Le Maître d'armes

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 21 avis)

1537. Au fin fond des montagnes perdues du Jura, un envoyé de l'Église exacerbe la haine religieuse de montagnards catholiques afin qu'ils lancent une chasse à l'homme contre un jeune protestant et son guide.


1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Grand Est Les Guerres de Religion Les prix lecteurs BDTheque 2015

Leur crime ? Vouloir faire passer une Bible traduite en français jusqu'en Suisse pour la faire imprimer. Une hérésie ! Commence une traque impitoyable : à deux contre trente, le destin du jeune homme et du vieux Hans Stalhoffer semble scellé. Sauf que Hans n'est pas une proie comme les autres ; il est l'ancien maître d'armes de François Ier... Et la proie est bien décidée à devenir le chasseur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Octobre 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Maître d'armes © Dargaud 2015
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 21 avis)
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18/10/2015 | herve
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L'avatar du posteur bamiléké

La traduction de livres fondateurs sacrés ou profanes est une thématique très intéressante est bien plus pointue que ne le laisse penser Dorison dans sa série. Je me retrouve donc dans l'avis de Josq et il suffit d'une brève recherche pour voir que la Bible avait déjà été traduite en de nombreuses langues (Arabe, Anglais et pour nous en Ancien Français sur notre territoire en... 1297 !) D'ailleurs celle de 1530 en Moyen Français fut imprimé à Anvers ce qui met encore plus à mal le côté pseudo historique du scénario. Cette caricature superficielle laisse de côté une véritable thématique fondamentale sur la problématique de la traduction. C'est vrai pour des textes sacrés (pas forcément judéo-chrétiens) mais aussi sur des traités ou d'autres textes qui engagent la vie de millions d'hommes. Pour revenir au trivial de la série, je me lasse de ces super-héros qui de débarrassent de liens si facilement pour tuer plusieurs adversaires (pourtant aguerris) qui deviennent sots et maladroits au bon moment. Cela aboutit immanquablement à un visuel spectaculaire sanglant et super violent. Je trouve que l'on est à l'opposé du côté intello historique que prétend proposer le scénariste. Le graphisme fait le job dans cette succession de combats à la mise en scène grand spectacle. Trop réducteur, trop convenu. Pas mon truc.

17/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Un album que je trouve fort réussi. Je me méfie toujours avec les scenarii de Dorison mais là il m’a emporté. Une balade jurassienne fort agréable, l’histoire autour de cette bible traduite est bien menée, mais j’ai surtout apprécié cette confrontation entre passé et modernité, incarnée par nos 2 maîtres d’arme et leurs duels, épée lourde vs rapière. Une bd ne serait rien sans le dessin, et ici ça envoie du lourd, quelle puissance !! mon album préféré de Joël Parnotte. Voilà, pas grand chose à ajouter, un sacré travail de la part des auteurs, ça aurait pu être plus mais ça aurait pu être moins. Du bon blockbuster pour un très bon one shot, je relis.

