Catharsis

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 10 avis)

2016 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. Le 7 janvier 2015, le dessinateur Luz a perdu dans l’attentat commis à Charlie Hebdo, des amis, mais aussi l’envie de dessiner. Alors que la France s’est révélée « Charlie », Luz redevient auteur. Au début, il y a le drame, la douleur, la rage, la perte. Et puis, petit à petit, il y a le besoin de dessiner qui revient, l’envie non pas de témoigner, mais de se mettre à nu, de se libérer.


Attentat contre Charlie Hebdo Charlie Hebdo Nouveau Futuropolis Prix France Info Profession : bédéiste

Alors naît Catharsis. Un livre thérapeutique où Luz nous livre par petites nouvelles ses pensées, son quotidien depuis ce jour qui a bouleversé sa vie, et à une autre échelle, celle de millions d’êtres humains. Les sentiments se bousculent, les styles, le ton. Du rire aux larmes, de la laideur à la beauté, de la colère à l’amour. Catharsis est un ouvrage bouleversant. Y a du Charlie dedans, bien sûr, mais aussi y a du Charb, y a du Cabu, y a du sexe, y a de la musique, y a du Reiser, y a du Feiffer, y a du Franquin, y a la police, y a du rouge, y a l’enfance, y a du rire, y a pas de chanson française, y a du rock, y a du roll, y a des yeux rouges et y a du rire, y a un pigeon, y a de la poésie, y a du Gébé, y a de la pluie, y a du soleil. Y a un auteur qui revit, et un livre incroyable qui s’affirme déjà comme un ouvrage nécessaire. Un classique instantané. Texte : L'éditeur

Scénario
Luz
Dessin
Luz
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Mai 2015
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Catharsis © Futuropolis 2015
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 10 avis)
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02/10/2015 | Gaston
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Par Emka
Note: 4/5
L'avatar du posteur Emka

Une BD vraiment spéciale, unique, un cri du cœur dessiné qui raconte l’après Charlie Hebdo, vu de l’intérieur par Luz. Dès le départ, on comprend que Luz se livre sans retenue, mais avec pudeur. Il revient sur ce 7 janvier 2015, jour où il est arrivé en retard, échappant ainsi au massacre de ses amis et collègues. Ce retard, il le doit à une soirée d’anniversaire un peu trop arrosée, un détail qui a pris une dimension insupportable pour lui. Le titre de l’album parle de lui-même : Catharsis est son moyen de se libérer, de cracher ses angoisses, son incompréhension, et surtout de faire la paix avec lui-même. Luz ne cherche pas à raconter l’attentat en tant que tel, mais plutôt à montrer comment on essaie de vivre après ça. Comment on survit quand on a perdu des proches, quand on traîne avec soi cette culpabilité de l’avoir échappé de peu. Il oscille entre la rage, le désespoir, et l’espoir ténu que le dessin pourrait le sauver. Son style est brut, je dirais même chaotique, avec des dessins souvent rapides, nerveux, comme s'il exorcisait ses démons en gribouillant frénétiquement. Mais il y a une vraie sincérité dans ce chaos. Luz mélange des scènes du quotidien, des souvenirs avec ses proches, et des images plus abstraites, un peu délirantes parfois, qui traduisent son état d’esprit. C’est fragmenté, sans ordre précis, mais ça reflète bien le tumulte intérieur qu’il traverse. L’album est aussi très intime. Luz se met à nu, non pas pour émouvoir à tout prix, mais parce qu’il n’a pas le choix. Le dessin est sa façon de faire face. Il parle de ses doutes, de son incapacité à reprendre une vie normale, et de son amour pour sa femme, Camille, qui devient son ancre dans ce tourbillon de tristesse. Luz, avec son humour noir, parfois absurde, n’a pas complètement perdu cette envie de rire, mais ici, le ton est plus doux, très mélancolique. Catharsis est une œuvre marquée par une forte honnêteté, sans fioritures. On sent que Luz ne sait pas toujours où il va avec cet album, mais c’est justement ce qui en fait sa force. C’est un parcours, une tentative de retrouver du sens dans un monde devenu incompréhensible. C’est un album dur, parfois inconfortable, mais nécessaire, autant pour l’auteur que pour le lecteur. Une lecture qui laisse une trace. A lire aussi le très bon Indélébiles plus joyeux qui revient comme un hommage sur les moments (souvent drôles) qu'il a vécus avec le reste de la bande qui est parti.

03/10/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai été très touché par cette série de Luz. Ce n'est jamais facile de livrer ses peurs et ses faiblesses à un public versatile. Le scénario est un tel cri de vérité intime dans un événement traumatisant à l'extrême qu'il m'est impossible de faire la moindre réflexion dessus. Ce vécu appartient à Luz et j'ai été très touché qu'il nous le fasse partager. De plus j'ai beaucoup aimé le trait minimaliste que Luz réussit à maîtriser pour s'exprimer. Il y a beaucoup de force dans ce trait qui exprime l'essentiel. Cela me donne l'impression que beaucoup de victimes d'attentats peuvent se retrouver dans le message que Luz veut faire passer : c'est difficile parfois chaotique mais cela doit sortir (un peu comme pour le pigeon). Une lecture qui m'a beaucoup touché.

