Le Cas Alan Turing
Homme d’exception, Alan Turing a su percer tous les codes secrets, sauf un seul : le sien.
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Londres, 1938. Les services secrets britanniques recrutent un jeune et brillant chercheur en mathématiques : Alan Turing. Sa mission : déchiffrer les codes de l’Enigma, la machine qui permet de transmettre les instructions du Führer à ses troupes. Toutes les tentatives de décryptage ont échoué jusque-là. C’est le plus grand défi de la vie d’Alan Turing. Un bras de fer scientifique inouï. Dans le secret le plus total, il s’attelle à la tâche. Et réussit. En cassant le code Enigma, Turing donne un avantage décisif aux Alliés et jette les bases de la révolution informatique. Son succès aurait dû le mener au faîte de la gloire, mais il doit se cacher et rester dans l’ombre. Dans l’Angleterre puritaine, son homosexualité est une marque d’infamie. La justice le condamne à la castration chimique. Le 7 juin 1954, c’est un homme seul et désespéré qui met fin à ses jours en croquant une pomme empoisonnée. (texte : les Arènes)
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Date de parution | 07 Octobre 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
2.5 Je connaissais les grandes lignes de la vie d'Alan Turing et c'est peut-être une des raisons qui explique pourquoi j'ai moyennement accroché à cette biographie. Il faut dire aussi que ce qui m'intéressais le plus c'était la vie privée du pauvre Turing qui était homosexuel dans une époque où c'était un crime et on voit surtout tout ce qui tourne autour des codes de l'Enigma. Disons que voir comment les britanniques vont déchiffrer le code n'est pas très palpitant lorsqu'on sait déjà comment ça va finir. J'ai mieux accroché lorsque l'action se déplace après la guerre et qu'on voit comment l'Angleterre a maltraité Turing qui était pourtant un héros de guerre, mais c'est juste une petite partie du scénario. Une autre raison pourquoi je n'ai pas trop accroché est le dessin. C'est du réaliste pas du tout agréable à regarder et un peu figé qui donne l'impression qu'on a juste dessiné par-dessus des photos. J'ai aussi trouvé la mise en scène un peu lourde. Par exemple, Turing s'est suicidé en mangeant une pomme empoissé alors tout le long de l'album on va avoir droit à des allusions au Blanche-Neige de Disney. Qu'on fasse une allusion symbolique au film, pourquoi pas, mais à répétition cela devient juste irritant. On va dire que c'est un album pour ceux qui ne connaissent rien à ce personnage historique.
Une biographie intéressante, captivante et poignante, intéressante pour la description technique de la recherche, captivante pour l'enjeu stratégique et poignante par le destin de cet homme. Je savais que les alliés savaient décoder les messages de l'armée allemande mais j'ignorais le nom de l'homme qui l'avait permis. Alan Turing est un mathématicien brillant recruté pendant la seconde mondiale pour comprendre le fonctionnement de la machine d'encodage de l'armée allemande. Nous suivons la chronologie de ses recherches, l'auteur nous fait vivre ses échecs et ses doutes pour accomplir sa mission et nous fait partager la difficulté et la complexité de son travail. Son investissement personnel et son implication force le respect, il met sa vie personnelle entre parenthèse. Son homosexualité, une fois révélée dans une Angleterre puritaine des années 40 et 50 va le mener à sa perte. Cette descente aux enfers est traitée différemment par l'auteur, l'histoire n'est pas révélée dans l'ordre chronologique, elle est présentée par flashs pour nous faire ressentir et comprendre l'état de détresse vécu par Turing qui le mène à la folie et à cette fin tragique. Le dessin de Liberge est précis avec des cases travaillées et des couleurs qui nous installent dans l'ambiance. Les couleurs sont feutrées et tendres pour la partie de sa vie où il réalise ses recherche, des couleurs plus vives et un style différent pour décrire les scènes de combat et des couleurs sombres quand sa vie est devenue un cauchemar. Une réhabilitation tardive par la reine d'Angleterre qui n'efface pas le destin tragique de cet homme, un génie trahi.
