Sables noirs - 20 semaines au Turkménistan
Comment peut-on être Turkmen ? Coincé entre la mer Caspienne, le Kazakhstan, l’Ouzbekistan, l’Iran et l’Afghanistan, le Turkmenistan est l’un des états les plus secrets du monde. Dirigée par le chef du parti unique Gurbanguly Berdimuhamedow, l’ancienne République soviétique a tissé des liens commerciaux avec la France. Et quelques liens culturels, permettant ainsi à Troubs de se rendre en 2009 dans ce mystérieux pays dont il nous fait découvrir la géographie ; d’impressionnantes architectures au-dessus du désert de sables noirs.
Asie Centrale Carnets de voyages Documentaires
Lorsque Troubs arrive à Achgabat, la première question que lui posent les Turkmènes en découvrant sa nationalité est « Travaillez-vous pour Bouygues ? » Alors que la culture hexagonale est portée hors de nos frontières par les seules figures de Pierre Richard et Gérard Depardieu, Troubs est invité par le Centre Culturel Français pour superviser un recueil de poèmes de Jacques Prévert illustrés par des artistes locaux. Un événement pour ce pays où le livre le mieux distribué, outre le Coran, est Rhunama, écrit par l’ancien président. « Au Turkmenistan, c’est les silences qu’il faut entendre ». Comme à son accoutumée, Troubs part à la rencontre des autochtones et nous fait voyager dans ce pays méconnu, avec sensibilité et humour. Au fil de ses pérégrinations, il découvre un pays déroutant, contrasté, à l’architecture étonnante, traversé par des autoroutes dépeuplées, au désert habité de quelques yourtes et de chameaux. Troubs est un grand voyageur qui aime faire partager ses découvertes aux lecteurs : l’Australie, la Chine, la Polynésie, Madagascar, Bornéo, le Vietnam, le Mexique…. mais aussi la Dordogne et même le pré aux vaches qui jouxte sa maison. « Depuis 1991, la culture Turkmène est réduite à sa plus simple expression : folklorique, artisanale ou traditionnelle, mais avant tout dépolitisée. Et les artistes se doivent aussi de l’être. Ils travaillent sur des thèmes qui ne dérangent personne » On peut feuilleter Sables noirs comme un carnet de route mais on aura l’assurance d’abord que Troubs est un fin observateur du monde qu’il parcourt, un témoin attentif des vies qu’il partage en voyage. Un itinérant à l’acuité singulière. Prévert est toujours dans le désert ; les traductions et illustrations de ses poèmes n’ont pas encore pu être publiées… Texte : Editeur.
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Date de parution | 05 Mars 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Album emprunté au hasard. Je pensais au vu du titre lire un documentaire sur l’exploitation pétrolière – ou quelque autre matière première. Il n’en est en fait rien. Nous suivons en fait Troubs au Turkménistan, celui-ci participant à un projet local de livre illustré autour de poèmes de Prévert. Il en profite pour visiter un peu le pays – dans les limites permises par la dictature – et nous présenter quelques spécificités de la société turkmène. C’est une sorte de carnet de voyage – l’aspect crayonné de certains crobars accentue l’effet « pris sur le vif ». Mais le dessin est parfois un peu plus élaboré (il a parfois dû reconstituer des scènes a posteriori, lorsqu’il lui était interdit de dessiner sur place). Le récit se laisse lire, mais il est un peu trop léger. En ce qui concerne la dictature elle-même tout d’abord (abordée par la bande, autour des figures des deux dirigeants successifs depuis l’indépendance à la fin de l’URSS), ou de la présence de la France (des ministres font le déplacement pour soutenir les projets de Bouygues par exemple). En fait, il manque les à-côtés, le ton primesautier et plus humoristique qui a fait la réussite de projets similaires réalisés par Delisle par exemple. Et du coup, si la lecture – très rapide au demeurant – n’est pas désagréable, elle n’est jamais captivante, et elle m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Sables noirs est une BD reportage comme on est les aime ; Troubs utilise souvent son dessin pour nous faire voyager dans des pays ou des univers auxquels nous sommes souvent étrangers, et cela ne manque pas avec cette BD sur le Turkménistan réalisée quelques années après l’accession au pouvoir du premier Berdimuhamedow. Le Turkménistan est montré comme un pays assez étrange et méconnu et qui semble cacher plein de paysages et personnes insoupçonnés, mais qui se révèle toujours compliqué à découvrir avec les règles imposées par le gouvernement. J’ai bien aimé en apprendre plus sur des coutumes ou des histoires que je ne connaissais pas, et les références culturelles de Troubs permettent d’élargir les connaissances sur le sujet bien au delà de la BD (voir Henri de Couliboeuf de Bloqueville). Le style de l’auteur n’est pas particulièrement unique mais transmet bien au travers des pages les interactions si uniques qui découlent de deux mondes différents qui se rencontrent; également, à la manière de Guy Delisle. J’aime bien l’accès exclusif aux coulisses des diplomates français et internationaux dans ces dictatures à l’autre bout du monde. La BD a déjà près de 10 ans, mais comme le souligne l’auteur à plusieurs reprises, rien ne change vraiment au Turkménistan.
