100 bullets - Brother Lono
Lono découvre Dieu au Mexique mais ne devient pas un saint pour autant.
Auteurs argentins DC Comics Spin-off Vertigo
Converti aprés son passé de violence, Lono est au Mexique. Il aide l'église et l'orphelinat du prêtre Manny Perez. Il acompagne soeur June a son nouveau poste. Mais un cartel de drogue désire augmenter son térritoire. Une explosion de violence épouvantable va se suivre...
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Date de parution | 03 Juillet 2014 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Exercice de style - Après la fin de la série 100 bullets en 2009, Brian Azzarello et Eduardo Risso ont à nouveau collaboré sur une histoire de science-fiction Spaceman en 2012. Puis en 2013/2014, ils ont réalisé une histoire complète en 8 épisodes, ayant comme protagoniste principal Lono. Ce recueil contient la minisérie complète, qu'il est possible de comprendre sans avoir lu 100 bullets. Ces événements se déroulent après la fin de 100 bullets. Lono s'est retiré dans un orphelinat géré par le prêtre Manny, dans une lointaine banlieue de Mexico. le prologue est constitué d'une séance de torture particulièrement sadique durant laquelle un sinistre individu extirpe des renseignements d'un pauvre hère ligoté sur une chaise. À l'aéroport de Mexico, Lono prend en charge sœur June qu'il escorte jusqu'à l'orphelinat. Sur place, le père Manny profite des dons financiers de Cortez, un criminel gérant le trafic de drogues local pour le compte des jumeaux Tower (Torres). L'équilibre précaire des pouvoirs chavire peu à peu avec la découverte de cadavres sur les terres de l'orphelinat, et des négociations musclées menées par les sbires de Cortez et Cortez lui-même pour étendre le secteur géographique de son trafic de dope. Pas facile pour le lecteur de savoir sur quel plan placer cette histoire. Pour un lecteur étranger à 100 bullets, il découvre dans un environnement malsain, d'une violence écœurante (la séance de torture initiale est des plus éprouvantes), d'un sadisme nauséabond, avec une sombre histoire de trafic de drogues, tournant autour d'une extension de territoire. Lono est un personnage au passé aussi mystérieux qu'inquiétant, au point d'avoir engendré une répulsion incommensurable chez le prêtre qui l'a entendu en confession. Malgré sa carrure massive, il ne fait qu'encaisser, refusant de se laisser aller à la violence, cherchant une forme de rédemption pour on ne sait quelle raison. Tout le monde a un grain plus ou moins prononcé. L'ambiance est poisseuse, ça ne peut que finir mal, et on ne donne pas cher du bien être des petits pensionnaires de l'orphelinat. Il s'agit donc d'un polar bien noir, avec une dose de violence élevée, des personnages prisonniers de leurs limites, des magouilles à haut risque, des comportements sadiques (de l'arrachage d'ongle à la mutilation avec un chalumeau), où le pauvre shérif esseulé ne peut que compter les points. Cette intrigue bénéficie de dessins à la forte personnalité, marqués de diverses influences. Eduardo Risso ne dessine pas pour faire joli, mais pour décrire la situation en y intégrant toute la tension et les émotions qui s'y expriment. Il sait faire exister les environnements en quelques éléments soigneusement choisis, qui peuvent être soit détaillés, soit esquissés en fonction du besoin de la scène. Il peut passer du temps pour peaufiner une case et montrer tous les meubles et accessoires du bureau du shérif, ou l'aménagement du Coyote Bar que fréquente Lono (chaises, tables, rangées de bouteilles, comptoir). Il peut également s'en tenir à des silhouettes à moitié mangées par l'ombre sans arrière plan, à de simples formes en ombre chinoise, telles les croix du cimetière, des plans de maïs de nuit, les barreaux des cellules de la prison, etc. Si certaines séquences peuvent sembler manquer de substance le temps d'une page ou deux dépourvues de tout décor, elles ne sont jamais fades. Risso sait concevoir des personnages à l'apparence visuelle unique et marquante, qu'il s'agisse de l'énorme masse de muscle qu'est Lono, de la silhouette gracile de sœur June, du père Manny marqué d'une certaine mollesse, ou du trop suave señor Cortez. Chaque personnage dispose de vêtements spécifiques et adaptés. Les hommes de main de Cortez sont affublés de tatouages faciaux qui valent