L'Aliéniste
Cet album est une adaptation dessinée d'une nouvelle éponyme, référence de la littérature brésilienne, de Joaquim Maria Machado de Assis parue en 1881 dans laquelle le docteur Simon Bacamarte, aliéniste diplômé et réputé, se passionne pour le domaine de la pathologie cérébrale.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Adaptations de romans en BD Auteurs brésiliens Brésil Folie Troubles psychiques
Simon Bacamarte, aliéniste reconnu, s’installe à Itaguaï et, au nom de la science, fonde un asile d’aliénés. Il commence par enfermer et classer les lunatiques, mais ne s’arrête pas là. Son emprise sur la population est telle que bientôt toute la ville est internée. L’aliéniste est-il celui qui soigne la folie, celui qui la fabrique, ou celui qui la porte en lui ?
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Date de parution | 26 Septembre 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'aime beaucoup ce que font Moon et Bá, deux auteurs brésiliens. J'avais apprécié l'excellent Daytripper (au jour le jour). Ici nous avons une adaptation de l'œuvre de J-M Machado De Assis, n'ayant pas lu ce classique de la littérature brésilienne, je ne pourrais pas comparer. Dans la ville d'Itaguaï, Simon Bacamarte aliéniste fait construire un asile : la maison verte. Et dès l'ouverture nous avons les vases communiquants, tandis que la ville se vide, l'asile augmente en conséquence. Une narration linéaire avec quelques petites surprises, mais au fil de ma lecture j'avais deviné la fin. Bacamarte sous ses lunettes opaques va aller jusqu'au bout de ses idées ce qui rend se récit assez surréaliste et prenant. Il nous fait réfléchir : qu'est-ce que la folie ? Mais dans cet album on parle aussi politique, lutte des classes et pouvoir. Le dessin n'est pas un reste, un coup de crayon dynamique et léché avec une colorisation jaune/orangé délavée pour un très beau rendu. A découvrir. Note réelle : 3,5.
Les deux auteurs étaient attendus au tournant après leur excellent Daytripper, et cette BD est d'un niveau bien inférieur à cette dernière, ce qui a déçu nombre de lecteurs. Pour autant, je ne pense pas que ce soit une mauvaise BD uniquement avec ces comparatifs, et je reste quand même sur une très bonne impression de lecture ! Le dessin est toujours aussi bon, avec sa façon de représenter tout en teintes de jaune passé. On est de plain pied dans le dessin qui fait ressortir l'ambiance. Pour l'histoire, je suis plus mitigé : on sent clairement l'adaptation, et pas aussi bien que peut le faire un Larcenet dans Le Rapport de Brodeck. C'est plus lourd à lire, plus long et moins tourné vers la BD. Cependant, il y a de belles idées qui sont mises en œuvre dans le dessin, comme l'absence presque tout du long du regard de l’aliéniste, caché derrière ses lunettes. Cependant, j'ai beaucoup aimé l'histoire, qui mélange plein de thématiques autour de ce sujet de la folie. On découvrira tour à tour des considérations politiques et morales, des réflexions sur l'humain et sa nature, sur la gouvernance et sur les influences, sur la société au travers du microcosme de cette ville ... Et par dessus cela, l'aliéniste qui se tient au centre sans bouger. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris à son propos, mais c'est à la fois dérangeant et intéressant par la façon qu'il a d'être représenté. Si je mets une aussi bonne note à la BD, c'est à la fois parce que j'ai apprécié la façon dont elle a été faite même si je reconnais que l'adaptation est un peu lourde (mais ne soyons pas mesquin, c'est souvent le cas lors de l'adaptation de grands classiques). Mais surtout j'apprécie grandement le fait de découvrir cette histoire qui est si connue au Brésil et pourtant peu exportée en dehors. Des auteurs de BD qui arrivent à exporter les grands classiques de la littérature de leur pays ça me va bien, et j'aurais bien envie de découvrir d'autres auteurs comme celui-là !
