Nous, les morts
XVIe siècle, l'Europe est victime d'une épidémie qui transforme les hommes en zombies. 500 ans plus tard, de l'autre côté de l'océan, le peuple inca, préservé des menaces de la colonisation, a continué de se développer.
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XVIe siècle, l'Europe est victime d'une épidémie qui transforme les hommes en zombies. 500 ans plus tard, de l'autre côté de l'océan, le peuple inca, préservé des menaces de la colonisation, a continué de se développer. Son seul lien avec l'Europe, un groupe d'hommes étranges arrivés en bateau peu de temps après l'épidémie. La survie surprenante de ces derniers intrigue l'empereur aztèque. Il décide d'envoyer une expédition pour comprendre ce mystère.
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Date de parution | 08 Avril 2015 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
Alors là, j’avoue que je suis plutôt passé à côté. Le principal mérite de cette série réside dans son originalité. Même si les uchronies et les croisements entre genres sont dans l’air du temps, il faut reconnaître que le cocktail proposé ici ne ressemble à rien d’autre : au XVIème siècle, l’Europe subit une épidémie qui transforme les morts en zombies. 500 ans plus tard, les « Inkas » dominent l’Amérique ; et l’Empire Han, l’Asie. Le traitement des zombies est différent des standards habituels : ce ne sont pas simplement des dégénérés qui ne pensent qu’à bouffer du cerveau, ce qui aurait pu donner lieu à des situations intéressantes. Mais croiser les genres est un exercice difficile, qui n’est pas toujours aussi réussi que dans la très bonne série Millénaire. En l’occurrence, je ne me suis pas vraiment senti impliqué par les différentes péripéties racontées. Je suis resté indifférent aux différents personnages, à tel point qu’en lisant le tome 4, quelque temps après les trois premiers, je ne me souvenais plus vraiment qui était qui ; et à vrai dire, ça ne m’importait pas plus que ça. Par ailleurs, j’ai trouvé que cette série était souvent inutilement violente et vulgaire ; en un mot : bourrine. Comme le scénario, le dessin a le mérite de l’originalité, mais je n’accroche pas vraiment : déjà, je ne le trouve pas très beau, et en plus, il accentue le côté souvent peu subtil des personnages. Bref, j’ai du mal à comprendre l’engouement pour cette série. Ce n’est peut-être tout simplement pas mon truc…
Pas grand chose à ajouter par rapport aux avis précédents. Je me range derrière eux tels les personnages des 2 très belles couvertures. Cette "uchronie" (terme et genre nouvellement à la mode, dérivé du steampunk, qui est lui même uchronique en quelque sorte) est absolument géniale. Une civilisation aztèque à l'assaut du continent Européen (l’Angleterre plus précisément) plongé dans un âge sombre d'une "zombification" généralisée !!! Il fallait y penser ! Le récit est très dense, il y a beaucoup de dialogues, beaucoup de personnages, beaucoup de scènes fortes et beaucoup de violence. Et même du sexe ! (et même des scènes homosexuelles). Un mélange hautement improbable qui pourtant tient tout à fait la route et se révèle passionnant. Bon j'ai éprouvé quelques difficultés à reconnaître certains personnages, vu leur ressemblance graphique mais en s'accrochant c'est du domaine du possible. Et puis j'ai été un poil déçu (juste un poil) par rapport au statut de zombies des Européens. Car ce n'en sont pas vraiment. Certains le sont mais d'autres non. Ou plutôt ils résistent au virus. Certains ont même recréé un semblant de civilisation et se font la guerre. Donc, bon ce n'est pas vraiment ce que j'appelle des morts-vivants au sens strict du terme. J'aurais préféré des zombies pur jus. Mais bon, on s'y fait. Les dessins sont formidables (un petit côté Corben je trouve) et je le répète ces 2 tomes regorgent de scènes violentes, gores et viscérales. Comme celle où un Aztèque prend sauvagement par derrière une femme, juste au-dessus de la fosse aux zombies, où son ex-mari a été poussé, puis zombifié à son tour. En la forçant à regarder la créature qu'il est devenu. Assez trash ! Bref, Nous les morts, un must ! Il me tarde de découvrir la suite ! Je fais remonter mon avis après la