Voilà un album traitant d’un sujet intéressant – même si assez aride par certains côtés, qui m’a un peu laissé sur ma faim. Le dessin de Liberge est impeccable, réaliste et sans fantaisie – même si je lui préfère ses dessins très inspirés de son superbe Monsieur Mardi-Gras Descendres. Le sujet est très intéressant, et brasse plusieurs sujets sensibles. Tout d’abord la grande histoire, puisque Turing a joué un rôle aussi crucial que méconnu dans la victoire des Alliés face aux Nazis durant la seconde guerre mondiale, parvenant à construire une machine capable de décrypter les messages d’Enigma, la machine nazie. Dans la foulée, il est celui qui va développer les premiers ordinateurs tels que nous les concevons, et est donc un maillon essentiel de la société informatique actuelle. Sur un autre plan, la vie privée de Turing est aussi intéressante, par l’homosexualité – plus ou moins refoulée qui est la sienne, rejetée par une société anglaise puritaine et hypocrite, qui va le condamner à un traitement chimique de sa « déviance » et, par conséquent, le pousser au suicide (l’album est un long flash-back, à la construction parfois chaotique, l’histoire commençant par ce suicide – dont on apprend à la fin qu’il inspira, en forme d’hommage, un célèbre logo). Les auteurs auraient pu – même si ce n’est pas le cœur de leur sujet – insister davantage sur cet aspect des choses. Alors voilà, l’album se lit facilement, et est bien complété par un intéressant dossier à la fin. Mais je reste après ma lecture avec un arrière-goût de trop peu. J’ai trouvé un peu trop aride, manquant de dynamisme cet album, peut-être trop attaché à un côté pédagogique. L’impression finalement que le côté Bande Dessinée n’apporte rien, et que la lecture d’une biographie ou d’un essai consacré à ce génie maltraité par l’histoire et la société de l’époque serait sans doute plus captivante, je ne sais pas…
Je n'ai pas réussi à lire cet album sans une forte impression de déjà vu. Car je connaissais déjà l'histoire d'Alan Turing depuis de nombreuses années suite à la lecture de la trilogie de romans Cryptonomicon de Neal Stephenson et j'avais eu une révision relativement récente de cette même histoire avec la vision du film The Imitation Game. Je savais donc déjà à quel point Turing était un génie légèrement autiste, comment s'était passée son implication avec le renseignement à Bletchley Park, la mise au point de sa machine à décrypter Enigma mais aussi ses soucis avec les autorités et sa propre conscience du fait de son homosexualité. Et c'est un récit vraiment très similaire à celui de The Imitation Game que j'ai retrouvé dans cette BD, donc vraiment peu de surprise et un ennui assez rapide. La différence avec le film tient en deux points. D'abord il y a moins de romantisme et davantage de précision au niveau des détails scientifiques. Nous y sommes dans les mathématiques pures mais aussi quelques notions de cryptologie du type qui m'avait déjà laissé sur le carreau à l'époque du Cryptonomicon, aussi fascinant que cela puisse paraître. Et ici, j'ai trouvé ces quelques dialogues et explications tout simplement assommantes et très peu compréhensibles. Ensuite il y a le graphisme si spécial de Liberge mais je ne l'ai pas apprécié. Comme à son habitude, son style consiste à dessiner des personnages qui me plaisent moyennement, des décors soignés, puis à coller en arrière-fond ou en superposition des images, photos, chiffres et autres symboles pour donner à la fois un esthétisme et une ambiance au récit. Mais nous sommes ici loin de la sombre beauté de sa série Monsieur Mardi-Gras Descendres. Les planches de cet album m'ont paru ternes, ennuyeuses. C'est donc cet ennui qui a dominé ma lecture. Ennui car il s'agissait d'une histoire que je connaissais déjà très bien et un récit qui n'y apportait rien de neuf, ennui car la narration est un peu assommante et enfin ennui d'un dessin trop morose à mon goût. Mais en cela, mon avis n'est pas totalement objectif car quelqu'un qui découvrirait Alan Turing par le biais de cet album apprendrait sans doute énormément de choses et apprécierait sûrement plus que moi cette BD.
