Confidences à Allah

Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 9 avis)

Comment devenir libre quand tout vous prédestine à la soumission ? Itinéraire d’une jeune fille musulmane d’aujourd’hui, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru, et cependant plein de poésie et d’humour, sur l’oppression des femmes. Eddy Simon et Marie Avril adaptent le monologue fiévreux de Saphia Azzeddine, portrait sans concession d’une jeune femme qui rêve d’émancipation et refuse de se soumettre.


Adaptations de romans en BD Futurs immanquables La BD au féminin Maghreb Maisons closes et prostitution Nouveau Futuropolis Violences faites aux femmes

Jbara vit les montagnes du Maghreb, entre ses parents, ses cinq frères et soeurs, et ses brebis. Elle rêve d’ailleurs, d’une modernité qui lui paraît inaccessible. Ignorant et violent, son père la ramène constamment à sa condition de femme, et donc de soumission. Pour tromper son ennui, Jbara couche avec les bergers de passage en échange de quelques friandises. Mais un jour, elle se retrouve enceinte. Elle est alors bannie du village et contrainte d’aller s’installer en ville. Pragmatique et désabusée, elle tente de s’en sortir et raconte sa vie : la misère, la prostitution, la prison, le mépris dans le regard des autres, ces hommes qui ne voient en elle qu’un objet sexuel… Dans ce monde qui ne veut pas d’elle, elle parle à Allah, son seul confident.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Juin 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Confidences à Allah © Futuropolis 2015
Les notes
Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 9 avis)
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14/07/2015 | Alix
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L'avatar du posteur Noirdésir

Nous suivons l’histoire de Jbara, jeune femme née dans une pauvre famille d’un trou perdu au fin fond d’un pays maghrébin (que je n’ai pas identifié). Promise à un destin misérable, soumise à une famille peu aimante et aux diktats qu’une vision rigoriste de l’islam lui impose, tout semble faire de Jbara une potiche, jouet des hommes qui l’exploitent et la violent. Mais, une volonté de se sortir de ce cercle vicieux, et quelques petits hasards plus ou moins heureux (comme cette valise d’une touriste américaine, tombée du bus près de chez elle) vont lui faire découvrir autre chose que son bled paumé. Mais si l’horizon s’élargit, elle ne va pas moins continuer à être soumise aux desiderata des hommes. Mais ils sont plus riches, et en mettant son amour propre de côté (dans tous les sens du terme), sa prostitution assumée (à défaut d’avoir été choisie) la fait un temps sortir d’une certaine misère. Le parti pris du récit est intéressant, puisque tout est raconté par Jbara elle-même, de façon dépassionnée, comme si elle s’auto-analysait. Et en permanence elle se confie à Allah, son témoin, à qui elle raconte tout, sans concession, ayant avec Dieu une relation finalement plus sincère que la plupart de ceux qui la prennent de haut ou qui lui reprochent sa condition de pute. Une vision très noire d’une certaine condition féminine au Maghreb, avec une femme qui n’arrive pas à échapper à un triste destin. Une lecture intéressante, avec une narration fluide et agréable en tout cas. Note réelle 3,5/5.