lecture du tome 3, qui m'a déçu par rapport à la puissance des 2 premiers. A la fin du 2ème tome, les Incas venaient d'arriver sur le continent européen. Il était temps ! Je m'attendais donc à de furieuses batailles et à une expédition haletante et violente à travers le continent. Il n'en est rien ! Enfin si mais déjà on a l'impression d'avoir loupé un tome ou 2. Les Incas ont avancé trop vite. Dès le début ils sont déjà arrivés dans les Balkans ! Et l'Europe de l'Ouest ? Que s'est-il passé ? Au milieu de l'album ils arrivent en Chine ! Alors déjà que le mélange Incas-Aztèques-zombies était assez tordu (mais inédit et très réussi) là ils nous ajoutent des Chinois (avec des avions !). C'en est trop. Là c'est too much ! Surtout que le 4ème album se passera en Afrique ! Bon moi je lâche cette série qui avait pourtant si bien commencé. Dommage... Il reste tout de même quelques bons passages comme celui du monastère dans les Balkans. Mais c'est peu... Je laisse tout de même mon 4 étoiles pour les 2 premiers albums.
Cette série hésite entre l'uchronie historique et le fantastique mêlé d'anticipation, l'idée est certes très originale car tout ce que nous connaissons sur l'Histoire universelle entre l'Europe et les peuples amérindiens est complètement inversée. Le premier album réalise ainsi une approche très surprenante et même audacieuse, mais c'est aussi largement foutraque. Alors, peut-être est-ce dû au fait que c'est une uchronie, mais il y quand même un mélange improbable de peuples qui m'oblige à prendre mes distances.. Ce peuple inka, c'est des Incas qui vivent au Pérou et en Bolivie, ils sont censés avoir soumis les Aztèques, les Mayas et les Lakotas... les 2 premiers vivant au Mexique, les autres étant un peuple d'Amérique du Nord... On nous parle de Cuzco (qui était la capitale de l'empire inca avant la conquête espagnole)... d'accord, mais tous ces peuples sont disparates et vivent à des distances éloignées, il y a donc quelque chose de pas crédible et un manque de logique dans tout ça, sans parler des sacrifices humains qu'on voit pratiquer par le prince Manco qui adopte donc une coutume aztèque (les Incas pratiquant peu les cérémonies sacrificielles), et les costumes de son peuple sont nettement d'inspiration aztèque. Ben moi, désolé mais je ne parviens pas à entrer dans tout cet amalgame, c'est pour ça que je n'aime pas trop les uchronies, c'est parfois un bordel indescriptible, j'en ai la preuve ici, bien que celles que j'ai lues comme la série Jour J, s'appuient souvent sur des bases solides et réelles, en transformant seulement des faits, et pas en mélangeant tout comme c'est le cas dans cette Bd. Autre chose : le prologue du tome 1 n'explique pas clairement les origines de l'épidémie, pourquoi les gens deviennent-ils zombie ? explication peu convaincante... Ensuite, ces soi-disants zombies n'ont pas l'air aussi féroces que ceux qu'on voit au cinéma, il y en a qui parviennent à canaliser leur appétit pour la chair humaine, d'autres qui ne pensent qu'à mordre, je n'aime pas cette demi-mesure, j'aurais préféré carrément de vrais zombies acharnés qui sautent à la gorge des êtres vivants, de vraies créatures sanguinaires qui ne pensent qu'à bouffer de la bidoche, ça aurait ajouté un piment supplémentaire. Sinon, si on décide d'accepter tous ces éléments, on peut trouver de l'intérêt à cette série, il y a bien quelques situations glauques intéressantes, une propension parfois gratuite de folie guerrière et sexuelle, et quelques trouvailles et bonnes idées comme ces bateaux dirigeables. Les scènes sur les inkas sont réussies, le dessin de Kordey est agréable, bien qu'on ait du mal à identifier certains personnages inkas qui ont presque tous la même gueule (hommes ou femmes) ; son trait a toujours ce petit air de Corben que j'avais déjà signalé ailleurs, mais je trouve que par endroits, c'est un petit peu moins appliqué que dans Keltos ou Taras Boulba, de Nicolas Gogol ; la double page sur le Palais des papes d'Avignon est magnifique.. Au final, une lecture pas forcément déplaisante, mais qui ne fait pas partie de mes priorités pour toutes les raisons que j'ai évoquées, et dont j'ai du mal à comprendre l'engouement des lecteurs de BDT.
