Trashed
2016 : Prix Tournesol À 21 ans, J. B. vient d’arrêter la fac et, sous la pression maternelle, finit par accepter un emploi d'éboueur contractuel. Jour après jour, par tous temps et malgré les contraintes saisonnières, il va découvrir les joies du métier et le microcosme qui gravite autour.
Bichromie Cà et Là Comix Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2015 Prix Tournesol [USA] - Middle West
À 21 ans, J. B. se retrouve coincé de nouveau chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l’Ohio. Il vient d’arrêter la fac et doit absolument trouver un travail pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle, il est engagé comme éboueur contractuel et est bientôt rejoint par Mike, un ancien copain de lycée. Ensemble, ils vont découvrir les joies du métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelles mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécutés en permanence par leur chef, l’infâme Will E.
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Date de parution | 21 Septembre 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Si on m'avait dit que j'allais passer un bon moment de lecture à suivre le quotidien d'éboueurs americains... Sous un prétexte d'immersion assez brute dans le monde des déchets des civilisations occidentales, Backderf adresse une critique plus large de notre société de surconsommation. À première vue, cela pourrait sembler n’être qu’une histoire simple sur un job répétitif, mais au fil des pages, l’album dévoile une réflexion plus profonde. Les personnages sont des gars un peu paumés, coincés dans une boucle infernale, où chaque journée ressemble à la précédente. Backderf parvient à rendre ces personnages attachants, avec leurs conditions de travail difficiles et les situations souvent peu ragoûtantes qu’ils rencontrent. Et ca sent le vécu de terrain. Chaque détail, des camions-bennes aux gestes techniques, en passant par les anecdotes parfois dégoûtantes, montre que l’auteur a véritablement vécu ce qu’il raconte. Backderf sait habilement doser son humour noir, entre les scènes de crasse quotidienne et ces petites touches de dérision qui allègent l’ensemble. Le dessin est du Backderf : caricatural mais expressif avec ces visages rectangulaires et un style assez BD indé US. Le contraste entre ce monde d’ordures toujours plus nombreuses et les éboueurs, petits rouages d’un système plus grand qu’eux, est vraiment intéressant. L’album pose les bonnes questions sur l’avenir de ces déchets et la gestion de cette problématique mondiale, sans offrir de solutions toutes faites ni tomber dans le moralisme. Une réflexion, teintée d’humour noir, sur notre rapport aux déchets et à ce que nous laissons derrière nous, racontée avec une justesse qui touche.
Après Mon ami Dahmer, je retrouve Derf Backderf. Cela fait très longtemps que je dois emprunter cette BD mais le sujet ne me donnait pas envie, j'ai enfin fini par franchir le pas... Une lecture surprenante. Backderf s'inspire de son année de travail en tant qu'éboueur en 79/80. Il n'en fait pas une autobiographie mais il va puiser dans ses souvenirs pour nous concocter cette BD. On va suivre le personnage principal, éboueur d'une petite ville, sur les quatre saisons à ramasser les déchets. Évidemment chaque saison apporte son lot d'inconvénients, la chaleur en été et les vers qui grouillent dans les poubelles, le froid de l'hiver qui gèle les sacs aux trottoirs... Il y dénonce la consommation excessive de notre société, les innombrables déchets qui en résultent et les problèmes qui en découlent. Le prologue et l'épilogue sont intéressants sur ces sujets, pour le reste une succession d'anecdotes qui ne m'ont pas enthousiasmé. Je n'ai pas apprécié le type d'humour qui accompagne ces événements. On y découvrira aussi les manigances et les petits arrangements de cette petite ville. Un portrait peu reluisant de notre société. Sans être en admiration devant le dessin de Backderf, je lui reconnais un style atypique avec ses personnages aux têtes rectangulaires, aux visages figés mais expressifs qui finalement n'est pas désagréable à regarder. Une BD qui sur le fond est intéressante mais dont je n'ai pas aimé la forme.
