Petit-fils d'Algérie

En racontant son séjour à Constantine, ville d'origine de ses parents et grands-parents Pieds Noirs avant l'indépendance de l'Algérie, Joel Alessandra livre un album à mi-chemin entre carnet de voyage, réflexion sur les origines familiales et cri d'amour envers la beauté de Constantine elle-même. N'ayant jamais osé interroger pour de bon les membres de sa famille sur leurs origines Pieds Noirs et leur vie en Algérie, ce n'est qu'après leur mort et à cinquante ans passés que l'auteur a l'occasion de se rendre sur les terres de leur passé. Il est intimidé par ce voyage car il a peur de ce qu'il va pouvoir y trouver, dans une Algérie à l'époque encore gangrénée par des attentats et enlèvements, et surtout à l'idée d'y apprendre que la famille qu'il aime a peut-être des antécédents racistes et haineux. A travers cet album et les jolies aquarelles de l'auteur, j'ai découvert une très belle ville de Constantine et bien des lieux rendus trop vides, presque à l'abandon, par la situation risquée de l'Algérie au moment du séjour de l'auteur. On y découvre notamment les bâtiments aux belles architectures que le grand-père de l'auteur a contribué à faire construire en tant que maçon et architecte. J'ai pu aussi me rassurer avec lui sur l'honnêteté et la bonté de sa famille qui semble n'avoir laissé que de bons souvenirs sur place. C'est intéressant, joli, et relativement instructif sur l'état d'esprit des Algériens de Constantine et une partie de leur ressenti vis-à-vis de la guerre d'indépendance et des années de plomb qui ont suivi. Mais je n'ai pas été emporté car j'ai trouvé le récit trop intimiste, trop tourné vers les sentiments du narrateur et ses craintes personnelles. Je ne m'y suis pas forcément attaché et j'en ressors avec le simple ressenti d'avoir eu droit à un assez joli récit de voyage, avec quelques belles images, et quelques thématiques plus profondes brièvement adressées mais rien qui me touche vraiment. Je retiens juste que Constantine a clairement l'air d'être une ville à visiter un jour ou l'autre.

21/05/2021 (modifier)

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J'ai découvert véritablement cet auteur cet été avec la lecture de l'excellent récit exotique Escales en femmes inconnues. Certes, il y avait eu également Errance en mer rouge mais cela m'avait beaucoup moins marqué. Avec ce présent ouvrage dans un tout autre genre, je peux affirmer qu'il casse les briques à tout les points de vue que cela soit graphiquement ou narrativement. C'est tout bonnement excellent. Certes, c'est un récit sur les origines de la famille de l'auteur. Il faut dire que les pieds-noirs n'ont pas été spécialement bien accueilli sur notre territoire après qu'ils aient dû fuir l'Algérie en catastrophe pour ne pas être égorgé. L'auteur a livré une analyse plutôt juste de la situation en n'omettant pas les sujets qui fâchent. Oui, la France avait bien gagné militairement la guerre en Algérie mais politiquement, le Général de Gaulle a dû accorder l'indépendance en préparant le peuple. Oui, ce pays est devenu par la suite une dictature déguisée avec un parti unique. Oui, il y a eu les années de plombs après les premières élections libres du pays donnant la majorité aux islamistes dans les années 90. Et oui, certains pieds-noir se sont mal comportés envers les arabes lorsqu'ils avaient les commandes de ces trois départements français. Par ailleurs, l'auteur cherche à en savoir plus sur cet héritage familial. Il provient d'une riche famille de Constantine qui étaient des bâtisseurs dans l'immobilier. J'ai beaucoup aimé la visite de cette magnifique cité que je ne connaissais pas. Cela donne véritablement envie d'y aller. Les dessins sont magiques. J'aime beaucoup le style graphique de cet auteur. Il a réussi son pari pour nous montrer une autre image des pieds-noirs loin de la caricature. Il a réussi également à nous faire aimer ce beau pays qu'est l'Algérie. C'est un très beau témoignage qui garde une grande part d'humanité.

23/10/2015 (modifier)

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