Adapter une oeuvre est un exercice délicat. Il faut pouvoir lui insuffler une nouvelle vie sans pour autant la trahir. Sans en connaitre l’original, je pense que le résultat est plutôt convaincant. Cette bd est certes un peu verbeuse mais la narration reste fluide et digeste. J’ai trouvé pour ma part la lecture assez prenante avec cette atmosphère surréaliste qui imprègne le récit du début jusqu’à la toute fin. Le thème abordé amène des réflexions fortes intéressantes sur la folie et la normalité et la manière dont sont abordées les sciences en général. Quasi une bd métaphysique mais pas mystique pour autant. Côté planches, j’ai été charmé par le trait affirmé et précis trouvant des similitudes avec celui d’Eisner. De plus, il est sublimé par des couleurs jaunes-ocres qui renforcent le côté suranné du récit. Je me répète, le surréalisme ambiant est assez interpellant. Et dire que cela part d’une histoire vraie …
Travaillant moi même dans le domaine de la déficience mentale je ne pouvais pas passer à côté de cette bande qui relate une expérience qui n'a de médicale que le nom par un spécialiste de ce qu'à l'époque on nommait encore la folie. Je ne remettrais pas en cause le dessin qui sans être transcendant n'est pas non plus totalement mirifique, disons que pour ce genre d'histoire il colle bien à la chose. Ma critique porte sur le fond, bien sur il n'est pas question de remettre en cause les qualités d'écrivain de Machado de Assis que par ailleurs je ne connais pas, après tout il écrit sur le thème qu'il choisit. c'est donc une adaptation en BD de ce qui semble être un monument de la littérature Brésilienne. Et c'est là que le bat blesse car les auteurs reprennent quasi in extenso les dialogues de l’œuvre originale. Alors forcément, par les Dieux que c'est verbeux, il faut une force de caractère et d'abnégation importante pour suivre les méandres de la pensée de cet aliéniste, cette pensée faisant tellement de nœuds qu'il finira au bout du compte par s'enfermer lui même. Le seul intérêt que je trouve à cette histoire c'est une sorte de morale qui serait de dire que lorsqu'on s'attaque à un sujet consistant à sauver son prochain et particulièrement de la "folie", jouer à l'apprenti sorcier ne peut que causer du dégât, aux autres et à soi. Dommage il y avait matière à faire un pamphlet intéressant, à cause d'un style trop archaïque les auteurs manquent leur cible.
Autant le dire d’emblée, la déception est immense. D’autant plus immense après lecture du remarquable Daytripper (au jour le jour), des mêmes auteurs… Je n’ai pas lu le roman duquel la BD est tirée, mais j’ai trouvé cette adaptation quelque peu paresseuse, et toutes les qualités que j’avais notées dans l’ouvrage précité semblent s’être volatilisées, à l’exception du dessin … J’ai attendu de refermer le livre pour vérifier la date de parution, persuadé que "L’Aliéniste" était plus ancien, c’est dire, ce dernier ayant été en fait publié plus de deux ans après "Daytripper". Si cela avait été le cas, j’aurais été moins sévère sans doute. Ce n’est pas que ce soit mauvais, loin de là, mais il me semble qu’avec un thème comme la folie, il y avait de quoi se surpasser. Le dessin tout d’abord. On retrouve le même trait enlevé et dynamique, mais le traitement monochrome de la couleur aux teintes sépia confère une certaine monotonie à un scénario déjà assez répétitif, certes empreint d’une d’une discrète ironie, mais qui manque de la folie dont il traite. Ce conte philosophique ne s’attache qu’à quelques personnages : le rigide et charismatique médecin Simon Bacamarte, son épouse amoureuse et esseulée Dona Evarista, l’apothicaire servile et le coiffeur séditieux. De la folie elle-même il n’est guère question (on ne voit jamais comment le médecin conduit ses recherches). Cependant, le récit montre bien par le biais de la fable que la folie est une notion toute relative, que quiconque décrétant la folie d’un autre est peut-être bien plus fou lui-même, mais plus grave, que l’internement abusif des patients peut être un moyen idéal de faire régner l’ordre dans une dictature. Le sujet soulevé ne manque pas de pertinence, et le roman de Machado de Assis reste un classique dans son pays, le Brésil. Malheureusement, je doute fort que son adaptation en bande dessinée, sans être mauvaise pour autant, n’apporte grand-chose. Fábio Moon et Gabriel Bá, en voulant rendre hommage à leur compatriote, l’équivalent de Victor Hugo ou Emile Zola en France, semblent s’être effacés derrière le personnage. Le résultat, c’est une transcription appliquée et ennuyeuse, une sorte de sous-Eisner en beaucoup plus bavard. J’entends lire prochainement la dernière production des frères jumeaux, Deux Frères, qui je l’espère me fera oublier ce que j’appellerais un petit incident de parcours.