Tout ramasser tout éliminer - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'un récit sur le métier d'éboueur derrière la benne, initialement paru en 2015, écrit, dessiné et lettré par Derf Backderf qui a également appliqué des teintes de bleu. Il commence par une introduction de l'auteur, écrite en juin 2015, qui explique qu'il a exercé le métier d'éboueur en 1979 et 1980. Il ajoute qu'il avait commencé ce récit sous forme d'un webcomic en 2010, avant d'en faire un projet plus conséquent. John Derf est en train de traînasser au lit, mais sa mère entre dans sa chambre en lui indiquant qu'il est midi, et qu'il doit sortir les poubelles. En plus de ça, il n'a toujours pas trouvé de boulot. Il finit par se lever et sortir les poubelles. Il va jusqu'au bout de l'allée du pavillon et jette les deux sacs dans la poubelle métallique. Peine perdue : les sacs tapent dans la poubelle et elle se renverse par terre. Il fait mollement semblant de remettre les ordures dans la poubelle, mais en laisse les deux tiers à côté. Il va prendre son petit-déjeuner et sa mère lui met le journal sous le nez : il y a une petite annonce de la municipalité qui embauche des éboueurs. Il commence par regarder un épisode de Bugs Bunny à la télé puis se décide à appeler pour la petite annonce. Il est accepté après deux phrases. Dès le lendemain, il est sur le marchepied à l'arrière d'une benne comme ripeur.il s'en suit un bref rappel historique de 3 pages sur l'histoire des déchets, de l'antiquité à l'époque contemporaine en passant par la Grèce Antique, la création du premier service de collecte des ordures ménagères par Benjamin Franklin à Philadelphie en 1792, jusqu'à la forme moderne de la collecte à partir des années 1970, sans oublier l'augmentation du nombre de kilogrammes de déchets produits par habitant, et l'accélération de la consommation provoquée par l'obsolescence programmée. Le temps est venu pour JD d'effectuer sa première journée, sa première tournée de collecte. Il soulève le couvercle de sa première poubelle et découvre une odeur pestilentielle, avec une poubelle grouillant d'asticots. Il essaye de soulever la poubelle mais elle est trop lourde. Il doit prendre un sac immonde, l'amener pour le jeter dans la trémie, faire de même avec le second sac. Puis il amène la poubelle proprement dite et vide le jus dans la trémie, mais trop vite, et son teeshirt est souillé par les éclaboussures. C'est bon pour son collègue, il a essuyé son baptême professionnel. Quelques jours plus tard, JD va chercher son collègue ripeur Mike chez lui et ils se rendent au dépôt, tout en jetant un coup d'oeil aux dépôts déjà présents sur les trottoirs. Sur place, l'agent de maîtrise Will E. leur reproche d'être en retard de deux minutes, puis il distribue le travail au sein de l'équipe, à savoir Gus, Dirk, Woody, Curt, Bone, Mike, JD et Marv. Comme d'habitude, JD et Mike se retrouve à la benne, avec Bone comme conducteur, affecté sur le véhicule surnommé Betty qui n'est plus de toute première jeunesse. Les États-Unis produisent de l'ordre de 254 millions de tonnes d'ordure par an. Ils mettent les ordures dans une poubelle, les présentent sur le trottoir et elles disparaissent comme par enchantement. Dans la réalité, le poids par an et par habitant augmente lentement année après année, et surtout la population continue d'augmenter ce qui accroît d'autant le tonnage de déchets produits. En outre, la proportion de déches triés n'augmente pas aussi vite. JD et Mike entament leur tournée et recommence à prendre des sacs et des poubelles lourds. Cette bande dessinée raconte le quotidien d'un éboueur chargé de la collecte des ordures ménagères dans un coin des États-Unis un peu rural, le lecteur pouvant supposer qu'il s'agit d'une région de l'Ohio puisque l'auteur s'est basé sur sa propre expérience. de temps en temps, il consacre une, deux ou trois pages à exposer des faits sur les déchets, leur histoire, leur production, leur collecte et le traitement. L'artiste dessine d'une manière un peu particulière, tout en étant dans un registre très classique, descriptif, réaliste avec un bon niveau de détails. le lecteur fait connaissance avec des personnages aisément reconnaissables, un peu dégingandés pour les jeunes, tous blancs, avec une ou deux personnes âgées. Ils portent des tenues décontractées, généralement des jeans et des teeshirts, avec des chaussures de sécurité. S'il ne s'y intéresse pas, le lecteur peut avoir l'impression que tout le monde est habillé de la même manière, jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance de Magee et de ses bottes de cowboys. Il regarde alors les autres personnes et voit bien que le responsable des espaces vert tond la pelouse en short, et que les éboueurs revêtent de