22/11/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Quand le néant s'adresse à l'infini, ça sonne occupé. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, l'adaptation du livre Confidences à Allah (2008) de l'autrice Saphia Azzedine. Sa première édition date de 2015. Il a été réalisé par Eddy Simon pour le scénario, et par Marie Avril pour les dessins et la couleur. Il compte quatre-vingt-six pages de bande dessinée. À Tafafilt, petit village de montagne au Maroc, la jeune adolescente Jbara s'ennuie et elle considère que ce village c'est la mort, même si elle y est née. Elle a seize ans et elle a pris l'habitude de s'adresser à Allah dans sa tête. Il paraît qu'elle est belle, mais elle ne le sait pas. Un homme est en train de la pénétrer, et elle ne pense qu'à son Raïbi Jamila, un délicieux yaourt à la grenadine qu'on boit par-dessous, en faisant un petit trou. Elle se doute bien que ce qu'elle fait, c'est Haram. Vu qu'il n'y a rien à Tafafilt, elle se dit qu'Allah ne la voit pas. Avec un peu de chance… Elle regarde les yaourts, le paquet de biscuits au chocolat, les chewing-gums dans le sac en plastique… Lui, il gémit comme un porc. Heureusement, il est derrière. Lui, il s'appelle Miloud. Il est marron, il est amer, il la débecte. C'est un berger. Il habite dans un bled à une cinquantaine de kilomètres de chez elle. Il passe de temps en temps faire du commerce avec des mecs comme lui… Et se faire du bien avec elle. Elle, elle s'en moque. Elle a son raïbi Jamila. Pour elle, c'est le summum du plaisir. Elle est pauvre et elle habite dans le trou du cul du monde. Avec son père, sa mère, ses quatre frères et ses trois soeurs. Elle est une bergère et elle ne connait rien d'autre. Ses brebis sont tout ce qu'elle a. Non, elle a sa mère aussi. Elle aime sa mère, elle l'aime parce qu'elle lui fait pitié. Elle met des oignons dans tous ses plats pour pouvoir pleurer en paix. le plus dingue pour Jbara, c'est qu'elle supporte son père. Son père est un gros idiot chez qui elle déteste tout ! Elle a beau essayer d'avoir pitié de lui, elle n'y arrive pas. Quand il parle, il a du blanc au coin des lèvres, ça la dégoute ! Elle sait qu'elle est injuste, il n'y est pour rien. C'est qu'un idiot ! Jbara est sortie à l'extérieur de la tente familiale pour s'adresser à Allah, lui faire des confidences, agenouillée à même le sol. Elle le remercie pour la santé de sa mère, de ses frères, de ses soeurs. Pour ses brebis, pour tout quoi. Elle veut lui dire qu'il doit être très beau et très miséricordieux, et très glorieux aussi. Mais quand même, pourquoi l'a-t-il laissée là ? Ce n'est pas une vie Tafafilt. Elle le supplie pour qu'il se passe quelque chose dans sa vie. Puis elle va s'occuper de ses moutons, tout en savourant un de ses yaourts. le lait tourné de Miloud a tellement collé qu'elle a du mal à séparer ses cuisses. Ça tombe bien, c'est le jour du bain. Un jour, Miloud lui a dit qu'on n'était définitivement plus vierge quand on perdait tous ses poils d'en bas. Tout en se lavant, elle constate que sa touffe est toujours là. Elle se sèche et elle se sent encore plus vierge qu'avant. Elle sort de la tente de bain, sans s'être rendu compte qu'un homme s'était masturbé en la regardant. Prise d'une crampe soudaine, elle s'agenouille et vomit à même le sol. Cette adaptation est celle d'un premier roman, d'une écrivaine née au Maroc, d'une mère française d'origine marocaine et d'un père marocain, qui n'a rien d'autobiographique, une pure fiction. le lecteur découvre une jeune adolescente ayant grandi et habitant dans un petit hameau, dans une famille pratiquant la religion nationale, et étant devenue l'objet du désir de plusieurs hommes de la région. Pour autant, la tonalité de la narration ne relève pas du féminisme. le lecteur voit crûment le comportement de certains hommes vis-à-vis de Jbara : un simple objet utilisé pour leur plaisir, parfois avec une forme de rémunération, des denrées pour commencer, de l'argent par la suite, d'autre fois sans aucune compensation d'aucune sorte, juste parce qu'ils sont en position dominante. D'une certaine manière, cette violence reste feutrée : elle ne prend pas la forme de violences physiques et cette jeune femme a complètement intégré ce fonctionnement systémique de la société. Elle s'y est adaptée, apprenant progressivement à en tirer pour profit pour elle-même, sans se voir comme une victime. Les choses sont comme ça, elle accepte cet état de fait et elle le vit comme étant l'ordre naturel des choses. Progressivement, elle prend conscience que le mode de vie qui est le sien est incompatible avec les préceptes de la religion, en aucune manière. Là encore, elle sait s'y adapter et elle fait évoluer son mode de vie en conséquence : elle s'éloigne peu à peu de la religion, tout en continuant à s'adresser à Allah. Le personnage principal est également présenté comme appartenant à une classe sociale pauvre, voire très pauvre. La vie dans le village n'est pas juste simple : il n'y a aucun confort moderne. Pas d'électricité, pas de réseau et d'ailleurs même aucun téléphone portable, même pas l'eau courante. Lorsqu'elle présente ses parents, Jbara le fait