L'Ère de l'égoïsme (Supercrash, How to Hijack the Global Economy)

Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)

Pamphlet contre le néolibéralisme.


Auteurs britanniques Cà et Là Documentaires Economie Les petits éditeurs indépendants Politique

Après la science (« Fables Scientifiques ») et la maladie mentale (« Fables Psychiatriques »), Darryl Cunningham se penche sur les relations entre la politique et l’économie, et plus précisément sur l’évolution des doctrines libérales et leur rôle dans le déclenchement de la crise de 2008, puis de la montée des extrêmes droites en Europe. Dans un premier temps, Cunningham brosse le portrait d’Ayn Rand, auteure américaine, - notamment de « La Grève » - relativement peu connue en France mais qui a été extraordinairement influente aux États-Unis. Ayn Rand est à l’origine de la doctrine de l’objectivisme et a influencé de très nombreux hommes politiques américains, dont les libertariens, mais aussi des personnes clés de l’administration qui jouèrent un rôle prédominant au moment de la crise de 2008. Cunningham décrit également dans le détail les mécanismes en cause dans cette crise et les ravages qu’elle a causés, parallèlement à un nouvel essor des politiques libérales et à la montée de l’individualisme dans nos sociétés. Son engagement est sans équivoque et il annonce clairement la couleur dans sa préface : "Dans des États démocratiques, où le droit de vote existe, nous sommes responsables d’avoir donné le pouvoir à ceux qui estiment vertueux de privilégier l’amoncellement d’argent au lieu de l’égalité de tous." Texte: L'éditeur

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Octobre 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Ère de l'égoïsme © Cà et Là 2014
Les notes
Note: 4.33/5
(4.33/5 pour 3 avis)
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13/02/2015 | Gaston
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Par gruizzli
Note: 4/5
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Ce n'est pas le premier Darryl Cunningham que je lis, et même si je ne suis pas en total accord avec lui sur certains points, je reconnais que ses documentaires ont l'avantage de ne pas être trop partisans, permettant ainsi de toucher un plus large public par des faits examinés scrupuleusement. Cette BD est un bon pendant à d'autres sur l'économie (je pense à Economix, Capital & Idéologie ou encore La Survie de l'Espèce) avec une centralisation ici sur le néolibéralisme et la façon dont celui-ci a conduit à la crise bancaire de 2008. La BD s'ouvre de manière originale en présentant une autrice que je ne connaissais pas, mais qui a eu une pensée politique importante dans la construction de plusieurs personnes devenues par la suite importantes dans la politique américaine. Et franchement, cette dame fait froid dans le dos. Son discours, sa pensée, sa façon d'être la font passer pour une fasciste s'imaginant libératrice de l'humanité. Une femme impressionnante, mais pas dans le bon sens du terme. C'est assez originale de présenter cette autrice en premier lieu, puisque cette idéologie de l'égoïsme est ce qui transparait par la suite. Sauf que finalement, les crises (notamment donc celle de 2008) présentent bel et bien les limites de ces pensées. Le déroulé du discours est glaçant, en même temps qu'il montre implacablement l'incapacité du néo-libéralisme à tenir ses promesses. Ce qu'il crée comme monde, nous le connaissons désormais bien : l'enrichissement des plus riches, l'appropriation du monde par une petite élite, la privatisation de tout, le délaissement de tout ceux qui n'ont rien. La plus belle dystopie que le monde capitaliste pouvait nous vendre ... Cette BD est franchement bien faite, malgré son dessin simplifié au maximum. L'exposé est clair, démontrant dès l'origine les défauts de cette pensée et du système qui le défend. Les trois parties, bien équilibrées et très claires dans leurs propositions, mettent en lumière tous les rouages qui se sont imbriqués les uns dans les autres jusqu'à un final incroyable. Décortiquer l'opposition droite-gauche sous un angle psychologique est assez fou, même si je trouve que sa démonstration semble vouloir proposer un sophisme du juste milieu ("Nous avons besoin des deux"). En tout cas, malgré plusieurs lectures à ce sujet, j'ai encore appris des choses. Et surtout, j'ai été étonné de découvrir Alan Greenspan surpris que sa pensée politique soit finalement mauvaise, après quarante années à la défendre. Je retirerais surtout de cette BD que l'égoïsme est lié par essence au néo-libéralisme, mais aussi que Ayn Rand est l'autrice préférée de Donald Trump. Et que si la pensée de gauche a disparu de nos radars, il nous appartient de faire renaitre dans l'espace public la défense de l'entraide et de la solidarité.