chaudes parkas pour les tournées sous la neige. Il se rend vite compte qu'il se balade avec eux lors du ramassage des poubelles et qu'il a un aperçu de cette ville étalée avec ses différents quartiers. Il ne pourrait certes pas s'y retrouver s'il y allait en réalité, mais il reconnaîtrait le dépôt des services municipaux et le garage des bennes, la supérette avec son comptoir et son présentoir tournant de comics, son cimetière, ses rues interminables de pavillons avec leur petite pelouse sans clôture, le bar du coin, le centre de tri et bien sûr le centre d'enfouissement technique où les véhicules de collecte vont vider leur chargement de déchets. Le lecteur apprécie d'ailleurs l'exactitude technique du regard du dessinateur. C'est une évidence quand il représente une benne en coupe pour expliquer le système de compaction et le fonctionnement du bouclier éjecteur. C'est présent en creux quand il représente les poubelles, la façon dont les ripeurs se tiennent derrière la benne, les gestes et postures pour soulever des objets lourds tout seul ou à deux, et bien sûr dans tous les types de déchets ramassés. Il ne fait nul doute que l'auteur a bel et bien exercé ce métier au vu des différents types de présentation problématique auquel il doit faire face, de la poubelle grouillant d'asticots avec du jus au fond, jusqu'au sacs collés au sol gelé. le lecteur découvre donc l'organisation des collectes réalisées par ce service municipal, ainsi que les tâches annexes réalisées par les éboueurs. Il n'est pas très surprenant qu'ils se tapent des tournées de collecte des objets encombrants (avec certains inattendus et tellement lourds qu'ils se demandent comment à fait celui qui l'a déposé sur le trottoir), en revanche le lecteur ne s'attend pas forcément à les voir ramasser des bouteilles remplies d'urine sur les bas-côtés de la route, ou des préservatifs usagers sur le terrain de football. Au vu du degré d'exactitude dans la représentation des situations professionnelles, le lecteur se fait vite à l'apparence un peu relâchée des dessins, aux traits de contours pouvant paraître un peu mollassons, aux tronches un soupçon caricaturales par moment. Qu'il ne se soit jamais intéressé à cette profession ou qu'il la connaisse bien, le lecteur découvre des anecdotes truculentes sentant le vécu, et souvent surprenantes, ainsi que de bons bougres, pas toujours futés, chacun avec leur personnalité, et leur motivation plus ou moins développée, mais la conscience de faire un travail indispensable. le lecteur a conscience de lire une bande dessinée entre reportage et autofiction, et les pages d'exposition de arrivent à point nommé pour développer un aspect ou un autres sur la production, la collecte et la gestion des déchets. Derf Backderf passe ainsi en revue l'apparition de l'organisation moderne de la collecte des ordures ménagères, celle des déchets recyclables et leur proportion toute relative par rapport à la production totale, le poids de déchets produits par une famille avec deux enfants en un an, la réalité du tri manuel sur les chaînes, la durée réelle de décomposition d'un déchet vidé en décharge (450 ans pour une bouteille en plastique), la récupération de méthane, les centres de transfert, l'implantation d'un centre d'enfouissement technique, leur gestion, et bien sûr les caractéristiques d'une décharge à ciel ouvert. Comme toute personne sensible à la question ou s'étant renseignée sur le sujet, l'auteur a à coeur de trouver des comparaisons parlantes pour évoquer la quantité de déchets produite par an et par individu, sur le territoire des États-Unis, et pour mettre en lumière qu'ils ne disparaissent pas par enchantement, que derrière le tour de prestidigitation (déposer sa poubelle pleine le soir, la retrouver vide le lendemain) il y a des réalités économiques, humaines et écologiques. Il ouvre donc son récit sur l'industrie de la collecte et du recyclage des déchets, mais aussi sur le fait que le taux de croissance des déchets, ou le tonnage collecté constitue un indicateur de l'activité économique et que les constructeurs implémentent l'obsolescence programmé dans leurs produits pour augmenter la consommation, ce qui à la fin se traduit pour une augmentation des déchets. En regardant les éboueurs travailler dans cette petite ville américaine, le lecteur peut constater une dotation minimale en équipements de protection individuelle, ainsi qu'un positionnement des marchepieds sur le côté de la benne qui les met en danger vis-à-vis de la circulation automobile, c'est-à-dire une prise en compte très relative de la prévention des risques professionnels. Enfin, il peut prendre conscience que cette forme de gestion des déchets reste au niveau de les enterrer à un endroit un peu éloigné de chez soi, sans