Carnation
Dix ans après la parution de son album "Sainte famille", Xavier Mussat publie la chronique intime d'un amour destructeur.
Autobiographie Nouvelle Aquitaine
Il est animateur pour le dessin animé Kirikou et la sorcière. Au sein d'un groupe d'amis, il recherche une alternative au contexte morose de ces années 90. Elle débarque à Angoulême, en quête d'un destin artistique. Ils se rencontrent, elle l'attire, elle le repousse, il la protège. Et progressivement, une relation amoureuse s'instaure, intense et exclusive, faite d'attraction-répulsion et de dépendance mutuelle. Cette relation dévorante va les couper du monde, et un processus destructeur transformera le face à face en un combat aussi bestial que nécessaire. Le couple finira par se déliter, ils se perdront sans s'être jamais appartenu, mais cette rupture annoncera une renaissance. "Xavier Mussat a mis dix ans à concevoir puis finaliser cet album dur et poignant, récit d'une grande densité, riche inventions et de ruptures graphiques qui bousculent les codes du genre. Représentant assumé d'une bande dessinée exigeante, radicale et évidemment militante, il a confié à Casterman le soin de publier ce livre à vif. On pense à Louis Calaferte ou à Jonathan Caouette. Et tous apprécieront ce travail minutieux, d'une lisibilité parfaite, qui est aussi le portrait acéré d'une génération idéaliste en lutte avec le réel et les transformations libérales de notre monde." Texte éditeur
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Date de parution | 28 Mai 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un étrange album, aux dessins qui m'ont évoqués des planches en sérigraphie. Je ne m'attendais pas à grand chose de cet album que j'ai emprunté pour la couverture plutôt sympa. C'est une lecture assez spéciale, dans l'ensemble. Les planches ne sont pas toujours conventionnelles et de nombreuses cases contiennent des dessins figuratifs, métaphoriques, qui permettent de souligner le texte d'une manière parfois originale. Une façon de faire qui n'est pas sans me rappeler l'utilisation que fait Squarzoni dans ses œuvres du même procédé (d'ailleurs il est cité en remerciement à la fin). La lecture est donc assez ambitieuse, qu'il ne faut pas faire rapidement dans un coin entre deux rendez-vous. C'est plutôt verbeux et parfois complexe puisque l'auteur mélange des citations, des passages assez complexes narrativement et une voix-off qui présente les sentiments intérieurs du personnage. Mais en se laissant porter par le récit on voit la façon dont l'auteur se met à nue dans une relation toxique dont il est à la fois victime et bourreau, se complaisant dans une relation où il peut se croire dans le beau rôle. C'est une BD introspective, mettant à nue des aspects sombres du narrateur qui ne se cache pas d'avoir fait une bonne quantité de bêtises durant ses jeunes années. Cela dit, si la lecture fut sympathique, j'ai surtout en de l'antipathie pour les deux protagonistes et de fait, peu envie de relire la BD. Surtout que la fin m'a semblé abrupte, même si compréhensible. C'est une BD qui s'arrête à cette relation et ne développera pas plus. Pour ma part, je ne regrette pas ma lecture mais je ne chercherais pas à la relire !
Je ne suis a priori pas fan des œuvres autobiographiques en BD. C’est un genre qui s’est beaucoup développé ces derniers temps, et il s’y publie pas mal de choses sans réel intérêt. Pourtant, j’ai lu d’une traite cet album, vraiment réussi dans son genre. C’est la couverture de l’album qui m’a d’abord interpellé, ainsi que le nom de l’auteur, que j’avais déjà vu (je ne me rappelais pas vraiment où…). Le dessin mêle certains aspects underground, surtout pour les personnages principaux, à des détails très réalistes, dans un enchaînement qui fonctionne bien. Un Noir et Blanc plutôt sombre – comme l’est l’histoire en fait. Si certains passages sont un peu longs, ils sont rares, et l’on suit assez facilement le cheminement psychologique de l’auteur qui, après plusieurs dizaines de pages « d’exposition », nous narre les affres d’un amour douloureux, et de la rupture qui le conclut. Une introspection assez fine, un travail quasi cathartique, qui peut déplaire, je le conçois, mais qui est une des meilleures réussites du genre qu’il m’ait été donné de lire. Et je vous conseille d’en faire de même. Note réelle 3,5/5.