Aïe, Aïe, les amis, voilà du lourd, du costaud, de l'original en diable, de la belle ouvrage en sorte ! Je suis un fan de l'uchronie, en tant qu'amateurs de BD, vous devez, si, si, connaitre ces magnifiques livres de M. Moorcock, "Gloriana, la reine inassouvie", "Pavane" de K. Roberts, et le grandiose "Maitre du haut château" de P. K. Dick, enfin j'arrête là, mais tapez Uchronie et Littérature sur le Net et vous n'aurez a priori que de bons conseils. Ici donc une uchronie comme nous aurions pu la rêver du temps où, sur les bancs de l'école, on nous apprenait que les fiers Espagnols et Portugais avaient su envahir, massacrer et contaminer tout un peuple, que dis-je, des peuples et des cultures aussi millénaires que les nôtres. Je me souviens, ado, découvrant au cinéma "Aguirre, la colère de Dieu". Film lancinant où je comprenais déjà que les choses n'étaient pas si roses que l'on avait bien voulu me le dire, la civilisation à coups de sabres et de goupillons me semblait bien ignorante de l'autre, et à cette époque, quand on ne connaissait pas l'autre, on lui tapait sur la tronche (Nous sommes bien sûr d'accord pour dire que les choses ont bien changé depuis ces funestes temps !). Je m'égare, je m'égare. Quoique ! Cette BD a aussi ce mérite, celui peut-être de faire réfléchir, du moins si l'on prend le temps de la réflexion de se dire que la "Conquista", si elle permit d'ouvrir l'horizon de l'humanité, fut aussi l'occasion de détruire des cultures aussi intéressantes que les autres. Hop là, j'entends déjà quelques sceptiques qui mettront en avant ces abominables sacrifices humains en haut de pyramides ruisselantes de sang. Niark, niark, allez je ne rajoute rien et vous laisse réfléchir à deux ou trois trucs que notre monde occidental avait à cette époque déjà perpétué sur ses propres populations. Je devais arrêter de m'égarer ! Donc, que voilà une bonne série, d'abord parce que, comme je l'ai laissé supposer lors de mes égarements, elle prend le contre-pied de l'histoire officielle (C'est ça l'uchronie !) et c'est un premier point que je trouve fort jubilatoire. Ensuite les choses, les événements, les personnages ne sont pas manichéens. Il y a chez ces "Inkas" de braves couillons dont on se demande comment ils ont pu asservir les autres peuples de leur continent, voire même quelques indiens Lakotas qui, si je ne m'abuse, sont plutôt situés en Amérique du Nord. Alors que dire ? Après quelques échos ici ou là je me suis dit "c'est quoi cette histoire ? Des zombies, des hommes revenus d'entre les morts, on ne sait trop pourquoi. Ah oui il y a aussi des Incas en ballons et un poil de sexe. Ben on fonce !". Et par tous les diables nous ne sommes pas déçus. Cette BD est intelligente, elle renouvelle le genre de l'uchronie, des histoires de zombies mais jamais dans le style racoleur, gore et tutti quanti. Les mouvements d'un monde à l'autre sont parfaitement orchestrés, aidés en cela par un dessin mais surtout une colorisation juste excellents. Donc surtout ne vous arrêtez pas à cette histoire de zombies, oubliez ce que vous connaissez, il faut absolument découvrir ce petit bijou d'originalité, d'inventivité, d'humour. Comme dirait l'autre, faites tourner. En cette joyeuse journée, voilà donc une majoration suite à la sortie du tome 3: Ben ça tourne! Ça virevolte même, si ça continue à ce rythme cette tétralogie va vite devenir culte. Pour être couillu ça l'est. Dans ce tome voilà donc que les orthodoxes en prennent aussi pour leur grade avec ce petit épisode où les "mordus" accèdent à une sorte de paradis terrestre entre les bras de charmantes ingénues. Puis direction le céleste empire où si l'on fornique un peu moins on est aussi fourbe que dans les autres contrées. Toujours des va et vient entre les différents lieux de l'intrigue et même si l'action est un peu ralentie, j'attends la conclusion avec une impatience non dissimulée.