grande précaution pour éviter les infiltrations, les pollutions du sol. Dans cette bande dessinée, le lecteur suit le quotidien pas piqué des hannetons d'un éboueur affecté à la benne par tous les temps, devant ramasser tout ce qui se trouve sur la voie publique. L'expérience professionnelle de l'auteur est patente dans chacune des anecdotes, ainsi que sa capacité à les exposer clairement, avec une touche humoristique provenant d'une capacité à prendre du recul. Les dessins peuvent paraître un peu mal assurés, mais la lecture montre qu'ils racontent l'histoire de manière fluide et précise, sans jamais être surchargés. En fonction de sa familiarité avec le sujet, le lecteur prend la dimension de la question de la production de déchets, et ne s'embête jamais grâce à ce partage d'expérience très vivant.
Pas fan de l'underground américain, j'ai adoré cette sorte d'autobiographie du passage de l'auteur dans le monde merveilleux des ordures. Le récit est ancré dans le local, une petite bourgade typique avec ses maisons individuelles, ses familles consanguines, ses bars d'afterwork etc. Mais comme il le souligne, que le ramassage des ordures soinet faits par des employés municipaux ou une grosse société privée ne change rien à la situation ni aux modes opératoires (le petit dossier technique et chiffré en fin d'album l'expose clairement et justement.) On se désole de la bêtise de ces employés errant dans une sorte de boucle temporelle façon "jour sans fin": qu'il pleuve ou fasse beau, chaque personnage répète les mêmes gestes et les mêmes phrases (seul l'inssaisisable Magee contredit cet axiome.) Mais on se prend aussi d'affection pour cette petite famille plus ou moins soudée, comprenant évidemment la Betty! On souffre avec eux lorsqu'ils découvrent des déchêts à se casser le dos ou des effluves des projections et on se repose lorsque leur dure journée se termine. Les coups-bas dans le service, les mesquineries de voisinage, les découvertes improbables, une galerie de tronches et personnalités (Marv!), tout est reproduit avec maestria. Un bravo à l'auteur qui décrit une situation sans être moralisateur et parvient me faire penché petit à petit du côté scandalisé à celui de blasé presque à-quoi-boniste.
Une seule étoile pour Trashed ? Je ne peux pas laisser cette page se terminer par un tel avis. Le dessin est certes provocant : des visages à la fois figés et grimaçants, des musculatures un peu approximatives et marquées, une bichromie déprimante, des tas de bruitages qui emplissent les cases.... Cela correspond tout-à-fait à l'image qu'on se fait de l'underground américain, c'est fait pour agacer le bourgeois et ça semble marcher, alors que la bourgeoisie américaine visée ne nous ressemble pas autant que ça, et personnellement je trouve ce trait assez approprié pour le sujet traité : un jeune qui sort de l'adolescence et qui se trouve employé à la commune pour ramasser les poubelles des citoyens. La vision de l'adolescent est toujours un peu stéréotypée, portées sur la musculature et les engins, vite dégoutée et dégoutante à la fois. Le paradoxe est d'envoyer quelqu'un qui n'est pas foutu de ranger sa chambre récupérer les déchets des autres, et cela n'est que le début de l'histoire ! En réalité, l'auteur raconte une année de ses propres souvenirs : C'est une sorte de sociologie du vécu, les deux pieds dans la réalité, donc cela ne fait pas forcément rêver, il n'y a pas non plus de montée dramatique vers un paroxysme, et de chute finale. Donc il est difficile d'aimer cette histoire comme on s'attache à une fiction dans laquelle on se réfugierait. Non, cet album est un répertoire des mesquineries du mode de vie occidental, avec sa maison individuelle, au milieu de sa pelouse, son gros 4x4, la boîte aux lettres tubulaire, le chien éventuellement... Et la déchèterie à ciel ouvert ou finira tout ce petit monde... L'ado entre dans une équipe d'employés communaux et les rapports professionnels sont très bien rendus aussi, les journées se suivent par tous les temps sans se ressembler, les déchets aussi. Les portraits de ses collègues sont tout-à-fait réalistes, baignés dans un virilisme piteux, mais aussi une sorte de pauvreté intellectuelle attachante. (Mon fils en a lui aussi fait l'expérience, d'ailleurs après avoir lu cette BD. et 40 ans plus tard, en milieu rural, en France, c'est le même genre de conversation) Tout est si bien observé, on est gêné par l'odeur nauséabonde alors qu'elle n'est qu'imaginaire, on compatit au pauvre ado qui s'insère dans une équipe de travail médiocre et macho, et qui finit par suivre le modèle pour avoir la paix. Bref c'est un coup de cœur pour la qualité de l'observation et aussi quelques informations intéressantes. Dans ma famille c'est une référence !