30/08/2022 (modifier)
Par Josq
Note: 2/5
L'avatar du posteur Josq

L'ignorance est déjà un des pires fléaux de ce bas monde, mais lorsqu'elle est volontaire, elle ne fait qu'aggraver son cas. Non content d'être un ignorant volontaire (ou conscient de l'être, en tous cas, je ne veux pas croire qu'il n'en soit pas ainsi), Xavier Dorison en rajoute dans la forfaiture intellectuelle, puisqu'il semble se prendre pour un historien... Pour qui s'intéresse un tant soit peu à cette si noble discipline qu'est l'Histoire, lire Le Troisième Testament ou Le maître d'armes relève, malgré ses évidentes qualités narratives et graphiques, d'un supplice bien pire que ceux qu'on se plaît à attribuer à cette Eglise de carnaval inventée par des auteurs contemporains qui cultivent le mensonge et/ou l'ignorance comme un art. Renouant avec son pénible complotisme, l'auteur étale donc, dans cette somptueuse bande dessinée, toutes les ramifications de son inculture en réglant ses comptes avec une Eglise catholique qui n'en demandait pas tant. Arrivé à ce niveau de haine, ça mériterait d'être psychanalysé... Bon, pour être honnête, dès la première phrase de cette bande dessinée, j'ai su que je n'allais pas aimer, au point d'hésiter à continuer : "En ces temps indécis, les ténèbres du Moyen-Âge tentent d'étouffer les premières lueurs de la Renaissance..." Sérieusement ? En 2015, il y a encore des gens pour parler des "ténèbres du Moyen-Âge" ? Mais que diront les hommes de l'an 2500 quand ils parleront de notre époque à nous ??? Xavier Dorison semble donc faire partie de ces béotiens sincèrement persuadés que l'Histoire est une éternelle marche de l'Homme vers un sacro-saint progrès, et qui croient que l'Eglise refusait toute traduction de la Bible dans une autre langue que le latin. C'est tellement faux qu'on ne sait même plus bien quoi répondre à ça, sinon que ça ne fait jamais de mal d'ouvrir un livre d'histoire... Bref, rappelons rapidement qu'en 1531, cela fait environ trois siècles que la Bible a été traduite en français (plus longtemps pour d'autres langues, comme l'anglais) et popularisée auprès des fidèles par les prêtres eux-mêmes. L'auteur ne nous dit certes pas le contraire, mais il omet soigneusement de signaler le fait, sans doute pour renforcer l'impact de son intrigue qui, lorsqu'on connaît ces détails, s'atténue légèrement... Ce qui peut éventuellement justifier en partie le scénario du Maître d'armes, c'est deux choses : l'expansion de l'imprimerie à cette époque qui donne à l'écrit un impact alors inédit, et l'arrivée du protestantisme, qui prétend multiplier des traductions de la Bible plus fidèles que celles de l'Eglise, et appuie toute sa dialectique sur des supposés mensonges véhiculés par l'Eglise pour asseoir son pouvoir abusif sur les masses ignorantes. C'est tellement insultant pour le peuple de penser qu'il était suffisamment débile pour se laisser instrumentaliser par des "élites intellectuelles" sans s'en rendre compte qu'on ne va pas trop s'étendre là-dessus... Bref, sur le fond, Le Maître d'armes est un ramassis de bêtises sans nom, dont le seul but est de faire passer les catholiques pour un groupuscule d'extrémistes fanatiques et dangereux. C'est tellement peu nuancé, et donc éloigné de toute vérité historique, qu'on pourrait croire ces bêtises inoffensives si l'obscurantisme dont Dorison se fait le porte-parole ici n'était à ce point répandu dans les esprits contemporains. Sur la forme, en revanche, je n'ai aucun mal à reconnaître que cette bande dessinée est assez éblouissante. Si je n'apprécie guère le recours permanent à un gore parfois complaisant, le dessin de Joël Parnotte est assez fabuleux. Son trait est extrêmement rigoureux, et même si j'ai toujours eu un peu de mal avec les dessins hyper-réalistes, il crée des images dans lesquelles il fait bon se perdre. Le froid sort des pages pour envahir la pièce, et on a l'impression de recevoir chaque gerbe de sang, on est impliqué à fond dans l'action, globalement bien rendue par des cadrages savamment choisis. Indéniablement, Parnotte excelle dans le grand spectacle, et c'est un régal ! Donc au bilan, Le Maître d'armes est une bande dessinée qui se lit sans déplaisir sur le strict plan narratif, portée par un dessin excellent et un scénario certes trop classique, mais qui se laisse suivre. Simplement, pour apprécier cette bande dessinée, il faudra accepter de grosses compromissions historiques auxquelles on m'excusera d'être incapable de me résoudre. En attendant, ça se lit facilement. Aussi facilement que ça s'oubliera.

