La Nuit Mac Orlan
Marin, un jeune thésard, arrive à Brest pour rencontrer un bouquiniste qui posséderait un inédit de Pierre Mac Orlan, auteur entre autre de "Quai des brumes". Là il doit rencontrer un bouquiniste qui posséderait un vieux manuscrit inédit de cet auteur. Au moment de découvrir l'ouvrage un violent coup sur la tête l’assomme. Il se réveille un peu plus tard, nu et ne se souvenant pas de ce qui c'est passé.
Bretagne Les petits éditeurs indépendants
La police se mêle à la partie et Marin doit fuir à travers la ville ou il fera de biens étranges rencontres.
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Date de parution | 14 Mai 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un bel hommage à Pierre Mac Orlan, auteur d’une œuvre abondante et variée, dont quai des brunes, et à la ville de Brest. Vous arpenterez la ville du Ponant sous la forme d’un jeu de piste pour résoudre une énigme littéraire. C’est sombre. L’histoire se déroule majoritairement la nuit. Mais c’est la marque de fabrique de Briac. Que c’est beau. Il sait y faire le bougre pour créer une atmosphère oppressante et glaçante. J’adore. Chaque planche est une œuvre d’art. Le trait et la couleur se mélangent. D’ailleurs j’ai craqué, j’ai une planche originale qui trône dans mon bureau. J’ai habité Brest une vingtaine d’années. Je peux donc vous affirmer que les lieux dépeints sont bien des lieux existants. Le port de commerce, le pont de recouvrance, le tara inn, les grues, la place Guérin … tous les décors sont le reflet de la réalité. Magnifique. Je le sais, Briac traine ses guêtres du côté de Brest assez souvent… Briac s’est acoquiné avec Arnaud le Gouëfflec. Et il a bien fait ! il y a du contenu. Après Armen, voilà donc une virée nocturne à découvrir. Un petit bijou visuel. Encore un truc … il vaut mieux acheter cet album (il vient d’être ré éditeur chez Locus Solus), si vous l’empruntez à la médiathèque de votre bled, vous n’aurez pas envie de le rendre tellement c’est beau.
C'est sans connaître l’œuvre de Mac Orlan que je me suis lancé dans la lecture de cet album. C'est la seconde BD de Briac que je lis après Les Gens du Lao Tseu et j'en ressors toujours aussi impressionné par la qualité et la personnalité de son graphisme. Hommage appuyé à l’œuvre globale de Mac Orlan cette BD nous entraîne dans un Brest où la nuit à pris ses quartiers d'hiver et semble ne pas vouloir la quitter tant que l'énigme qui échoit à notre jeune thésard Marin ne sera pas résolue. Véritable jeu de piste où les clins d’œil et les références aux écrits de Mac Orlan semblent tisser un véritable fil d'Ariane, il n'est pas non plus besoin d'être un connaisseur invétéré de celle-ci pour s'y retrouver, il suffit de se laisser guider par le récit et la narration bien pensée concoctée par Arnaud Le Gouëfflec. Si j'ai trouvé la fin un peu abrupte, j'ai par contre adoré l'ambiance distillée au fil des pages de cet album. Le travail graphique de Briac y fait pour beaucoup, tant son style est singulier. Tout en matière, en contraste et en ambiances, les personnages hauts en couleur qui évoluent dans ce Brest fantasmé et énigmatique m'auront bien fait voyagé.