29/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Un jour, le dessin m'a quitté. Le même jour qu'une poignée d'amis chers. A la seule différence qu'il est revenu, lui. Point de départ, Luz qui fait sa déposition au quai des orfèvres, le 7 janvier 2015. Fin de l'album, la vie qui continue ou en tout cas qui essaie. Entre les deux, un recueil d'histoires ou de scènes courtes qui fait preuve d'une noirceur et d'un humour ravageurs. Les deux ont sans doute du batailler dur pendant longtemps au sein de leur auteur, rescapé accidentel de la tuerie de Charlie Hebdo. Mais même si ces scènes avaient sans doute pour but premier de permettre à Luz de vivre avec cette horreur, et même si j'ai découvert ce livre avec curiosité plus que d'attentes, le lecteur que j'ai été y a trouvé beaucoup de beauté. Dans l'inventivité, dans l'humour, dans la moquerie, dans ce désespoir poignant, dans ces scènes de sexe aussi, dessinées de quelques traits brouillons et pourtant magnifiques où les corps se fondent littéralement. Une très belle oeuvre, sombre et parfois drôle, brute, puissante.

24/05/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 3/5
L'avatar du posteur Benjie

Un album étrange qui vous bouleverse, tellement on ressent la souffrance psychologique de son auteur. Luz nous livre ici une tentative de mettre sur le papier quelques dessins pour exorciser l'horreur qu'il a vécue le 7 janvier 2015. Pour reprendre contact avec le dessin. On ne sait pas très bien s'il a dessiné pour des lecteurs ou seulement pour lui-même, ou un peu des deux. Certaines pages sont d'une simplicité et d'une puissance incroyables, d'autres ne sont visiblement dessinées que pour lui même. C'est fort. On prend conscience de la souffrance qui dure dans le temps et l'impuissance à l'éliminer. Je dirais que c'est à lire.

09/05/2021 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

J'ai découvert et apprécié il y a quelques années l'univers de Luz avec son Cambouis. C'est donc en confiance que je me suis lancé dans "Catharsis" sans en connaître le sujet. Et bien on ne joue plus du tout dans le même registre. Son récit post charlie touche comme un direct au coeur. Bourré de poésies graphiques inlassablement contrées par la bêtise ordinaire, la violence des souvenirs. Le sexe dans l'amour comme ultime refuge à la barbarie sanguinaire. Oeuvre personnelle et nue qui en fait une BD vivante!

19/02/2020 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je suis assez mitigé au sortir de cette BD, parce qu'elle est véritablement une catharsis pour son auteur, mais qu'en même temps elle n'est pas grand chose d'autre. C'est un témoignage d'un survivant de Charlie Hebdo, mais en dehors de cette considération la BD est bien trop personnelle pour moi. L'auteur se livre par rapport à sa vie depuis les attentats, et si l'on peut souligner la mise à nue dans toute sa splendeur, la représentation qui passe par de nombreuses techniques de dessins et des petites histoires qui représentent tous les aspects de sa vie. Cependant, je n'ai pas trouvé un intérêt certain à cette représentation. Elle m'a un peu parlé par rapport aux attentats et ce qui s'en suivit, mais sans grand plus. La BD reste une représentation chargée en émotion de la vie de l'auteur, et rien que pour ça je trouve la lecture marquante. Elle n'appellera pas forcément de relecture, mais il y a plusieurs choses qui m'ont parues violentes dans la représentation, et pourtant la BD me semble avoir un message positif et bien optimiste sur le monde. La vie reprend ses droits après l'horreur. C'est une BD dont je dirais que la lecture est possible, probablement marquante, mais la relecture assez inutile. C'est une question purement personnelle que de savoir si il faut la lire ou non.

14/01/2020 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

En fait j'ai un souci avec cet album. Non pas qu'il soit mauvais, en fait c'est une compilation de saynètes qui ont pour but de dédramatiser, d'aider l'auteur à opérer une sorte de résilience face aux évènements dramatiques qu'il a vécu. Mais comment dire ? C'est affaire de personnalité, il est heureux de ne pas être à la place de Luz, comment pouvons nous ne serait ce qu'imaginer ce qu'il a vécu ? Impossible bien sur. J'imagine que pour lui cet ouvrage est comme une sorte de thérapie. Il est quasi impossible donc de se mettre à sa place d’où mon sentiment que je suis un peu voyeur face à cette thérapie qui n'est pas la mienne. Le dessin est sombre, très noir avec un trait rageur qui évoque l'urgence d'évacuer ces souvenirs insoutenables. En conclusion un album qui est tout de même un peu loin de moi mais qui possède le mérite de dire aux fanatiques de tous poil qu'il ont un peu perdu la bataille. L'idéal serait de pouvoir faire de l'humour rire au sujet de ces évènements.