Audacieux, culotté, atypique, commercialement suicidaire….. Les mots me manquent au final pour décrire la sensation après avoir lu ce qui restera surement l’un des livres les moins attractifs de ce début d’année tant les auteurs prennent un malin plaisir à prendre le lecteur à contrepied et à lui proposer exactement tout l’inverse de ce qu’un amateur d’histoires zombiesques lambda est en droit d’attendre… Nous sommes en 2015 et cela fait à présent un petit bout de temps que les histoires de zombies envahissent les étals de nos librairies avec plus ou moins de qualité (Walking Dead et Zombies de Péru et Cholet sont directement dans le haut du panier et presque tout le reste flirte avec le médiocre ou le convenu) aussi il est franchement encourageant de voir et lire un tel OVNI sorti de nulle part…. Nulle part ? Les auteurs ne sont pas des inconnus, à ma gauche, Igor Kordey bien connu des amateurs de comics comme de bd franco-belge avec un trait que je n’aime pas des masses initialement mais que j’ai réussi à apprivoiser à l’issue de cette lecture et à ma droite (pas celle des futurs Républicains :) ) Darko Macan à l’écriture d’un scénario bien malin et déstabilisant dont je suis encore surpris que Guy Delcourt en ait accepté les conditions tant je doute fortement du succès commercial pour cette tétralogie… Et pourtant l’ensemble ne manque pas de qualités et encore moins d’audace. Pensez donc à un univers contemporain où l’Europe serait peuplée de zombies doté de parole et d’un appétit féroce pour la chair humaine mais qui n’aurait pas évolué d’un pouce et serait encore sous l’ère du Moyen-Âge. A l’origine de tout cela, la Peste Noire empêcherait donc les humains de gouter à une mort bien mérité un peu à la manière de Zorn et Dirna de JDM. Après une remarquable introduction sur ce fléau, on change d’univers et de couleurs pour embrasser le soleil d’Amérique du Sud et du peuple inca qui a su lui évoluer techniquement (par des dirigeables volants) mais pas vraiment moralement (ça fornique allègrement façon Game of Thrones la série et ça complote tout aussi allègrement). Ce bon peuple inca qui n’a pas pu se faire exterminer par les zombies européens reste avide de pouvoir et a eu vent d’une fontaine de jouvence en Europe. Une expédition (volante donc, la mer c’est trop ringard) est mise en place pour trouver ce « secret » de la vie éternelle à des fins politiques… La lecture du bien nommé « Nous, les morts » risque d’en déstabiliser plus d’un. J’ai du m’y reprendre à deux fois pour bien suivre et comprendre cette géniale leçon d’humour noir sur la cupidité de l’homme et en saisir les règles tout comme les enjeux. Il n’y a pas un seul personnage sympathique à sortir du lot, c’est un peu l’équivalent du film classique italien « Affreux, sales et méchants » où les « zombies » ou plutôt les ressuscités gourmands sont relégués au second plan en tant que prétexte pour cette uchronie bien couillue ! A partir du moment où on accepte un tel postulat, ce n’est que du plaisir car il s’en passe des choses pour un tome introductif qui illustre parfaitement son thème : la série B et une farce sincère de la condition humaine qui, morte ou vivante, reste toujours aussi cupide. Le découpage est juste parfait, il ne manque rien finalement après une courte déception (je ne m’attendais vraiment pas à cela) pour faire de cette œuvre audacieuse un futur petit chef d’œuvre en devenir si Macan poursuit son rythme et ses idées originales. Pensez donc ! Pas de zombies façon Walking Dead, les Incas envahissent l’Europe et éradiquent les Aztèques ! La reconstitution de ce monde fictif est juste parfaite avec quelques planches magnifiques dont une église détruite par un atterrissage forcé et une attaque de dirigeables digne d’un film de