Ce n'est pas la première bd documentaire que je lis sur les pays d'Asie centrale (voir La Route de la soie... en lambeaux de Ted Rall. En l'occurrence, on va s'intéresser au Turkménistan où l'auteur a passé 20 semaines. Il nous ramène des anecdotes assez méconnues sur ce pays qui nous est un peu inconnu. Il faut savoir que depuis la chute de l'URSS, cette ancienne république soviétique est tombé sous la coupe d'un président dictateur puis un autre à sa mort. Le premier a érigé une statue géante en or qui tourne sur elle-même pour faire toujours face au soleil. Les portraits des présidents sont affichés de partout. C'est totalement consternant pour le peuple qui souffre. Bon à savoir: 60% de la population est au chômage. Maintenant, je n'ai pas envie de plaindre ce peuple qui ne se réveille pas, qui ne combat pas pour sa liberté. Il n'existe que 4 librairie dans le pays et encore, elles ne vendent que les proses du président et autres poètes proches du pouvoir. Il est interdit de prendre des photos dans ce pays sous peine de passer un sale quart d'heure. Bref, un pays très particulier. Les autres puissances dont la France essaye de maintenir des liens commerciaux à cause des richesses en gaz de ce pays. L'excuse officielle est qu'il faut établir des liens même avec une dictature car sinon c'est le peuple qui souffre le plus. J'entends l'argument mais je ne l'approuve pas. L'auteur se garde de donner son avis sur la question se contentant de lourds silences qui en disent longs. Sinon, j'ai trouvé que par moment, on passe du coq à l'âne sans aucun enchaînement logique. Cela nuit un peu à la cohérence de l'ensemble. Au final, il ne reste pas grand chose de ce périple. Ce fut tout de même un témoignage intéressant.
Je ne connais pas trop le Turkménistan. Je pense que les seuls fois où j'en avais entendu parler c'était à cause de l'ancien dictateur un peu mégalomane (je me souviens d'avoir vu un reportage sur lui dans une émission satirique). Ce one-shot était donc l'occasion pour moi d'en apprendre plus sur ce petit pays. C'est un carnet de voyage donc l'auteur montre surtout ce qu'il a vu, les rencontre qu'il a fait, etc. Il ne faut pas s'attendre à un documentaire qui explique en profondeur la situation et l'histoire du pays. Cela reste superficiel, mais c'est assez intéressant pour me donner envie de faire des recherches sur ce pays. Il y a tout de même quelques passages moins intéressant et l'auteur ne sait pas trop comment rendre le tout passionnant à lire. Le dessin est sympa. J'aime bien le côté croquis de la majorité de l'album.
« Sables noirs » est un carnet de voyage qui devrait ravir les amateurs du genre. Le Turkménistan est un état très secret dont on sait peu de chose, et le visiter en BD est intéressant et dépaysant. L’auteur s’immerge vraiment dans la culture locale, se promène, parle à la population, et surtout « croque » tout ce qu’il voit. Ces esquisses « polaroids » s’intercalent entre les différents chapitres de l’histoire et nous montre le pays dans ses plus menus détails (bâtiments abandonnés, bords de route, petits commerces etc.) Le dessin est joli, même si j’aurais personnellement préféré un style un peu plus détaillé et de la couleur. Voilà, il s’agit d’un carnet de voyage, pas d’un documentaire, l’analyse de la situation du pays reste donc superficielle, mais le voyage est agréable.
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