Le Turban et la Capote

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Adaptation d'une pièce de théâtre à succès de l'écrivain mahorais Nassur Attoumani, Le turban et la capote aborde, avec une fantaisie débridée et pas mal d'aplomb, des thèmes peu évoqués dans une société musulmane : la place de la femme, la polygamie, le voile, la contraception.


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Cet album à l'humour tropical vous fait voyager vers une île rarement décrite dans le neuvième art : Mayotte. Une femme Maborcheti va se plaindre de son mari au cadi . Ce dernier est un polygame. Il a épousé quatre femmes, il est père de plusieurs enfants. Mais il ne joue aucun rôle dans l'éducation et râle lorsque sa femme lui demande une aide financière. Le cadi sous son turban est surtout un obsédé sexuel...

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Turban et la Capote © L'Harmattan 2013
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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12/08/2015 | Erik
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L'avatar du posteur bamiléké

"Le Turban et la Capote" est l'adaptation éponyme de la pièce de théâtre de l'auteur mahorais Nassur Attoumani. C'est particulièrement intéressant pour découvrir une vision d'un petit département français de l'Océan Indien : Mayotte. Attoumani a du talent et du courage. Son scénario emprunte au Tartuffe de Molière dans un cadre contemporain de la lutte contre la propagation de M.S.T (et surtout du Sida). Il y inclut aussi une réflexion sur le développement démographique de l'île où "Les enfants sont la richesse de la famille !". La confrontation entre le droit républicain laïc et le droit coutumier musulman est un autre axe fort de la série. Comme souvent le passage de la scène à la planche fait perdre du comique dans les situations, les rythmes ou la mise en scène. De plus le dessinateur Luke Razaka ne profite pas assez de sa possibilité de sortir de l'espace clos de la scène pour nous présenter l'ambiance de l'île. C'est dommage. Pour un "métro" c'est un point qui aurait pu donner de la valeur au récit à l'image de ce qu'a fait Franco Clerc dans Les Mystères de Tana. Comme cela vient du théâtre, les dialogues sont importants. Ils peuvent être déroutants mais sont vifs et souvent drôles. L'image de Tartuffe est omniprésente chez le Cadi où l'on retrouve quelques scènes cultes. Le graphisme est assez simple et manque un peu de précision et d'expressivité à mon goût. La mise en couleur travaille surtout sur les costumes, laissant les arrières plans en fonds unis sans originalité. Les extérieurs sont assez pauvres. Quoiqu'il en soit c'est une lecture découverte intéressante pour ne pas oublier un petit coin de France sous le soleil mais qui vit des us et coutumes bien différentes des nôtres.

09/10/2022 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Il y a deux façons de réagir par rapport à cette pièce de théâtre à succès de l'écrivain mahorais. La première est l'indignation par rapport à un sujet sacré qui fait une véritable offense à la religion. Ce qui est moqué là a valu pour moins que cela de sanglants attentats dans notre pays il y a quelques mois. Pas d'amalgame. Nos chances pour la France n'apprécieraient pas. Inutile de souffler sur les braises. Il est question d'un cadi qui cache en réalité des capotes sous son turban car il aimait bien avoir une cinquième femme. On ne rigole pas avec la religion. Sic. La seconde réaction à l'opposé serait de rire de cette comédie corrosive qui aborde avec une certaine légèreté et fantaisie les thèmes suivants dans la société de Mayotte rattachée à la République : la place de la femme, la polygamie, le voile, la contraception. Ainsi, on apprendra qu'à Mayotte, 60% de la population a moins de 20 ans et que les écoles sont surpeuplées. Par ailleurs, le SIDA progresse. Cette oeuvre semble dénoncer l'hypocrisie dont font preuve ces religieux. La dérision est accentuée par un dessin à la Gotlib. Il faut savoir que cette île de l’océan Indien est le plus musulman des départements français. Entre l’école laïque et la mosquée, la majorité des habitants pratiquent leur religion en accord avec les lois de la République. Tolérance et respect de chacun semblent être la règle sur cette île. Pour que l’île devienne un département français, les Mahorais ont quand même dû faire quelques concessions avec leurs traditions et se couler dans le moule de la laïcité. L’âge légal du mariage a été relevé à 18 ans et la polygamie a été interdite en 2004. Bref, cette bd nous en apprend beaucoup sur le 101ème département français.

12/08/2015 (modifier)