Je n'aime pas trop les histoires de fous. Certes, on nous raconte l'histoire d'un homme prodigieux qui a construit un asile dans une petite ville brésilienne. Cependant, il s'est servi de cet asile comme d'une arme pour faire interner la plupart des gens qui avaient un petit grain de folie ou une certaine originalité. Il n'hésitera pas à mettre chaque opposant, voire sa propre femme dans cet institut d'étude psychique. Le niveau de narration est élevé pour cette adaptation d'un classique de la littérature brésilienne datant de 1882. Il n'y a rien à redire. Cette oeuvre possède vraisemblablement des qualités incontestables mais je n'ai pas apprécié cette lecture que j'ai trouvée assez plate. C'est aussi simple que cela. Et dire que j'avais adoré Daytripper (au jour le jour) des mêmes auteurs qui sont frères.
J’ai trouvé cette adaptation un peu trop bavarde, comme si le duo d’auteurs n’avait pu se défaire du caractère écrit de l’oeuvre originale. Par ailleurs, le traitement manque de modernisme. Adapter un récit qui date de plus d’un siècle sous une autre forme que celle d’origine sans lui apporter une quelconque touche contemporaine est un risque. Garder le cadre était indispensable, conserver le style ampoulé de l’écriture l’était beaucoup moins à mes yeux. J’ai donc éprouvé quelques difficultés à rentrer dans ce récit. Et c’est dommage car ce conte est digne d’intérêt… à condition de le prendre pour ce qu’il est, à savoir un petit conte sympathique qui nous incite à réfléchir sur des termes tels que la normalité ou la fidélité (à ses idées ou à ses amis). Niveau dessin par contre, rien à redire même si j’aurais, à titre personnel, parfois préféré un format plus grand. Le trait a cependant suffisamment de finesse pour s’adapter au format proposé. Au final, je ne peux pas dire que j’ai été subjugué. Pas plus que je n’ai trouvé cette lecture véritablement pénible. Pour moi, cela reste un bon emprunt de bibliothèque, à faire à l’occasion. Mais pas une œuvre majeure à posséder ou même ne fusse qu’à lire au moins une fois.
Oooooooooou la vilaine déception !!! Moi qui avait vraiment adoré Daytripper (au jour le jour) des frères Gabriel Bá et Fábio Moon, je sors de cette lecture un brin désabusé... Si je n'ai rien à redire sur le dessin et la mise en couleur qui font honneur à leur talent, je me suis ennuyé très rapidement... C'est d'un bavard ! J'ai trouvé que la reprise du texte d'origine du roman de Joaquim Maria Machado de Assis au fil des pages plombait la narration au point d'en devenir fastidieuse ; j'ai mis 3 jours bien tassés pour me forcer à finir cet album dont l'intérêt s'étiolait comme la raison des habitants de cette bourgade brésilienne au fil des pages. Alors oui, les idées développées sur la folie, la norme et la fluctuation constante de ses frontières en fonction des époques et des civilisations est intéressante. Mais la narration retenue n'a pas réussi à m'accrocher du tout. Dommage.