Soyons clair ; c’est de la GROSSE blague ! Aucune finesse, aucune subtilité. Il y a certaines phrases qui sont censé faire rire comme quand le camion poubelle fait de la musique “c’est un concerto en poubelle majeure“. Ca vous fait rire ça ? Le reste de “l’humour“ c’est du visuel : Un éboueur glisse dans du caca ou se renverse une poubelle dessus… Rien n’est drôle. Du plus il y a beaucoup d’erreur ou de mensonge. Dès la première page on nous dit que “l’antiquité produisait plus de déchet que l’époque moderne“. Pendant l’antiquité il n’y avait ni emballage, ni plastique, ni produits polluants (chimique/nucléaire). De plus à cette époque on ne jetait pas la nourriture. Donc non, hormis trois pommes pourris et un vieux bout de bois, l’antiquité ne polluait pas.
Backderf utilise ici son expérience personnelle (qui avait donné lieu à un premier album plus autobiographique mais moins développé, qu’il a entièrement refondu) pour nous décrire le quotidien d’éboueurs. Comme souvent avec lui, au travers de quelques personnages, c’est la société américaine (ou occidentale ici) qu’il nous est donné de voir sous un angle différent de l’habitude. Société de consommation, du gaspillage, qui cache ses décharges et ses déchets derrière des discours ou des remblais (le petit historique du traitement des déchets à travers les âges, placé en introduction, s’il n’est pas toujours très précis, est en tout cas intéressant). La narration est fluide, avec des dialogues où l’autodérision, un certain humour noir, permettent de passer outre certaines longueurs. Quant au dessin, il plait ou pas, mais c’est son trait habituel, globalement efficace. Au départ, ce n’est pas forcément un sujet qui captive, mais Backderf a su le rendre intéressant, en donnant du sens aux anecdotes, en campant des personnages amusants, en soignant des à-côtés (les pistons des pontes de la mairie, les mesquineries du chef de service, etc.). Note réelle 3,5/5.
Après ma lecture mitigée de Kent State, j'avais envie de lire cette histoire sur le milieu des éboueurs que j'avais repérée depuis longtemps. J'ai préféré ce récit qui a plus d'humour, une galerie de personnages réduite avec JB, le narrateur qu'on identifie à l'auteur qui a lui-même été éboueur dans sa jeunesse, ses autres collègues collecteur ou chauffeur, le petit chef qui leur tombe dessus quand ce n'est pas proprement ramassé ou qu'ils abiment le matériel... On trouve différents profils de 'clients' avec celui qui sort des poubelles immondes et pleines d'asticots, l'autre qui démonte petit à petit un moteur de voiture etc. Même si cela décrit la façon de collecter les ordures du point de vue américain, il y a un certain universalisme et une réflexion de l'auteur sur le traitement des déchets qui finissent dans d'immenses décharges et constituent un problème de société. Il faut voir la difficulté du métier, les poubelles sont parfois très lourdes et portées à la main - on en est plus là en France - et ils embarquent également toutes sortes d'encombrants, piano compris, ou comme dans cette anecdote un énorme tas de végétaux pour arranger un élu de la municipalité pour son besoin personnel. Il y a également cet épisode de ramassage des bouteilles de pisse larguées par les chauffeurs au bord des routes. Une lecture qui ne se veut pas un frontal pamphlet écologiste mais une suite d'éléments décrivant les conditions d'un métier mal considéré et présentant l'envers d'un décor qui concerne tout le monde.
