De beaux moments
C'est un père qui pense à ses enfants. C'est un soir d'été sous une pluie. C'est une jolie femme qui nous attire le temps d'une soirée
École européenne supérieure de l'image
C'est à Paris, en Espagne, à Montpellier, à Venise... C'est plus de 3500 photos dans un téléphone, un homme qui pense à son père... Douze histoires courtes, sensibles,et humaines. De beaux moments
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Date de parution | 28 Octobre 2015 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Jim fait du Jim comme il sait si bien faire, et c'est à peu près tout ce que j'aurais à dire de cette BD. A la base, on reconnait son style : les corps, les thèmes, les trentenaires, les questionnements sur la vie et le couple ... C'est du revu si vous connaissez déjà l'auteur et je trouve que certaines histoires sentent le réchauffé de ce qu'il a déjà proposé dans d'autres séries. Maintenant, c'est une collection d'histoires courtes et comme souvent, on a à boire et à manger. Une des histoires m'a amusé par sa chute, les autres m'ont globalement assez indifféré. Il manque souvent le sel du développement, l'envol de l'idée pour que ça fonctionne vraiment bien. Je pense que c'est assez difficile de faire l'exercice de l'histoire courte en BD, et pour l'instant je connais assez peu d'auteurs qui ont réussis. Ici, c'est un condensé des thèmes de l'auteur revu en histoires brèves et assez verbeuse. Le genre de la BD est assez peu exploité, une bonne partie auraient pu être racontée uniquement avec du texte. Dommage, je passe outre.
Le problème de ce genre de pot pourri, c'est l'inégalité dans la qualité des historiettes. Certaines sont bonnes, d'autre moyennes et quelques unes dispensables. Quand en plus le postulat de base est un peu gnian gnian, on a une oeuvre qui pour moi n'a pas d'intérêt profond. Graphiquement c'est très réussi. C'est joli, les femmes sont belles et Jim se plait à les dénuder et/ou les sexualiser. Malgré tout il y a une forme de classicisme qui engonce encore plus les histoires. Une lecture qui ne me laisse aucun souvenir lorsque l'album se referme.
Pourquoi pas? Toujours ce dessin sirupeux qui décrit les corps féminins comme des objets de désir vaguement pervers. Les couleurs chaudes en dégradés suaves sont enchâssées dans un dessin net et sans modulation. Ici c'est un ensemble de nouvelles qui forment un panorama du trentenaire pile dans le moule : branchouille, aisé, avec une vie qui n'a pas trouvé sa raison d'être où plane une certaine mauvaise conscience. Mais si on supporte ce coté sucré et lisse du dessin, et cette dimension un peu univoque du trentenaire allant sur les quarante ans avec la vague impression que les beaux moments sont derrière lui, c'est assez juste. Évidemment si on est, "a été" ou "est en passe de devenir" un trentenaire d'un autre modèle: soit désargenté, soit une femme, soit avec quelques kilos en plus de l'idéal représenté, soit quelques centimètres en moins, un cou un peu trop long, soit une calvitie naissante, bref que sais-je, cette légèreté insouciante et assez creuse du parfait minet aura tendance à agacer...
J’ai bien aimé de bons moments. Il faut dire que j’aime le style de cet auteur qui nous transporte dans une certaine intimité et un rapport totalement différent avec les femmes par exemple. Il est souvent question de tromperie pour assouvir ses fantasmes comme une incitation à le faire. Les chantres de la moralité et de la fidélité doivent s’arracher leurs cheveux, c’est clair. Pour une fois, nous avons droit à une succession de petites nouvelles. La première m’a paru assez marquante sur le fait qu’on voit trop vite les enfants grandir en tant que père et qu’on regrette souvent lorsqu’ils étaient en bas âge. On peut le vivre comme un deuil. Cette idée n’avait jamais été exploitée dans la bd. Et pourtant, cela me parle. L’ensemble m’a fait passer de beaux moments de lecture. Cela porte bien son titre !
Un album qui est dans la droite ligne des derniers albums de Jim, qui semble regrouper des idées, des amorces de récits, peut-être trop fugaces pour composer des histoires complètes. Des récits qui jouent sur la nostalgie, sur des beaux moments passés ou à venir, qui ressemblent à des redites des albums précédents de l'auteur, qui du coup se pose en quelque sorte en passeur de bons sentiments. Comme si on avait besoin d'avoir autant d'histoires pour se sentir heureux. Je n'adhère pas toujours aux histoires que je lis, mais là ça commence à m'agacer, d'autant plus que je ressens une grande vacuité derrière les récits. C'est dommage parce que son dessin est franchement bon, dans un style de plus en plus réaliste et presque sensuel. Bof, finalement.
Je suis très surpris par la forme de cette bande dessinée. Contrairement à ses autres albums, Jim a choisi d'innover en nous présentant douze histoires courtes de 5 à 6 pages, douze "beaux moments", auxquels chacun d'entre-nous peut évidemment se rattacher. Cela va de l'éloignement des enfants, à la tentation de l'adultère, en passant par un coup de chapeau à nos parents... bref que du vécu. Et puis, cerise sur le gâteau, il y a Marie, la Marie d'Une nuit à Rome, que l'on croise ici, véritable sylphide, au sens de Chateaubriand ou de Jean d'Ormesson, qui, à travers deux récits, nous enchante une seconde fois. Outre Marie, on retrouve tout au long de cet album des décors familiers aux albums de Jim (du balcon "des cadeaux de noël" à la chambre d’hôtel de Marie). Les récits reposent ici essentiellement sur les nouvelles technologies : des SMS lus par une femme soupçonneuse aux Facebook, en passant tout simplement par le portable, Jim passe en revue l'ensemble des moyens de communication qui doivent faciliter les rapports humains, mais qui, dans certains cas les compliquent... un sujet d'actualité en somme. On va de l’éphémère (la relation Facebook) aux souvenirs ancrés dans la mémoire des personnages... même âgés. (épisode intitulé "3500 photos dans ton téléphone") On voyage beaucoup avec cet opus : Venise, Montpellier, l'Espagne, et puis la rue de Rome à Paris. Un très bel album, que j'ai lu dans sa version toilée,avec un bonus de qualité. Un album porté sur la nostalgie, qui ravira sans nul doute les quadras, dont je fais (encore) partie.
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