2.5 Je ne connais pas trop cet auteur et j'ai emprunté cet album uniquement parce que lorsque je l'ai feuilleté j'avais bien aimé le dessin en noir et blanc. C'est donc une autobiographie ou l'auteur raconte sa relation toxique avec sa petite amie. Je ne suis pas un grand fan des histoires d'amour qui tournent mal et le scénario ne m'a pas trop passionné et le symbolisme était souvent un peu lourd et prétentieux à mon goût, Toutefois, je trouve que malgré ses défauts je ne me suis pas trop ennuyé durant ma lecture. Ça se laisse lire et j'ai bien aimé l'ambiance glauque que dégage cet album.
Voici un récit auto-biographique; l'histoire d'une relation amoureuse toxique dans laquelle une petite amie psychopathe entraîne l'auteur toujours plus bas dans la déchéance sociale et sentimentale. On retrouve l'approche développée dans son premier album (Sainte famille): un monologue illustré d'images souvent symboliques. Le rendu est bien meilleur dans carnation (et Casterman a fait un très beau travail d'édition, dans un album qui en jette), mais les défauts restent globalement les mêmes. Xavier Mussat écrit plus pour lui-même (comme une sorte de thérapie) que pour des lecteurs qui ne le connaissent pas. Le récit est donc régulièrement abscons et difficilement accessible, le lecteur n'ayant pas toutes les clés pour comprendre ce qui est dit ou illustré. Reste un récit pesant, d'un auteur déprimé, qui ne sourit jamais, qui n'a pas un moment de bonheur dans toute cette longue histoire, et qui balance constamment à la limite de la clochardisation. Un voyage au bout de la nuit, en quelque sorte. Ce genre de BD (d'auteur?) est à la fois rare, fascinant, et insupportable.
Il y a une douzaine d'années paraissait Sainte Famille, récit autobiographique de Xavier Mussat où il racontait son contexte familial et la façon dont il avait impacté son être et son état d'esprit. Avec Carnation, il revient de nouveau dans l'autobiographie, cette fois pour raconter une relation amoureuse complexe et destructrice qu'il a vécu dans les années 90 alors qu'il vivait à Angoulême. Je n'ai pas lu Sainte Famille mais je comprends à le lire que l'auteur a (ou avait à l'époque du récit) l'esprit plutôt tourmenté par un contexte familial difficile, ne sachant pas trop où il souhaitait aller, se posant beaucoup de questions et réfléchissant beaucoup sur les choses de la vie. Ses deux ouvrages sont ainsi des sortes de psychanalyses ou du moins des tentatives d'exorcisme de ses tourments par le récit, en livrant sa vie et son âme au public. Je ne sais pas si l'idée initial de cet album était uniquement d'adresser l'histoire de sa relation amoureuse avec une femme elle aussi très compliquée nommée Sylvia. Au départ, cela ressemble plus à un récit autobiographique au sens plus général, où il raconte sa vie dans les années 90 à Angoulême, à une époque où il a travaillé avec bonheur sur le graphisme du film Kirikou avant de traverser ensuite un passage à vide professionnel et sentimental. Ce n'est qu'au bout d'une longue introduction que Sylvia apparaît, comme une rencontre de plus après celles racontées durant les pages précédentes, et il n'est pas évident tout de suite que l'histoire et la vie du narrateur va vraiment finir par tourner autour d'elle. Le graphisme en noir et blanc évolue en cours d'album, qui semble avoir été réalisé sur plusieurs années. De simplement agréable mais un peu hésitant au départ, il devient de plus en plus maîtrisé et esthétique au fil des pages. Le visage sans arrêt morose du héros m'a cependant lassé de bout en bout. C'est donc l'histoire d'un amour compliqué, fait de rejets, de recherches de sentiments, d'humeurs inégales et de frustration sexuelle. C'est tout sauf le grand amour, et sûrement ni gai ni léger. On peut même douter qu'il s'agisse d'amour mais bien plutôt d'une relation entre deux personnes, avec du sexe et des émotions, mais guère d'amour. Cette atmosphère morne, légèrement glauque et en perpétuel questionnement psychologique, avec forces métaphores et symboles graphiques, m'a plutôt ennuyé je dois dire. Je ne me suis pas attaché aux personnages, le récit n'a pas su m'approcher de leur vie et de leurs émotions, et je n'ai ressenti aucune empathie. Seule une certaine curiosité et un peu de voyeurisme m'a poussé à aller jusqu'au bout. Mais j'en suis ressorti avec un sentiment de déception et d'indifférence. Ce n'est pas ma came.
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