Le Sculpteur (The Sculptor)
En mal d'inspiration, David Smith, jeune sculpteur torturé se voit proposer un pacte qui lui permettra de réaliser son rêve d'enfance: sculpter ce qu'il souhaite à mains nues.
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En mal d'inspiration, David Smith, jeune sculpteur torturé se voit proposer un pacte qui lui permettra de réaliser son rêve d'enfance: sculpter ce qu'il souhaite à mains nues. En échange de sa vie, il aura 200 jours pour créer son Oeuvre. Et, il va le payer encore plus cher: au lancement du compte à rebours, il rencontre le grand amour...de quoi ébranler toutes ses certitudes.
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Date de parution | 18 Mars 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Si l'objet physique est impressionnant (un bon gros pavé de 500 pages), son contenu n'est pas en reste non plus ! Je me suis lancé dans cette lecture en me disant qu'elle me ferait la semaine... je l'ai dévoré dans mon après-midi dominical ! Car cette version revisitée du mythe de Faust, si elle a forcément un côté "déjà vu" a su trouver sa place en s'ajustant à la clé de voûte choisie par Scott McCloud : la création artistique. Après tout quoi de plus juste et tentant que de faire pactiser l'"artiste maudit" et la mort/le diable ? Le faire et le défaire liés par CDD... Et c'est cette réflexion sur la création, habillement habillée d'une histoire d'amour plutôt bien foutue, qui m'a plu. Sans trop donner dans le didactique ni se contenter de survoler le sujet ou de s'en servir comme béquille pour son récit, McCloud questionne, tend des perches, réfléchit... tout comme son personnage. Nulle certitude... juste une échéance. Car l'art, comme David notre protagoniste, est de fait pieds et poings liés à cette notion de temps. Le temps pour faire ; le temps pour être reconnu de son vivant ; et objectif ultime, marquer l'éternité de son œuvre. C'est tout ce questionnement que met en branle Scott McCloud à travers cet album. Grâce à des personnages riches psychologiquement et un savoir faire narratif impressionnant, il nous déroule son histoire comme si tout semblait aller de soi. Tout s'imbrique et se nourrit pour nous conduire vers la fatalité de cette fin impeccable. Graphiquement, la bichromie blanc/bleu choisie, si elle surprend de prime abord, fonctionne au final merveilleusement avec des compositions et des cadrages maîtrisés. Pour quelqu'un attendu au tournant pour sa théorisation de la BD, on peut dire que la mise en pratique est plus que probante ! Je viens tout juste de finir cet album, et je n'ai pourtant déjà qu'une envie : le relire ! Et je ne peux que vous inviter à en faire autant !
Quelle joie !! J'ai lu cet ouvrage dès sa sortie. Il me faut toujours un peu de recul pour ne pas en dire du bien ou du mal de façon précipitée. Alors déjà ce bouquin est un vrai pavé, le genre bottin que certains utiliseraient sous la lumière d'une lampe en pleine face. Pour ne pas laisser trop de traces. J'ai au départ été un peu dubitatif sur le choix de cette colorisation. Mais elle permet de se concentrer sur les aspects essentiels de l'histoire. Le mythe de Faust, on en parle beaucoup pour cette histoire. De mon point de vue, ce n'est pas autour de ce mythe que s'articule l'histoire. Ce n'est qu'un mécanisme pour parler d'un sujet beaucoup plus complexe. Le processus de création. La réalisation d'une œuvre... C'est vrai que le sujet est complexe pour beaucoup d'artistes, pour comprendre le cheminement de l'idée à sa concrétisation il s'en passe des choses. Comment créer une œuvre qui puisse être un prolongement de soi, de son être alors que nous ne cessons jamais d'être influencés par ce qui nous entoure. Comment être authentique, dénué de subjectivité pour mettre l'art à nu. Cela semble impossible... Le détachement est une chose difficile d'autant plus si on côtoie d'autres artistes, on baigne dans un milieux d'influences où chaque "vision des choses" peut déteindre sur vous. C'est là où je trouve que c'est une prouesse narrative absolument magistrale. Ce dégoût de lui même, rejeter et renier son art, c'est à mon sens un passage obligé pour se détacher, pour pouvoir créer au sens noble du terme. Détruire les bases pour repartir, partir de rien, du néant. Parfois David pense même qu'il faudrait détruire toutes les bases, pas seulement les siennes. Tout au long de ce roman graphique, David ne cesse de marcher sur ce fil, tantôt il envie, tantôt il renie, il aime puis il déteste. L'auteur nous démontre avec brio le tiraillement existentiel que peut être la volonté de créer à tout prix. C'est en soi, un véritable rite initiatique. Je me demande d'ailleurs si cette œuvre n'est pas en quelque sorte autobiographique. Il s'en est écoulé du temps depuis ses dernières publications. Est ce que "le sculpteur" n'aurait pas été accouché dans la douleur ? Jusqu’à cette libération, une fin exceptionnelle !
