Le Maître d'armes
1537. Au fin fond des montagnes perdues du Jura, un envoyé de l'Église exacerbe la haine religieuse de montagnards catholiques afin qu'ils lancent une chasse à l'homme contre un jeune protestant et son guide.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Grand Est Les Guerres de Religion Les prix lecteurs BDTheque 2015
Leur crime ? Vouloir faire passer une Bible traduite en français jusqu'en Suisse pour la faire imprimer. Une hérésie ! Commence une traque impitoyable : à deux contre trente, le destin du jeune homme et du vieux Hans Stalhoffer semble scellé. Sauf que Hans n'est pas une proie comme les autres ; il est l'ancien maître d'armes de François Ier... Et la proie est bien décidée à devenir le chasseur.
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Date de parution | 02 Octobre 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Très belle œuvre que ce maître d'armes. Graphiquement de superbes planches, un dessin direct, fort, qui sert un récit puissant. Que ce soit les paysages enneigés du Jura, les villages ou décors, mais surtout ces personnages. Le scénario prend pied à la croisée du moyen âge et de la renaissance. Le protestantisme est déjà là, la rapière va supplanter l'épée, les armes à feu vont bientôt venir jeter aux oubliettes ces chevaliers d'honneur comme l'aube du 20e marquera la fin des cowboys. Et la première Bible en vulgaire va porter un coup terrible au pouvoir de l’Église, objet de cette histoire et de cet affrontement. C'est épique, magnifique et puissant. Ce format de one-shot d'une petite centaine de pages est idéal pour travailler son histoire sans alourdir la trame. À lire.
On frise la perfection… Bien sûr, dans son scénario, Xavier Dorison joue une partition bien connue : la confrontation entre l'ancien et le moderne, le choc entre ceux qui agissent pour l'honneur et ceux que rien ne motive que leur intérêt, une course poursuite haletante autour d'une Bible en langue vulgaire… Ces ficelles scénaristiques ont si souvent servi qu'elles pourraient être définitivement émoussées. Mais Dorison est un maître ; à l’instar de son héros, il garde le sens de l'aventure. Alors pourquoi changer une recette gagnante alors qu'il suffit de faire un petit pas de côté pour en raviver le piquant ? Il réussit donc le tour de force de réactiver une trame classique dans une histoire impeccablement rythmée, qui suit un fil implacable de la première à la dernière planche de cet excellent one-shot. Les personnages, tout en conservant le rôle stéréotypé que leur assigne l'auteur, offrent tous une complexité et une profondeur inattendues ; même les second rôles ont une densité qui les rend humains (ou inhumains, c'est selon). Les rebondissements sont certes attendus, mais rien ne se déroule exactement comme prévu et chaque séquence parvient malgré tout à étonner le lecteur ravi. Quant au manuscrit de la Bible traduite en français, il s'avère être bien plus qu'un MacGuffin… L'autre coup de génie est d'avoir situé le récit à une époque qui n'a été que rarement traitée en bandes dessinées. Le début du XVIe siècle est pourtant fascinant : la Renaissance, l'esprit humaniste, la Réforme, les prémices des guerres de religion offrent un cadre passionnant. Autre originalité : alors que la peinture de cette époque privilégie d'habitude les milieux urbains, l'action du Maître d'Armes se déroule dans les montagnes reculées du Sud Jura, entre des falaises enneigées et des forêts inquiétantes. Aux pinceaux, Joël Parnotte apporte à l'album ce qu'il faut de réalisme, avec un sens très maîtrisé des ambiances, du mouvement dans les combats et des cadrages. J'ai aimé ses premières œuvres, Hong Kong Triad, Les Aquanautes et Un Pas vers les Etoiles, puis je l'ai perdu de vue durant quelques années, puisque je suis passé à côté de la série Le Sang des Porphyre. Et là, je redécouvre un auteur qui a beaucoup gagné en assurance, dont le talent explose. À mon sens, Le Maître d'Armes est un des meilleurs albums paru cette année, qui fut pourtant un bon millésime. Du très grand art, vraiment.
La Bible et l'épée ! 1537, à la charnière du Moyen-Âge et de la Renaissance, Hans Stalhoffer, Gauvin de Brême et Casper convoient de quoi faire chanceler le dogme catholique en place : une bible traduite en français ! Errant dans les montagnes jurassiennes, l’enseignant d'escrime déchu escorte ses deux compagnons protestants en direction de la Suisse pour y imprimer cet ouvrage suscitant tant de convoitises. Un voyage qui sera loin d'être une sinécure ! Et pour cause, la chasse à l'homme est vite lancée contre ces hérétiques, sous l'impulsion d'un émissaire de la Sorbonne qui envoie sur les traces de Hans, à qui il voue une haine farouche, une horde de montagnards. Face à cette belliqueuse compagnie, les statistiques ne sont pas en faveur des trois proies, mais ce serait oublier que le vieux guide fut le maître d'armes de François Ier. Expérimenté et encore vif, il est bien décidé à traquer ceux qui l'ont pris pour cible. Bien que la trame du récit s'axe sur cette course poursuite, les auteurs explorent, à travers Le Maître d'Armes, la dualité. Une opposition que l'on retrouve tout au long de l'intrigue : l'affrontement des papistes et des réformistes, l'épée contre la rapière, l'ancienne génération lettrée et pessimiste sur la société face à la nouvelle, candide mais optimiste. Derrière cette aventure impitoyable et sanglante, Xavier Dorison nous livre une réflexion sociopolitique sur un monde en pleine mutation. Diffuser à tous les saints écrits, jusqu'alors uniquement disponibles en latin, en des termes que chacun peut comprendre était un immense pas que beaucoup de détenteurs de la parole divine n'étaient pas prêts à franchir de peur de perdre le contrôle et le pouvoir que leur conférait la connaissance d'une langue qu'eux seuls maîtrisaient encore. Profondément d'actualité, le propos qu'il développe montre combien les sujets gravitant autour de la spiritualité sont sensibles et cloisonnés par des instances religieuses minoritairement favorables au changement. De son trait fin, précis et dynamique, Joël Parnotte orchestre à la perfection l'action, notamment par un découpage magnifique des cases. Par des cadrages serrés et intimistes, laissant place aux regards détaillés avec minutie, jusqu'aux vues panoramiques magistrales des montagnes balayées par l'hiver, il fait tour à tour partager au lecteur les émotions de ses personnages et l'ivresse des grands espaces. On est saisi par l'ambiance glaciale, austère et nocturne, mais aussi par le travail réalisé sur les postures de combats, traduisant un gros labeur de documentation tant les séquences semblent chorégraphiées. Voilà une œuvre très immersive, qui dépasse le cadre de la bande dessinée pour flirter avec la mise en scène cinématographique ! KanKr
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