Les Enquêtes d'Enola Holmes

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Quand la petite soeur s'y met aussi...


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Quand Enola Holmes, sœur cadette du célèbre détective Sherlock Holmes, découvre que sa mère a disparu le jour de son anniversaire, en ne lui laissant pour mot qu'un recueil sur les fleurs, et un carnet de messages codés, elle se met rapidement à sa recherche. Elle va devoir recourir à son sens de la débrouille, ainsi qu'à d'ingénieuses techniques de déguisement afin de fuir le manoir familial alors que ses deux frères se sont mis en tête de l'envoyer en pension afin de faire d'elle une vraie "Lady". Mais rien ne la prépare à ce qui l'attend. Son chemin la conduit rapidement dans les quartiers sombres et malfamés de Londres, et elle se retrouve impliquée dans le kidnapping d'un jeune marquis. Enola arrivera-t-elle à s'en sortir seule, et continuer de suivre la piste de sa mère tout en échappant à ses deux frères ?? (texte : Editions Jungle)

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Septembre 2015
Statut histoire Une histoire par tome 8 tomes parus

Couverture de la série Les Enquêtes d'Enola Holmes © Jungle 2015
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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13/09/2015 | Spooky
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L'avatar du posteur Deretaline

Je ne m'attendais certainement pas à autant apprécier cette lecture, et pourtant j'avoue même avoir eu un petit coup de cœur. Je ne connais les romans dont cette série est adaptée que de nom, et n'avais jusque là qu'une vague idée du scénario. J'avais peur à l'origine qu'Enola soit un simple ersatz féminin de Sherlock Holmes mais je trouve que l'autrice a su bien individualiser cette benjamine de la famille. Enola n'aime pas les corsets, Enola ne veut pas se marier, sa mère a toujours désirée la laisser développer son désir d'indépendance et lui a inculquée une vision des droits de la femme bien inspirée des suffragettes. Alors, quand sa mère disparaît mystérieusement le jour de son quatorzième anniversaire et que ses deux frères (ayant plus ou moins abandonné leur famille il y a de ça belle-lurette) reviennent avec l'intention d'envoyer Enola dans un pensionnat, elle décide de fuir. De fil en aiguille, Enola se retrouvera à jouer les enquêtrices de fortunes, cherchant à aider les infortuné-e-s, tout en devant changer sans cesse de costumes et d'alias afin d'échapper à ses frères. Chaque album est une aventure indépendante, mais du premier jusqu'au sixième album nous suivons également l'intrigue familiale d'Enola et son enquête pour retrouver sa mère. J'ai beaucoup aimé cette série, donc. D'une part Enola est adorable (je dis ça à la fois pour son caractère très empathique, sa droiture, sa fougue, et surtout pour la jolie bouille que lui donnent les dessins de Serena Blasco), d'autre part j'ai trouvé qu'elle s'insérait dans le canon de Conan Doyle de manière mine de rien assez maligne. Tout aussi brillant qu'il soit, Sherlock reste un homme de son époque et sa vision des égalités homme-femme est, il faut le dire, vraiment misogyne, mais contrairement à ce que certaines personnes pourraient dire (j'anticipe) cela n'est pas du tout une extrapolation de Nancy Springer. J'invite qui que ce soit qui en douterait à lire (ou relire) "Un scandale en Bohême", pas forcément l'histoire la plus connue du public mais contenant un personnage lui bien plus connu : Irène Adler. Tout le sel de cette enquête, le fait que les gens ont retenu le nom d'Irène Adler (la rendant presque essentielle au canon de l'œuvre selon de nombreuses adaptations) c'est qu'elle est parvenue à se montrer plus maligne que Sherlock. Le grand Sherlock, brillant mais également très orgueilleux, homme de son époque, n'avait pas anticipé qu'une femme puisse lui jouer une entourloupe et ce sont ses préjugés qui lui ont coûté la réussite de cette affaire. Si Sherlock tient Irène en respect, c'est parce qu'elle lui a ainsi rappelé que même lui n'était pas infaillible et qu'à trop sous-estimer ses adversaires on risque la défaite. Alors étendre cette idée et continuer d'appuyer que sa vision souvent condescendante du genre féminin l'empêche de réussir à gérer sa sœur chaotique et l'empêche de trouver les solutions d'affaires concernant des femmes aussi vite qu'elle est assez pertinent. Les idéaux féministes d'Enola sont eux aussi bien géré, on ne les rends pas anachroniques : Enola se bat et croit en des droits intemporels comme la liberté et l'égalité, ou bien des droits liés aux problématiques de l'époque comme les corsets étouffants et les mariages forcés. Au delà des propos féministes, j'ai trouvé les récits en eux-même assez bien écrits. Les enquêtes ne sont pas très complexes mais rondement menées, bien narrées, le dessin se permet quelques petites folies de mise en scène, l'intrigue familiale des Holmes est prenante, les codes sont assez amusants à déchiffrer (la série aime BEAUCOUP les messages codés, préparez-vous à en voir souvent) et j'ai trouvé que les petits carnets de dessins et de notes (censés être extraits du journal d'Enola) présents à chaque fin d'album étaient un plus vraiment bienvenu. Je le redis, la lecture me fut très agréable, la série est de très bonne facture. Je suis d'ailleurs surprise qu'il n'y ai pas plus d'avis sur elle que ça. Une excellente série pour les jeunes et pré-adolescent-e-s. (Note réelle 3,5)

22/02/2025 (modifier)