Cigish ou le Maître du Je
Et si on pouvait vivre sa vie rêvée ?
Ecole Emile Cohl Jeux de rôle La BD au féminin Label 619 Profession : bédéiste Séries avec un unique avis
Florence vit une crise existentielle : elle vient de rompre, se retrouve en garde alternée avec des enfants affreux et son activité d'auteure de BD est au plus bas. À vrai dire, elle n'en peut plus d'elle-même : ennuyeuse, trop gentille, elle se fait marcher dessus par tout le monde. Soudain, en pleine messe, la voilà prise d'une illumination mystique : elle décide d'incarner son ancien personnage de jeu de rôles favori, Cigish Hexorotte, un nain nécromancien, un personnage du MAAAL. Sa vie, elle l'envisage désormais comme une aventure, obéissant à sa vieille fiche de personnage. (texte : Ankama Editions)
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Date de parution | 10 Avril 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Tiens, ça faisait un moment qu'Ankama ne nous avait pas sorti un bouquin de cet acabit. Loin de moi l'idée de dénigrer leur catalogue récent, mais il faut avouer qu'en termes d'originalité, je n'ai pas vu passer beaucoup de titres remarquables ces derniers temps. C'est plutôt en termes d'originalité que cet album se pose. Il met donc en scène son auteure, Florence Dupré la Tour, visiblement un peu déboussolée par une situation familiale et professionnelle compliquée, qui bascule dans la schizophrénie et en fait le sujet d'un blog, puis d'un livre. Ce qui est intéressant, c'est la structure de l'ensemble : Cigish, double maléfique de Florence, apparaît de façon un peu aléatoire, sans but autre que de cramer un peu plus son autre face. Chaque épisode est suivi par une sélection de commentaires, positifs ou négatifs, qui apportent une profondeur au récit. Ce qui est fort, à un moment, c'est que l'auteure annonce qu'elle incarne l'un de ses commentateurs, sous un pseudo bien sûr. Une nouvelle dimension. Dès lors, on se demande ce qui, dans tout ça, est authentique. L'ensemble ne serait-il qu'une sorte de vaste farce, un projet éditorial aux implications incalculables ? Au sein des commentateurs, pourtant, se cachent des éditeurs, certains auteurs comme James ou terreur graphique. Dupré la Tour évoque, en creux, sa condition précaire d'auteurs, mais aussi la relation compliquée qu'elle entretient, et tous les auteurs avec elle, avec les éditeurs, les critiques, et même une certaine frange puante des lecteurs, les chasseurs de dédicaces, qui deviennent des acteurs importants de son récit. Son dessin, que certains parmi ses haters qualifient de sous-Sfar, lui permet une palette d'expressions et de formes quasi-illimitée, servant à merveille ses délires. Au final c'est un album qui est passionnant par moments, un peu lents par d'autres, mais qui propose une intéressante variation sur le dilemme de l'auteur, le rapport aux jeux de rôle et qui met surtout en valeur la palette des possibilités narratives qu'offre le multimedia autour d'un récit dessiné.
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