Drones
Deux femmes, deux ennemies. Louise Fernbach et Yun Shao. La militaire européenne contre la terroriste catholique chinoise. Et depuis que cette dernière a causé la mort de soldats du vieux continent, Louise veut sa peau. A tout prix. Louise ne connaît pas la pitié. Louise est pilote de drone.
Anticipation Les meilleures séries terminées en 2016
Pour elle, la guerre est un jeu vidéo auquel elle joue depuis son QG de Stockholm, tandis que Yun Shao affronte un robot. Bienvenue dans la guerre moderne...
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Date de parution | 21 Août 2015 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Au-delà du sujet des drones de combat dont la technologie perce de plus en plus de nos jours, cette série d'anticipation aborde de manière plus générale une vision sombre de la guerre moderne. Car même si le décor et la religion sont différentes, il s'agit bien évidemment d'une allégorie de la situation du monde actuel avec le conflit entre armées occidentales et fanatiques islamistes. Pourtant, cela commence comme une série de SF d'action à l'américaine, avec des jeunes pilotes de drones souriants dotés d'une technologie impressionnante dans un environnement propre et ensoleillé. Mais c'est un engouement insouciant à la Starship Troopers qui sert à apporter un contraste presque ironique avec la réalité des faits. Et en parlant de réalité, on y trouve aussi une thématique proche du roman "la Paix Éternelle" de Joe Haldeman où des soldats mènent une guerre désincarnée en téléguidant des machines surpuissantes face à des adversaires incapables de les affecter physiquement. Et tout cela sert à nous amener à réfléchir sur la forme que pourrait prendre une telle guerre dans pas si longtemps. Les auteurs font ça plutôt bien en mettant en scène cet affrontement à distance entre deux guerrières : une pilote de drone européenne confortablement installée au Danemark avec sa famille qui vit la guerre qu'elle mène en faveur des profits économiques européens comme un travail d'équipe sportif et motivant, et la chef d'une faction indépendantiste catholique chinoise qui agit directement sur le terrain en compensant sa faiblesse économique et technologique avec des plans audacieux et de la politique. Il n'y a pas de manichéisme. D'un manière ou d'une autre, on retrouve une même froideur de chaque côté, avec des raisons et des torts pour chaque partie, mais la guerre et la mort déshumanisée dans les deux cas. Terrorisme et plans complexes d'une part contre avancée technologique et attaques sans pitié d'une autre part. Et rapidement on se rend compte du détachement irréaliste de ces pilotes de drones qui ne vivent la guerre que par procuration, comme un jeu vidéo, et ne subissent aucun traumatisme alors que les véhicules qu'ils pilotent font de vrais carnages humains. Graphiquement parlant, le style de Stéphane Louis me plait bien. Il est moderne et dynamique quoique légèrement froid dans sa colorisation et le côté épuré de ses décors. Hormis une petite scène d'action que j'ai trouvé ratée (le presque-accident de voiture de l'héroïne dans le tome 1), j'aime bien son dessin, ses véhicules et ses personnages. Ceci dit, les anatomies de ses femmes sont un peu étranges car il fait le choix de donner une physionomie en forme de poire longiligne à chacune d'entre elles avec tout le poids placé dans le bas des fesses et les cuisses. Ça rend bizarre de voir toutes ses femmes ainsi. Si le sujet de cette série est intéressant et sa réalisation bien menée, le scénario lui-même manque un petit peu d'envergure et d'emprise sur le lecteur. J'y suis resté légèrement détaché, pas impliqué, peut-être comme si la distanciation des pilotes avec les actions de leurs drones se reflétait aussi sur mon ressenti vis à vis de cette série. Je trouve quand même que c'est du bon boulot et je suis curieux de voir comment l'histoire va se terminer.
Drones qui peut dans un futur proche. C’est dans l’air du temps, depuis quelques années, les drones ont fait leur apparition dans nos vies mais aussi dans la fiction (en témoignent le dernier film d’Andrew Niccol, Good Kill, ou le récent album de Muse). Du gadget télécommandé à l’appareil photo de haut-vol en passant, inévitablement, par l’arme précision guerrière, les drones n’ont pas fini de faire parler d’eux. Et dans 20 ans, qu’en sera-t-il? Sylvain Runberg (scénariste émérite de l’adaptation de Millenium en BD) et Louis, accompagnés de Daviet aux couleurs, ont fait le voyage dans le temps pour vous. C’est loin d’être réjouissant pour notre avenir mais ça donne en tout cas une aventure riche en palpitantes promesses. Nous sommes en 2037. La situation a dégénéré, les forces armées européennes sont sur les dents: une guérilla lourdement armée venue de Chine s’en prend aux positions stratégiques européennes mais également les places économiques. À la tête de ses rebelles catholiques et autonomistes, une seule femme charismatique semble diriger les opérations: Yun Shao, l’ennemie publique numéro 1. Dans un centre militaire du Danemark, la tension monte aussi. À des milles des champs de bataille du Qinghai, c’est en effet depuis cet endroit que trois talentueux pilotes, Jewel, Louise et Sam contrôlent respectivement Hadès, Vulcain et Wotan qui sont des… drones. Ainsi, plus besoin de perdre des hommes en zone de guerre, et alors que les insurgés se répandent en prières devant une gigantesque