Trashed
2016 : Prix Tournesol À 21 ans, J. B. vient d’arrêter la fac et, sous la pression maternelle, finit par accepter un emploi d'éboueur contractuel. Jour après jour, par tous temps et malgré les contraintes saisonnières, il va découvrir les joies du métier et le microcosme qui gravite autour.
Bichromie Cà et Là Comix Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2015 Prix Tournesol [USA] - Middle West
À 21 ans, J. B. se retrouve coincé de nouveau chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l’Ohio. Il vient d’arrêter la fac et doit absolument trouver un travail pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle, il est engagé comme éboueur contractuel et est bientôt rejoint par Mike, un ancien copain de lycée. Ensemble, ils vont découvrir les joies du métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelles mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécutés en permanence par leur chef, l’infâme Will E.
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Date de parution | 21 Septembre 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une seule étoile pour Trashed ? Je ne peux pas laisser cette page se terminer par un tel avis. Le dessin est certes provocant : des visages à la fois figés et grimaçants, des musculatures un peu approximatives et marquées, une bichromie déprimante, des tas de bruitages qui emplissent les cases.... Cela correspond tout-à-fait à l'image qu'on se fait de l'underground américain, c'est fait pour agacer le bourgeois et ça semble marcher, alors que la bourgeoisie américaine visée ne nous ressemble pas autant que ça, et personnellement je trouve ce trait assez approprié pour le sujet traité : un jeune qui sort de l'adolescence et qui se trouve employé à la commune pour ramasser les poubelles des citoyens. La vision de l'adolescent est toujours un peu stéréotypée, portées sur la musculature et les engins, vite dégoutée et dégoutante à la fois. Le paradoxe est d'envoyer quelqu'un qui n'est pas foutu de ranger sa chambre récupérer les déchets des autres, et cela n'est que le début de l'histoire ! En réalité, l'auteur raconte une année de ses propres souvenirs : C'est une sorte de sociologie du vécu, les deux pieds dans la réalité, donc cela ne fait pas forcément rêver, il n'y a pas non plus de montée dramatique vers un paroxysme, et de chute finale. Donc il est difficile d'aimer cette histoire comme on s'attache à une fiction dans laquelle on se réfugierait. Non, cet album est un répertoire des mesquineries du mode de vie occidental, avec sa maison individuelle, au milieu de sa pelouse, son gros 4x4, la boîte aux lettres tubulaire, le chien éventuellement... Et la déchèterie à ciel ouvert ou finira tout ce petit monde... L'ado entre dans une équipe d'employés communaux et les rapports professionnels sont très bien rendus aussi, les journées se suivent par tous les temps sans se ressembler, les déchets aussi. Les portraits de ses collègues sont tout-à-fait réalistes, baignés dans un virilisme piteux, mais aussi une sorte de pauvreté intellectuelle attachante. (Mon fils en a lui aussi fait l'expérience, d'ailleurs après avoir lu cette BD. et 40 ans plus tard, en milieu rural, en France, c'est le même genre de conversation) Tout est si bien observé, on est gêné par l'odeur nauséabonde alors qu'elle n'est qu'imaginaire, on compatit au pauvre ado qui s'insère dans une équipe de travail médiocre et macho, et qui finit par suivre le modèle pour avoir la paix. Bref c'est un coup de cœur pour la qualité de l'observation et aussi quelques informations intéressantes. Dans ma famille c'est une référence !
J’accroche vraiment aux histoires de Derf. J’avais déjà beaucoup aimé Mon ami Dahmer (son best-seller) et Punk Rock et mobile homes… « Trashed » ne déçoit pas, et reprend un peu la même recette : une histoire s’intéressant à un sujet politico-social important (le ramassage et le recyclage des déchets), avec une histoire qui ne se prend pas trop au sérieux, et une galerie de personnages déjantés. Derf s’est clairement documenté (il cite ses sources en fin d’album), et on en apprend énormément sur le système de collection des déchets, actuel mais aussi passé, sur le coût et l’efficacité du recyclage, etc… alors certes la plupart des informations fournies concernent le système américain, mais cela reste diablement intéressant. Il y a aussi une réflexion pertinente sur la société de consommation et l’obsolescence programmée… tout un programme ! La trame narrative principale suit le quotidien d’une équipe d’éboueurs dans une petite bourgade : déchets dégelasses ou trop lourds, résidents chiants, météo affreuse… ils en voient vraiment de toutes les couleurs… et dire que la plupart des anecdotes sont inspirées de faits réels, l’auteur ayant vraiment travaillé comme éboueur de sans jeunesse. Les différents protagonistes sont pour le moins haut en couleurs, à commencer par Magee, qui m’a beaucoup fait rire… quelle brochette de tarés ! Un excellent moment de lecteur, et un album recommandable.