pirates ! Bref vous aurez bien compris que j’ai pris un pied pas possible avec cette gourmandise qu’il ne faut absolument pas classer en parodie mais bien en grand fleuron d’humour noir subtil. Très très fort et la suite arrive déjà en juin ! J’en serais donc car une telle audace se doit d’être récompensée ! Tome 2 : Consécration ! Tous les bons espoirs fondés dans cette série sont non seulement renouvelés mais décuplés avec un tome 2 passionnant posant pour de bon les bases et les enjeux de toute l'histoire ! Entre un humour noir des plus salvateurs avec ce peuple Inca observant le peuple européen putréfié comme s'il s'agissait de bons sauvages (tout est inversé !), la "création" du grand méchant qui risque de dominer les deux dernières oeuvres et la reconstitution d'une sinistre ville de Londres abandonnée des vivants, ce titre regorge suffisamment de trouvailles et de rebondissements pour en garantir la pérennité sur les deux derniers tomes que j'attends à présent avec une impatience difficile à cacher. Rajouter à cela une intrigue secondaire mais pas inintéressante sur base de complots en terre maya à fortes connotation de "Game of Thrones" et vous tenez clairement la nouveauté 2015 la plus innovante, surprenante et rafraîchissante qui soit ! Tome 3 : Curieusement ce nouveau chapitre, sobrement intitulé "Le Céleste Empire" pour sa référence au peuple des Hans, adopte un rythme beaucoup plus calme là où les événements se précipitaient pour les deux premiers tomes. C'est toujours aussi agréable à lire mais à un tome de la conclusion, je me demande bien comment en sera la conclusion que j'attends du coup peut-être avec plus d'impatience à présent. A l'instar d'une halte hivernale, Macan prend son temps pour jouer avec ses personnages quitte à reléguer les fameux morts-vivants à de rares mais toujours aussi jouissives interventions. Suite et fin dans le tome 4 donc... Marre des zombies ? Essayez "Nous, les morts", dépaysement garanti avec un Igor Kordey en pleine possession de ses moyens et reconstituant des décors imposants sur base de cranes fracassés ! Un bijou d'humour noir appelé d'ors et déjà à devenir culte pour tout amateur d'art déviant mais vivifiant !
« Nous, les morts ». Nous, les morts européens, nous, les zombies du vieux continent… Pour cette série évoquant l’Europe médiévale contaminée par une peste noire transformant les gens en morts-vivants, difficile de dire si le titre doit être envisagé comme une supplique désespérée, une accusation cynique ou un constat désabusé. Chacun se fera sa propre opinion, mais il faut reconnaître à cette œuvre, prévue en quatre tomes, une puissance intrinsèque qui se déploie au fil des pages à coup d’images fortes, souvent assez terrifiantes et dignes d’un enfer de Dante. Cette uchronie très originale permet la rencontre de deux civilisations au XXIe siècle, celle d’une Europe médiévale et celle des « Inkas », sous un angle inversé par rapport à la réalité historique officielle, ce qui donne lieu à une alchimie étonnante et détonante. Conformément à cet effet de miroir et sans vouloir rien révéler de l’intrigue, ce sont les Incas/Inkas qui vont découvrir l’Europe en 2048, dans ces conditions très particulières, mais contrairement aux conquistadors, ils n’ont aucune visée conquérante. Chargé de ramener à son père le secret de l'immortalité, le prince Manco se contente d’observer et de tenter de nouer des liens avec ces étranges « autochtones », en opposition toutefois avec son belliqueux général Yaocoyotl. Suivant cette perspective inversée, les auteurs adoptent un point de vue empathique en nous mettant dans la peau de ces Incas, avec comme personnage principal Manco, fils du souverain resté au pays, le Sapa Inka, tandis que les Européens, encore au stade du