Visiblement, le cas d'Alan Turing est devenu à la mode depuis qu'il a été réhabilité par la reine d'Angleterre en décembre 2003. Il y a eu depuis l'excellent film The Imitation Game puis maintenant la bd qui retrace la vie de cet homme jusque là inconnu du grand public alors qu'il a sauvé des millions de vie pendant la Seconde Guerre Mondiale en déchiffrant le code Enigma et surtout en étant le précurseur des ordinateurs et de l'intelligence artificielle. C'est à la fois fort et bouleversant. Etre condamné à la castration chimique car jugé de crime d'homosexualité par le pays qu'il a sauvé, c'est quand même très injuste. C'est une histoire fascinante qui nous est contée à travers le portrait de ce héros de guerre déchu car un peu marginal. Il n'a pas croqué la vie à pleine dent sauf au moment de son suicide... Aura-t-on besoin d'un décodeur pour suivre ce récit ? Pas forcément car tout est bien expliqué et c'est fascinant de voir les découvertes pas à pas. Le cas Alan Turing n'en finira pas de fasciner encore et encore. Bonne idée que cette dernière page qui montre à quel point, il a influencé d'autres génies qui ont fait avancer l'humanité vers le progrès.
Alan Turing a récemment ressurgi en pleine lumière, grâce au film The Imitation Game, avec Benedict Cumberbatch dans le rôle principal. Mais qui est Alan Turing ? La question est complexe. Certes, l'Histoire retiendra que c'est lui, aidé par une équipe de mathématiciens et de cruciverbistes, qui a réussi à craquer le code Enigma, du nom de cette machine qui transmettait les ordres des Nazis pendant la seconde guerre mondiale. Mais cette activité devait rester secrète, même après la guerre, surtout que la Guerre Froide s'amorçait... C'est aussi lui, à la suite d'autres savants, qui jette les bases théoriques de ce qu'on appellera plus tard l'intelligence artificielle. Sur un plan plus intime, Turing était tourmenté par ses passions amoureuses alors interdites (et pénalement punissables), lui qui allait plutôt vers d'autres hommes. Secret, mensonge, dissimulation : tels sont les maîtres mots du cas Alan Turing. Arnaud Delalande, auteur de séries historiques réussies, telles qu'Aliénor, la légende noire, ou Le Dernier Cathare, s'attaque à une figure plus proche de nous, avec cette rigueur et ce talent déjà connus. Il se concentre sur les années 1938 à 54, entre l'arrivée de Turing au GC&CS (le Chiffre britannique) et son suicide à l'âge de 41 ans, en pleine crise existentielle, après avoir été condamné à la castration chimique. Delalande n'extrapole pas trop sur la vie de Turing, tout juste a-t-on droit à quelques scènes intimes (il faut dire que l'homme restait secret sur sa vie privée, et pour cause...), le "corps" de son récit se concentre sur ses différentes tentatives (et celles de son équipe) pour déchiffrer les transmissions ennemies. Tout juste peut-on regretter que sa carrière d'athlète de haut niveau soit presque passée sous silence. J'ai bien aimé la dernière page, qui fait un lien vers l'informatique moderne. A noter la présence, en bonus, de quelques pages expliquant les bases du codage des transmissions. Fort éclairant. Sur le plan graphique, c'est le polymorphe Eric Liberge qui s'est attaqué à cette légende, avec -visiblement- enthousiasme et respect. Les scènes d'action sont bien sûr peu nombreuses, nous sommes la plupart du temps dans un laboratoire avec des têtes d'ampoule et un gars à l'allure lunaire comme principaux protagonistes. Le dessin est impeccable, tout juste regretterai-je cette mise en couleurs qui tend vers les dégradés de rouille, palette que je n'apprécie pas particulièrement mais qui fait partie de la "patte" du dessinateur. Du très très beau boulot, qui rend plutôt justice à la complexité du bonhomme. Fortement recommandé à qui s'intéresse à la période (et son arrière-boutique), ainsi qu'aux prémices de l'informatique.
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