Derf Backderf est en train de devenir un des mes auteurs préférés. Après son excellent one shot sur Jeff Dahmer, il livre un travail qui réussit le tour de force d'être encore meilleur que son travail sur le célèbre tueur en série qu'il a côtoyé (d'ailleurs il parle un peu de Jeff dans ses notes vu qu'il a jeté les restes de sa première victime dans les ordures et seulement que quelques mois avant que l'auteur soit devenu éboueur, ça fait un peu peur!). Donc cet album mélange le documentaire (il y a quelques pages qui nous montrent comment les ordures sont gérées et l'auteur fait des réflexions sur le problème de la surconsommation qui fait en sorte qu'il y ait beaucoup d'ordures) et le roman graphique vu qu'on suit les mésaventures de deux nouveaux éboueurs durant une année. Cette histoire est basée sur l'expérience que l'auteur a vécue quoique cela reste de la fiction. Ainsi, l'action ne se passe pas en 1979-1980, mais de nos jours et les noms sont changés (les deux personnages principaux ressemblent à l'auteur et un des potes vu dans le livre sur Dahmer). J'ai vraiment trouvé cette lecture palpitante et j'ai même relu certaines scènes plusieurs fois. Non seulement c'est intéressant de voir ce qui peut arriver dans la vie d'un éboueur municipal américain (ordures trop lourdes, magouilles dans le monde municipal, etc.), mais en plus c'est très marrant. L'auteur décrit une belle galerie de personnages hauts en couleurs (mention spéciale pour le vieux de la fourrière complètement cinglé) et son humour marche très bien. J'ai beaucoup ri en lisant les malheurs des éboueurs même si au fond je les respectais car ce n'est pas un métier que je voudrais faire ! Le dessin est du pur underground américain et j'aime bien le style de l'auteur. C'est vraiment une des meilleures bandes dessinées que j'ai lue depuis longtemps et j'espère qu'il deviendra un jour un classique.
L'envers de la société de consommation ! Après Punk Rock et mobile homes et Mon ami Dahmer, Derf Backderf nous fait visiter, avec Trashed, les coulisses des sociétés modernes. Un envers du décor peu reluisant, exhumé de ses souvenirs, où s'entassent jour après jour les poubelles de l'humanité. L'histoire est tirée de son expérience, entre 1979 et 1980, en tant que ripeur. Alors qu'il vient de stopper ses études, J.B., 21 ans, traîne chez ses parents dans une banlieue de l'Ohio. Souhaitant quitter le domicile familial pour ne plus subir les pressions de sa mère, il parcourt les petites annonces et finit par se retrouver engagé comme éboueur contractuel au côté de Mike, un ancien ami de lycée, et de protagonistes hauts en couleur tels que Wile E., Magee, Marv et Betty le camion-benne. Le temps des deux cent quarante pages constituant l'ouvrage, nous suivons leurs tournées sous la pluie, la chaleur étouffante de l'été ou les tempêtes hivernales glaciales. L'auteur nous immerge dans l'intimité de nos boites en ferrailles, mais aussi dans le quotidien de ceux qui les ramassent, confrontés aux torpilles jaunes (bouteilles en plastique pleines d'urine lancées par les camionneurs qui ne veulent pas s'arrêter pour ne pas perdre une seconde), à la prolifération d'asticots, aux sacs-poubelle mal fermés ou bon marché qui se déchirent, aux habitants les plus dérangés de la ville, aux chiens errants et aux bureaucrates qui dirigent la cité à coups de magouilles, copinage et corruption, les poussant à réaliser des travaux qui sortent du cadre du métier : ramassage de gros objets et d'animaux morts sur la route, transport de bois pour les amis de la direction, etc. Par des anecdotes croustillantes et des chiffres plus qu'édifiants, il ne se contente pas de nous conter une histoire, il questionne l'évolution des ordures au fil des années, le recyclage et la biodégradation. Il pose un regard critique, empreint d'un certain humour noir, sur la société de l'obsolescence, du jetable et de l'emballage à outrance, en croquant avec mordant le devenir du contenu des sacs plastiques que nous déposons régulièrement devant chez nous. Habitués à voir disparaître les amas de détritus de nos trottoirs dans les heures qui suivent leur dépôt, le processus de la collecte est un acquis dont nous aurions bien du mal à nous passer. Pourtant, l'impact sur la planète et notre avenir est loin d'être anodin, avec des décharges et des champs d’enfouissement toujours plus grands, une pollution en expansion notamment par l'écoulement de liquides toxiques dans les nappes phréatiques et des délais de décomposition bien trop longs. L'être humain, sans s'en rendre compte, vit au milieu de ses déchets. Finalement le constat est sévère : le recyclage est un grand mot... Bienvenue à l'ère du stockage des rebuts ! Derf Backderf signe ici une extraordinaire épopée de la moisson des ordures, mêlant l'expérience à la fiction et appuyant son propos par une documentation méticuleuse sur l'industrie de la poubelle, tout en continuant à évoquer les petites villes des banlieues américaines. L'ouvrage est aussi l'occasion d'un retour à ses débuts dans le roman graphique en prolongeant son travail sur le sujet qui avait vu une première version de 50 pages récompensée par une nomination aux Eisner Awards. Une pépite à lire incontestablement ! KanKr
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