le détour (marque de pneu). La direction d'acteur est impeccable, et la mise en scène parfaitement fluide et lisible. Risso s'avère également très doué pour transcrire le sadisme et la cruauté des tortures et des violences, sans se complaire dans le gore. Même pour un lecteur aguerri, l'équilibre entre ce qui est montré et ce qui est sous-entendu rend ces séquences éprouvantes. Patricia Mulvihill utilise un outil infographique qui lui permet d'introduire quelques dégradés discrets, tout en retenue. Elle maîtrise à la perfection la méthode qui consiste à choisir une teinte dominante pour chaque scène, ou pour un lieu particulier, et faire ressortir quelques éléments choisis du dessin par des couleurs qui tranchent. Elle améliore la lisibilité de chaque case, en la complétant discrètement, et elle assure l'unité de chaque séquence par le biais d'une teinte prédominante. De temps à autre, le lecteur remarque que Risso s'amuse à introduire un élément caricatural dans une case : une expression un plus appuyée que nécessaire (la vieille dame à l'aéroport, la lassitude sur le visage de June, l'air idiot du père Manny devant l'armoire de Cortez dans le chapitre 7), des personnages caricaturaux (les espèces de zombies venant hanter Lono dans l'épisode 3), des éléments exagérés (les traces en spirale des balles tirées par Lono dans le chapitre 8). Il s'agit de quelques moments fugaces, mais bien présents, comme si Risso souhaitait attirer l'attention du lecteur sur une dimension parodique du récit (légère mais réelle). Cette impression se trouve renforcée par les incroyables couvertures réalisées par Dave Johnson, combinant une interprétation très personnelle et premier degré des affiches du cinéma grindhouse, avec là encore une dimension parodique consciente. Au final, le lecteur finit par avoir l'impression que les auteurs lui adressent un clin d'œil pour lui dire que tout ceci n'est pas à prendre trop au sérieux, qu'il s'agit d'un exercice de style, d'un hommage personnel à un type de récit noir, cruel et brutal. Pour un le lecteur de 100 bullets en manque, il se fait un plaisir à l'avance de retrouver cette terrifiante ordure psychopathe de Lono. Il constate que le tatouage Croatoa est bien présent sur son ventre, ce qui confirme que le récit se déroule après la fin de la série. Il constate avec surprise que Lono a décidé de renoncer à la violence, ce qui en fait un nouveau personnage. Azzarello entretient le doute de séquence en séquence, ce qui fait que le lecteur ronge son frein ne sachant que penser. Évidemment, en 8 épisodes, Azzarello ne pouvait pas déployer une intrigue aussi tentaculaire et labyrinthique que celle de 100 bullets. Toutefois ces 8 épisodes se lisent aussi vite que 4, et parvenu à la fin le lecteur se dit que l'histoire était un peu mince. Bien sûr, Azzarello se montre aussi doué que Risso pour créer des scènes totalement inscrites dans le sous-genre du polar mexicain, puant la sueur, la peur diffuse, la violence latente, et la cruauté mentale surdéveloppée pour les tortures. du coup le récit s'apprécie plus pour l'ambiance de chaque séquence que pour l'intrigue. Toutefois, 100 bullets recelait plusieurs niveaux de lecture et des portraits de personnages complexes, ainsi qu'une critique personnelle et intelligente du capitalisme sauvage et de la loi du plus fort. Ici, les personnages sont à peine plus que des stéréotypes, des pions personnalisés au service de l'intrigue. le thème principal peut difficilement s'apparenter à la rédemption de Lono dans la mesure où le lecteur ne sait pas ce qui a pu provoquer ce revirement chez lui. Une fois écartée cette rédemption, il ne reste plus qu'un exercice de style virtuose, sans guère autre chose que des individus englués dans leur mode de vie, incapables d'évoluer ou d'en changer. "Brother Lono" est donc à prendre comme un petit plaisir coupable de série B ou Z, réalisé par des auteurs exceptionnels, mais souhaitant juste réaliser une histoire "à la manière de" rendant hommage au grindhouse. Au regard de la production mensuelle de comics, cette histoire mérite entre 4 (roman très noir manquant un peu de fond) et 5 étoiles (exercice de style virtuose). Au regard de 100 bullets, le lecteur éprouvera une déception de voir cette coda qui n'est pas à la hauteur de l'original et qui n'est pas indispensable.