comme une adolescente, sans beaucoup de nuance, mais en même temps de manière très pénétrante : sa mère qui met beaucoup d'oignons partout pour masquer ses pleurs, son père pas très futé et embobiné par le représentant religieux local, ce dernier profitant sans vergogne de la foi des personnes qui l'accueillent. La jeune adolescente souhaite une autre vie, en particulier plus confortable grâce à des biens matériels. L'écrivaine fait évoluer le statut de son héroïne grâce à une valise providentielle et une grossesse non désirée. Bientôt, Jbara a trouvé un gite en ville, et gagne même de l'argent ce qui lui permet de s'acheter des choses, autonomie relevant du délire seulement quelques semaines auparavant encore. Pour autant l'organisation systémique de la société la cantonne dans le rôle d'individu exploité par d'autres : du fait de sa condition de femme, mais aussi comme femme de ménage, comme personne entretenue, comme employée sans contrat, sans protection sociale, à la merci de la fantaisie de son employeur ou de son protecteur, ou d'événements sur lesquels eux-mêmes n'ont aucune prise. Pour raconter cette histoire, les dessins s'avèrent assez doux. le lecteur le remarque dès la première page avec les couleurs. Elles s'inscrivent dans un registre chaud, orangé et un peu foncé, pour montrer la ferme de Tafafilt. Puis vient la scène de sexe qui se déroule dans l'ombre de la tente : les dessins s'avèrent peu explicites, dépourvus de charge érotique, avec un pudeur dépourvue d'hypocrisie, car il n'est pas possible de se tromper sur ce qui est en train de se dérouler. Ainsi que l'artiste choisit des teintes pouvant aller du clair au foncé, toujours avec des dégradés adoucis, neutralisant toute forme potentielle d'agressivité. Même le soleil du Maroc ne semble jamais implacable, ou la chaleur accablante, ou les lumières artificielles trop vives. Les contours des personnages sont réalisés avec un trait fin, les couleurs apportant plus d'informations en termes de reliefs des corps, de luminosité de la peau, et renforçant les expressions de visage. Ce choix graphique participe également à rendre les individus plus gentils, même ces militaires qui effectuent un raid chez le cheikh ne semblent pas méchants, alors que pourtant leurs actions sont violentes. En fait la personne qui apparaît la plus mal intentionnée au regard de Jbara s'avère être la belle-mère. Marie Avril impressionne tout de suite par son savant dosage entre traits de contour et mise en couleurs, composant des images avec une belle consistance en termes d'informations visuelles, sans pour autant qu'elles n'apparaissent chargées. Au fil des scènes, le lecteur se retrouve dans des endroits bien décrits la zone désertique de Tafafilt avec ses montagnes, les maigres pâturages, l'unique route de terre, l'arrivée en car dans la grande ville, ses rues, ses devantures de magasins, la grande demeure dans le quartier des riches avec ses pièces spacieuses, sa piscine, la cuisine, la discothèque avec ses lumières, le palais du cheikh et son encore plus grande piscine avec ses palmiers, la demeure modeste de l'imam. L'artiste s'inscrit dans une veine réaliste, un peu simplifiée, immergeant le lecteur dans un quotidien concret et consistant, que ce soient les lieux, les pièces des bâtiments et leur aménagement, les accessoires et les tenues vestimentaires, les modèles de véhicule, les gestes et postures, ou encore les expressions de visage. À plusieurs reprises, le lecteur remarque la force et la justesse des plans de prise de vue et de leurs cadrages. Les scènes de rapport sexuel ne sont pas édulcorées de manière hypocrite, et pour autant, le lecteur ne se retrouve pas en position malsaine de voyeur. Il voit Jbara se livrer à cette activité, avec son point de vue et sa force de caractère qui fait qu'elle ne se représente jamais en position de victime. Il assiste à un accouchement dans la rue, deux pages d'une intensité terrible, même s'il ne voit jamais le bébé et alors qu'il n'y a aucun gros plan sur la venue au monde elle-même. En pages cinquante-neuf à soixante-et-un, Jbara revient à Tafalit, alors qu'elle est maintenant beaucoup plus à l'aise financièrement que ses parents, et que ceux-ci la voient comme une bienfaitrice, lui rendant grâce comme à une personne digne de louanges. le lecteur regarde la jeune femme et ressent les émotions qui la traversent, avec une solide empathie, une très belle réussite. Comme toute adaptation, celle-ci effectue des choix par rapport au roman originel, accentue certaines intentions, en atténue d'autres. L'autrice a imaginé une trajectoire de vie pour une adolescente de la campagne qui devient une de ses femmes faciles assouvissant le désir des hommes qui ne peuvent le faire avec les femmes respectables, observant les prescriptions de la religion afin d'être des épouses dignes selon ces critères. Il s'agit d'un récit féminin, une femme rendue très sympathique grâce à une narration visuelle prévenante et nuancée. Une mise en scène de la vie d'une jeune personne, femme et pauvre, s'adaptant intuitivement avec courage et à propos, au fonctionnement systémique d'une société qui ne la ménage pas.