Je crois bien que l'auteur à réussi ici son petit chef-d’œuvre, cette BD passant pour moi même devant Mon ami Dahmer (qui est elle aussi excellente et dont je recommande la lecture). Ce qui fait la force de cette BD, c'est le message qui s'en dégage, et la liberté qu'a pris l'auteur par rapport à sa propre expérience de vie. Sans contrainte de forme (puisqu'il n'a pas l'obligation de se limiter à sa vie), il dresse ici un portrait de ce monde fascinant des ordures. Un portrait qui ne fait pas plaisir à voir, c'est certain. Ce qui fait tout le sel de cette BD, c'est qu'on est mis face à la réalité : on croule sous les ordures. En dehors des péripéties de ces jeunes travailleurs découvrant un monde rude et éprouvant (sans parler de la saleté qui imbibe ces cases), on est dans une dénonciation sous-jacente du modèle d'ultra-consommation à l'occidentale. Que faire de toute cette masse de déchets qui s'entassent sans qu'on ne puisse rien y faire ? Les réponses ne semblent pas les plus appropriées ... D'autre part, j'aime bien la façon dont l'auteur joue sur le facteur humain (entre l'enfoiré et le maladroit, ça aide pas à un boulot impeccable), renforçant les problématiques abordées. Et parfois c'est assez prenant, notamment lorsqu'il représente ces maisons saisies par les banques et toute une vie sur le trottoir ... Et toujours plus de déchets. L'histoire est bien rodée, et suffit à elle-même. On finit sur une note pas très positive qui reboucle tout, et on referme le livre avec un sentiment mitigé : c'est drôle dans les interactions des personnages (surtout quand on voit les gueules que l'auteur a représenté), mais c'est acide dans le propos et l'évolution de tout ceci. Au final, on en ressort avec plein de questions sur notre propre gestion des déchets en France. Le petit cahier explicatif à la fin est d'ailleurs bienvenue après une histoire de ce genre, et j'ai envie de découvrir ce qu'il en est par chez nous, en France. Pour finir rapidement avec un mot sur le dessin, qui est très bon dans son style, je dirais qu'il apporte un côté à la fois sobre et amusant. Il est entre la caricature et un style très carré. Pour ma part j'aime beaucoup, avec ce côté à la fois drôle dans la caricature et en même temps très comics américain. La colorisation très sobre renforce le dessin sans trop appuyer les couleurs. Une BD que je recommande car elle fait son petit effet : on rigole de cette bande de jeunes éboueurs, et on est pourtant choqué de tout ce qui est présenté, entre déchets/tri/décharges ... C'est une bonne lecture, du genre qui fait réfléchir au-delà de son histoire, et sur un tel sujet ça devient de plus en plus nécessaire.
J'avais beaucoup aimé ma lecture de Mon ami Dahmer et c'est avec curiosité que je me suis plongé dans Trashed. Pas tout à fait autobiographique, mais un peu quand même, ce récit s'inspire de ce qu'a vécu l'auteur lorsque il a effectué le job d'éboueur quand il avait une vingtaine d'années. Il raconte tout un tas d'anecdotes liées à cette activité, et autant dire que je n'aurais pas pu en imaginer la moitié ou le quart avant de lire ce livre. Il leur arrive un tas de choses qu'on ne soupçonne pas. C'est romancé et plutôt bien raconté. Certains passages m'ont vraiment fait éclater de rire, d'autres m'ont scotché. On apprend des trucs très intéressants sur l'écologie et le recyclage des déchets. Notre monde va mal mes amis. A coté de ça, il y a quand même plus de 200 pages sur le quotidien de jeunes qui ramassent les poubelles et qui se retrouvent confrontés à des problèmes récurrents : animaux morts, objets trop encombrants ou jus de poubelle qui coule. Du coup lorsqu'on s'écarte des anecdotes les plus marquantes il y a quand même quelques petites longueurs. Un album intéressant que je suis content d'avoir lu.
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