Un village fou, fou, fou ! L’aliéniste est, au XIX ème, un médecin spécialisé dans l'étude et le traitement des maladies mentales. C'est sous ce titre suranné que se cache une B.D. de Gabriel Bá et Fábio Moon sortie en septembre dernier. De prime abord, le choix d'opter pour un terme aujourd'hui inusité peut paraître farfelu pour une sortie si récente. Pourtant, l'option des deux frères est des plus judicieuses aussi bien sur la forme que sur le fond. Cet album est une adaptation dessinée d'une nouvelle éponyme, référence de la littérature brésilienne, de Joaquim Maria Machado de Assis parue en 1881 dans laquelle le docteur Simon Bacamarte, aliéniste diplômé et réputé, se passionne pour le domaine de la pathologie cérébrale. De retour dans sa région natale, il s'installe à Itaguaï, paisible bourgade brésilienne où il s'adonne à ses recherches sur la folie. Honoré que l'homme de science ait choisi leur village, le conseil municipal lui octroie des moyens illimités pour mener son office. Ainsi, le psychiatre fonde son asile, « la maison verte », où il passera ses jours à s'intéresser aux maux de l'esprit de ses patients. Il observe les différentes formes de la déraison, les classe, établit des remèdes en repoussant toujours plus loin la frontière qui sépare les aliénés des sains d’esprit. Ses recherches sont concluantes, il soigne les troubles, au cas par cas, mettant en exergue de subtils signes de démence chez tous ses sujets. Chaque jour l'asile se remplit, jusqu'à ce que toute la ville se retrouve enfermée entre ses murs. Derrière ses lunettes rondes, dont la réverbération nous cache son regard, c'est un personnage calme et austère qui, au fil du récit, se démarquera par son absence totale d'émotion. Figure impassible de la science, il s'oppose aux visages plus expressifs des villageois qui lui accordent tout crédit, humbles devant celui qui représente la connaissance. Itaguaï est devenu le lieu d’expérimentation des méandres de la folie par excellence, une ville étrange où le taux de dérèglements intérieurs défie toutes statistiques au point que nous finissons par nous interroger sur qui est le plus fou de tous. Si l'aliénation est d'être en dehors de la norme, lorsque la majorité des citoyens souffre de démence, la vésanie ne serait-elle pas de ne pas l'être ? Pourtant, une question se fait de plus en plus récurrente, supplantant les réflexions sur la déviance et la normalité : Qui est cet aliéniste, reconnu par les uns, méprisé par les autres, qui fait autorité sur cette bourgade ? L'histoire nous entraîne à une époque où l'étude de la psyché est en plein bouleversement, témoignant de la complexité des pathologies mentales, science dont nous n'avons encore que des notions. L'orientation choisie pour l'illustration et la colorisation donne une ambiance rétro qui nous plonge un peu plus dans le contexte de cette période révolue. Par un dessin volontairement désuet jouant sur les tons sépia, un léger lavis et un trait semi-réaliste, les auteurs ancrent l'histoire dans son époque. Le coup de crayon n'a rien à envier à l'intrigue dans sa dimension démentielle. Il sert parfaitement un récit rythmé et fluide par ses décors détaillés, ses cases muettes et pesantes qui en disent plus, à travers la confrontation des personnages, que de longues palabres. Les dialogues de l’œuvre d'origine ont été conservés dans le langage soutenu employé en ces temps immémoriaux. Alternant narration fluide, échanges emphatiques, laïus monocordes et longs silences, l'histoire se démarque par ses interactions plutôt que par son action. Le paradoxe de la distanciation du texte et d'un dessin au plus près des personnages sert formidablement le propos de l'album, la démence, dans une intrigante mise en abîme. Sur fond d'intrigue kafkaïenne, cette fable satirique, grinçante et incisive est surtout étonnamment moderne dans ce contexte où la psychiatrie n'en est encore qu'à ses prémices. Elle pousse le lecteur à s'interroger sur les dogmes scientifiques et politiques érigés en vérité absolue. Dans cet album, emprunt d'humour, de cynisme, d'ironie et de philosophie, le duo, qui a déjà été sacré meilleur scénario-Eisner 2011 et sélectionné au festival d’Angoulême 2013 pour Daytripper (au jour le jour), signe encore ici un excellent ouvrage ! KanKr
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