Romanji (3)
150 pages d’une course poursuite amalgamant flics américains, dieux Hindous et anges yuppies sur fond de Tokyo carton-pâte...
BD muette Les petits éditeurs indépendants
Un jour, un manuscrit est arrivé chez Cornélius. 150 pages d’une course poursuite amalgamant flics américains, dieux Hindous et anges yuppies sur fond de Tokyo carton-pâte... Ce faux manga qui ne ressemblait à rien était l’oeuvre d’un parfait inconnu, qui s’était mis en tête d’apprendre à faire de la bande-dessinée comme d’autres se mettent aux arts martiaux... Et de fait, 3 véhicules cette énergie propre aux films de kung-fu, où l’intrigue est moins importante que la beauté du geste. 3 (rebaptisé Romanji dans sa nouvelle édition), l’improvisation par laquelle Hugues Micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s’ouvrait sur un homme avalant un poisson et s’achevait, au bout d’une cavalcade insensée, devant l’encombrant cadavre de Poséidon. Cette longue poursuite muette, dont la seule justification tenait au besoin de dessiner les corps en mouvement et de montrer la ville livrée au chaos, avait révélé un dessinateur surdoué, plein de promesses.
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Date de parution | 01 Septembre 2001 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Romanji, anciennement nommé 3, est un récit étonnant dans un univers un peu loufoque. Dans une métropole de type chinoise rétro-futuriste, des flics et en particulier un inspecteur plus doué que la moyenne, poursuivent les membres d'une sorte de secte trafiquant des poissons donnant à ceux qui les ingèrent de surprenants pouvoirs de métamorphose, de vol et d'invincibilité. Sur le déroulement de l'intrigue, c'est un pur polar d'action, mais ses éléments fantastiques voire même parfois carrément incongrus empêchent de la classer dans ce seul domaine. La narration est en outre totalement muette, laissant au lecteur la tâche de comprendre dans quel drôle d'univers il est embarqué. L'album se scinde en trois chapitres. Le premier, d'une bonne cinquantaine de pages, n'est qu'une très longue course-poursuite... beaucoup trop longue à mon goût. D'autant plus qu'elle met en scène le héros poursuivant un homme transformé qui continue à courir et à voler malgré le fait d'avoir été criblé de centaines de balles et que le héros continue malgré tout à canarder en permanence. Le second chapitre, à peu près aussi long, met en scène l'enquête urgente du héros et de ses collègues pour retrouver la trace et libérer l'un des leurs emprisonné et torturé par le gang de leurs adversaires. Quant au dernier tiers de l'album, c'est l'attaque des policiers contre le cœur de la secte et de son trafic, avec de nouveau une grosse dose d'action et de coups de feu à tout va. Le récit est avant tout graphique car l'intrigue est trop loufoque et trop orientée vers l'action et les scènes clichés de polar pour vraiment passionner, d'autant plus qu'on met un certain temps à comprendre dans quelle affaire on est embarqué. Graphiquement donc, ça vaut le coup d'oeil. Ce sont des cases très fournies, fourmillant de détails, avec des angles de vue originaux et un bon sens de l'action et du mouvement. Tant les décors que les personnages dégagent une véritable âme, même si parfois les scènes en question sont si incongrues que ça ressemble presque à des peintures d'icônes burlesques. Visuellement, c'est donc un album sympathique, qui ravira peut-être les amateurs de dessin. Mais le seul graphisme ne me suffit pas pour apprécier une BD, j'ai besoin d'un bon scénario à côté et celui-ci ne me satisfait pas du tout et m'a même largement ennuyé tant les scènes se diluent en longueur.
Romanji/3 est une des toutes premières œuvres de Hugues Micol, un essai qui n’aurait surement jamais vu le jour sans l’engouement de l’éditeur Cornélius pour éditer des œuvres singulières et barrées. Considérée en son temps comme une œuvre d’apprentissage du dessin comme a pu l’être en son temps les Carottes de Patagonie pour Trondheim, cette histoire entièrement muette se veut un hommage de plusieurs influences dont la première pourrait être Blade Runner version Ridley Scott avec cette longue course poursuite dans une mégalopole aux symboles asiatiques commençant par l’absorption d’un poisson par le traqué et s’achevant par un combat d’ordre divin ! Entièrement dessiné au stylo bille, le dessin a de quoi surprendre par son absence d’encrage ou par certaines perspectives maladroites. Pourtant le découpage est juste exemplaire et ne laisse aucun répit au spectateur pour peu qu’on soit réceptif à de longues scènes d’action et de corps en suspens façon John Woo et Geoff Darrow. Découpé en 3 chapitres bien distincts, la narration éveille les sens jusqu’à faire abstraction de lignes parfois confuses mais on dénote une amélioration du trait, Micol construisant des décors de plus en plus vivants et structurés, la sensation de fun est bien réelle et éveille les sens… On ne saura jamais en l’état les motivations de cette police un peu particulière et l’acharnement d’un policier prêt à tout coûte que coûte ainsi que les objectifs de cette société secrète qui se mue au gré de poissons avalés crus mais le spectacle est total. La nouvelle édition ajoute une colorisation framboise et une couverture cartonnée mais pour peu que vous ayez un peu l’esprit ouvert, nulle déception à venir à la lecture de « 3 » ou de « Romanji »qui offre le même genre de sensations qu’un « Hard Boiled » de Darrow et Miller, la maîtrise graphique en moins mais la grâce des mouvements à pied d’égalité. PS : notez bien que Romanji est le nouveau titre de 3 dans l'édition 2015 mais que les deux oeuvres sont la même ! :)
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