24/02/2025 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
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L'ère de l'égoïsme où comment le néolibéralisme l'a emporté. Warren Buffet (3ème fortune mondiale) ne disait-il pas que la lutte des classes existe toujours et que c'est sa classe qui l'a emporté. Darryl Cunningham s'est livré à un excellent travail d'analyse qu'il a découpé en trois parties. La première partie nous décrit la vie d'Ayn Rand que je ne connaissais pas et qui pourtant a profondément marqué la pensée de la droite américaine à commencer par son disciple Alan Greenspan. Elle prône l'individualisme sur le collectivisme. En effet, l'altruisme ne serait qu'un outil utilisé par le collectif pour soumettre les individus. A ses yeux, l'égoïsme qui est habituellement considéré comme un vice est en réalité une vertu car cela favorise l'esprit créatif et le talent loin de toute médiocrité. Par ailleurs, les impôts sont du vol. Le marché doit être entièrement libre sans intervention étatique. Elle s'opposa à la guerre du Viet-Nam, mais également à la loi contre l'avortement et était profondément athéiste ce qui tranchait au sein d'une droite dominée par la religion. Bref, elle établira toute une philosophie qui nous sera savamment décortiquée. La conclusion de l'auteur sur l'oeuvre d'Ayn Rand mérite sans doute le détour et je vous en laisserais la surprise. La seconde partie nous décrit la crise de 2008 qui serait la conséquence de la pensée d'Ayn Rand bien qu'il y eut différents facteurs à commencer par l'absence de réglementation voulue par les politiques pour laisser-faire les banques d'affaires. On apprendra que ce fut la cupidité des hommes d'affaire qui allait conduire à la catastrophe sans compter sur la fameuse baisse des taux décidée en 2001 par Alan Greenspan à la tête de la réserve fédérale depuis que Ronald Reagan l'a nommé en 1987. Ce dernier croyait dur comme fer que c'était l'avidité des hommes d'affaire qui protégeait le consommateur au travers de la réputation d'une entreprise. Comme il se trompait ! La dernière partie est un résumé de la situation que nous connaissons aujourd'hui. L'auteur va étudier toute la psychologie des pensées conservatrices contre les progressistes. Dans la préface, il nous prévenait en écrivant : dans les états démocratiques où le droit de vote existe, nous sommes responsables d'avoir donné le pouvoir à ceux qui estiment vertueux de privilégier l'amoncellement de l'argent au lieu de l'égalité pour tous. Il constate l'indignation des masses populaires mais celles-ci se trompent d'ennemis. On raille ainsi les plus défavorisés en ne faisant plus la différence entre le profiteur et celui réellement dans le besoin. les chômeurs et les immigrés sont les premières victimes de la montée de l'extrême droite. Son analyse ne concerne que les Etats-unis et le Royaume-Uni, je tiens à le préciser pour éviter tout amalgame. En gros, Ayn Rand avait tort en privilégiant l'égoïsme. L'impôt serait le prix à payer pour maintenir la civilisation. Oui, il faut payer encore plus d'impôts et faire confiance au gouvernement pour établir des règles de régulation. Libre à chacun de se faire une opinion. En tout cas, l'auteur fait une formidable démonstration tout à fait compréhensible pour le simple esprit que je suis. L'achat de cette oeuvre me paraît indispensable pour comprendre les enjeux économiques actuels. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5

21/06/2015 (MAJ le 11/01/2016) (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
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Deuxième documentaire de cet auteur que je lis et c'est toujours aussi bon. Ce qui est formidable avec ce livre c'est qu'il raconte plusieurs choses que je savais déjà, mais cela ne m'a pas empêché de trouver cet album captivant car l'auteur a du talent pour la vulgarisation et sa narration est passionnante. Cet album contient trois parties. La première est une biographie d'Ayn Rand, une auteure influente aux États-Unis qui avait placé l’égoïsme comme vertu. Je la connaissais un peu et je ne l'aimais pas trop et cette biographie n'a pas changé mon jugement car Rand est montrée comme un être égoïste qui a passé sa vie à justifier son défaut et qui en plus se révèle être une hypocrite. Notamment, elle plaçait l’individualisme au-dessus du collectivisme, mais elle détestait quand quelqu'un ne pensait pas comme elle et la manière dont elle agit avec son club fait penser à un dirigeant communiste qui fait des purges tout le temps (bon, au moins Rand ne tuait pas les gens). La deuxième partie raconte comment est arrivée le krash boursier de 2008 et on retrouve l'idéologie de Rand à travers l'ancien président de la banque centrale des États-Unis Alan Greenspan qui a été influencé par elle. L'auteur décrit très bien les dérives de l'économie sous l'idéologie néolibérale et comment cela s'est terminé par un krash. La troisième partie se porte sur la situation actuelle en occident où l’égoïsme semble avoir triomphé, surtout avec les politiciens. L'auteur parle surtout de la situation aux États-Unis, mais aussi un peu de la situation en Angleterre. C'est vraiment un ouvrage intéressant, mais aussi partisan donc vous risquez d'aimer ou de détester selon vos opinions politiques. Quoique l'auteur semble resté objectif même s'il est de gauche (il montre notamment les excès de la révolte des jeunes dans les années 60).

13/02/2015 (modifier)