12/04/2024 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
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Jbara vit dans un village marocain isolé qu'elle n'a quasiment jamais quitté depuis sa naissance. Sans doute peu éduquée, en tout cas pas trop au fait sur les sciences naturelles, elle offre son joli corps d'adolescente pour une bouchée de pain, ou du moins un paquet de yaourts, sans prendre conscience de sa valeur. Répudiée, elle se retrouve en ville à devoir user de son corps pour survivre, tout cela avec un continuel dialogue intérieur avec Allah. Elle est devenue une courtisane, pas une prostituée de bas étage. Voilà une histoire forte, sans réelle surprise, mais qui montre l'injustice faite aux femmes, le poids de la religion, le pouvoir des puissants dont l'argent achète tout comme cet épisode dans la villa où les prostituées sont embarquées quand lui s'en sort sans être inquiété. Elle a dans son malheur une certaine chance dans la vie de tomber aussi sur de bonnes personnes, tel cet imam qui la recueille. Très beau texte.

01/12/2021 (modifier)
Par olma
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Cet album est la transposition d'un roman, qu'elle m'a donné envie de lire une fois l'album refermé. Peut-être aurai-je le même coup de coeur qu'à la lecture de la BD, si celle-ci est fidèle à l'esprit du livre. Le sujet pourrait pourtant être noir et désespérant, car c'est un portrait sans la moindre concession de la condition féminine au Maroc - mais qui pourrait se passer dans de nombreux autres pays: absences de droits, violence, prostitution, patriarcat rétrograde, religion oppressante... Mais l'incroyable énergie de Jbara emporte tout: son récit raconté d'un ton direct, la simplicité sans fard de ses "confidences" qu'elle fait régulièrement à Allah, sa liberté et son optimisme font qu'elle arrive pourtant à tracer son destin sans fausse honte ou pudeur et que dans une vie où elle fait peu de belles rencontres, elle arrive à s'appuyer sur celles-ci pour se trouver elle-même. C'est une belle leçon de vie que donne cette jeune femme dont on pourrait penser si souvent qu'elle pourrait baisser les bras, mais refuse de se laisser briser ou enfermer. Le trait de la dessinatrice est à la fois précis et vivant, expressif et tout sauf statique : elle fait très bien ressortir des sensations très différentes selon les moments entre colère et révolte mais aussi douceur, tendresse ou sensualité... La mise en page et les cadrages sont presque cinématographiques et la mise en couleur (également par Marie Avril, qui remercie Rozenn) sont très réussies.

29/07/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Une adaptation d'un roman que je ne connais pas (donc je ne peux pas comparer) et qui parle de la prostitution au moyen-orient. On va suivre la vie d'une femme prostitue. Elle veut échapper à la soumission, mais en fin de compte en essayant de s'émanciper elle ne fait que subir un autre genre de soumission. Enfin, c'est comme ça que j'ai compris l'histoire. C'est assez intéressant et l'héroïne est attachante, mais je n'ai pas non plus été très passionné par le scénario. C'est un bon one shot qui montre un problème grave (même si l'héroïne essait de faire comme si sa vie est superbe), mais je ne sais pas si j'aurais envie de le relire un jour. Le dessin est plutôt bon. Il est agréable à regarder.

13/02/2016 (modifier)
Par karibou79
Note: 2/5
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Le scénario est parfaitement ciselé... car adapté du roman du même nom (aucune offense, c'est indiqué sur la couverture). J'ai lu ce roman, qui devrait être à lire obligatoirement, et je ne retrouve dans cette BD qu'une retranscription mot à mot, sans aucune valeur ajoutée. Donc achat BD déconseillé mais achat roman fortement conseillé (il est rapide à lire, pas d'excuse :) ). Oui, c'est le même cas pour Charly 9, mais celui-ci se permettait des innovations graphiques pour que chaque chapitre colle à l'intonation. Ici, nous avons un roman photo.

01/02/2016 (modifier)
Par canarde
Note: 3/5
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Trop dur pour moi. Oui le dessin est très séduisant : vif, gracieux, sensuel. les couleurs renforcent cette douceur méditerranéenne. L'histoire est bien menée, mais triste, si triste...se prostituer pour du yaourt avant même d'être adulte, ça a de quoi effrayer... On a envie de savoir ce qui va arriver à Jbara, on ne lâche pas la lecture, mais je ne vois pas ce qu'il y a de léger dans cette histoire: elle se confie à Allah avec désinvolture, mais avec rage, et désespoir aussi, comme on parle au responsable de son histoire, comme on se parle à soi-même. Ce monologue qui essaye de ridiculiser, de rendre plus supportable pour elle-même sa situation est loin de me faire le même effet! Le fond de l'histoire est tellement désespérant que je ne peux vraiment pas conseiller l'achat. En revanche il faut lire cet album, c'est un coup de poing au ventre.

