Cigish ou le Maître du Je

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Et si on pouvait vivre sa vie rêvée ?


BD-Blogs Ecole Emile Cohl Jeux de rôle La BD au féminin Label 619 Profession : bédéiste

Florence vit une crise existentielle : elle vient de rompre, se retrouve en garde alternée avec des enfants affreux et son activité d'auteure de BD est au plus bas. À vrai dire, elle n'en peut plus d'elle-même : ennuyeuse, trop gentille, elle se fait marcher dessus par tout le monde. Soudain, en pleine messe, la voilà prise d'une illumination mystique : elle décide d'incarner son ancien personnage de jeu de rôles favori, Cigish Hexorotte, un nain nécromancien, un personnage du MAAAL. Sa vie, elle l'envisage désormais comme une aventure, obéissant à sa vieille fiche de personnage.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Avril 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Cigish ou le Maître du Je © Ankama Editions 2015
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

30/04/2015 | Spooky
Modifier


Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cigish, à la base, c'était le blog BD où l'autrice racontait sa propre vie depuis le moment où elle avait décidé , la trentaine bien passée, de changer sa vie en incarnant au jour le jour le rôle de son personnage préféré de jeux de rôles : le nain maléfique Cigish. Cela consiste donc à devenir ouvertement méchante, ou du moins à faire de son mieux pour l'être ou l'apparaitre, comme une manière d'exorciser le mal-être de sa vie précédente où elle ne se sentait pas à sa place. Et comme elle se livre en même temps sur son blog, son entourage apprend rapidement qu'elle joue ou qu'elle est ce fameux Cigish et appréhende cela de différentes manières. L'idée de départ est particulièrement originale. Ancien roliste moi-même, j'ai apprécié le concept et j'étais très curieux de voir où il allait mener l'autrice. Autour de son "jeu de rôle pour de vrai", elle articule des thématiques nombreuses qu'on retrouvera dans nombre d'autres de ses ouvrages, notamment le rapport à sa soeur jumelle, sa valse hésitation au sujet de la religion catholique faite de culpabilité et de haine, ses pulsions de cruauté qui alternent avec sa douceur naturelle, sa carrière d'autrice et tout un mal-être autour de ces sujets. On est presque dans la psychanalyse tant l'autrice aime à dévoiler es pulsions intimes... mais jamais sexuelles comme le fait remarquer un de ses proches à un moment donné contrairement à ce qu'elle dévoilera plus tard dans Pucelle. On ne sait jamais trop si c'est parfaitement sincère ou s'il y a un jeu dans le jeu de rôles et la manière dont elle le raconte, mais ça parait tout de même très crédible. Toutefois, je dois admettre que passé la découverte initiale, le moteur de la curiosité s'épuise tandis que le récit traine un peu en longueur et en circonvolutions. Le rythme se fait mou et l'accroche trop ténue. Une fois finie la moitié de ce gros album, j'ai commencé à m'ennuyer et à peiner à aller jusqu'au bout sans avoir envie de sauter quelques pages. L'idée est donc belle et originale, mais son développement a peiné à me convaincre et à me toucher.

17/12/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Spooky

Tiens, ça faisait un moment qu'Ankama ne nous avait pas sorti un bouquin de cet acabit. Loin de moi l'idée de dénigrer leur catalogue récent, mais il faut avouer qu'en termes d'originalité, je n'ai pas vu passer beaucoup de titres remarquables ces derniers temps. C'est plutôt en termes d'originalité que cet album se pose. Il met donc en scène son auteure, Florence Dupré la Tour, visiblement un peu déboussolée par une situation familiale et professionnelle compliquée, qui bascule dans la schizophrénie et en fait le sujet d'un blog, puis d'un livre. Ce qui est intéressant, c'est la structure de l'ensemble : Cigish, double maléfique de Florence, apparaît de façon un peu aléatoire, sans but autre que de cramer un peu plus son autre face. Chaque épisode est suivi par une sélection de commentaires, positifs ou négatifs, qui apportent une profondeur au récit. Ce qui est fort, à un moment, c'est que l'auteure annonce qu'elle incarne l'un de ses commentateurs, sous un pseudo bien sûr. Une nouvelle dimension. Dès lors, on se demande ce qui, dans tout ça, est authentique. L'ensemble ne serait-il qu'une sorte de vaste farce, un projet éditorial aux implications incalculables ? Au sein des commentateurs, pourtant, se cachent des éditeurs, certains auteurs comme James ou terreur graphique. Dupré la Tour évoque, en creux, sa condition précaire d'auteurs, mais aussi la relation compliquée qu'elle entretient, et tous les auteurs avec elle, avec les éditeurs, les critiques, et même une certaine frange puante des lecteurs, les chasseurs de dédicaces, qui deviennent des acteurs importants de son récit. Son dessin, que certains parmi ses haters qualifient de sous-Sfar, lui permet une palette d'expressions et de formes quasi-illimitée, servant à merveille ses délires. Au final c'est un album qui est passionnant par moments, un peu lents par d'autres, mais qui propose une intéressante variation sur le dilemme de l'auteur, le rapport aux jeux de rôle et qui met surtout en valeur la palette des possibilités narratives qu'offre le multimedia autour d'un récit dessiné.

30/04/2015 (modifier)