L'Histoire de France pour les Nuls en BD

Voici de la BD éducative qui marche clairement sur les traces de Histoire de France en Bandes Dessinées ; les dessinateurs et scénaristes ne sont pas aussi prestigieux, mais même si le sérieux affiche son ambition, la maison Larousse reste imbattable dans ce domaine. Adapter l'Histoire de France en BD n'est pas aussi aisé qu'on le croit, car il faut énormément condenser pour ne retenir que les épisodes marquants. C'est un peu ce que font les auteurs de cette série qui profitent du logo et de la réputation de "Pour les Nuls" servant à attirer un maximum de lecteurs de tous âges. Après une page de présentation qui se termine par la Préhistoire, le scénariste, épaulé par Jean-Joseph Julaud, auteur du bouquin textuel "L'Histoire de France pour les Nuls" (Julaud supervisant tous les tomes), adopte à peu près la même formule que Larousse. Tout en révélant des faits et détails intéressants, l'explication est didactique avec des scènes de grands événements qui rendent la lecture plutôt plaisante. Mais ça va à toute vitesse, avec quelques passages développés. Dans ce premier tome, on assiste à une présentation des Celtes, l'épopée de Brennus avec l'épisode des oies du Capitole, la grosse épée jetée dans la balance et le fameux " Vae Victis ", puis c'est une bonne description de l'organisation sociale des Gaulois, avec l'aspect barbare de certaines coutumes, enfin la lutte de Vercingétorix contre César. J'ai apprécié que les auteurs mentionnent le fait que César n'était pas un empereur ; la confusion est souvent fréquente, on a donné le nom de César à tous les empereurs qui lui succéderont en son souvenir, mais il n'était que dictateur à vie. Le constat sur Alésia est le même que j'ai vu ailleurs : si les Romains n'avaient pas été aidés par leurs auxiliaires germains, ils auraient pris la pâtée, c'est donc une vrai coup de chance ! Un détail rarement évoqué dans les manuels : la dernière poche de résistance gauloise est celle d'Uxellodunum (en Quercy, près de Cahors), où César s'est montré inhabituellement cruel, c'est encore un détail qui déboulonne le bonhomme de son piédestal sur lequel des historiens complaisants l'ont trop facilement placé. Ensuite, ça va très vite : la Pax Romana, les invasions barbares, Attila (épisode qui recadre le lieu exact de la bataille des Champs Catalauniques), puis c'est le dernier empereur d'Occident Romulus Augustule qui est déposé, marquant la fin de l'Antiquité en 476 : Bienvenue dans le Moyen Age ! Ce tome 2 est encore plus rapide, car cette période mérovingienne (avec Clovis et le vase de Soissons, la victoire de Tolbiac) puis carolingienne sont tellement lourdes et compliquées avec tous ces royaumes divisés et ces roitelets, même moi je m'y perd, c'est dire... Cet album est instructif car il délivre des informations (la fonction des maires du palais par exemple), mais il est en même temps limite ennuyeux, éclairé heureusement par des cartes explicatives. On assiste même à la légende de Roland à Roncevaux, puis c'est la naissance de la France en 843, la partie Viking avec l'épisode Saint-Clair-s/Epte bien illustré. Ensuite, l'explication claire de ce qu'était la féodalité contentera le lecteur pointilleux. J'arrête là ma description par album, sinon je vais lasser, les autres albums sont sur le même moule, en mode rapide. Au niveau dessin, c'est correct ; certes c'est pas du Manara, ni du Ribera ou du Marcello comme chez Larousse, mais il y a pire... la mise en page, les cadrages sont modernes et vivants. Je préfère ces graphismes à celui de HistoireS de France (Lorànt Deutsch). Un détail déplaisant : l'incrustation de la mascotte "Pour les Nuls", ça ne sert à rien et c'est vilain. La narration générale souffre un peu de ce côté hybride qui hésite entre le résumé rapide et certains passages détaillés en narration traditionnelle. Mais à la fin, j'en ressors plutôt content, malgré quelques approximations, car l'ensemble remplit quand même son rôle qui est de faire retenir et comprendre les grandes lignes de morceaux d'Histoire de manière ludique, sans avoir besoin de consulter de lourdes encyclopédies.

15/06/2015 (modifier)

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