16/02/2021 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur McClure

Très belle œuvre que ce maître d'armes. Graphiquement de superbes planches, un dessin direct, fort, qui sert un récit puissant. Que ce soit les paysages enneigés du Jura, les villages ou décors, mais surtout ces personnages. Le scénario prend pied à la croisée du moyen âge et de la renaissance. Le protestantisme est déjà là, la rapière va supplanter l'épée, les armes à feu vont bientôt venir jeter aux oubliettes ces chevaliers d'honneur comme l'aube du 20e marquera la fin des cowboys. Et la première Bible en vulgaire va porter un coup terrible au pouvoir de l’Église, objet de cette histoire et de cet affrontement. C'est épique, magnifique et puissant. Ce format de one-shot d'une petite centaine de pages est idéal pour travailler son histoire sans alourdir la trame. À lire.

09/01/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 4/5
L'avatar du posteur fuuhuu

La couverture m'a tout de suite interpellé, j'ouvre et vois la première planche: une pleine page sur le visage du héros. Sans en savoir plus, j'ai acheté la BD. La grande qualité de cet ouvrage est sans aucun doute les dessins de Parnotte. Ils sont réalistes, retranscrivent bien les tensions présentes tout au long de l'histoire et le découpage est fluide. Mon seul petit bémol concernant les graphismes sont les têtes des personnages. J'avoue avoir parfois eu du mal à reconnaître qui était qui et j'ai donc dû faire quelques retours en arrière. Concernant l'histoire, j'ai particulièrement apprécié le contexte historique dans lequel elle s'insère: la toute fin du Moyen Age, où s'affrontent protestants et catholiques, où la première traduction de la Bible en français (en vulgaire comme ils disent) est source de conflit entre le clergé et les "gueux". Et surtout, où l'honneur de l'épée affronte la modernité de la rapière ! Une BD qui vaut le détour et l'achat. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

09/01/2021 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Comme Mac Arthur je dois avouer que je ne suis pas forcément fan de tout ce que fait Xavier Dorison, et ce n'est pas cet album qui changera significativement ma perception. Car j'ai malheureusement eu l'impression, tout le long de ce diptyque réuni en une intégrale, de lire un récit que j'ai déjà lu. Dans d'autres albums de Dorison, justement, ou bien dans des BD parlant de duellistes. Avec bien sûr ce petit argument concernant un basculement historique du combat à l'épée, lequel me semble moyennement géré. La satisfaction est ailleurs. Dans le dessin, réalisé par Joël Parnotte. Certains ont cité Rosinski, Alice, je rajouterai pour ma part Lauffray et Loisel. Des références de qualité, qui donnent une idée du niveau du dessin de l'auteur. C'est très agréable à l'œil, bien découpé, très bien cadré, bref, c'est assez beau.

02/09/2017 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Voilà l'exemple même de ce que j'appelle une très bonne BD ! Un excellent dessin à mi-chemin entre les styles de Rosinski (Thorgal) et d'Alex Alice (Le Troisième Testament), un contexte original, un scénario dense et intelligent, de bons personnages, une grande maîtrise de la narration et du rythme, et une histoire qui a vraiment du sens et tient la route. J'ai aimé la manière dont les thèmes s'imbriquent dans une même intrigue. Le changement d'une époque qui est en train de laisser derrière elle le Moyen-âge pour plonger dans la Renaissance, la rivalité sur des années entre un partisan de l'honneur à l'ancienne et un partisan de l'efficacité moderne, le conflit entre Catholiques et Huguenots, la lutte contre une église catholique romaine qui cherche à garder son pouvoir en maintenant le peuple dans l'ignorance, et une fuite dans les montagnes emplie d'action, de suspens et d'aventure. L'ensemble tient dans un album de 96 pages intense et complet où le lecteur ne peut pas se sentir lésé. Et il y a par dessus cela, cet excellent dessin de Joël Parnotte qui rend la lecture d'autant plus agréable et donne envie de prendre le temps d'observer avec plaisir les décors et personnages ainsi mis en scène. Une très bonne BD !