Moyen-âge, sont réduits à l’état de morts-vivants plus ou moins décérébrés depuis les ravages de la Peste noire de 1348. Dans l’ensemble, les personnages sont bien campés psychologiquement, et cela est fort appréciable car ils sont nombreux (surtout chez les Amérindiens) et pas suffisamment différenciés d’un point de vue graphique, ce qui peut constituer un frein pour entrer dans l’histoire. Il s’agit du seul petit bémol, lequel fort heureusement se fait oublier dès le deuxième tome, dans la mesure où le premier volet se voulait plus une présentation des protagonistes. Le trait réaliste et expressif d’Igor Kordey, jouant agréablement avec les ombres, est sobre et efficace, tout comme la mise en page, très fluide. Quant aux couleurs, elles sont parfaitement adaptées aux différents contextes du récit. Grises, verdâtres et sombres pour les séquences européennes, vives et chamarrées pour les séquences amérindiennes. Avec « Nous, les morts », Delcourt a visé juste en mêlant ces deux thèmes à la mode que sont les uchronies et les zombies dans la bande dessinée des années 2010. Mais ne se contentant pas de surfer sur la tendance, l’éditeur frappe fort grâce à l’inspiration dont font preuve les auteurs Darko Macan et Igor Kordey, déjà cité plus haut. Ces derniers parviennent à nous surprendre par l’intelligence et l’audace du propos, ainsi que par moult trouvailles, aussi bien thématiques que graphiques, jusque dans les couvertures ! Aventure et humour grinçant composent les autres ingrédients de ce projet haut en couleurs, lequel, incontestablement, se démarque et comporte nombre d’atouts pour conquérir un large public. Reste juste à souhaiter que les deux tomes à paraître qui concluront cette tétralogie restent à la hauteur.
Pas mal cette idée de mélanger une uchronie et une histoire de zombies. Ca donne un cadre tout à fait original et qui fonctionne très bien : d'un coté de l'Atlantique les civilisations Aztèques et Incas ont continué leur développement mais ont l'air d'être restées assez primitives malgré tout. De l'autre coté, l'Europe, qui a semble t-il complètement stoppé son évolution au 13e siècle où les gens se sont bouffé les uns les autres pour n'être plus qu'une horde géante de zombies arriérés. Franchement l'idée est autant malsaine qu'amusante et je comprends tout à fait que les amateurs du genre s'éclatent. Moi j'ai quand même quelques petites réserves. Il y a un coté cul pas très bien venu à mon goût. Entre les 2 esclaves homosexuels qui n'ont que l'expression "sucer la bite" à la bouche, (si j'ose dire...), et les deux trois scènes de branlette ou coucheries entre frères et soeurs. J'ai trouvé ça pas super inspiré et limite désagréable. Le dessin me laisse aussi un peu sur ma fin car il ne permet pas très bien de distinguer les personnages, les Incas se ressemblent tous un peu trop. En dehors de ça, il y a un petit suspense plutôt agréable autour de ces zombies, du voyage entrepris par les Incas et évidemment des surprises que réserve l'Europe. Et sans doute plus encore avec le reste du monde. Ca fonctionne, et on a envie de connaitre la suite de ces aventures.
Quand on commence de lire NOUS LES MORTS on a tout de suite droit à des scènes fortes qui d'ailleurs ne concernent pas forcément les zombies, des personnages bien campés et puis aussi quelques rebondissements. Macan ne nous fait pas un tome d'intro qui traîne les pieds. Kordey est parfait dans son sens de la narration, et puis aussi dans ses représentations des cultures différentes. La colorisation changeante soutient l'histoire qui se passe sur deux continents, une Europe noire, jamais sortie du moyen-âge, et un monde Inca lumineux. C'est la meilleure BD que j'ai lue, il y a des années.
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