l'administration française, et celui des associations qui militent en leur faveur. C'est d'ailleurs à la suite d'une manifestation dans le cadre de la campagne « Open access now, ouvrez les portes », qui depuis 2012 se bat pour pouvoir visiter ces prisons pour migrants, que naitra l'idée de cette BD. Inhumanité, violences, absurdité administratives, politique du chiffre, racisme, condamnation par l'Europe et opacité de son fonctionnement : la liste des griefs contre ces centres est longue... mais pourtant, leur fonctionnement se perpétue... Jean-Benoît Meybeck nous rend compte de tout cela de façon brute et percutante, avec un noir & blanc simple et parfois rocailleux. Le graphisme s'adapte à chaque récit, feutre ou crayon, traits fins ou noirs épais, mais restituant toujours ce sentiment d'incompréhension, de mal être ou d'impuissance. Un travail militant fort et efficace, qui ne laisse pas indifférent au sortir de sa lecture.

11/10/2014 (modifier)