Briac a un sacré coup de pinceau, et c’est bien ce qui attire l’œil, irrésistiblement. Tout d’abord avec la couverture, évoquant un cabaret sombre et inquiétant des années 20. Pierre Mac Orlan (écrivain dont je confesse n’avoir lu aucune œuvre, ma seule base de référence étant l’adaptation au cinéma de « Quai des brumes ») affectionnait semble-t-il les atmosphères nocturnes dans ses romans. Ainsi, le dessinateur a tenté de saisir ces ambiances, à l’aide d’un rouge s’efforçant d’illuminer la pénombre, aussi glauque qu’oppressante. Chacune des cases pourraient être une peinture, et certaines vues de Brest sont tout simplement magnifiques. Le brillant Briac possède un style expressionniste aux contours poétiquement indéfinis et ses personnages semblent tout droit sortis d’une toile d’Otto Dix ou de James Ensor (voir la scène d’Halloween). Là où le bât blesse, c’est sur le plan du scénario. Après une introduction assez banale, le récit parvient tout de même à nous embarquer mais finit par prendre l’eau avant même d’être arrivé à quai, à cause d’un dénouement trop rapide et confus si l’on considère qu’il s’agit là d’un polar. Certes, l’histoire semble truffée de références à l’œuvre de Mac Orlan (notamment le fait que l’action se situe à Brest, qui tient une place de choix dans sa biographie) et peut donner envie de la découvrir, mais quiconque ne connaissant pas cet auteur goûtera peu cette fin en queue de poisson. « La Nuit Mac Orlan » est un hommage sincère de la part de fans qui se sont fait plaisir mais risque de dérouter les non-initiés qui attendaient davantage d’approfondissement dans le récit. Bref, ce qui surnage de ce one-shot est une vague impression d’improvisation, le naufrage étant évité grâce au dessin flamboyant de Briac. Peut-être aurait-il fallu ne pas limiter le format à 64 pages.
Mais quelle claque! Autant visuelle qu'en se qui concerne le scénario. Avant d'y revenir, voici donc l'histoire de Marin un jeune thésard qui arrive à Brest afin de rencontrer un bouquiniste qui posséderait un inédit de Pierre Mac Orlan, sujet de la thèse. A son arrivée, Marin alors qu'il s'apprête à découvrir le précieux manuscrit reçoit un coup qui l'assomme, il se réveille plus tard, nu comme un ver et retourné à la librairie, trouve son propriétaire mort. La police s'en mêle, Marin doit fuir et tenter grâce à une mystérieuse carte de s'innocenter. Sommes nous ici face à une sorte de mise en abimes? Sans doute, en effet tout le ressort dramatique qui conduit le héros en divers points de la ville de Brest s’appuie sur l’œuvre de Mac Orlan. Grâce à de subtils détails, les différents récits de l'auteur sont habilement convoqués dans ce gigantesque jeu de piste ou le héros joue sa vie. Attention! pas besoin d'avoir lu un seul livre de cet auteur n'y même d'avoir entendu parler de lui. Ceci n'est pas une œuvre pour l’intelligentsia, il s'agit avant tout d'un polar rondement, voir diaboliquement mené. Cette quête est tout sauf vieillotte, si elle s'ancre dans des écrits qui se situent au début du siècle dernier, la modernité du propos est évidente et ce n'est pas l'utilisation d'une carte au trésor qui empoussière les choses. C'est donc un puzzle infernal que doit résoudre Marin au gré d'indices disséminés tout au long de son parcours nocturne dans Brest. Ponctuée de rencontres improbables mais hautement anxiogènes, sa quête avance au rythme de ses déambulations. Visuellement c'est superbe. Briac le dessinateur, également responsable de la couleur, nous livre des illustrations qui sont pratiquement des tableaux ou rien n'est figé. C'est humide, poisseux, glauque, violent, sordide, en un mot grandiose. Hénaurme même, à l'image du commissaire de police Bourrel, qui n'a rien à voir avec son homonyme pépère de la télévision, et qui poursuit Marin, plus par amour pour la belle Marguerite par qui il s'est fait éconduire que par esprit de justice. Mais je m'égare, comme Marin. Pour avoir vu Briac travailler en petits coup de pinceaux nets, nerveux, puis plus doux, précis, ajoutant ici une touche de blanc, tamponnant là avec un vulgaire Sopalin, je peux vous assurer que si de prime abord le dessin vous semble sombre et peu évident, c'est qu'il demande un effort. Un effort car face à du grand art comme ici il faut se sortir des choses plus classiques que nous avons l'habitude de voir. Bravo vraiment, en plus le mec est très sympa. Alors quoi? Courrez y! Ne boudez pas votre plaisir, voilà une BD avec un dessin superbe, un scénario bien plus complexe qu'il n'y parait mais facile à lire, (Bravo la aussi à Arnaud Le Gouëfflec), qui est pour moi un coup de cœur pas loin d'être culte.
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