Vers la ligne claire
Recueil d'histoires parues dans Métal Hurlant, L'écho des savanes , Libération...
Echo des Savanes Les années Métal Hurlant Style Atome
On a là les premiers tâtonnements de Benoit. Publiés en revues, ces histoires montrent l'évolution du style graphique de l'auteur. Il va "vers la ligne claire"...
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Date de parution | Septembre 1980 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Un dernier avis pour terminer cette année 2020 chaotique, pour se détendre et oublier tout l'espace d'un instant de lecture. Il s'agit de vieux récits (enfin vieux, c'est relatif, pour moi ce qui est "vieux" date de l'après-guerre), des récits courts que j'ai retrouvé dans des numéros de l'Echo des Savanes première formule, puis dans Métal Hurlant ; ces récits ont été publiés entre 1977 et 1979 dans ces 2 revues. Et ça a donné cet album "Vers la Ligne Claire", le second de Ted Benoit, autant dire qu'on est à ses tout débuts et c'est intéressant parce que ça permet de voir l'évolution de son style graphique. Ses débuts sont marqués par l'influence de l'Underground américain, surtout Crumb, on y reconnait quelques airs crumbiens au détour des pages, qu'il mélange habilement avec une Ligne Claire qui rappelle celle de Tardi à cette époque ; curieusement, Ted Benoit ne versera pas dans le maniérisme des suiveurs de l'école hergéenne, il en adopte quelques attraits, mais il se forge un style à lui, une approche post-moderne avec un refus des codes classiques, on y voit non seulement des ombres par endroits, mais disons que c'est un style qui hésite entre l'atome et le classique hergéen. Le dessin de Ted Benoit est en pleine mutation, ses influences Underground vont rapidement évoluer vers un traité très proche du style de Hergé mais qu'il peaufinera un peu moins que Hergé, ça sera volontairement beaucoup moins net tout en étant épuré. Dans les derniers récits, c'est plus flagrant lorsqu'apparait son héros fétiche Ray Banana (qu'il avait introduit entretemps dans un premier récit en 1980, Berceuse électrique publié dans A Suivre). Au niveau narratif, c'est aussi un refus d'adopter la technique Ligne Claire totale, car Ted Benoit a une façon bien à lui de construire un univers artificiel où les personnages comme les décors ne sont que prétextes à faire jouer un système de références. Dans Ray Banana, c'est flagrant. Cette compilation de premiers travaux est donc une approche vers ce style narratif et graphique, ils sont assez inégaux mais pas déplaisants, et surtout retracent le parcours de Ted Benoit et du cheminement de son trait depuis l'Underground US jusqu'au graphisme épuré et linéaire de l'école de Bruxelles, style qu'il ne quittera plus et dont il sera un des pourvoyeurs aux côtés d'auteurs comme Chaland, Floc'h ou Joost Swarte et quelques autres. C'est donc une sorte de document, un véritable manifeste graphique des années 80.
Le titre de l’album est déjà tout un programme, et annonce la couleur (ou la ligne plutôt, puisque tout est en Noir et Blanc) ! En effet, on a une sorte de « défense et illustration » de ce style dont Ted Benoit va se faire une spécialité (c’est un de ses premiers albums publiés). Une préface de Joost Swarte confirme cela, avec une sorte de définition de ce qu’est la ligne claire en question. L’album regroupe une vingtaine d’histoires courtes, la plupart pré publiées dans Libération, L’écho des savanes et Métal Hurlant entre 1975 et 1980. Une seule est inédite, celle qui donne son titre à l’album. Et qui lui donne son sens, puisqu’après divers essais, Benoit trouve là un style qu’il ne changera plus trop. Ce sont parmi les premiers essais de Benoit, et on voit dans son dessin qu’il subit alors plusieurs influences (Tardi parfois, mais aussi un peu du Giraud/ Moebius ou du Bilal jeunes, bref, des auteurs qu’il côtoyait dans les revues où paraissaient ces histoires). Il faut attendre les dernières pour que s’affirme le style qui deviendra classique pour Ted Benoit, après divers tâtonnements donc. En cela c’est un album que je ne peux que recommander aux fans de l’auteur (dont je ne fais pas forcément partie). Pour ce qui est des histoires, c’est assez inégal. J’ai particulièrement aimé celle qui tourne autour des « vendeurs de noms ». D’autres se laissent lire, mais l’ensemble reste moyen je trouve. Du fantastique, de l’onirique, du roman graphique plus classique, de la SF, c’est relativement éclectique ! A découvrir. A feuilleter avant d’acheter, et peut-être à réserver aux amateurs de l’auteur ?
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