Enfin ! Enfin une oeuvre que je peux qualifier de culte car elle remplit tous les critères au-delà de l'imaginable. Il en aura fallu du temps à Scott McCloud qui n'avait plus rien réalisé depuis L'Art Invisible où il nous enseignait les rudiments de la bande dessinée. C'était un peu comme un professeur qui n'avait rien à son actif. Cependant, je veux bien attendre si c'est pour réaliser ce chef d'oeuvre aussi magnifique que la beauté du diable. J'ai abordé la lecture du Sculpteur sans m'attendre à grand chose de particulier. Et c'est là qu'arrive la grande surprise. Nous avons une oeuvre qui frise la perfection graphique et narrative. C'est comme la grâce ! La technique employée par l'auteur impressionne véritablement. Le thème sera celui de l'art et la création mais sous un angle plus personnel et intime. Nous avons un jeune homme -David Smith- à qui rien ne réussit. Il faut dire qu'il n'a pas eu de chance dans sa vie avec la perte tragique des membres de sa famille. Il ne sait pas parler aux femmes et son meilleur ami est homo. Il semble être totalement paumé. On a pitié pour lui car on sent qu'il a envie de se réaliser pour son art -la sculpture- jusqu'à l'extrême. Il va rencontrer un homme qui va changer à jamais le court de son destin en lui offrant un pouvoir spécial de création. Le mythe de Faust est complètement revisité de la manière la plus moderne et originale. Le temps sera désormais compté. Par ailleurs, le lecteur va vivre l'une des plus belles et déchirantes histoires d'amour. Tout cela est magnifié par le trait riche et précis de l'auteur qui n'a décidément plus rien à prouver. Le sculpteur est tout simplement magistral. Je suis un lecteur râleur qui n'hésite pas à descendre la médiocrité. Or en l'occurrence, j'ai fait la rencontre avec un roman graphique exceptionnel de par sa maîtrise et son aboutissement. Je l'ai emprunté tout d'abord puis sitôt terminé, je me suis précipité chez le libraire pour l'acquérir absolument. Ce sont des choses qui ne m'arrivent généralement pas. Aurais-je également vendu mon âme au diable ? Note dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Cela faisait des années que je n'avais lu de roman graphique américain, depuis Habibi de Craig Thompson, en fait. Au vu des bonnes critiques lues ici ou là, je me suis rué chez mon libraire pour enfin découvrir ce nouvel avatar du mythe de Faust. Et bien, je dois dire que j'ai dévoré ce pavé de près de 500 pages en deux jours. L'histoire s'installe si bien que l'on en oublie le mythe de Faust, qui s'efface derrière des personnages bien campés et une ville de New York qui devient le personnage principal du roman. Il n'y a pas que cela dans ce livre, on y trouve le marché de l'art, le besoin de reconnaissance de l'artiste, le mythe de Faust -que l'on finit par oublier- , une histoire d'amour, le fantastique, qui devient presque normal avec la narration soignée de McCloud. L'auteur prend son temps pour nous dévoiler le (parfois, sale) caractère de David Smith et une galerie de personnages très typés. Plus ma lecture progressait, plus je tournais les pages avec frénésie pour connaitre la fin, et quelle fin !! Un très bel ouvrage que je relirai sans hésiter.
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