06/07/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Oui bon bah voilà, c’est lu. C’est une bonne bd pour qui cherche un récit classique avec une opposition entre tradition et modernité (avec comme d'hab' cette option qui plaira aux quadra et + que 'c'était mieux avant et patati et patata' ). La narration n’est pas pesante, le découpage est bon, le dessin est agréable (j’ai quand même parfois eu du mal à différencier l’un ou l’autre personnage). Le ton est franchement emphatique. Pour moi, on est même proche du dramatique de bazar mais les fans de Dorison apprécieront (et ils auront bien raison, c’est pas parce que je n’aime pas qu’ils doivent bouder le genre). En résumé : pour moi, c’est pas mal, distrayant mais pas marquant (avec cette désagréable impression d’avoir déjà vu ou lu tout ce qui m’a été ici proposé). Un bon petit emprunt via bibliothèque mais pas le genre de livre que j’achèterai pour le relire régulièrement.

23/08/2016 (modifier)
Par Puma
Note: 4/5

Première pleine page graphiquement très discutable. Mais pour le reste de l'album, dessins très avenants et convaincants. Une lecture de cape et d’épée rondement menée, et à rebondissements permanents, où l’on ne s’ennuie pas une minute à la lecture ! Pour cette histoire menée tambour battant, sans faute, et pour ce très distrayant moment de lecture, vu la qualité du graphisme dans son ensemble, un très mérité 4*.

25/04/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

En ce début de XVIème siècle, la Bible en latin est l'apanage des seigneurs et surtout de l'Eglise, pour bien se différencier du peuple qui pour la majorité ne sait pas lire le latin. Les protestants ont donc l'idée d'imprimer une Bible en français hors de France, car c'est exclu mais possible en Suisse, berceau de la Réforme. On veut démocratiser la parole de Dieu, et ça déplait bien évidemment à l'Eglise de Rome qui de ce fait n'a plus d'emprise sur le peuple ignorant. Cette idée est à la base de ce récit épique intense où les guerres de Religion sont évoquées en filigrane, avec une haine consommée des huguenots. Nous avons là une histoire au demeurant passionnante sur 96 pages, ce qui incite Dorison à développer l'ensemble comme il le souhaite, à raconter une histoire bien ancrée dans un contexte historique crédible où vers la fin, le roi François Ier n'a cependant qu'un rôle de figurant, on voit tout de suite son talent de conteur. De son côté, Parnotte dont j'avais grandement apprécié le dessin sur Le Sang des Porphyre, peut lui aussi régaler le lecteur avide de combats à peaufiner encore plus son trait, en variant les cadrages tout en regards, gros plans et plans d'ensemble dans une belle mise en page très séduisante ; je trouve que son dessin a ici quelque ressemblance avec celui de Meyer, c'est très chouette, on en a plein la vue. Mais comme certains posteurs précédents, je ne serais pas aussi enthousiaste également sur ce récit sanglant qui se réduit presque exclusivement à une course-poursuite dans le froid et la neige et à des combats à l'épée ; épée contre rapière, détail intéressant, car la rapière était une épée à lame fine et longue, plus légère, destinée à frapper d'estoc, et dont on se servait dans les duels entre les XVème et XVIIIème siècles. C'est un peu l'impression que j'ai avec les combats entre Hans Stalhoffer et le méchant Maleztraza, certes c'est mouvementé et plein de rebondissements, mais c'est un peu comme si on était dans le film Duellistes de Ridley Scott, où 2 soldats passaient leur vie à s'affronter dans une sorte de rituel épéiste. Un peu plus de psychologie aurait été bienvenue. Au final, j'ai pris plaisir à cette lecture sans être véritablement transporté ; ceci dit, je préfère des Bd dans ce style malgré cette petite réserve, que des Bd dont j'attend beaucoup et qui finissent par me décevoir complètement. Au moins ici, pas de déception, juste une impression nuancée c'est tout...

25/02/2016 (modifier)