02/11/2015 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5
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Enfin ! ça y est ! Enfin un récit qui nous présente la triste réalité du devenir de nombreuses jeunes femmes marocaines : la soumission à l’homme et la prostitution. Vous allez me dire : « bah, c’est pas étonnant, c’est un pays arabe, ça se passe là-bas, on s’en fout ! » sauf que, si vous avez eu l’occasion de séjourner à maintes reprises au Maroc, vous ne pouviez pas me raconter que vous n’avez jamais vu des prostituées dans un des hôtels de ce pays ! Elles étaient partout dès que la nuit tombée ! Pour ma part, j’étais choqué et honteux de constater cette traite, cette misère… Ces filles, elles étaient dans les bars. Elles étaient maquillées, en mini et non voilées. Elles étaient en train de boire, boire, et reboire des litres de bière. Elles étaient aussi en train fumer, fumer et fumer encore. Et tout ça, sous l’œil complaisant des barmen, des hommes « bien comme il faut », des « touristes qui venaient pour s’amuser » et autres responsables d’hôtel dont on devine aisément, qu’elles permettaient de bénéficier d’un apport financier non négligeable à l’établissement… Mais revenons à « Confidences à Allah », le lecteur est invité à suivre le destinée de Jbara. Celle-ci est née dans les montagnes de l’Atlas, elle est fille de parents pauvres, elle ne rêve que de s’échapper à cette vie soumise et norme qui lui est promise. Un jour, elle va tomber enceinte et par conséquent, être rejetée par sa famille où la tradition, la religion et la culture interdisent toute femme d’enfanter hors mariage. C’est à partir de ce moment-là que nous vivrons les péripéties de cette jeune fille livrée en elle-même… Avec une telle histoire, on pourrait se dire que nous allons feuilleter un récit triste, violent et « no futur » . Ce n’est pas le cas car les auteurs ont pris le parti d’utiliser une narration légère, ironique et franchement assez comique lorsque l’héroïne s’adresse à Allah. Ce n’est pas le cas également parce que le récit est vivant, le regard ne s’attarde jamais sur telle ou telle scène (pourtant, de nombreuses séquences dramatiques foisonnent cette histoire) comme si le but des auteurs étaient de ne pas s’apitoyer sur les malheurs de Jbara. Au final, je me suis attaché à cette héroïne malgré ses tares, malgré ses choix discutables… mais cette société lui a t-elle laissé le choix de vivre sa vie comme elle l’entend ? J’adore le graphisme de Marie Avril, cette mise en couleurs, sa représentation de ses personnages, ses décors fouillés, son découpage… en une phrase : jetez un coup d’œil sur ses planches, je suis sûr que vous serez conquis pas son travail ! Vraiment super ! « Confidences à Allah » m’est apparu comme une bande dessinée très intéressante à lire, elle nous présente une certaine réalité du devenir des jeunes filles marocaines. Je ne dis pas que ce récit est 100% réaliste : Jbara, l’héroïne, va même vivre au grand train à un moment donné, ce qui ne correspond pas forcément à la majorité ce que vont devenir ces femmes. Mais, c’est une bande dessinée que je vous recommande hautement de feuilleter d’autant plus qu’elle est servie par un graphisme de toute beauté.

30/09/2015 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Le sujet de l’album semble suggérer une histoire dure (conditions de vie des musulmanes, exploitation sexuelle), pourtant le ton est léger, voire humoristique, et assez cru sans pour autant vulgariser le contenu. Jbara n’a pas la vie facile, et fait certains choix douteux. Son seul confident : Allah, avec qui elle a des conversations parfois sérieuses, souvent cocasses. Le ton est un poil partial, voire féministe (ce n’est pas une critique), les hommes rencontrés sont pour la plupart des assoiffés sexuels (normal, si on considère les circonstances des rencontres) et Jbara « navigue » dans ces eaux troubles de son mieux. On finit vraiment à s’attacher à elle, malgré ses erreurs. La mise en image est superbe, le style « animation » contribue grandement au ton plutôt léger de l’album. Un bon moment de lecture.

14/07/2015 (modifier)