Cartels mexicains, drogue, ville sous la coupe des gangsters, un orphelinat miraculeusement tenu en dehors de leur influence, un ancien tueur repenti, et surtout beaucoup, beaucoup de violence. Et la violence, je n'en suis clairement pas fan. D'autant qu'ici, les auteurs insistent sur la capacité de l'un des méchants à imaginer les pires tortures pour terroriser et faire régner sa loi. C'est très cru, fort et choquant, mais ces scènes là me rebutent d'autant plus que j'y ressens un côté gratuit et artificiel, car quand des gens n'ont plus rien à perdre, ce n'est pas la peur de la torture qui va les empêcher de tout faire pour tuer ceux qui les terrorisent. Mais ce n'est pas vraiment le sujet. Car ici c'est bien d'un polar très noir et sanguinolent auquel on est conviés. Magouilles de trafiquants de drogue, luttes d'influence, et donc au milieu cet orphelinat et son prêtre qui joue sur la corde raide face aux dangers qui planent autour et menacent tant sa vie que celles des enfants. Ajoutez-y un agent de la DEA infiltré, un ancien orphelin devenu membre de gang et qui se déteste pour cela, et donc ce fameux ancien tueur, Lono, personnification de la masse géante et invincible, du vétéran qui a vu et faire le pire, et qu'il ne faut surtout plus chercher. Et bien sûr, les gangsters viendront le chercher, avec les conséquences que l'on imagine... et le défoulement de violence vengeresse que cela implique. J'aime beaucoup le dessin de Risso. Il est très chouette ici, et la colorisation aussi, même si c'est pour représenter des scènes aussi gore. L'intrigue parait parfois un peu embrouillée, les différents représentants de gangs mexicains et US se succédant, avec chacun leurs combines. Mais ça tient la route. La conclusion de l'histoire est un peu convenue et attendue toutefois, ce qui rompt avec l'originalité de pas mal d'autres idées du scénario. Sans parler du côté un peu facile et pas réaliste de ce qu'il s'y déroule. Mais bon, ça passe... même si à nouveau l'abus de violence et de torture que contient cet album m'empêche de me satisfaire pleinement de son histoire.
C'est un spin-off de 100 bullets et c'est un plaisir de retrouver Azzarello et Risso redonnant vie au personnage Lono. Toute l'équipe est a nouveau réunie, Patrícia Mulhivill aux couleurs, Dave Johnson aux couvertures. L'action se déroule au Mexique dans un contexte d'expansion du cartel de drogue de Durango. Le dessin de Risso est à son meilleur : les contrastes clair/obscur, les détails quand ils se justifient, la simplicité au service de l'action aussi. Pourtant, l'histoire souffre un peu de sa brièveté. Elle est peut-être un cran en dessous de la série mère, n'ayant pas la complexité de ses trames et personnages, celles qui font une part importante de son charme. La violence extrême est encore plus présente et les plus sensibles devront s'abstenir. En rigueur, ma note serait 3,5.
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