17/04/2019 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Luz est un pilier de l’équipe de Charlie Hebdo, et le hasard a voulu qu’il soit l’un des rares survivants du massacre (il explique de manière indirecte en fin d’album pourquoi il n’était pas là lors de l’attaque du journal). Bref, comme on s’en doute, son statut de survivant miraculeux, et le choc consécutif à la mort de ses collègues et surtout amis sont un traumatisme difficile à guérir. Comme le titre de l’album l’indique, il s’agit ici de nous montrer par quels affres il est passé, mais aussi comment sa « guérison » a pu être envisagée, c’est-à-dire comment il a pu concevoir de se remettre au dessin. En se mettant en scène – avec sa copine – dans une série d’histoires plus ou moins courtes, Luz nous fait partager ses questionnements. Le ton est parfois noir (les Idées Noires de Franquin sont évoquées), parfois absurde et comique (voir le moment amusant lorsque l’attentat est assimilé à un complot juif). D’autres passages sont plus ou moins poétiques, ou de simples touches, des saynètes sans autre but que d’éviter un cri ou une larme. Le dessin est minimaliste et parfois quasi illisible, brouillon, pour illustrer une pensée qui peine à se fixer sur quelque chose de positif. C’est le deuxième livre du genre que je lis, écrit par un rescapé de l’équipe de Charlie Hebdo, après La Légèreté de Catherine Meurisse (qui elle, évoquait beaucoup moins le massacre en lui-même). Et, dans les deux cas, si le témoignage est touchant, je ne sais pas trop si je le relirais. L’album de Meurisse m’avait peut-être davantage intéressé, car peut-être moins morbide et torturé, et sans doute davantage tourné vers l’avenir que celui de Luz, je ne sais pas.

26/04/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Luz aurait dû faire partie des victimes s’il était arrivé à l’heure à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo. Pourtant, il n’a pas échappé au « traumatisme du survivant ». Pour tenter de canaliser son angoisse, il fallait qu’il retrouve l’envie de dessiner. Selon ses propres termes, ce livre ne se veut ni une bédé ni un témoignage, mais « l’histoire de retrouvailles entre deux amis [le dessin, ndr] qui ont failli un jour ne plus jamais se croiser ». Un peu par hasard, j’ai lu cette BD une semaine après les attentats du 13 novembre. Ce qui ajoutait une dimension supplémentaire à ma lecture dans la mesure où la sidération était revenue, la même quasiment que celle que j’avais ressenti en début d’année. Et si l’on peine à réaliser l’impensable, comment alors rire avec l’impensable ? Comme tous ses amis de Charlie, Luz était convaincu qu’on pouvait rire de tout. Il était donc logique, après avoir retrouvé son « ami » (le dessin), qu’il réalise cet ouvrage, à défaut de réaliser ce qui lui tombait sur le nez. Mais cette fois, le rire a jauni et perdu quelques éclats dans cette immonde tuerie. Minimaliste comme toujours, son dessin est devenu à la fois plus fragile et plus rageur, et s’il a conservé sa causticité, il semble néanmoins amputé de l’hilarante bonhommie qui le caractérisait. Comment pourrait-il en être autrement ? « Catharsis » commence par cette même sidération, celle de cent paires d’yeux exorbités devant l’atrocité, réponse en dessin de Luz au question du flic, la seule dont il était capable au lendemain de la tuerie. Puis se poursuit dans un humour très noir, avec un clin d’œil aux Idées Noires de Franquin, ce qui en dit long sur l’état psychologique de l’ami Luz. Mais ce dernier prouve que l’humour reste un excellent exutoire, lorsqu’il décide de baptiser « Ginette » sa boule au ventre, cette excroissance comme une entité autonome et indomptable faisant de lui une sorte de mutant. Et puis il y a aussi ces deux silhouettes noires de djihadistes déboulant au coin de la rue en tirant des salves de kalach, puis enchaînant une sorte de danse macabre qui viendra nous hanter jusqu’à la fin de l’ouvrage. C’est souvent désespéré avec toutefois de beaux moments d’émotion et de poésie, ainsi qu’une petite note d’espoir en conclusion. Des pages réalisées dans l’urgence qu’on pourrait qualifier d’acte de survie d’un dessinateur satirique ayant échappé à la folie religieuse en ce début de XXIe siècle.

26/11/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

L'attentat contre Charlie Hebdo et les événements qui ont suivi font partie des pires événements de cette année. Je me souviendrais toujours de ce qui s'est passé même si je ne vis pas en France: les reportages, les émotions, les gens qui prennent position sans même connaitre Charlie (vous avez déjà vu un anglophone qui ne comprend pas le français gueuler qu'une couverture de Charlie Hebdo est raciste à cause d'un gag sur Dieudonné ?). En tout cas, je voulais lire cet album car j'avais envie de savoir ce que pensait un des rescapés de l'attentat, à savoir le dessinateur Luz. L'album est consitué d'histoires courtes qui sont parfois sérieuses et parfois humoristiques. C'est intéressant de lire les angoisses de Luz, mais je préférais encore plus lorsqu'il se foutait de la situation en utilisant l'humour noir (mon histoire préférée c'est celle sur le type qui pense que les attentats sont un complot). Le dessin de Luz est toujours aussi excellent. J'adore son style. C'est à lire si on s'intéresse à Charlie Hebdo.

02/10/2015 (modifier)