madone, désormais l’Europe fait foi d’ennemis de l’air, méchamment équipés et quasi invulnérables pour faire la guerre en Chine. Les deux camps s’affrontent, bec et ongles, vies contres morts, mais de manière disproportionnée. Mais très vite des questions se posent, autant autour de la fusion qui semble réunir les pilotes à leur bras armés que de la possibilité d’assassiner des dizaines d’hommes en un quart de seconde sans ressentir la moindre émotion, comme si ce n’étaient que de vulgaires méchants d’un inoffensif jeu vidéo. Batailles enflammées, guet-apens et visite de Xining, la nuit. Pas de doute, ce premier tome, Le feu d’Hadès, augure une série aussi chouette dans son déroulé qu’intéressante au niveau des questions et du fond qu’elle pose. Runberg parvient sur le thème foisonnant des drones (dont on est bien en mal de savoir à quoi ils mèneront dans quelques années) à bâtir une série au départ solide et dont les trois personnages principaux sont des héros bien ambigus. On est d’ailleurs bien en mal de choisir notre camp, ce qui ne fait que nous impliquer encore plus dans cette série et ses interrogations. Côté décor, les deux auteurs sont parvenus à imaginer un futur – grande qualité de cet album – qui ne fait pas tache, dans lequel le lecteur, non seulement, ne se perd pas pour cause de trop de fioritures mais y croit tout en pouvant se demander ce qu’il a bien pu se passer durant cet ellipse de 22 ans. Qui sait ce que nous apprendrons dans le prochain tome? Louis, pour sa part, possède un style qui s’accorde parfaitement avec le récit de Sylvain Runberg. Un peu manga, un peu comics, un peu franco-belge, le dessinateur de Tessa, Agent Intergalactique donne une réelle cohésion et une identité à Drones. Par son trait vif et sexy, Louis parvient également à insuffler de la vitesse aux scènes de combats dantesques et explosives auxquelles participent aussi, amplement, les couleurs de Véra Daviet. Bref, complètement divertissante mais proposant des enjeux contemporains et une multitude de pistes qu’on espère bien voir se développer dans le prochain épisode de ce diptyque annoncé (et sa suite?), Drones pose les bases d’un récit intéressant en tout point.
Je ne peux que réitérer ce qu'a écrit Mac Arthur, tant son analyse est fine et pertinente. Sylvain Runberg est l'un des scénaristes les plus fins et talentueux du moment, et "Drones" n'en est qu'une illustration éclatante de plus. Effectivement, au travers de cette histoire de pilotes déshumanisés se cache, en creux, certaines dérives de notre société actuelle. L'histoire se déroule en 2037, mais tout cela pourrait bien arriver un peu plus tôt. Guerre propre, prédominance des media, propagande, banalisation des conflits... Et nous avons, pour une fois, des personnages auxquels il est difficile de s'attacher. Et bien sûr, la dernière case du tome 1 est à prendre avec beaucoup de recul... Côté dessin Louis revient en partie au genre qui a fait sa réputation, mais le script à tiroirs de Runberg lui permet d'élargir sa palette (une fois de plus, après Martin Bonheur) et de faire aussi du quotidien, de l'intimiste. Son trait continue à évoluer, à s'enrichir, à s'adapter. Curieux de lire la deuxième partie de ce diptyque.
Dans le genre « récit d’anticipation destiné à un large public », ce premier tome de Drone s’avère extrêmement prometteur. Tout d’abord, la thématique même des drones militaires, devenus très à la mode depuis quelques temps, peut et va toucher beaucoup de lecteurs en associant technologie de pointe (avec ce petit côté « jeu vidéo ») et action. Ensuite, en déplaçant son récit dans un futur proche (nous sommes en 2037 lorsque débute cette aventure), Sylvain Runberg peut se libérer de certaines contraintes liées aux technologies actuelles ou aux réalités politiques du moment. Toutefois, son récit est extrêmement plausible –et c’est là tout son art- et joue habilement de nos craintes actuelles (terrorisme, montée en puissance de la Chine, opposition entre les tout-technologique et ceux qui sont plus favorables à un retour aux traditions ancestrales). Viennent alors les personnages. Jusqu’à présent, l’auteur évite tout manichéisme. Et si l’on passe fréquemment d’un camp à l’autre, c’est principalement pour nous montrer toute l’humanité qui se dégage de ces différents acteurs. Je ne peux pas dire que j’en ai trouvé de spécialement attachant dès ces 46 premières planches mais plusieurs profils, quand bien même classiques, s’avèrent prometteurs. Enfin, le déroulement du récit permet à Sylvain Runberg de se (nous) poser quelques questions très pertinentes sur, entre autres, la déshumanisation des pilotes de drone (plus touchés par la destruction de leur véhicule que par la mort d’êtres humains) ou sur l’origine d’une menace terroriste (dans quelle mesure nos propres gouvernements n’en sont-ils pas responsables ?). Le dessin de Louis joue avant tout dans l’efficacité. Epuré et dynamique, il focalise l’attention du lecteur au bon endroit mais n’oublie pas les décors pour autant (même si ceux-ci sont simples, ne vous attendez pas à de somptueuses double-planches truffées de détails). Grand public, donc mais pas seulement distrayant, ce premier tome pourrait bien donner naissance à une série à succès. Avis aux amateurs. (Bon ! « Franchement bien » est peut-être un peu exagéré, mais c’est clairement mieux qu’un simple « pas mal »).
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